[Dunandan] Mes critiques en 2012

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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar zack_ » Mer 25 Avr 2012, 07:37

dunandan a écrit:Oui je m'emmerde moi-même :mrgreen: et parfois quand je fous mes liens sur mes nouvelles critiques, qu'est-ce que je fais le plus souvent : je réédite l'ancienne critique pour corriger une vieille faute oubliée :eheh:


C'est super de revoir, revister, relire ses critiques... Faudrait que je reprenne les premières (enfin pas 35x :lol:)
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Mer 25 Avr 2012, 08:04

Mark Chopper a écrit:Très bonne et (juste) critique, à un détail près : tu as mis une photo du Syndicat du crime 2.

Je te donne un indice : dans le 1, il n'y a que des bons acteurs.


:eheh: si je ne peux même plus faire confiance aux photos sur internet. Corrigé, j'avais la flemme de faire des captures, finalement je l'ai fait :super:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Mark Chopper » Mer 25 Avr 2012, 08:15

Bah ça valait le coup :super:

Parce que putain, lui, il a bien fait de prendre sa retraite à 40 balais. Worst Actor Ever !

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Dans le premier Drunken Master, j'ai déjà eu envie de le tuer :

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Indiana Jones et la dernière croisade - 8/10

Messagepar Dunandan » Ven 27 Avr 2012, 18:45

Indiana et la dernière croisade

Réalisé par Steven Spielberg

Avec Harrison Ford, Sean Connery, Denholm Elliott, John Rhys-Davies, Julian Glover, Alison Doody, River Phoenix

Aventures, USA, 2h06 - 1989

8/10


Résumé :
L'archéologue aventurier Indiana Jones se retrouve aux prises avec un maléfique milliardaire. Aux côtés de la cupide Elsa et de son père, il part à la recherche du Graal.






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Contrairement au précédent épisode qui faisait référence au premier, La dernière croisade fait table rase de son prédécesseur, comme s'il n'existait pas. Alors que Le temple maudit marquait déjà une étape importante dans l'évolution personnelle de Indiana Jones (certains objets sacrés ou magiques n'auraient pas leur place dans un musée, mais dans le pays ou le peuple qui l'aurait accueilli en premier), ce troisième épisode semble ne jamais en faire mention. Il ne s'agit pas d'un oubli anodin : Steven Spielberg avoua à l'époque qu'il en reniait la paternité, trop sombre à son goût. Ainsi, c'est comme si l'aventurier avait accompli un pas en arrière, pour réfléchir de nouveau sur le rapport entre archéologie et quête personnelle, entre ce qui est objet archéologique et ce qui ne l'est pas, à travers un thème passionnant de par son aspect mythologique à portée universelle : celui du Graal, qui rejoint la question de la foi (au sens large) plus que celui d'objet historique.

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Nous retrouvons les énigmes qui en constituaient la trame du premier épisode, mais cette fois-ci avec une différence majeure, qui en fait tout l'attrait du film - malgré les quelques défauts qui font de lui, selon moi, du moins intéressant de la trilogie, cinématographiquement parlant - : la relation entre Indiana et son passé, et tout particulièrement, avec son père. Ainsi, l'introduction est une remontée jusqu'à la jeunesse de l'aventurier, comme un mini "Begins", qui nous présente l'origine de ses attributs (chapeau, fouet), de sa morale ("perdre un jour ne signifie pas que tu dois aimer ça"), de sa passion (son père) et de son penchant pour l'action (en contradiction avec son père, qui est un lettré). Le duo père-fils fonctionne admirablement bien, principalement grâce au décalage comportemental entre les deux, l'un fier de ses prouesses, l'autre indifférent à ces flagorneries. Enfin, pour une fois, la femme dont le héros tombe amoureux est une méchante, partagée entre ses origines et son désir de trouver le Graal, ce qui met un peu de piment au récit.

