[Dunandan] Mes critiques en 2012

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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Scalp » Dim 20 Mai 2012, 08:12

Oue perso je trouve que c'est son western le plus "accessible", celui le moins typé, qui peut vraiment plaire à un plus grand nombre.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Count Dooku » Dim 20 Mai 2012, 12:49

Le seul défaut majeur que je trouve à L'Homme qui tua Liberty Valance c'est le fait que Stewart soit trop âgé pour le rôle, ce qui rend difficilement crédible son personnage de jeune avocat idéaliste. Wayne par contre est parfait dans ce film, c'est sans doute le meilleur rôle de sa carrière, bien plus subtil et profond que ce qu'il a pu montrer dans beaucoup de films (c'est pour ce rôle-ci qu'il aurait du recevoir un oscar, et non pour son numéro de cabotinage dans 100 dollars pour un shérif).
Sinon je trouve pas que c'est un mauvais film pour débuter avec Ford, certes je conseillerais plutôt La Prisonnière du Désert au départ puisqu'il est plus représentatif du cinéma de Ford (avec ses grands espaces, sa façon unique de filmer l'Ouest), mais L'Homme qui tua Liberty Valance n'est en aucun cas un film difficile d'accès. C'est un western plus psychologique, plus centré sur ses personnages que sur l'action, ce qui en fait un film un peu à part dans la filmo de Ford mais en même temps l'un des plus passionnants (et surtout dénué de la naïveté qu'on retrouve dans beaucoup de ses films).
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Messagepar Scalp » Dim 20 Mai 2012, 12:51

La Prisonnière du Désert c'est LE Ford a évité pour découvrir sa filmo selon moi.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Heatmann » Dim 20 Mai 2012, 13:05

pas d'accord , et jdit pas ca car j'adore le film , mais parcque tout sont cinema est dans ce film dans sa forme la plus pousser ( perso , theme , real , rhytme ect .. ) , jsuis d accord avec dooku
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Dim 20 Mai 2012, 14:52

C'est comme si je découvrais Impitoyable sans avoir vu L'homme des hautes plaines. Non vraiment vu la manière dont Ford semble relire ses thèmes, je ne le conseillerais pas comme première incursion amha. Parce que bon j'ai donné l'impression que j'aime le western quand même, et mon 6 n'est pas définitif, il est seulement le reflet de ma frustration, et pourrait se transformer en 7,5-8 si j'accroche plus la prochaine fois. Faudrait juste que je vois quelques "classiques" de Ford avant de me replonger dedans, me familiariser avec son oeuvre, tout ça ...
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Count Dooku » Dim 20 Mai 2012, 15:11

Ben le truc c'est qu'il est un peu à part dans la filmo de Ford ce Liberty Valance, enfin moi je trouve. En général chez Ford de ce que j'ai vu ça tourne beaucoup autour de la glorification d'un monde, l'Ouest sauvage, à travers une façon de filmer qui place les paysages presque au même niveau que les personnages. Puis on retrouve également une vision idéalisée d'une communauté, avec des danses, des moments d'humour, des personnages à qui Ford voue manifestement une certaine tendresse, ce qui peut parfois être perçu comme une vision naïve (voire mièvre). On ne retrouve rien de tout cela dans Liberty Valance, qui au contraire propose une vision totalement désenchantée de l'Ouest, sans décors prestigieux et avec des personnages beaucoup plus ambigus qu'à l'accoutumée.
Du coup je ne suis pas persuadé que tu changes fondamentalement d'avis en voyant d'autres Ford, car le reste de sa filmo (enfin de ce que j'ai vu hein, parce qu'il en a fait des films) est d'une tonalité très différente.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Dim 20 Mai 2012, 15:14

oui c'est ce à quoi je faisais allusion :wink:, Ford a une vision de l'Ouest, et j'ai commencé par la fin, comme si j'étais allé directement voir la dernière page d'un bouquin ... Bref, sans tous les voir, ce serait bien que j'en vois au moins une petite dizaine avant.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Count Dooku » Dim 20 Mai 2012, 15:20

