Haywire
4.5/10Le Soderbergh nouveau est arrivé, respectant à la lettre le cahier des charges qu’il s’est lui-même imposé depuis quelques films déjà. Pas de surprises donc, ce nouvel effort navigue entre tendance arty agaçante et produit empaqueté à la va vite. Approche à vocation novatrice (voire limite pédante), photographie bleutée, casting pléthorique, on tiendrait presque la crème du Nikita-like avec des noms ronflants tels que Douglas, Fassbender, Banderas, Gregor etc…
Résultat des courses, Haywire est une vraie déception reposant sur deux atouts majeurs. Tout d’abord, Gina Carano issue du MMA porte le film sur ses épaules et se goinfre, sans surprises, les séquences les plus musclées (relativement rares cela dit) avec un très agréable mélange de sexy et de puissance. L’autre concerne la seule scène de baston valable entre un Fassbender affuté et une Carano tranchant avec son look de femme fatale. Classe, sec et clairement bien shooté, ce moment nous permet de rêver quelques minutes à la vraie identité du film (avec peut etre aussi le démontage de gueule de Tatum
), dépouillée du coté prétentieux qui vérole généralement toutes les dernières œuvres de Soderbergh. Pour le reste c’est une succession de loupés avec en point d’orgue, le bad guy le plus minable de ces dernières années. Ewan Mc Gregor, allons bon, un peu de jugeote quand même ! Je veux bien que ce soit sport national aux US de faire avaler des couleuvres au spectateur mais là ce n’est juste pas possible. Flasque, mou et jamais à sa place, le pauvre tente d’exister et ce au gré de trop nombreuses scènes ratées, en partie à cause de lui. Autre erreur de taille, que vient foutre ce Kassovitz ridicule dans l’histoire ??? Pareil, il n’est jamais crédible. Faudrait peut-être penser à mettre hors d’état de nuire le directeur de casting. On se rattrape donc aux branches avec un Banderas magnétique (même si son dernier plan est hautement ridicule) et un Douglas toujours aussi impeccable. En l’état, le film n’est pas une purge. Le rythme est correct, c’est court et l’on ne s’ennuie jamais (attention quand meme, c'est assez rachitique en séquences burnées). Mais la réalisation est toujours aussi froide même si Soderbergh tente toujours autant de choses. Ses maniaqueries et autre tics se retournent bien souvent contre lui. Le choix d’un score jazzy est là pour le prouver, réduisant à néant les péripéties de Carano. Hormis la classe "Jamesbondienne" de Fassbender et un fight très correct à mi-film, je ne vois rien qui sorte de l’ordinaire. Hanna était, en ce sens, un pari plus couillu (un film d’action sans action).
Sitôt vu, sitôt oublié, Haywire rejoint la galaxie des films Kleenex du réalisateur. A trop vouloir faire des blocks à tendance arty, Soderbergh en oublie le spectateur pour se faire d’avantage plaisir avec moult expérimentations. Depuis Trafic, sa filmographie s’apparente à un vrai concours de branlette contre lui-même et peut être quelques potes du métier. Le reste semble l’importer bien peu.