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Cependant, malgré un thème très intéressant, la réalisation et la mise en scène me semblent beaucoup moins dynamiques et travaillées que d'habitude. Même l'argument nostalgique (premier Indiana Jones que j'ai découvert) ne fonctionne plus. D'abord, les énigmes sont souvent dignes d'un collégien de quatrième (Le X romain = croix d'une carte aux trésors ; le nom de Dieu en latin, qui ne sait pas comme ça s'écrit ? Il est quand même archéologue ...). Les passages secrets se dévoilent de manière plus humoristique que résolument, preuve que la comédie passe un peu trop devant l'épique et l'aventure, préfigurant ainsi des films tels que La momie, voire même Da Vinci Code dans les grosses ficelles (la découverte de certains sites historiques en des lieux connus, tel que Venise). Ensuite, les scènes d'action manquent de rythme ou d'envergure (le tank qui roule à deux à l'heure, le feu dans les souterrains où on remarque les rats figés, ...). Puis, les personnages secondaires ne sont pas très intéressants et originaux, souvent redites du premier épisode (Donovan, son ami égyptien, Marcus - qui est devenu un vrai gogol -, les nazis méchants, le protecteur du Graal qui est à peine développé...). Enfin, il y a peu de décors véritablement dépaysants dans tout le film (surtout en comparaison des autres films de la trilogie) : les catacombes, et le temple-gardien du Graal.

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Malgré un petit manque d'ambition par rapport aux deux premiers épisodes de la trilogie (ça pèche en personnages secondaires, en mise en scène, en réalisation, et en décors), ça reste un bon film d'aventures, surtout grâce au duo père-fils et au thème traité, mais qui demeure au moins deux crans au-dessous de ses cadets.
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Prince des Ténèbres - 7/10

Messagepar Dunandan » Ven 27 Avr 2012, 19:37

Prince des ténèbres

Réalisé par John Carpenter

Avec Donald Pleasence, Dennis Dun, Victor Wong, Jameson Parker, Alice Cooper

Fantastique, USA, 1h43 - 1988

7/10


Résumé :
Un prêtre, des étudiants et quelques scientifiques entreprennent de mettre à jour le secret contenu dans un mystérieux coffret gardé depuis des siècles par une secte religieuse. A l'intérieur un troublant liquide vert va vite mettre toute l'humanité en péril.

Le Prince des Ténèbres a été réalisé dans des conditions très particulières. Après l'échec commercial et critique des Aventures de Jack Burton dans les griffes du mandarin, John Carpenter a voulu prendre ses distances avec Hollywood pour réaliser une oeuvre plus personnelle, dotée d'un petit budget. En outre, ce film s'inscrira a posteriori dans ce qu'il appellera la Trilogie de l'Enfer, qui contient également The Thing et L'antre de la folie. Malgré de tels arguments, mon avis est mitigé.



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Pour. Au niveau théorique, le film est très intéressant : un prêtre fait la découverte ahurissante d'un manuscrit faisant état d'un anti-dieu, dont le fils serait prêt à naître dans notre dimension matérielle. De nombreux étudiants en science aux disciplines diverses sont alors convoqués par le prêtre, afin d'essayer de comprendre de quoi il s'agit : théologie, mécanique quantique (thèse essentiellement reprise : la réalité n'est pas statique ou définitive, mais change en fonction de l'observateur), philosophie, biologie, paranormal ... Bref, l'origine du mal concernerait une zone à la frontière de la religion (foi) et des sciences (démonstration). Ce prêtre et le chef du projet de recherche scientifique, malgré leurs différences dogmatiques (l'un croît en Dieu, l'autre en la matière), partagent un point commun : le doute par rapport au bien-fondé de leur domaine propre. Selon eux, la réalité ne paraît pas ce qu'elle paraît être, et donc, sans renier leur foi en ce qu'ils croient, sont prêts à découvrir la vérité de l'autre côté du miroir.

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L'explication du mal ou de l'anti-matière, selon le point de vue adopté, demeure nébuleuse, à l'état d'ébauche ou d'hypothèse. Cet aspect inachevé ne me dérange pas outre-mesure, puisqu'il s'agit en principe d'un domaine qui surpasse notre compréhension, et demeure ainsi un mystère, à l'instar de la fin d'un bon épisode de X-Files. Rien n'est surligné, et c'est au spectateur de reconstituer le puzzle à partir de ce qu'il entend ou perçoit : ce film fantastique possède une forte dimension d'auteur. Ainsi, certaines clés nous sont livrées quant à l'origine du mal (dixit Big John), qui proviendrait tout simplement de l'inverse de ce que nous avons appris, pur négatif de nos connaissances : le mal ne serait pas un principe externe, mais au contraire interne à la nature humaine, en lutte permanente avec le bien, et visant également toute la réalité en pure opposition à Dieu, du niveau des atomes, en passant par la psychologie humaine, jusqu'à la position des astres. Il y aurait une place centrale offerte à l'homme (au lieu de Dieu) dans ce nouveau schéma théorique, le mal existant seulement à partir du moment où il prendrait la forme d'un visage humain, une idée déjà abordée dans The thing.