Bah en fait Liberty Valance doit être le deuxième Ford que j'ai vu (après La Prisonnière du Désert) et ça m'a pas empêché de l'apprécier énormément et de le considérer comme l'un des meilleurs westerns que j'ai vu. ;)
Mais effectivement, peut-être qu'en visionnant ses films dans un ordre chronologique tu pourrais trouver une cohérence dans sa vision du Far-West qui amène à ce film, je n'avais jamais envisagé les choses sous cet angle.
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Forteresse cachée (La) - 8/10

Messagepar Dunandan » Dim 20 Mai 2012, 19:54



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La forteresse cachée, Akira Kurosawa (1958)

Ce qui est bien avec Kurosawa, c'est qu'il parvient à faire des films différents tout en préservant une cohérence d'ensemble. Comme chacun le sait, Georges Lucas a pompé son squelette narratif et ses personnages sur La forteresse cachée, j'en parlerai j'en parlerai peu à l'occasion car les emprunts sont intéressants: ils soulignent la modernité de ce film. D'autre part, lorsque Kurosawa traite le genre du film de sabre, il se plaît à en casser les "codes". Ici, il le transforme en film d'aventures avec un brin de comédie.

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La patte du réalisateur est tout de suite reconnaissable à travers son sens du cadre, ses personnages, et ses thèmes. D'abord, l'époque historique n'est pas identifiable comme dans le Château de l'araignée : comme d'habitude, ce n'est pas un point important pour lui. Les seules informations que nous avons servent de leitmotiv au récit : deux clans qui se font la guerre et la pauvreté ambiante. Ainsi, nous avons une parfaite représentation de l'action. Pour compléter le tableau, s'y trouve aussi un travail autour de la profondeur de champ (je pense notamment aux scènes dans la montagne), ainsi qu'un gros boulot sur le montage, nous faisant passer facilement d'un décor à l'autre en dépit d'un lieu géographique unique, créant à la fois un effet de cohésion et de dépaysement. Deux idées à la base du film moderne d'aventures.

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L'histoire débute avec deux pauvres paysans qui ont tout quitté pour s'enrichir et se retrouvent dans la merde au sens propre (dixit leur premier dialogue qui porte sur celui qui pue le plus des deux). Leur bêtise et leur appât du gain constituent paradoxalement une forme de courage chez eux, et leur duo comique ressemble beaucoup aux chamailleries de C3PO et de R2D2. Sur leur route, ils croisent deux étranges personnages : un homme hirsute et une princesse aux airs de garçon manqué. Contrairement aux films du genre, leur apparence ne colle pas avec leur fonction (encore plus que dans Sanjuro : il ne porte même pas de sabre ni de kimono), et leur force intérieure est cachée (encore un trait que Lucas reprendra à son compte). C'est d'ailleurs une bonne idée de les introduire sans qu'ils disent un mot, présentant ce qu'ils sont en s'imposant par leur présence et ce qu'ils dégagent, et non par leur rang social. Le personnage de Mifune (un mélange Solo et de Skywalker) est vraiment réussi, à la fois ironique vis à vis des paysans (une scène magnifique : celle où, sans un mot, il se met à rire de leur ténacité et de leur intelligence bien malgré eux), loyal, et fort au sabre. La princesse, complètement à l'opposé des standards du genre, ne prend pas la loyauté pour argent comptant, et préférerait qu'un sujet ne risque ou ne se sacrifie pas pour elle. Elle a un véritable amour pour son peuple (puis quelle bonne idée de la rendre muette pendant une bonne partie du film, pour ne pas révéler son identité à ses ennemis, mais aussi pour rendre plus intense son désir de l'ouvrir lorsque son peuple est visé). Enfin, il y a un bad-guy qui est taraudé entre le bien et le mal, l'amitié ou les ordres, véritable alter-ego de Mifune.

