Moonrise Kingdom 8,5/10 Le premier véritable coup de coeur de l'année 2012 (
Take Shelter à moindre mesure depuis la première semaine et depuis ce fut assez faible) vient du talentueux Wes Anderson. Avec la découverte en début de semaine de la
Famille Tenenbaum, son univers commençait de plus en plus à me parler et surtout à me plaire. Et autant le dire Wes Anderson continue dans sa lancée de réussite. Avec La Famille Tenenbaum il usait déjà d'une brochette d'acteurs aux rôles déjantés et des multiples décors fourmillant de détails et de réflexion, avec A Bord du Darjeeling Limited il nous emmenait à travers l'Inde avec 3 frères complètement barrés, et enfin il nous pondait un magnifique dessin animé avec le fantastique renard Mr. Fox interprété parfaitement par Clooney.
Moonrise Kingdom laissait déjà entreprendre un potentiel. Avec une affiche aux couleurs joyeuses et une typographie old school, Wes Anderson présentait déjà son film d'une manière décalée. Dès les premières minutes on entre dans son monde magique, avec 5 bonnes minutes de travelling et tel un ascenseur on découvre la famille de Suzy (Kara Hayward), ses frères, et les deux parents : Bill Murray et Frances McDormand. La jeune fille, les yeux dans ses jumelles, se sentant alors une super héros, nous regarde sous différents angles. Le tout sur fond de vinyle performant un morceau de musique classique, que les 3 gamins écoutent avec attention. Les intérieurs sont remplis de détail, la caméra se faufile à travers les murs de la maison, on plonge dans le film à bras ouverts.
Puis l'on passe au deuxième camp du film. Après avoir découvert la maison de Suzy, on se retrouve au camp Ivanohe, où l'on découvre Edward Norton en chef de troupe. Le petit Sam (interprété par Jared Gilman) a disparu. À coup de différents flashs back on obtient l'histoire au complet (leur rencontre, leur correspondance etc ...), reste plus qu'à suivre avec plaisir la suite de leurs aventures.
Tout le reste du film est une succession de scènes comiques, touchantes et magnifiquement tournées. Les paysages de l'ile, présentés par un Autochtone (scènes assez cocasses pour le coup, il s'adresse aux spectateurs), sont utilisés de fond en comble : rivière, lacs, plage, forets, champs. La fugue commune se transforme en chasse à l'homme : les scouts armés jusqu'aux dents, le policier du coin, interprété par un Bruce Willis méconnaissable et les parents déjantés de Suzy. Autant dire que l'on ne s'ennuie pas une seule seconde. Les péripéties sont nombreuses : arrestation, premier baiser, course poursuite, arrivée de l'assistance sociale, scènes de l'église et j'en passe.
Au final, le scénario est simple mais beau. Anderson s'amuse avec tous ses personnages et donne au film un rythme agréable et un ton plaisant. On pourrait retenir par exemple les petites phrases comme « les chaussures du dimanche », la dépersonnification de Tilda Swinton en Mme l'assistance sociale (magnifique scène de « téléphone », Anderson joue également sur les talkies walkies, il use du ridicule de la communication, McDormand ne se déplaçant jamais sans son mégaphone, de nombreux détails (les boites de chat), de scènes qui font de Moonrise Kingdom un bon film. Sans oublier le final qui est foudroyant !
Et bien entendu ce qui le fait passer de bon film à très bon film ce sont les acteurs. En commençant par le petit Sam et la petite Suzy (à la robe et la coupe de cheveux so 70s sublime !) qui nous bouleverse par leur palette de jeu : visage froid puis tout de suite heureux etc. Bruce Wilis et Edward Norton sortent leur épingle du film avec des performances assez amusantes. Quant à Tilda Swinton, Bill Murray et Frances ils concluent le casting par la froideur de leurs personnages : une assistance sociale sans cœur, un couple d'avocat barré et alcoolique. A noter également les passages comiques de Schwartzman et Harvey Keiteil.
Comment ne pas mentionner la BO qui est un sans faute ! De Françoise Hardy au rock des années 70 en passant par des jeunes voix d'enfants et des sons de cloches paroissiales, Anderson compose son film avec la musique, et celle ci renforce la vision.
Enfin, le film murit très bien dans les têtes, la « faute » à une réalisation agréable et originale. La photo est aussi parfaite, et les costumes aux nombreuses couleurs procurent à coup sur un regain de moral. La revision sera toujours aussi bonne, voire meilleure.
Wes Anderson confirme son incroyable talent quant à la direction d'acteur, de réalisation et de mise en scène. On peut compter sur lui pour nous sortir dans quelques années de véritable masterpiece.