[Dunandan] Mes critiques en 2012

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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar comICS-soon » Dim 01 Avr 2012, 12:05

Hé si on la voit hé menteur va !
C'est le mieux les scènes de Quidditch t'façons ! 8)
See ya in another life brother !
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Dim 01 Avr 2012, 14:39

C'est vrai qu'il n'y avait pas de match en fait, je fais de la pub mensongère maintenant :eheh:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Dim 01 Avr 2012, 14:53

Bilan mars 2012 :

Nombre de films vus : 48

Japon : 23
USA : 21
France : 3
Canada : 1

TOP 10 découvertes (8.5-9/10) :
- Zatoïchi 21 : le shôgun de l'ombre
- Zatoïchi 24 : la blessure
- La horde sauvage
- La femme scorpion
- Le coup de l'escalier
- Règlement de comptes
- La route
- Le samouraï
- Le cercle rouge
- L'île nue
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Assurance sur la mort - 8/10

Messagepar Dunandan » Dim 01 Avr 2012, 18:52

Assurance sur la mort

Réalisé par Billy Wilder

Avec Fred MacMurray, Barbara Stanwyck

Policier, USA, 1h48 - 1944

8/10

Résumé :
Walter Neff, un employé d'une compagnie d'assurances, tombe amoureux de sa cliente et échafaude avec elle un plan pour supprimer le mari encombrant.


Inspiré d'un fait divers, Assurance sur la mort est un classique du genre, je ne chipote pas là-dessus. Tous les archétypes sont présents. Femme vénéneuse et fatale pour ceux qui s'en s'amourachent, le plan parfait comportant une seule véritable faille découverte par un enquêteur zélé, une rédemption qui fait des signes, cigarettes qui brûlent les unes après les autres, de nombreuses scènes de conduite en bagnole qui mettent en branle le destin. Cependant, le récit est tellement bien huilé qu'on peut le prévoir deux ou trois coups à l'avance, ce qui n'est pas un défaut en soi, mais dévoile ainsi le schéma qui deviendra ensuite classique pour les films à venir. La grande nouveauté résidait sur deux éléments, la voix off et le flashback.

On commence avec un assureur qui fait ses dernières confessions à un enregistreur automatique destinées à un collègue responsable des arnaques. Ainsi, la fatalité est déjà accomplie et le coupable est connu, mais ce qui reste à comprendre c'est la raison et la manière dont il est arrivé là. Une grande nouveauté pour l'époque dans le domaine du suspens en commençant par la fin pour nous fournir un autre point de vue sur l'intrigue. Les mobiles du crime sont simples, typiques du film noir. L'argent et la femme. Celle-ci a tout de la femme fatale : voix légèrement rauque comme si elle avait fumé trop de cigarettes (qu'est-ce que ça fume d'ailleurs, même dans un supermarché !), parfum suave et obsédant, blonde, et s'apitoyant sur son sort de femme soit-disante délaissée par son mari (mais dès le départ, on devine que le mari a raison de lui mettre le grappin dessus, rien que par son attitude de garce, et que c'est elle qui met le grappin sur les hommes pour en faire ce qu'elle veut). De son côté, l'assureur est présenté comme un gars futé, sûr de lui, au passé immaculé, mais qui n'est pas blanc comme neige : si la femme veut la mort de son mari, lui en organise le plan, ayant déjà pensé à la possibilité d'arnaquer les assurances, après plus de dix ans d'expérience. Deux amants diaboliques (juste quelques baisers sur la bouche, c'est un film des années 40). Mais la femme est quand même le déclencheur, la flamme sur l'allumette de la fatalité. L'assureur a plusieurs occasions de se racheter ou de détourner son destin, et l'une d'entre-elles est présentée par son collègue qui lui offre un poste de collaboration, sur les arnaques, avec un salaire moins élevé. Belle petite ironie au passage.

Le plan se déroule de manière intelligente si on excepte l'exécution du plan en présence d'un témoin. Bref, j'avais l'impression d'être dans Un crime plus que parfait (Hitchcock ne manquera pas d'ailleurs d'éloges au sujet de ce film). Comme d'habitude, le facteur humain est la faille principale, en lutte avec les statistiques et les chiffres qui semblent à l'inverse infaillibles, avec les remords humains du personnage principal (par rapport à la fille du tué), la présence inopinée du témoin, et l'instinct solide de son collègue (plus qu'un fonctionnaire, un véritable chirurgien de l'arnaque). C'est un peu le paradoxe du film : malgré la mécanique bien huilée du crime, froide, qui déteint ainsi sur le comportement de ses responsables, le spectateur désire secrètement que le film avance, malgré (et ça c'est très fort) qu'on sache déjà qu'ils ne vont pas y arriver. Ainsi, le film repose tout autant sur l'exposition du plan que sur les personnages. Au premier abord, je n'étais pas intéressé par le sort de l'assureur. Il a fait son crime, il paie ce qu'il mérite, peu importe son ingéniosité. Mais la voix off apporte un décalage entre la "situation objective", factuelle, montrant des personnages froids, qui agissent au nom de motifs inhumains, et le sentiment du type (peu importe qu'il pensait cela à ce moment-là ou à la toute fin de son parcours) en contradiction avec ce qu'il s'est apparemment produit (par exemple : la froideur dont il a fait montre envers la femme fatale, et son obsession intérieure dévoilée au grand jour par cette voix off) : un procédé qui sera largement repris dans le cinéma d'après, qu'on retrouve jusque dans Barry Lyndon, archétype du contraste froideur de l'attitude - explosivité des sentiments.