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Le tronc du film est tout simple : ils trouvent de l'or, et veulent l'amener à destination. Chose originale : ce sont les "défauts" des uns et des autres qui permettent en fait de faire avancer l'histoire. Les paysans, uniquement pour épargner leur vie, inventent de manière improvisée un plan pour contourner une frontière surveillée, afin d'expliquer au personnage menaçant (campé par Mifune) qu'ils veulent seulement rentrer chez eux et non chercher de l'or. La princesse, en vendant des chevaux pour acheter par compassion une femme de son clan, permet à la troupe de passer inaperçue, ne collant plus à la description recherchée. Le seul véritable combat est un duel entre le samouraï incognito et le bad-guy, qui encore une fois brise les "codes" en proposant un affrontement à la lance, qui est en plus très bien filmé, dénotant un sens de l'espace, à l'image des bandes de toile déchirées au passage des lames tranchantes. Bref, ce ne sont pas les personnages habituellement "forts" (comme le samouraï) qui font l'action "utile", mais les "faibles" ou attendus comme tels (les paysans et la princesse). Une scène fait beaucoup penser au Château de l'araignée, preuve qu'il ne s'agit pas d'un divertissement creux, loin de là (comme Sanjuro d'ailleurs) : une fête du feu et un chant qui rappellent magnifiquement notre condition égale devant le néant, remettant en question toute idée de hiérarchie sociale ou les désirs de gloire et de richesse. Tout se termine par un bel happy-end (ça demeure quand même un film divertissement, pas un drame, et puis malgré tout, Kurosawa était un pacifiste dans l'âme), rassemblant le samouraï et la princesse brillant enfin de tous leurs fards, mais dont l'humanité a été largement (é)prouvée par leur petite aventure, le badguy qui a finalement préféré l'amitié à ses rêves de gloire, et même les deux paysans qui dépassent (de peu) leurs différends pour partager le peu qu'ils ont.

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Un beau film d'aventure qui casse les codes du genre du film de sabre, à la fois épique (la BO de Sato !), comique, psychologique, et humaniste. Quelques baisses de rythme sont à signaler, mais rien de grave, heureusement compensées par une fin à la hauteur.
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Incident de Frontière - 6/10

Messagepar Dunandan » Lun 21 Mai 2012, 01:40

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Incident de frontière, Antony Mann (1949)

C'est la première fois que je suis un peu déçu par un Anthony Mann. Comme toujours, le N & B est somptueux, et fait penser parfois aux autres films du réalisateur, à mi-chemin entre le western et le film noir, avec un petit côté documentaire. Par contre, le script est un peu trop léger et guère palpitant, bien que le fond m'a intéressé : les mexicains, main d'oeuvre absolument nécessaire pour l'agriculture américaine dans un climat d'exclusion, attirent ainsi les immigrés clandestins. Le plus gros soucis dans la narration, c'est que le plan entrepris par les américains et les mexicains, qui travaillent donc de concert contre le réseau clandestin, est entièrement dévoilé dès le début, annihilant tout effort de suspens (par contre j'ai bien aimé lorsque le policier s'est fait repéré à cause d'un détail apparemment anodin), en dépit de quelques imprévus, souvent comblés par la ruse des policiers en planque. J'ai aussi bien aimé les personnages, bien qu'ils ne soient pas trop approfondis, avec le mexicain laissant sa femme derrière tout en sachant que sa vie est en jeu, et les deux policiers que nous suivons à deux niveaux de l'enquête, l'un moralisateur, et l'autre un peu plus sombre. Mais au final, malgré une tension palpable qui compense légèrement le déroulement prévisible, dommage que la publicité sur la collaboration des deux gouvernements dans cette affaire soit tant mise en avant (le plan final des deux drapeaux et les multiples interventions du policier auprès des travailleurs le montrent bien), insistant combien c'est mal de traverser la frontière illégalement, surtout pour les mexicains qui se font exploiter de bout en bout, tant au niveau du salaire (moins bien payés que dans leur pays d'origine) qu'au niveau de leur survie (on les dépouille jusqu'aux vêtements). En bref, cela se regarde (surtout grâce à l'esthétique du film), mais c'est quand même assez mineur et on n'apprend pas grand chose de neuf sur le réseau d'immigration (encore qu'à l'époque ça devait être assez choquant).

