[Dunandan] Mes critiques en 2012

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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Mer 23 Mai 2012, 18:35

L'affaire Cicéron
Chaînes conjugales
Quelque part dans la nuit
Le château du dragon

Il me reste en DVD : Guêpier pour 3 abeilles, et le Reptile, à voir d'ici la fin de semaine. Mais j'aurai moyen d'en trouver d'autres au Canada.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Logan » Mer 23 Mai 2012, 18:36

Ah t'as pas vu l'ultime masterpiece, le limier, à voir absolument, ca va être ta troisiéme note au dessus de 9 assuré :eheh:

Guepier et le reptile c'est du lourd aussi :super:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Count Dooku » Mer 23 Mai 2012, 18:59

dunandan a écrit:L'affaire Cicéron
Chaînes conjugales
Quelque part dans la ville
Le château du dragon

Quelque part dans la nuit tu veux dire? ;)
Je l'ai justement vu il y a deux jours celui-là, et j'ai beaucoup aimé! Un film noir dans la tradition du genre, pourvu d'un script et d'une réalisation solide, et avec des dialogues mieux écrits qu'à l'accoutumée (c'est sur ce point qu'on remarque la touche Mankiewicz, pour le reste il faut avouer qu'il se fond dans le genre, même si c'est avec une certaine réussite).

Pour Soudain l'été dernier je serais moins emballé que toi par contre, le film est certes très réussi du point de vue de la psychologie des personnages (campés en outre par des acteurs exceptionnels) mais j'ai trouvé la mise en scène trop statique, trahissant trop les origines théâtrales du film. Cet aspect m'avait moins dérangé dans d'autres adaptations de pièces de Tennessee Williams, mais ici, puisqu'il est question de folie, je trouve que la mise en scène aurait gagné à faire preuve de plus de folie justement.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Mer 23 Mai 2012, 19:07

Oui édité, j'ai recopié le titre trop vite :oops:

En même temps, c'est de 1960. Et Mankiewicz à la base c'est quand même statique. Mais il y a une utilisation du décor et des dialogues vraiment excellente, qui compense ce type de réal' (les acteurs aussi comme tu l'as très bien souligné). Le final est aussi très angoissant. Pas besoin d'en faire des tonnes pour exprimer la folie selon moi.
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Balle dans la tête (Une) - 8/10

Messagepar Dunandan » Jeu 24 Mai 2012, 22:46

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Une balle dans la tête, John Woo (1990)

Ce film marque la séparation définitive de John Woo (à la réalisation) et de Tsui Hark (à la production), après avoir conçu ensemble la base du polar HK : Syndicat du crime 1 et 2. Chacun est parti faire son truc avec le même script de base, mais avec un résultat complètement différent : Syndicat du crime 3 (fausse suite du Syndicat du crime) et Une balle dans la tête, bien meilleur que ce dernier. Je ne vais pas m'étaler dessus, j'en ai déjà suffisamment parlé dans la critique précitée. Mais ce qui faut retenir de cette rupture artistique, c'est qu'elle a été bénéfique pour John Woo, qui a ainsi réalisé l'un de ses tous meilleurs films. En tous cas le plus sensible et l'un des plus étoffés en termes de narration.

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Les quinze premières minutes sont d'une extraordinaire naïveté, mais contrairement à ce qui a été dit ici et là, elles préparent parfaitement la rupture de ton qui va suivre, beaucoup plus dramatique. De plus, cette débauche de sentiments fraternels est typique de la période HK de John Woo, et je trouve qu'ici, plus que jamais, elle y trouve sa place. En effet, nous voyons qu'ils sont prêts à tout l'un pour l'autre, et nous comprenons ainsi leur évolution psychologique. Si on rentre dans le truc, l'impact émotionnel n'en sera que plus grand. D'ailleurs c'est quoi cette amitié idyllique ? Ce n'est pas juste une course de vélos, les flirts, ou les rires entre potes. Mais c'est aussi se battre, mettre sa vie en jeu, pour s'aider mutuellement. Bref, on est loin d'une amitié toute rose où tout va bien, mais elle tient sur un fil, à fleur de peau, prête à basculer du côté obscur. Enfin, Woo préfère un flot d'images ininterrompues (à la manière du Syndicat du crime), plutôt qu'une narration classique pour exprimer tout ça, ce qui forcément interpelle davantage que des échanges de mots, qui interviennent seulement en supplément émotionnel. Bref, cette introduction est absolument nécessaire pour l'évolution psychologique et dramatique du film.

