8/10
Nixon de Oliver Stone - 1995
"They can't impeach me for bombing Cambodia. The president can bomb anybody he likes."
Le prime de Oliver Stone c'est quand même quelque chose, j'aurai mis du temps à vraiment apprécier le travail de ce réalisateur car j'ai vraiment détesté certains de ses films comme Natural Born Killer ou j'en trouve certains vraiment surcoté comme Né un 4 Juillet, mais entre Platoon et L'enfer du Dimanche (en grps) il marché sur l'eau avec ses meilleurs films et ce Nixon en fait clairement parti.
Pourtant c'est un film que j'ai découvert sur le tard car la durée me faisait peur, et ce fut une agréable surprise et la revision confirme tout le bien que je pense de ce film qui fut un bon gros bide à sa sortie.
En fait ce film pourrait être considéré comme avec JFK un dyptique sur les USA des années 60/70 (en complément faut lire la trilogie de Ellroy), il reprend donc la même forme que sur son chef d'oeuvre : utilisation de toutes sortes de vidéo ( 16mm, 35mm, image d'archive, N/B, même si c'est vrai que je comprend pas trop l'utilisation du Noir et blanc par moment, ça switch d'un plan à l'autre sans aucune raison ).
Stone dresse un portrait de Nixon plutôt réussit, il ne tombe pas dans la facilité du film à charge ( et y avait pourtant tellement moyen ), il nous montre un homme ambigu qui s'est laissé bouffer par le pouvoir, bon par contre le trauma de l'enfance il était ptet pas obligé mais c'est bien le seul bémol que j'ai sur ce script parfait, le reste c'est vraiment bon, après est ce que c'est proche du vrai Nixon ça c'est autre chose mais en tant que film j'ai trouvé la caractérisation du personnage vraiment réussie, il est tour à tour charmeur, pathétique, imprévisible, dangereux, avide de reconnaissance, lucide ou pas, non vraiment si on oublie le trauma infantile beaucoup trop facile c'est parfait, et c'est triste de se dire que Stone se ratera vraiment son W, où il retenté mais c'est tout simplement heurté à un personnage qui ne méritait pas un film au contraire de Nixon.
La narration du film et son montage c'est virtuose, y a pas vraiment de storyline au présent, on peut même dire que ça s'éloigne de tous les schémas narratif connus, on a beaucoup de flashback dans les flashback et on suit la carrière de Nixon via ces flashback, et suivre cette carrière si on s'est pas vraiment intéressé au mec c'est clairement intéressant ( à part le watergate c'était une decouverte sur beaucoup de choses ) se révèle passionnant de bout en bout, c'est foisonnant d'infos, ultra dense et jamais lourd à regarder, par contre comparer à
JFK on perd l'aspect enquête qui donnait au film un coté ludique, ici le Watergate est vu uniquement du coté de Nixon qui considère ça comme un petit truc presque sans intérêt ( pour lui les infidélités de JFK étaient bien plus graves que ce Watergate ), on suit donc l'affaire uniquement de son point de vue et tout le film est centré uniquement sur son point de vue.
Stone comme j'ai dis plus haut il m'aura fallu du temps pour l'aimer à sa juste valeur et sa juste valeur c'est que c'est un des plus grands réalisateur de sa génération et que dans les 90's il était clairement top 5, j'adore
Platoon mais sur la forme je le trouvais pas forcément impressionnant, c'est vraiment un réal qui s'est amélioré au fil des films et il a adapté sa réal à chaque film, ainsi ici ça ne ressemble pas du tout à un Enfer du Dimanche 'qui est peut être bien son film le plus virtuose) ou un
U-Turn, malgré par moment un recours à un montage presque épileptique (enfin pour un sujet comme ça), non ici c'est posé mais réfléchit chaque cadre est là pour nous faire ressentir les sentiments de Nixon ( les scènes où Nixon écoute les bandes seule dans son bureau sont vraiment réussies, on s'en vraiment la folie du personnage ), il utilise même des faux raccords volontaire.
Et Stone se permet même quelques plans qu'on pourrait dire qu'ils sont iconiques ( Nixon partant de Dallas juste avant la mort de JFK, Nixon face à Lincoln puis face aux étudiants où on voit un homme qui croit en ce qu'il fait et bien entendu la fin où il est face au tableau de JFK ).
Anthony Hopkins livre ici sa meilleure prestation, c'est un acteur comme tout le monde sait qui peut partir dans du cabotinage bas de gamme qui plombe un film, ici déjà c'est un (le?) rôle où il s'efface derrière le personnage, jamais on ne voit Hopkins, on voit vraiment Nixon, grosse perf vraiment ( et jamais je le vois cabotiner dans ce film ), le reste du casting est prestigieux et tout le monde est très bon, mention tout de même à Paul Sorvino méconnaissable en Kissinger ( grosse couche de maquillage bien sur mais surtout gros travail de jeu avec un accent bien bossé ), Larry Hagman en texan producteur de pétrole c'est sympa, et Bob Hoskins en Hoover c'est une excellente idée qui nous rappelle à quel point le film de Clint est raté et que Di Caprio livre peut être bien sa pire prestation et d'ailleurs ce film en dit largement plus sur Hoover en 10 minutes que les 2h du Clint, dans les autres acteurs on retrouve James Woods, Ed Harris, Joan Allen, Powers Boothe ... enfin que du beau monde qui fait admirablement le travail.
La BO de Williams est ptet pas la plus adapté, par moment on se croirait dans Star Wars, façon Williams à part ses 3 thèmes cultes, j'ai jamais été un grand fan.
Le biopic c'est vraiment pas un genre que j'apprécie, encore plus sur un personnage politique (y a qu'a voir l'atroce Lincoln de Spielberg qui reste vraiment un des pires films du gerne) et bien ici c'est un des meilleurs du genre, on passe pas loin du chef d'oeuvre.
"Presidents don't threaten. They don't have to."