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Peu palpitant et peu d'informations renversantes sur les réseaux clandestins de l'immigration mexicaine, mais un très beau N & B, et ça se laisse regarder grâce à son ambiance. Mineur pour un Mann.
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Proie de l'homme (La) - 5,5/10

Messagepar Dunandan » Lun 21 Mai 2012, 22:13

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La proie de l'homme, Hideo Gosha (1985)

Le problème que je retrouve avec tous les films '80 de Hideo Gosha, c'est qu'ils se ressemblent beaucoup au niveau de l'histoire, des personnages, de la narration (feuilletonesque) et de l'esthétique, alors du coup il est parfois un peu difficile de dire ce que chacun apporte à cette période féminisante, étrangement l'un des plus gros succès du réalisateur auprès du public. Et celui-là ne fait pas l'exception avec son histoire d'un proxénète qui maltraite les femmes, et de certaines femmes qui essaient d'échapper tant bien que mal aux carcans imposés par les hommes, tandis que les autres se laissent posséder par eux tels des objets sexuels bien dociles.

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Dans l'ensemble, il ne se passe pas grand chose dans cette histoire de famille, hormis une belle série de mélodrames (le fils malade, un autre fils qui part en prison, la fille adoptive exploitée, la mère qui a un cancer ...) qui incarnent presque tous les moments forts du film. Ce qui est plutôt réussi par contre, c'est la caractérisation du père et de la mère, à l'instar de la première scène qui montre bien l'ambiguïté de cet homme ramenant une orpheline pour qu'elle soit sauvée et bien éduquée, jusqu'au moment où on apprend qu'elle est destinée à être une geisha. Le regard de sa femme révèle beaucoup de choses, avant même que tous ces éléments soit connus du spectateur : un certain doute sur les véritables motivations de son mari, mais aussi une angoisse naturelle d'épouse et de mère de famille.

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Il y a toujours une ambivalence autour de cet homme, un service pouvant rapidement se transformer un intérêt. Tout un jeu de pouvoir se met en place entre lui et les femmes, les réduisant bien souvent à un plan uniquement sexuel (thème primordial de Gosha à cette période), y compris les filles qu'il adopte avec qui il a une relation à la limite de l'inceste (que l'on retrouvait déjà dans les deux autres films de la trilogie). Ce qui nous donne l'un des érotismes les plus poussés du réalisateur que j'ai vus. Il couche à droite ou à gauche, mais garde malgré tout sa femme selon des principes que l'on devine être ceux de son ancienne vie de lutteur professionnel. Ce qui les sépare progressivement : son ascension sociale correspondant à une hausse de son désir et qui prend des proportions démesurées par la suite lorsque sa femme n'a plus la forme au lieu de la soutenir moralement. La place de cette femme est ainsi reléguée peu à peu, malgré elle, à sa qualité de mère de famille, accueillant les orphelins et enfants naturels de son mari. Bref, il s'agit d'un portrait cruel, machiste de la condition féminine de l'époque, entièrement enchaînée à l'homme qui avait un contrôle absolu de la manière dont il tenait la maison, ce qui est un désastre à presque tous les niveaux. Il représente le cynisme, le calcul, et l'absence d'amour. A l'inverse, sa femme représente la licence morale, le squelette vivant de la famille, naturelle ou adoptive, protégeant ses enfants contre l'ogre qu'est devenu son mari, lui tenant tête jusqu'au bout malgré les malheurs qui lui tombent dessus (mes deux séquences préférées avec elle : 1) la superposition famille/visage lorsqu'elle tombe malade : comme si sans elle la famille tombait en miettes ; 2) lorsqu'elle enlève sa belle-fille à la nourrice qui l'étouffe pendant son sommeil, révélant son sens aigu de la maternité). Enfin, la dernière scène est belle et touchante : ce n'est pas un happy-end, et on sent que c'est du vécu ces déchirements finaux, qui sont à la fois une prise de conscience des erreurs passées pour l'homme, et une drôle de libération pour la femme, privée de son rôle de mère, mais désormais, plus entretenue/exploitée par son mari.