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La trame narrative est relativement classique, mais efficacement mise en scène et sans chichi, déjà généreuse en scènes d'action. Techniquement, c'est un peu à part. En termes de découpage et de scènes iconiques, ce n'est pas aussi bien défini que The Killer, A toute épreuve, ou même Le syndicat du crime : plutôt qu'une régression qualitative, ça fait ressentir le chaos de la guerre. Le film est ponctué par différents événements, qui déterminent le cheminement psychologique des personnages, la perte de leur innocence : premier meurtre et utilisation des armes à feu, l'or et l'amitié, l'épreuve ultime : vivre seul ou mourir ensemble, règlement de comptes. Des preuves d'amitié sont parsemées tout au long : boire une bouteille (au contenu inconnu ...) d'un trait à la place d'un ami, mourir honorablement plutôt que vivre misérablement. Bref du Woo tout craché. Cette trame rappelle forcément Voyage au bout de l'enfer, mais l'amitié est encore plus palpable, mise en valeur autant par les acteurs que par la mise en scène. Et c'est clair que les scènes s'enchaînent à grande vitesse, nous donnant l'impression que cette amitié se signe uniquement dans le sang, les larmes, et les explosions. Il y a aussi une petite amourette qui se met en place, qui n'est pas en trop, et apporte même un petit plus dans les enjeux (le héros qui s'en amourache est marié, ce qui rajoute à l'ébrèchement de leur vie ancienne). En conclusion, plus qu'un film d'action (pourtant très bien fait), voici une histoire vraiment nostalgique, triste, témoin d'une amitié progressivement détruite, corrompue essentiellement par l'ambition et la frénésie de la guerre, et remplie de symbolique.

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Ce film a été aussi pour moi l'occasion d'assister à la naissance ou au plein essor de plusieurs acteurs chinois actuellement très connus : Tonny Leung et Simon Yam. Le rôle de ce dernier a d'ailleurs été approfondi, contrairement à ce qui était prévu (ça devait se concentrer autour du trio), car John Woo était impressionné par son talent. Son look ressemble au futur tueur de The Killer, tout habillé en blanc, tuant de sang froid mais séducteur né. Un personnage secondaire et paradoxalement l'un des plus attractifs. Sur le trio d'amis, dans leur évolution personnelle, tous remplissent un rôle important digne d'une pièce de Shakespeare (osons les grands rapprochements) : Ben (Tony Leung), l'un des plus touchants mais qui devra faire des choses terribles durant la guerre pour sauver ses amis, Franck, passant du comique de service à la folie et sera le lien dramatique entre les deux autres, et enfin Paul, le corrompu. Par contre il y a quelques fautes de goût : je n'ai pas été totalement convaincu par la folie de Franck, dans le même ton que dans Syndicat du crime 2, même si c'est bien mieux joué). Puis il y a celle du crâne, un peu grossière (allusion à Hamlet ?). Mais dans l'ensemble ça passe assez bien. Le reste du casting est très bien, même si il n'y a pas trop d'autres têtes connues, et les deux petites chinoises sont très mignonnes, les atouts charmes du film.

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Pas le plus impressionnant au niveau technique ou du découpage des scènes d'action (c'est la guerre), mais peut-être le plus touchant des films de Woo, sur un de ses thèmes de prédilection, héritée de son maître (Chang cheh) : une amitié éprouvée jusqu'à la corde. Quelques fautes de goût, mais ça ne manque pas d'âme.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Alegas » Jeu 24 Mai 2012, 23:25

Très intéressante critique que je rejoint sur de très nombreux points. Mon Woo favori en ce qui me concerne, en attendant de voir la VL des 3 Royaumes.
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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Sympathy for Mr Vengeance - 8,5/10

Messagepar Dunandan » Ven 25 Mai 2012, 04:07

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Sympathy for Mr Vengeance, Park Chan-wook (2003)

Difficile de ne pas éprouver de la sympathie pour Mr Vengeance. Et pourtant ce n'était pas gagné tant il semble difficile d'accès. Car il y a une contrainte narrative qui fait selon moi le principal intérêt du film : l'un des deux personnages principaux est sourd-muet (Shin Ha-Kyun). La mise en scène se met alors au service de son sujet en nous donnant le sentiment d'être à sa place, comme dans une bulle coupée de l'extérieur. Pour appuyer ce sentiment de coupure du monde, le son s'arrête parfois brusquement, ou encore des sous-titres interviennent à des moments stratégiques pour faire écho à ses pensées. Ainsi il y a beaucoup de sous-entendus et d'ellipses, tout n'est pas expliqué directement, et il faut donc s'accrocher par moments pour rassembler les pièces du puzzle, bien que ce soit tout à fait accessible (ce n'est pas du Lynch). Au début, il y a une petite scène qui exprime parfaitement cette ambivalence entre handicap et malentendus, où d'une séquence sexuelle imaginée, nous nous retrouvons face à une personne qui souffre le martyr tandis que son frère sourd-muet mange sans s'en rendre compte. Et c'est bourré de faux-semblants de ce genre qu'il faut capter pour comprendre toute l'atmosphère malsaine qui entoure les personnages, à la merci d'un terrible jeu du destin.

