Hobo with a shotgun
8/10Avis à tous ceux qui ont adoré le fun du dyptique underground de Quentin Tarantino et Robert Rodriguez, Hobo with a shotgun ne boxe pas du tout dans la même catégorie. Il s’agit plutôt d’une invitation musclée à visiter les poubelles de l’Amérique. Prenant place dans une ville gangrénée par la violence, le film va suivre la lente métamorphose d’un clochard se raccrochant à un rêve (acheter une tondeuse !) mais qui va vite dévier de son objectif, façon Charles Bronson, afin d’endiguer une violence devenu insupportable à ses yeux.
Il faut bien reconnaitre que dans la catégorie des vigilantes purs et durs, Hobo ne fait pas dans la dentelle et se démarque de la concurrence par une audace visuelle et éthique assez incroyable. Le culot monstre, déployé dans ce film, m’a immédiatement fait penser au cultissime Street Trash. Les deux œuvres entretiennent la même volonté de générer la prise de conscience par le choc des images, en présentant de façon très frontale la violence et la pauvreté que beaucoup se refuse à voir au cinéma. Le recours au gore qui tache est là pour accentuer le propos mais aussi désamorcer le poids des séquences trash par un humour noir finement disséminé. Et Hobo regorge de scènes et de personnages hardcores. Un Père Noel pédophile ou encore un azimuté qui filme des combats à mort côtoient les décapitations publiques imposées par le gang du coin. Le réalisateur ne recule devant rien pour imposer son film coup de poing. C’est par moments gratuit mais toujours au service d’un propos sévère et burné malgré la thématique archi rebattu de l’autodéfense.
Hobo c’est un peu le Death Wish revu et corrigé à la sauce des années 2000, décennie de la violence gratuite bien plus malsaine et bien plus compliquée à analyser. Sur 70 minutes jamais rébarbatives, ça pisse le sang de partout, ça se trucide dans les pires conditions (à coup de patins, de scie, de couteaux, de machettes) et ça remue sévère (la jeune qui se fait scier la gorge ou encore le massacre du bus scolaire !). Coté acteurs, on nage dans les eaux boueuses du bis assumé et il faudra surtout se préparer à des compositions hystériques (Va pour le père mais les deux frangins peuvent saouler au bout d’un moment !). Néanmoins, quel plaisir de revoir Rutger Hauer tantôt victime tantôt bourreau facho sans pitié. Il en impose sévère dans le bourrinage industriel, lui ayant été un bad guy si complexe et si fin dans sa grande période. Le visuel du film est au diapason, volontairement crade, collant parfaitement à l’atmosphère suffocante de la ville. Les maquillages gores sont fauchés mais plutôt bien mis en valeur. Pour resituer, on alterne entre des tas de boyaux fumants loupés et une bonne séquence de sciage de carotide qui fleure bon le Tom Savini.
Pour Découvrir Hobo with a shotgun, il me semble plutôt pas mal d’avoir à l’esprit le bijou crasseux de Jim Muro pour bien se préparer à la boucherie imposée par le réalisateur. Le film a été survendu (bêtement) comme un ersatz des Planet Terror et autre Death Proof. Je peux vous dire que le newbie qui n’a pas été biberonné aux films hardcores des 80’s va y être pour ses frais. Hobo est un vigilante couillu renouant avec la tradition de ces films engagés n’hésitant pas à vulgariser leur thème principal par des saillies gore totalement gratuites. J’adhère totalement au spectacle.