Assaut
9/10Assaut est un vrai paradoxe à mes yeux. Film que j'adore particulièrement dans la filmographie de Carpenter, il est surtout un vibrant hommage à un type de western que je n'arrive pas du tout à apprécier.
Il existe une vérité universelle dans la sphère Carpenter. Tout le monde sait que le maitre injecte une forte dose de western dans quasiment chacun de ses films. Et Assaut en est l’exemple le plus flagrant. Des flics retranchés dans un commissariat doivent faire équipe avec des prisonniers en transit contre une menace bien déterminée à les éliminer par pure vendetta. Tous les ingrédients sont donc là. Cet écho à ce cinéma à la papa, comme je l’appelle, aurait pu me gonfler au plus haut point. Mais le score lancinant de Carpenter doublé d’une réappropriation totale des codes westerniens pour les intégrer à un décor urbain fantomatique font que ça passe tout seul. Dans une première partie d’exposition, le réalisateur présente tous ces personnages dans leur environnement propre qui sera mis à mal par un meurtre totalement gratuit, point de rupture avec la fausse quiétude ambiante et déclencheur d’une série d’évènements aussi absurdes qu’irréversibles. S’en suit donc un savant mélange de fantastique (la menace est toujours suggérée via des silhouettes inquiétantes, on se plait à toujours citer Night of the living dead) et de classique rebooté (l’alchimie entre le bon p’tit flic et le grand père de Snake Plissken est le liant parfait du récit). Je ne comprendrais jamais ceux qui crucifie le film pour son coté dépassé. Il n’y a qu’à regarder la limpidité chirurgicale de ces 90 minutes au cordeau (tension, réalisation, esthétique épurée, violence sourde) pour se rendre compte de l’influence majeure de ce film d’action pas comme les autres.
Les racines d’Assaut prennent vie dans le cinéma vieillot d’un John Ford mais s’étendent également à toute une flopée de films badass et borderline qui ont émaillé le genre durant les glorieuses 80’s. Même encore de nos jours, l’écho du film de Big John est palpable au travers, par exemple, d’un Nid de guêpes, remake officieux de grande classe.