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On prend donc ce personnage en pitié à cause de son handicap et de sa situation familiale. C'est un bon gars qui essaie de tout faire pour aider sa soeur, et en une poignée de séquences, un lien fort est tissé entre-eux. Ainsi on veut être de son côté, d'autant plus qu'il traite bien la petite fille qu'il kidnappera. On comprend aussi qu'il s'est mis dans la merde par désespoir et par malchance (et aussi par manipulation, dixit sa copine communiste activiste), et non par méchanceté ou malveillance. Or, le film évite justement l'écueil du manichéisme, évitant de faire également de son ex-patron qui l'a pourtant privé des moyens qui l'auraient bien aidé à s'en sortir, un coupable tout désigné. Victime et bourreau s'entremêlent ainsi jusqu'à la confusion du spectateur (c'est à ce moment-là que j'ai véritablement apprécié le film). De quel côté se mettre ? Pas d'espace confortable où on peut se cacher. Juste une injustice des deux côtés causée par l'absurde, la malchance, et les malentendus. La mise en scène fait ressentir au maximum cette sensation de vide, d'incommunicabilité de la douleur, mais aussi cette rage de désigner un coupable. Mais au final, aucun gagnant n'en sort d'aucun des côtés.

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Park Chan-wook est connu pour un certain goût du glauque, mais ici ces séquences sont réalisées hors-champ, suggestives (bruits de chair et d'os, sons malsains, cris des victimes ...), préservant ainsi le spectateur de l'exagération graphique qui aurait pu en résulter (hormis deux scènes très brèves), ce qui a d'autant plus d'impact, car ainsi nous nous focalisons sur la souffrance pure, psychologique. Bref, la violence n'est jamais gratuite, mais elle sert à donner du poids à la vengeance ou à la souffrance des Mr Vengeance.

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En conclusion, Sympathy for Mr Vengeance est un film plein de bile qui relâche sa tension seulement par à coups, pour injecter des moments d'émotion sans lesquels il est certain qu'on n'aurait pas d'empathie pour les Mr Vengeance. Côté casting c'est du solide, mention spéciale pour Lim Ji-Eun qui joue la fiancée du sourd-muet qui est toute mimi tout en étant très ambigüe. La BO est aussi très belle, mélancolique, mais sans tous les violons qu'il y aura dans Old Boy (que j'aime beaucoup, mais j'avoue que cela tourne souvent au mélodrame). Certes, quelques ficelles sont grosses, mais l'intérêt du film se situe selon moi surtout au niveau de son ambiance froide et étouffante à la fois, et de l'ambivalence des personnages, tour à tour sympathiques et impitoyables. Sans oublier la réalisation qui est très soignée, proposant de nombreuses idées de cadre intéressants qui renforcent la tension, l'empathie, ou le rejet.

Un film difficile, par son sujet (l'injustice et la vengeance), son ambiance sans (presque) échappatoire, et sa narration (elliptique et bourrée de sous-entendus). Son script est malin sans faire le malin à part quelques ficelles visibles et parfois inévitables.
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Re: Balle dans la tête (Une) - 8/10

Messagepar Scalp » Ven 25 Mai 2012, 06:28

dunandan a écrit:Pas le plus réussi au niveau technique ou du découpage des scènes d'action.