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Malgré le sentiment d'inachevé (dans un sens négatif - sentiment de manque - et positif - ouvert à l'interprétation -), c'est cool de connaître le point de vue personnel d'un auteur comme John Carpenter sur de telles questions qui traversent la majeure partie de son oeuvre. D'autre part, dans la première partie du film, il y a la tentative (encore) d'une mise en scène de ce mal mystérieux : l'ambiance est inquiétante, oppressante, rythmée par un bande-son répétitive et hypnotique (une marque de fabrique du metteur en scène, illustrant ainsi le processus en marche), et des phénomènes paranormaux. Ainsi, le soleil et la lune progressent selon un axe identique en vue de former une éclipse, en référence à l'astrologie. Les insectes et la matière sont en train de s'agglomérer contre toute logique ou de pourrir (dérangement des phénomènes naturels, autrement dit de l'ordre instauré par la nature/principe qui les guide). Enfin, les SDF forment une sorte d'armée autour de l'église (marginaux, désaxés de la société, ceux qui sont dans l'ombre : nouveaux disciples de l'anti-dieu ?).

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Contre. La réalisation se rapproche trop du bis selon moi, dû à un budget évidemment limité. Malgré une maîtrise évidente du travelling, de l'espace, et de la temporalité (par exemple, on suit avec plaisir l'évolution des phénomènes fantastiques), le rythme est lancinant voire poussif (surtout dans la seconde partie), et les effets spéciaux ne sont pas très convaincants (exceptés peut-être le liquide, forme impersonnelle du mal suscitant notre imagination, les phénomènes météorologiques, et à la rigueur, la naissance du fils du diable). Ensuite, les situations qui débordent de l'intrigue fantastique ne sont pas intéressantes, banales (les hommes-scientifiques qui draguent les femmes-scientifiques ...), ce qui pourrait être tempéré si le jeu des acteurs était bon, ce qui ne l'est pas (meilleurs quand même que ceux de Dario Argento). Enfin, contrairement à The Thing ou The Fog, je trouve l'ambiance inégale, voire cérébrale : j'ai un peu décroché vers la seconde partie du film (lorsque le liquide se libère, et bizarrement, lorsque l'action commence et que les démons se déchaînent, comme si la partie mystérieuse était plus intéressante et angoissante que la partie de massacre), et nous avons droit à quelques scènes WTF (utilisation du coca-cola comme arme contre les apparitions démoniaques). Bref, le gros problème du film selon moi réside en une articulation parfois maladroite entre théorie et mise en forme, contrairement aux films pré-cités, qui sont bien plus équilibrés. Mais malgré quelques scènes mal enrobées, la tonalité du film réussit à demeurer pessimiste de bout en bout, jusqu'à la fin qui ne laisse aucun espoir à l'humanité.

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Un film fascinant par la théorie du mal qu'il déploie, mais décevant quant à sa mise en forme. Malgré ces défauts, il nous reste un précieux film-testament de Big John sur des questions qui lui tiennent à coeur et qui éclairent tout son univers fantastique.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Scalp » Ven 27 Avr 2012, 19:40

Euh en quoi la réal se rapproche d'un téléfilm, je suis pas convaincu par tes explications là.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Ven 27 Avr 2012, 20:03

Un bon téléfilm :eheh:

C'est une impression générale de la réalisation. Je ne parle pas du schéma classique télévisuel comme les champ/contre champ, plans fixes, ... mais d'une "facture" (probablement dû au budget). J'avais l'impression d'être dans un X-Files tout du long. Ce qui n'est pas un mal, mais voilà c'est du cinéma, et j'en attendais un peu plus.