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Malgré tout, j'avoue que je n'ai pas été vraiment captivé par l'histoire, la faute à un rythme incorrectement établi. C'est dommage, car Gosha a construit une oeuvre assez importante sur la condition féminine durant la deuxième partie de sa carrière qui aurait pu être intéressante, mais qui est plus difficile d'accès que sa période polars & chambaras qui possédaient une structure narrative quand même plus prenante. Ici, le réalisateur nous balade de personnage en personnage, sur vingt années, sans qu'on soit totalement impliqué dans l'histoire à cause de la dispersion des enjeux, avant que l'intrigue se resserre enfin autour du couple (schéma qui se reproduit à chaque fois que Gosha adaptait l'un des romans de cette romancière). Même si j'ai bien aimé l'opposition qui s'est développée entre cette mère de famille intègre, et cet ancien lutteur pro progressivement pourri de l'intérieur par son environnement et le contexte de la crise, ainsi poussé par des principes devenus vides de sens, cette intrigue manque tout de même d'ampleur et de moments forts autres que les séquences de mélo. Une manière de traiter une histoire qui me rebute pas mal, comme si on forçait ma sensibilité, même si j'avoue que cette fois-ci Gosha n'y va pas aussi fort, offrant même un dénouement un peu plus optimiste, moins marqué par la mort, bien qu'en termes de déchéance, morale pour l'un, et sociale pour l'autre, on n'en est pas loin.

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Quant à la réalisation, je l'ai trouvée plutôt correcte, discrète et élégante, au service de l'histoire, avec un gros travail sur les couleurs des kimonos et les intérieurs de maison, autre point qui m'a fait penser à du Ozu mais en moins statique, avec en bonus quelques idées de mise en scène, mais ça reste quand même assez anecdotique, surtout par rapport aux deux autres films de la trilogie sur les geishas, L'ombre du loup et Yohkiro. Par exemple, j'aime bien la manière dont on est utilisé un simple regard pour remplacer bien des mots. En tous cas, on comprend mieux les relations qui sont tissées entre les personnages qu'avec les autres films précités, bien qu'il y ait encore quelques manqués (comme le fils revenu de prison dont on ne comprend pas le retournement moral). Enfin je n'ai rien à dire contre les acteurs, bien qu'il y a un petit maniérisme dans l'interprétation propre à cette époque qui peut être fatiguant à la longue.

Un film intéressant mais anecdotique pour la représentation féminine qu'il offre de la société japonaise du début du siècle dernier, poussant jusqu'au bout le caractère machiste de cette époque. Moins mélo que les deux autres films de la trilogie, mais quand même trop long pour ce que ça raconte.
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Artist (The) - 8/10

Messagepar Dunandan » Mar 22 Mai 2012, 03:23

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The artist, Michel Hazanavicius (2011)

Malgré quelques longueurs à mi-parcours marqué par une petite perte d'inspiration, j'ai bien apprécié cet hommage au film muet, sans crier au génie au non plus. Pour commencer avec sa plus grosse qualité, tous les petits détails respectés du genre, à savoir les plans fixes, le 4/3, les faciès des acteurs plein d'une expression exagérée, et la musique d'accompagnement qui apporte un supplément d'émotion. On se croirait vraiment dans un film d'époque. Sans oublier que toute l'histoire est parfaitement lisible, quasiment sans intertitres, en jouant volontiers des émotions simples de la tristesse et de la joie.

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D'autre part, il y a une mise en abîme permanente entre la réalité des acteurs et la naïveté du cinéma muet qui est très belle, dont la première scène est particulièrement emblématique, nous présentant un succès du genre (complètement imaginaire, mais arborant les stéréotypes du genre) du point de vue des spectateurs. J'aime aussi beaucoup les passages nous faisant assister au tournage des films, avec la caméra qui enregistre la préparation des acteurs avant le véritable début de la scène. Un pur moment de magie cinématographique.