En fait l'effet voulu par Woo est ici différent que dans the killer et A toute épreuve, ici c'est la guerre y a moins de place pour l'iconisation ( bon y en a un peu quand même ) et plus pour le chaos dans la réal ça se rapproche carrément de Windtalkers, je dirait pas que c'est moins réussit techniquement c'est surtout différent.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Ven 25 Mai 2012, 10:43

Oui j'avais pensé à ça justement, je vais arranger un peu ça :wink:

Nouveau paragraphe :
Techniquement, c'est un peu à part. En termes de découpage et de scènes iconiques, ce n'est pas aussi bien défini que The Killer, A toute épreuve, ou même Le syndicat du crime : il ne s'agit pas d'une régression qualitative, mais d'un choix délibéré pour faire ressentir le chaos de la guerre, et ressemble plus à ce niveau là à Windtalkers
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Corbeau (Le) - 7,5/10

Messagepar Dunandan » Sam 26 Mai 2012, 03:23

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Le corbeau, Henri-Georges Clouzot (1942)

J'ai été agréablement surpris par la capacité du film à nous faire suspecter chaque protagoniste d'être le Corbeau, qui envoie des lettres diffamatoires révélant chacune un fond de vérité des personnes visées. Très important : il faut savoir que le film a été tourné en 1942, et donc est une mise en abîme de la France de Vichy et des délations qui ont suivi.

L'intrigue est essentiellement centrée autour des relations inter-individuelles, nous dévoilant les motivations de chacun et faisant d'eux des coupables en puissance. Mais, au vu du nombre de personnages impliqués, je n'ai pas capté toutes les subtilités de ce jeu du chat et de la souris (ou plutôt d'accusations réciproques), et dans une seconde vision, je m'attellerai à la tâche. J'ai seulement retenu la richesse des dialogues, intelligents et assez comiques, et des types de personnages, moralement ambigus, révélant ainsi un fond très sombre de la nature humaine (la censure n'avait pas raté ce film en son temps, particulièrement l'Eglise et la Libération, l'accusant d'être contre la France et ses valeurs).

Pour l'époque, la mise en scène est très dynamique, et les acteurs jouent juste, spécialement celui qui interprète le docteur, personnage très complexe (froid, bourru, et libre-penseur, détestant les enfants, et affichant son athéisme), ainsi que la nymphomane. Je regretterais aussi un dénouement de l'enquête un peu trop sec à mon goût, mais l'intérêt réside avant tout, je dirais, dans son déroulement, et non dans sa finale.

Note : 7.5/10
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Alegas » Sam 26 Mai 2012, 10:44

Encore une fois tout pareil.
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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Deuxième Souffle (Le) (1966) - 9/10

Messagepar Dunandan » Sam 26 Mai 2012, 22:50

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Le deuxième souffle, Jean-Pierre Melville (1966)

Très impressionné par Le deuxième souffle, qui constitue la transition chez Melville : il annonce déjà le style épuré (les décors et le jeu des acteurs) de la suite de son cinéma, amorcé avec Le samouraï. Mais il s'agit d'un film encore (le plus ?) bavard (mais les grands moments d'émotion sont exprimés silencieusement, par des non-dits), et on se perd d'ailleurs parfois dans les joutes verbales, qui jouent la fonction originale d'évoquer les relations inter-individuelles (qui sont bien souvent différentes de ce que l'on croit). L'un des grands thèmes du film selon moi est donc le suivant : faut-il faire confiance à la parole d'un gangster (et d'un policier ...) ? Quel est leur type de relation ? Par exemple, dans l'une des scènes d'introduction, un policier-commissaire (il ressemble beaucoup à Melville, je ne sais pas si c'est fait exprès), très perspicace, anticipe sur ce que les témoins de la scène, gangsters notoires, auraient dit s'ils avaient parlé (à savoir à peu près rien), mais ayant assisté à la scène, nous savons que c'est faux. Et le tournant du film portera autour de la "bonne parole" du gangster que l'on accuse d'avoir trahi ses compagnons d'armes. Cela me fait penser au Corbeau, avec tous ces personnages s'accusant les uns aux autres (j'ai eu d'ailleurs un peu le même problème pour retenir le rôle exact de chacun).

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Je trouve que le coeur du film ressemble à Un coup dans l'escalier, immense inspiration pour Melville, l'un de ses films préférés. Longue exposition des personnages absolument nécessaire pour établir leurs caractères (à titre d'exemple, le gangster interprété par Lino Ventura, qui échappe de peu à une chute lors de son évasion : fera t-il le poids ?). Espoir d'une seconde chance (d'où le titre). Film d'un seul casse avec le déroulement de son plan et le petit temps d'attente avant les scènes décisives (écho lointain du western). La police qui affiche des méthodes similaires aux gangsters, brisant ainsi la frontière entre le bien et le mal. La femme qui est consciente de la fatalité en marche mais ne peut pas agir contre cette dernière. Le traitement réaliste de l'ensemble, qui offre au film un aspect âpre, brut, et direct. Grande valeur ajoutée : les dialogues sont une petite merveille dans le genre, avec un jargon très caractérisé, sans fioritures, qui vont droit au but, portés par un casting absolument énorme. Chaque acteur joue juste, malgré un texte très chargé. Les scènes d'actions arrivent brutalement et de manière réaliste, les plus belles de la filmographie du bonhomme, et font penser à du Peckinpah sans ralentis. Enfin il y a quelques idées de mise en scène bien sympathiques (je retiens surtout la fausse piste du flingue sur l'armoire, et le dernier plan entre Gustave et la femme qui est à pleurer).