EDIT : je vais enlever cette mention "téléfilm", l'adjectif "bis" est suffisant pour décrire ce que je voulais dire.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Scalp » Sam 28 Avr 2012, 06:03

Bein déjà sauf erreur c''est en scope et Carpenter + Scope ça fait jamais telefilm
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar jean-michel » Sam 28 Avr 2012, 07:52

Indiana et la dernière croisade

Critique ambitieuse et mené à terme de belle manière. :super:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Sam 28 Avr 2012, 12:01

Scalp a écrit:Bein déjà sauf erreur c''est en scope et Carpenter + Scope ça fait jamais telefilm


J'estimerai de nouveau ses qualités formelles le jour où je pourrai le voir en grand écran :super: :mrgreen:

Après je suis quand même impressionné par l'ambiance qu'il parvient à instaurer avec trois bouts de ficelle. J'ai rajouté aussi que je préférais la première partie, quand le mystère ne dérivait (perso je dirais aussi "s'appauvrissait") pas encore vers les scènes d'horreur/action. Mais bon voilà je n'ai pas détesté loin de là mais je l'ai trouvé inégal.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar padri18 » Sam 28 Avr 2012, 13:43

Ah ta critique du prince des ténèbres :love:
Malgré son côté cheap (sûr que l'attaque à base de soda c'est rare au ciné), le film a une sacré ambiance : la musique, les rêves du futur, et la dernière scène :love: :love:
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Sonatine - 9/10

Messagepar Dunandan » Sam 28 Avr 2012, 15:19

Sonatine mélodie mortelle

Réalisé par Takeshi Kitano

Avec Takeshi Kitano, Aya Kokumai, Tetsu Watanabe

Policier, Japon, 1h34 - 1995

8.5/10

Résumé :
Murakawa, vieux yakuza un peu las, est le jouet de clans adverses qui veulent l'éliminer lui et ses hommes.
Après trois ébauches plutôt réussies, vient la consécration avec Sonatine pour Takeshi Kitano qui, comme une leçon de piano, exprime un saut artistique vers l'apprentissage. Sur un fond de guerre yakuza inter-clanique, le réalisateur japonais met ici en application tous ses thèmes bipolaires renvoyant ainsi à une grande inquiétude : problème de communication dans un groupe écrasé par le sérieux et la froideur de leur métier versus réconciliation avec leurs émotions via une solidarité par le jeu et l'humour ; violence sèche et sans concession versus jeux comiques, absurdes et remplis d'une vitalité ressourçante ; quête de l'innocence perdue. Et aussi ses gimmicks de mise en scène : rythme lancinant et dépressif, compensé par des moments de poésie contemplative gorgés d'humour décalé ; plans fixes sur les visages révélant derrière leur masque d'immobilité de riches émotions ; ellipses et quasi mutisme des personnages, modifiant les schémas narratifs habituels, plus poétiques qu'explicatifs.


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Le film débute vraiment au bout d'une trentaine de minutes, lorsqu'après un règlement de compte (qui se résout de manière absurde, par une bombe qui explosera bien après son lancement, décalage d'humour noir qui est l'un des grands traits formels du film), un petit groupe de yakuzas est obligé de se retirer près de la mer le temps que ça se calme. Mais l'introduction, bien qu'un peu longuette et inégale sur la forme, est importante pour mettre en place l'ambiance mélancolique que subit particulièrement deux hommes, l'un (Takeshi Kitano) voulant prendre sa retraite, n'en pouvant plus de "jouer les durs". Nous pouvons ressentir son humeur à travers la manière dont il torture un restaurateur refusant de donner la part qui revient à son clan, dans une sorte d'humour noir et cruel, préfigurant les fameux jeux sur la plage. Puis des signes quant à sa fin imminente sont perceptibles par rapport aux hommes qu'on lui confie, de nouveaux venus qui ressembleront plus à une sorte de colonie de vacances qu'à des yakuzas purs et durs. Ce décalage sera encore accentué par les vêtements de plage qu'ils seront obligés de porter faute de mieux (l'un d'entre-eux, le plus sérieux, sera d'ailleurs la tête de turc du groupe car ça ne lui va pas du tout, déstabilisant ainsi sa véritable fonction).

