Le film post apocalyptique, genre ultra-cinématographique, se fait rare dans les salles et c’est bien dommage car il est souvent un moyen pour les réalisateurs qui s’y collent d’exprimer toute leur créativité et leurs talents de techniciens.
Les frères Hughes, qui prennent beaucoup de temps entre leurs différents projets, y parviennent allègrement et nous délivrent des images de chaos franchement splendides et impressionnantes. Le pitch est simple, Eli (Denzel Washington, d’une sobriété qui fait plaisir à voir) est guidé par sa seule foi pour emmener en lieu sûr un livre à la valeur inestimable dont on devine très rapidement qu’il s’agit de la Bible.
Evidemment, son chemin de croix sera parsemé d’embûches et de personnes mal intentionnées qui lui donneront l’occasion de s’exprimer dans une autre discipline hautement divertissante, à savoir le découpage en rondelles avec style de la tripotée de bad guys qui tenteront de lui arracher son précieux.
C’est d’ailleurs un des rares défauts du film, mais souvent inhérent au genre, les ennemis sont souvent de simples rebuts qui errent comme des âmes en peine dans un monde où la loi du plus fort est la seule façon de survivre. Ils sont menés par un Gary Oldman moyennement inspiré, la faute à un rôle qui n’est pas franchement enthousiasmant. Eli doit pour sa part se coltiner une jeune femme (Mila Kunis, agaçante) qui voit en lui un potentiel messie.
L’intro du film, qui pose avec brio son ambiance fin du monde, est parfaite (et je ne parle même pas du sublime 1 contre 10 shooté en contre jour). Passée cette première demie heure, le soufflé retombe malheureusement. Toute la partie centrale du film s'avère assez peu enthousiasmante et on ronge son frein le temps qu’Eli se débarrasse d’Oldman et de ses sbires retranchés dans un espèce de saloon digne d’un western. Heureusement, il finira enfin par reprendre son chemin de croix et à nous sortir de notre torpeur grâce à un climax à l'avenant de l'intro. Niveau baston, les scènes se comptent sur les doigts d’une main mais elles sont toutes réussies avec en point d’orgue un mini Fort Alamo dans une bicoque perdue en plein désert, et propriété d’un vieux couple de cannibales.
Le film étant parsemé d’indices et de quelques facilités scénaristiques, la fin est très prévisible mais la qualité d’ensemble n’en pâtit pas pour autant (beau paradoxe que le lieu où s’achève le film). Le manque de rythme est le principal grief envers le film, ça manque clairement d'action (on aurait aimé avoir la qualité et la quantité) et Denzel est un peu seul au monde au niveau du casting (bad guy useless). Finalement, tout dépendra de la capacité de chacun à s’imprégner de cette histoire très terre à terre, basée sur la foi. Certains trouveront ça pompeux, d'autres en feront fi et profiteront de ce divertissement finalement bien plus premier degré qu'il n'y paraît.
6/10