par Solodzo » Jeu 13 Déc 2007, 17:51
Nicolas Sarkozy a présenté 97 mesures visant à réduire le poids des dépenses publiques.
C’est le nouveau pari de Nicolas Sarkozy : comment vendre aux Français l’ennuyeuse et douloureuse réforme de l’État sur laquelle pas moins de dix-neuf ministres, et presque autant de gouvernements, se sont cassé les dents ? «Pour l’instant, la réforme de l’État, c’était En attendant Godot : on en parle beaucoup et on ne voit rien venir», a résumé, hier, à l’issue du premier conseil de modernisation des politiques publiques, le porte-parole du gouvernement, Laurent Wauquiez. Précisant que le premier à avoir évoqué ce sujet repoussoir fut le président Alexandre Millerand... en 1919.
Sur ce chantier sensible, Nicolas Sarkozy est en première ligne et n’a pas le droit à l’erreur. Il s’est engagé à ramener les comptes publics à l’équilibre en 2012, voire en 2010 si la croissance le permet, et Bruxelles ne rate pas une occasion de rappeler à Paris ses obligations. «Sans réduction du poids de nos dépenses publiques, nous n’irons pas chercher le point de croissance qui nous manque, nous ne saurons pas maintenir nos systèmes de solidarité, nous ne saurons pas financer les investissements dans l’avenir», a-t-il martelé.
Sa recette, pour tenir une des promesses de sa campagne, reprend les fondamentaux de la réforme façon Sarkozy : communication grand public et foisonnement de mesures, préparation dans le plus grand secret pour créer la surprise le moment venu, et surtout «hyperimplication» du président qui contraint les ministres les plus réticents à tailler dans les effectifs de fonctionnaires.
Divorce devant notaire, simplification du permis de conduire, délivrance de passeport, carte d’identité et autres cartes grises en mairie et plus en préfecture, regroupement du ministère de la Défense et des états-majors des armées dans un seul bâtiment pour créer une sorte de «Pentagone à la française», constituent quelques-unes des 97 mesures annoncées hier et qui parleront vraiment aux Français. Il y en a d’autres, plus ingrates et plus lourdes, mais ce ne sont pas celles que retiendra l’opinion publique. Par exemple, la création de superpréfets de région qui, à terme, préfigure l’affaiblissement des départements et de belles bagarres au niveau local. Ou encore la création d’un budget de l’État triennal à partir de 2009, véritable loi de programmation financière qui donnera aux ministères plus de lisibilité sur leurs moyens. «La réforme de l’État n’a d’intérêt que si l’on touche les gens dans leur vie quotidienne», résume le ministre du Budget, Éric Woerth, qui a piloté au jour le jour depuis le début de l’été la révision générale des politiques publiques. Celui qui fut secrétaire d’État à la Réforme de l’État du gouvernement Raffarin (2004-2005) n’est pas mécontent d’être passé «de la Ford T à la Lamborghini».
«Un travail de longue haleine»
Mais le gouvernement n’est qu’au début d’une réforme de grande ampleur. «C’est un travail de longue haleine. Cette première réunion du conseil de modernisation en appelle d’autres, car tout ne pouvait pas être traité en six mois», a admis Sarkozy, réaffirmant que «la réforme de l’État ne se ferait pas contre les fonctionnaires.» De fait, les 97 mesures annoncées, dont certaines ont un goût de déjà-vu, ne portent que sur 20 % des dépenses du budget de l’État. Elles ne concernent que huit ministères et les services du premier ministre soit un fonctionnaire sur cinq. Prudent, le gouvernement s’est refusé hier à chiffrer les suppressions d’emplois qu’elles allaient générer. «Je ne suis pas un adepte du rationnement comptable ni de l’austérité budgétaire», a rappelé le chef de l’État.
C’est après les municipales de mars qu’il s’attaquera aux dépenses d’interventions (aides aux particuliers et aux entreprises, prestations, minima sociaux…) et au plus gros ministère, l’Éducation. Car l’objectif est bien de ne pas remplacer un départ en retraite sur deux à partir de 2009, comme l’a rappelé hier Éric Woerth. Le secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant, et le directeur de cabinet du premier ministre, Jean-Paul Faugère, véritables gardiens de la réforme, ont donc encore du pain sur la planche. Tout comme les ministres auxquels Sarkozy a rappelé hier qu’ils seraient évalués sur leur capacité à réformer leur administration.
"Accroc à la Kro et à la creek, j'ai la trique..." Svinkels
Forumeur dissident.