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Puis vient enfin la partie centrale, le véritable sujet du film (comme dans Violent cop, Kitano détourne le genre du yakuza eiga pour traiter ses propres thèmes), où tous ces hommes se ressourcent sur une plage, lieu symbolique d'ouverture et d'apaisement chez Kitano. De nombreux jeux procèdent alors, dans un mélange étrange, à la fois sérieux et comiques (exemple : les geishas, dont la procession lente, méticuleuse, précise, sans erreur possible, ressemble un peu à celle des yakuzas), enfantins et adultes (le jeu "pierre, papier, ciseau" mixé avec la "roulette russe"). Bref, il s'agit d'un moment où le vernis de froideur et d'immobilité des visages explose lentement, et nous retrouvons ainsi derrière, une certaine humanité, des sourires radieux, et une certaine joie de partager un délire commun. Parfois le jeu côtoie la mort, comme dans le premier jeu décrit, et dans ce duel de feux d'artifice auquel le chef participe avec sa propre arme. Vient aussi se joindre une jeune femme, elle aussi esseulée, abandonnant son mari dont on ne sait rien à part la voiture qu'elle lui a pris, et qu'on découvre après qu'elle a failli être violée. Le gros point commun de tous ces personnages est donc la perte d'innocence qu'ils sont venus ici retrouver par hasard, pour combler l'ennui ou tourner en dérision le sérieux de leur métier ou de la mort qu'ils rencontrent jour après jour. Pour jouir (enfin) de la vie et exorciser leurs démons (avant leur mort prochaine, symbole également de leur mise à l'écart sociale, véritable déshonneur au Japon).

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A ce "creux" à la fois mélancolique et poétique succède le retour à la réalité, lorsque les hommes du clan sont assassinés les uns après les autres. Le yakuza voulant prendre sa retraite doit alors reprendre sa fonction, et la violence qui jaillit est toujours directe, sans chorégraphie bien que graphique, montrée à travers une alternance de visages impassibles, une série de ralentis pour bien accentuer ce côté crû et sans concession, et des hors-champs qui détournent intelligemment et esthétiquement cette tuerie. La poésie y est toujours présente, cette fois-ci mortelle (un peu à la manière d'un Misumi), contrebalançant la froideur de l'acte de tuer et l'impossibilité de communiquer les émotions à ce moment-là (unies seulement par la résolution finale : la mort de l'adversaire). Bref, l'échappatoire est mince, fatale pour ce yakuza qui voulait échapper à sa condition. La fin est bien pessimiste, véritable douche froide pour le petit espoir que représentait encore la femme pour ce dernier, bien qu'encore une fois, le dénouement tragique qui nous attend réagit en contre-point avec un certain élan poétique (la fusillade finale fait écho à un feu d'artifice de la femme, symbole de la violence qu'elle voudrait bien sortir d'elle-même) : l'art est-il l'unique catharsis possible au milieu de ce monde, dominé par la violence des rapports inter-humains ?

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Premier film-somme de Kitano, morceau mélancolique de poésie et de violence sur le rythme lancinant et à contre-temps de la magnifique musique de Joe Hisaishi.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Kakemono » Sam 28 Avr 2012, 21:07

Je l'ai pas vu donc je rebondirais pas sur ta critique (même si je l'ai en DVD), mais je croyais que ce film s'appelait juste Sonatine, pas Sonatine mélodie mortelle. D'ailleurs sur le DVD que j'ai c'est juste Sonatine. M'enfin on s'en fiche.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Mark Chopper » Sam 28 Avr 2012, 21:12

Non, il a raison : ce film a été distribué en France sous ce titre.

Je l'ai découvert sur Arte ainsi en 1998.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Kakemono » Sam 28 Avr 2012, 21:17

Ouais je viens de parcourir le livret qu'il y'a dans le DVD et le film y est évoqué avec les deux titres. Je vais peut être me le faire d'ailleurs un de ces 4, j'avais acheté le digipack studio canal il y'a quelques année et je n'ai vu ni Sonatine ni Jugatsu. Pareil pour Kids Return et Violent Cop dont le digi prend la poussière. :oops:
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