Cosmopolis de David Cronenberg
(2012)
Et encore un film très mal vendu par sa campagne marketing. Là où la bande-annonce laissait croire à du Cronenberg sous acides qui se penchait de façon intéressante vers le style visuel de Gaspar Noé, voilà que
Cosmopolis se révèle être finalement le retour du cinéaste à son style de critique subtil des années 90. Ainsi, voir le dernier film de Cronenberg fait énormément penser à
Crash avec qui il partage le même rythme lent ainsi que certaines obsessions du cinéaste canadien. Pourtant, si le film possède un fond vraiment intéressant via la destruction point par point du capitalisme via l'effondrement de la petite cage dorée du personnage de Robert Pattinson, c'est plutôt la forme qui empêche
Cosmopolis d'être un véritable retour à la qualité après le très moyen
A Dangerous Method. Et si niveau mise en scène, le travail est bien là malgré une subtilité évidente (gros travail sur la gestion du champ/contre-champ, notamment dans la scène finale qui rajoute en plus un travail sur le cadre en rapport avec les personnages) malgré un gros manque de budget (le côté minimaliste est sûrement voulu mais le film en soi possède un visuel très pauvre qui ne colle pas aux ambitions de Cronenberg) il faut tout de même reconnaître que c'est le travail d'adaptation qui est à blâmer. C'est bien simple, on a véritablement l'impression d'avoir Cronenberg en face de soi nous lisant à voix haute l'ouvrage original de Don De Lillo, en ayant conservé le moindre dialogue et situation. Sauf que le langage littéraire est bien différent du langage cinématographique, et cela donne un montage pour le moins chaotique (le film est une succession de scènes en cut), des personnages secondaires inutiles et sacrifiés et surtout un désintérêt du spectateur grandissant de minute en minute. C'est bien dommage car le potentiel est là et Pattinson prouve une nouvelle fois qu'il est capable d'être un bon acteur. Reste à voir comment Cronenberg va négocier une nouvelle fois sa carrière par la suite.
NOTE : 5/10