Film très atypique, sorte de Jason Bourne girly, touchant aussi bien au film d'espionnage qu'au parcours initiatique d'une ado, Hanna (Saoirse Ronan, parfaite) a le mérite de proposer un style inédit dans la production US. Tout commence par le choix du réalisateur, Joe Wright, plutôt habitué des grandes fresques romantiques que des films d'action. Sa patte est indéniablement différente de ce à quoi nous habitue le genre et ça n'est pas pour déplaire.
On suit donc l'épopée vengeresse de cette jeune espionne en herbe, surentraînée depuis sa plus tendre enfance par un papa gâteau (Eric Bana, très bon mais qu'on voit finalement assez peu) qui a troqué les jouets et les câlins par des gros calibres et des conditions de vie sommaires (la forêt pas loin du pôle arctique ). On apprend qu'il est un ancien agent de la CIA poil à gratter et que la mère d'Hanna a été tué par la salope de service, Marissa Wiegler (Cate Blanchett dans un rôle qui nécessite de gros sabots semble s'amuser, c'est l'essentiel).
Passée une introduction qui frôle le sans faute, Hanna se retrouve livrée à elle même, et le film ne va cesser d'alterner entre les scènes intimistes (elle découvre le monde pour la première fois) et les séquences d'actions plus classiques. Enfin, je dis classique mais il y a vraiment de belles choses à retenir et notamment un excellent plan séquence centré sur le personnage de Bana qui fait vraiment plaisir à voir.
Les séquences plus calmes, notamment tout le passage avec la famille globe-trotter, sont moins inspirées même si elles se justifient naturellement. Saoirse Ronan se révèle également crédible quand l'action se réveille notamment dans l'épilogue. Il est en revanche dommageable de sentir un léger manque de peps dans les quelques combats au corps à corps même si le tout est rattrappé par une réalisation toujours propre.
Le point faible du film se situe au niveau des enjeux dramatiques. Le film est très prévisible dans son déroulement et on ne ressent que trop rarement le danger, la faute à des bad guys à ranger dans la catégorie "méchants en mousse". On passe du coup d'un potentiel très bon film à quelque chose de certes recommandable, mais qu'on ne retiendra principalement que pour son ton original.
Pour terminer, un petit mot sur la BO du film, qui divise grandement. Perso, j'ai plutôt adhéré au choix des Chemical Brothers. Evidemment, c'est très électro mais c'est sûrement le meilleur taf qu'ont rendu les deux acolytes depuis leurs excellents premiers albums (Exit Planet Dust, le dément Dig your own hole, et Surrender). C'est vraiment un groupe que j'ai adoré dans les années 90 (Block Rockin Beats, Electrobank, Setting Sun, c'était du lourd!) mais qui n'a pas réussi à franchir le cap des années 2000. Ce sont en quelques sorte les Tim Burton de la musique. Ils se sont complètement liquéfiés du jour au lendemain, le succès international les a tué...