Incendies |
Réalisé par Denis Villeneuve Avec Rémy Girard, Lubna Azabal, Mélissa Désormeaux-Poulin Drame - Canada - 2h03 2011 |
8/10 |
SynopsisA la lecture du testament de leur mère, Jeanne et Simon Marwan se voient remettre deux enveloppes : l’une destinée à un père qu’ils croyaient mort et l‘autre à un frère dont ils ignoraient l’existence.
Jeanne voit dans cet énigmatique legs la clé du silence de sa mère, enfermée dans un mutisme inexpliqué les dernières semaines précédant sa mort. Elle décide immédiatement de partir au Moyen Orient exhumer le passé de cette famille dont elle ne sait presque rien…
Simon, lui, n’a que faire des caprices posthumes de cette mère qui s’est toujours montrée distante. Mais son amour pour sa sœur jumelle le poussera bientôt à rejoindre Jeanne et à sillonner avec elle le pays de leurs ancêtres sur la piste d’une mère bien loin de celle qu’ils ont connue.
CritiqueVu les nombreuses critiques positives concernant ce film, je me suis lancée meme si au vu du synopsis ce n'est pas très engageant.
Mais, "Incendies" est un film coup de poing, c'est loin d'etre un chef d'oeuvre car il y a pas mal d'invraissemblances mais la mise en scène, le déroulement de l'histoire fragmentée au fil des découvertes des descendants est prenante avec pour thème la vie d'une femme pleine de courage, ayant subit les pures tortures humiliations et injustices, tout en gardant sa dignité et une lueur d'espoir en la vie.
Lubna Azabal - actrice belge (qui l'eut cru ?) incarne Nawal, et porte le film sur ses épaules, on la suit depuis son petit village du Moyen Orient jusqu'à sa mort au Canada son pays d'exil où pendant toute son existance elle a gardé les blessures de son passé mais ne compte pas les garder avec elle dans la tombe. Une femme d'une beauté simple, et qui a un jeu et un regard puissant, très crédible qui vous emporte dans son histoire bouleversante.
Je trouve qu'elle écrase tout simplement le reste du casting, les deux jeunes sont plutot moyens et les autres acteurs ne font que passer.
Le réalisateur choisit une narration risquée mais avec talent et précision mais arrive par ce biais à etre aux cotés des jumeaux sur la piste du père et du frère, et à chaque nouvel indice, le réalisateur balance le fragment de vie de Nawal, des passages clés et souvent intenses, fort en émotions, des étapes cruciales.
Les passages avec l'enquete des jumeaux sont des étapes plus calmes et réflechies par rapport à la vie de tourmente de leur mère et permet au spectateur de souffler.
Denis Villeneuve choisit de déployer le destin d'une femme qui aura connu bien des tourmentes, souvent malgré elle mais quelques fois par choix offrant un récit assez dense, mais il n'offre pas une violence visuelle mais plutot une violence sourde et suggerée, par des cris lointains, des visages en pleur ou figés par l'effroi, pas besoin de spectaculaire, les acteurs font le travail tout en justesse. Joue entre l'équilibre horreur et beauté de la vie. Et l'espoir réside à trouver un petit bonheur dans un contexte qui a priori en est à l'opposé, tout celà est symbolisé par "la femme qui chante".
Néanmoins, il y a beaucoup d'invraissemblances qui dévalorisent un minima le film et lui font perdre en crédibilité.
Je trouve la scène du minicar la plus bouleversante, car l'héroine essaye de maitriser son destin par son intelligence mais n'y arrive qu'à moitié. Scène magistrale et symbolique.
Le script est plutot bien tourné, un peu alambiqué mais profond avec le thème de la destinée, des relations humaines complexes, du combat pour la vie et le bonheur, et les secrets de famille.
Pas mal d'incohérences qui font que le film garde son héroine en vie, et font qu'elle cumule tous les calvaires possibles et imaginables. Surtout au Moyen Orient, où en général on ne fait pas de sentiments avec les prisonniers et encore moins avec les prisonnières, on les achèvent, surtout si à la base ce n'était pas une sainte.
Bonheur et malheurs sont entremelés, de meme que beauté et horreur avec des paysages ravagés par la guerre qui peuvent etre à la fois effrayants avec des vraies ruines mais aussi très symboliques, et le désert qui peut ressembler aux paysages US qui sont peu présents dans le film mais valent le coup d'oeil.
Le réalisateur aime aussi se jouer des locaux qui permettent par leurs témoignages de faire avancer ou non la quete identitaire, et on voit qu'en général ils sont acceuillants mais dès qu'on remue un peu le passé, les esprits se ferment et les bouches restent closes dans ce contexte des guerres de religions.
Enfin, les gamins qui deviennent des snipers sans savoir réellement pourquoi ils font celà...et peut etre deviendront-ils les nouveaux bourreaux. Les séquences aquatiques un peu trop nombreuses et inutiles pour contraster avec le passé tumultueux.
Film plein en émotions qui offre de belles séquences avec ce montage parallèle offrant des réflexions sur l’identité et la mort, la confrontation inter-générationnelle, la réconciliation. Quelques points du film nécéssiteront quelques éclaircissements. Une fin un peu decevante pour ma part sur cette famille marqué par le cycle de la violence.
Casting : Réalisation : Scénario :