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Quant au script, je l'ai trouvé moins ambitieux que prévu, se contentant de la lente descente aux enfers d'une star du muet, mise en parallèle avec la nouvelle tête d'affiche. Un sujet plutôt classique quand même, mais pertinent pour le thème traité, car cette évolution des stars témoigne du passage du cinéma muet au cinéma parlant, et plus généralement, de l'évolution de la technologie cinématographique. Une problématique faisant écho à notre époque, avec notamment le remplacement de la pellicule par le numérique, ou l'apparition de la 3D. Sans oublier les acteurs qui ont fait un boulot énorme pour rendre les scènes vivantes et pour qu'on y croit (mention spéciale pour Dujardin, qui semble tout droit sorti d'un film d'époque), bien que la seconde partie, mettant en scène le désespoir de la star du muet ne voulant pas s'adapter aux modalités du futur, soit un peu moins palpitante que la première (c'est dû aussi au changement volontaire de rythme et de composition musicale, passant d'un ton enjoué à une lourdeur plus dramatique). Il y a quand même quelques pépites : par exemple, le dernier film de la star du muet, à la fois bide commercial et oeuvre personnelle (ça m'a rappelé Postman ...), puis lorsqu'il se rêve muet alors que le monde est entièrement sonore (durant le film, il y a un jeu constant autour de la voix qui voudrait s'exprimer, jusqu'à la sortie finale de l'illusion, une autre scène assez formidable).

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Mais ce film est avant tout une ode à la naïveté et à l'humanisme d'une époque d'or - a-t-elle seulement existé, puisque l'alter-ego féminin de la star du muet avait déjà subi le même sort en son temps ? - qui a été piétinée par les producteurs, la mode, les exigences de productivité. Finalement, voici une belle petite perle, film osée (naïveté vs cynisme) et à contre-courant par son épure esthétique au milieu de cette vague cinématographique dopée aux SFX, et plus intelligente qu'elle en a l'air.

Un pari osé et réussi de restituer le cadre du cinéma muet tout en proposant une parabole sur le cinéma actuel. Sans oublier le casting qui apporte beaucoup à la magie et la naïveté dénuée de mièvrerie de certaines scènes. Quelques longueurs vers le milieu.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar zack_ » Mar 22 Mai 2012, 12:24

:bravo:
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zack_
 

Suicide Club 0 - 7,5/10

Messagepar Dunandan » Mar 22 Mai 2012, 21:54

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Suicide Club 0, Sono Sion (2005)

Contrairement à ce que pourrait suggèrer son titre français - le distributeur étant visiblement désireux de marquer ce film de la réputation sulfureuse de son cadet pour plus de ventes potentielles - Suicide club 0 ne peut pas être considéré comme une véritable préquelle à Suicide club. En effet, malgré un cadre (le fameux suicide collectif de 2001 dans une rame de métro qui a sévi à Tokyo) et un questionnement communs portant sur l'accord entre soi et la cellule familiale, ils portent sur des points complètement différents. Alors que dans Noriko's Dinner Table, nous assistons plutôt à la lente destruction des liens naturels et sociaux jusqu'à la perte quasi totale de l'identité personnelle, le second généralise le concept du Suicide Club à travers toute la société dans un mélange barré et parfois incompréhensible.

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La narration de Suicide Club 0 est assez particulière, éclatée en différents chapitres nommés en fonction des membres d'une famille, et d'une jeune fille qui est en relation virtuelle, par ordinateur, avec Noriko, l'une des filles de cette famille. Elle procède aussi par boucles temporelles, reprenant le récit en arrière, en avant, n'épargnant pas les répétitions, ce qui n'est pas trop mal vu la complexité toute relative du scénario, et permet d'insister sur ce qui est important. Malgré ces nombreux va et vient, le récit est complètement lisible, et les 2h40 passent plutôt vite, bien que quelques longueurs soient à signaler, dues essentiellement aux répétitions parfois nécessaires, et à la partie de l'enquête du père un peu moins intéressante que le reste (son point de vue ne nous apprend pas grand chose de nouveau, et sert surtout à boucler la boucle).