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Mais bien sûr les thématiques de Melville ne sont pas exactement les mêmes que ses précurseurs, et sont concentrées dans une phrase en introduction : A sa naissance, il n'est donné à l'homme qu'un seul droit : le choix de sa mort. Mais si ce choix est commandé par le dégoût de sa vie, alors son existence n'aura été que pure dérision. Bref, un sens de l'honneur enveloppé d'une saveur quasi japonaise (fatalité au bout), amitiés liées par l'action et surtout par la confiance mutuelle. Puis certaines séquences ressemblent beaucoup à ses autres films, et je pense surtout à L'armée des ombres, avec la fameuse séquence d'isolement du gangster qui vit grâce à ses amis, et à son besoin ultérieur de se racheter une conduite. Bref, un film qui pourrait être simple (un évadé qui cherche à s'évanouir dans la nature), sans le traitement qui le nourrit, typiquement propre à Melville. Un seul petit bémol : la notion du temps, représentée par des sous-titres, n'est pas toujours bien exprimée, bien qu'elle remplit bien son rôle de représenter l'inéluctable.

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L'un des grands polars de Melville, un tournant dans sa carrière au niveau esthétique. A la fois froid visuellement, acéré dans ses dialogues, et impitoyable dans son déroulement. Un grand casting et jeu d'acteurs.
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Maldonne pour un Espion - 6,5/10

Messagepar Dunandan » Dim 27 Mai 2012, 02:55

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Maldonne pour un Espion, Anthony Mann (1967)

Un peu déçu par cette dernière réalisation de Mann, qu'il n'avait d'ailleurs pas pu terminer (et a été achevé par l'acteur principal). Ce qui est bien, c'est d'abord l'absence de manichéisme, contrairement à du James Bond, puis le petit jeu de manipulation bien mis en valeur par la scène d'introduction qui nous montre une poupée malmenée, et enfin le malaise de l'agent double (joué par Laurence Harvey, qui ressemble énormément à Clint Eastwood) par rapport à son identité, obsédé par sa mort prochaine (la scène de l'enterrement au début l'illustre bien). Il y a aussi une petite atmosphère "british" assez sympathique au début, et les personnages parlent anglais, allemand, ou russe, sans parler américain avec un accent ridicule. Mais sinon l'histoire traîne en longueurs, elle est parfois très nébuleuse bien que l'enjeu soit rapidement dévoilé, et il faut s'accrocher pour comprendre tous les tenants et aboutissants (j'ai parfois le sentiment qu'il manque des scènes). Enfin, je n'ai pas trop compris l'intérêt d'avoir mis ce personnage féminin (interprété par Mia Farrow, que je supporte à peine) qui rencontre l'autre agent à chaque coin de rue (y compris à l'étranger), à part pour apporter une petite touche de glamour, et refléter le mal existentiel de l'agent secret (elle se dit existentialiste). Je lui redonnerai peut-être une chance si je fais une rétrospective du genre de films d'espionnage, car je crois comprendre qu'il y tient une place importante, parmi les "crépusculaires" (l'humanité du personnage principal en lutte avec le cynisme et la cruauté de son métier, la morale désenchantée, et la fatalité de mise).

Déconcerté par l'histoire alambiquée et le personnage féminin peu intéressant qui débarque de nulle part mais intéressant pour le côté anti-James Bond que son "héros" représente, torturé par son identité et sa condition.
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Film: Maldonne pour un espion
Note: 7/10
Auteur: Scalp

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Re: Deuxième Souffle (Le) (1966) - 9/10

Messagepar Scalp » Dim 27 Mai 2012, 08:09

dunandan a écrit:
Je trouve que le coeur du film ressemble aussi beaucoup à son maître étalon, Un coup dans l'escalier.



Le terme exact ici serait plutôt inspiration ( le film de Wise étant un des préféré de Melville ) plutôt que maitre étalon qui sous entendrait que le film de Wise est le meilleur du genre.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Dim 27 Mai 2012, 11:55

Yep je vais éditer ça, je vois que t'es tatillon sur tes films préférés :mrgreen: :super:
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