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Rarement j'ai suivi de manière aussi intime les pensées de toute une famille grâce à une voix-off particulièrement bien utilisée. La pudeur japonaise est omniprésente avec ses mots polis et choisis méticuleusement, mais possédant en germe une force vénéneuse explosive. Ce ton décalé est aussi exprimé par l'intermédiaire de l'unique thème musical, à la fois entêtant, mélancolique, et enjoué. La mise en scène discrète, proche d'une "prise directe" des images dotées d'un grain donnant parfois un petit côté documentaire, ainsi que le jeu naturel et convaincant des acteurs (puis faut dire que les filles sont magnifiques), comptent beaucoup dans l'implication du spectateur.

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Les entrées dans le récit sont multiples, mais j'ai retenu trois axes principaux. D'abord, Noriko qui veut prendre son envol hors de la famille pour "vivre", être elle-même, trouver le bonheur. Elle coupe son passé de multiples manières (la fameuse séquence répétée du fil qui dépasse de son manteau, "cordon ombilical" qui la relie à son ancienne vie). Ensuite, sa correspondante qui est plus hard-core que son amie, puisque nous découvrons qu'elle a un travail bien particulier : répondre à une demande d'affection familiale, et donc louer des sentiments faux. Bref, elle expérimente au plus haut niveau l'absence d'identité prête à être remplie par un contenu arbitraire (son origine "vierge" ressemble beaucoup à certains films de chambaras que j'ai pu voir, avec ces samouraïs angoissés par leur quête d'identité, pour enfin exister). Enfin, le père est à la poursuite de ses deux filles. La cohésion de ces éléments disparates est : 1) l'incompréhension unilatérale des parents envers leurs enfants (alors qu'elles ont bien cerné leur père, et c'est l'une des raisons motrices de leur départ), 2) la vague de suicides que nous comprenons par le prisme de cette famille morte de l'intérieure, 3) un site mystérieux par lequel sont connectés toutes les victimes, qui forment ainsi une société alternative et virtuellement capable de tout. L'ironie de l'histoire et toute la force du récit selon moi, c'est que les deux soeurs ont quitté leur famille car elles ne se sentaient pas unies et heureuses, mais qu'à présent elles interprètent des rôles pour apporter une chaleur affective aux familles.

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Deux sentiments se sont rejoints à l'issue du film, très proches de ce que j'ai pu ressentir dans Fight Club, à savoir une libération identitaire épanouissante à la suite de l'expulsion des liens familiaux et du rôle à jouer dans la société, et un nihilisme qui en est la conséquence, le face off de cette quête du bonheur, qui culmine jusqu'à la notion "d'interchangeabilité des rôles", passionnante et effrayante par les possibilités qu'elle offre. Finalement, la conclusion est riche en significations. Sortir du cocon familial n'est pas synonyme de bonheur, mais de croissance personnelle, ce qui est à double tranchant pour chacun des personnages. Un happy-end malgré les apparences ... conséquence du cycle de la vie qui rentre parfois en contrariété avec l'ordre social établi. Ce film ne sera que le brouillon de la trilogie de la haine qui commencera avec Love Exposure, mais dont le résultat est déjà passionnant en soi malgré quelques défauts.

Un film très intelligent, bien écrit, et riche en significations multiples, qui met en parallèle la vague de suicides au Japon avec la destruction des liens familiaux, pour conclure dans une réflexion générale sur la société et des rôles à y jouer. Malgré une narration éclatée, on ne perd jamais le fil de l'histoire. Quelques longueurs à signaler, mais les 2h40 passent vite.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Kakemono » Mar 22 Mai 2012, 22:11

Ca fait des années que je veux me le voir celui là. Je me le prendrais dans peu de temps je pense. Et vous m'intriguez avec Sono Sion, son cinéma a toutes la qualités requises pour le plaire. :super:
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