Concernant la réalisation, je la trouve bien pour l'époque, mais n'a pas la classe d'autres films tels que Règlement de comptes. Pour la comprendre, il faut essayer de regarder le film avec des yeux "naphta". Or je remarque, hormis la nouveauté de la voix off et du flashback rompant avec la linéarité du récit, celle de l'éclairage à travers les rideaux vénitiens, dont la mode sera lancée par la suite. Ensuite, j'apprends que les acteurs ont été choisis avec difficulté : ils n'ont pas été pris par hasard, mais pour qu'ils jouent des rôles cassant leur image bien propre sur eux (un procédé que Billy Wilder réitéra avec Marilyn Monroe), agissant ainsi sur l'inconscient du spectateur. Sur bien des plans, Assurance sur la mort est donc un film avant-gardiste du genre, un classique, sans pour autant être un chef d'oeuvre absolu, car pour l'apprécier il faut compter aussi sur son contexte historique.

Un classique dans le genre du film noir, mais prévisible dans ses ressorts scénaristiques, essentiellement parce que le cinéma s'est nourri abondamment de ce qu'il lui a apporté, et dont nous sommes les bénéficiaires. A voir avant tout pour les passionnés du genre, et pour ceux qui veulent en connaître les bases historiques.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar jean-michel » Dim 01 Avr 2012, 18:55

Complet comme critique, un film dont j'attendais peut-être trop vue les références dont il est pourvue. :super:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Dim 01 Avr 2012, 19:05

Merci :super:

C'est clair que c'est le genre de film qu'on devine tout dès la première image avec la femme :mrgreen:. Mais ça montre aussi qu'on est les enfants de notre époque, et donc que des "chefs-d'oeuvre" d'avant ne sont plus que des classiques :?.

Je voulais enchaîner avec Les forbans de la nuit, mais j'ai obtenu Night and the city - 1992 à la place :eheh:
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Hellboy II - 8,25/10

Messagepar Dunandan » Lun 02 Avr 2012, 05:41

Hellboy 2

Réalisé par Guillermo del Toro

Avec Ron Perlman, Selma Blair, Doug Jones, John Alexander, Luke Goss, Anna Walton

Fantastique, USA, 1h55 - 2008

8.25/10

Résumé :
Noël 1955. Le professeur Bruttenholm raconte à Hellboy, son fils adoptif, l'histoire de la guerre des débuts des temps. Elle a opposé l'alliance des elfes, des orques et des gobelins au peuple humain, dont le seul but est de croître et de prospérer au détriment de l'équilibre du monde. Afin de remporter la guerre, les elfes firent forger par les gobelins une armée de soldats d'or contrôlée par une couronne d'or. La guerre prit alors un tournant favorable pour les créatures fantastiques. Mais le roi des elfes, pris de tristesse devant cette victoire sanglante, décida d'une trêve. La couronne fut brisée en trois ; un morceau fut confié aux humains et les deux autres conservés par les elfes, afin que les légions d'or ne soient jamais réformées. Des millénaires plus tard, un des trois fragments de la couronne est en vente, il est volé par le prince des Elfes, Nuada, qui veut reprendre la guerre contre les humains et reformer les Légions d'Or.


Cette suite parvient à dépasser son prédécesseur en termes visuels qui étaient déjà très sympathiques. Quittant le background mélangeant comics et paranormal, l'univers parallèle que l'on retrouve ici est celui des elfes des bois. Leur apparence et surtout leur destinée morale consistant à préserver la paix avec les humains me font penser aux romans de L'elfe noir Drizzt Do'Urden. Leur existence est intelligemment évoquée à l'aide d'un conte nocturne, dont on ne peut vérifier la véracité. Un procédé narratif qui me fait penser à celui de Princess Bride, hormis le fait que nous apprendrons que ces deux mondes sont effectivement connectés, puis ce récit quant à sa nature, racontant les origines mythologiques du monde, ressemble plutôt au début du SDA.

Les deux grandes réussites du film selon moi sont la description de ce peuple, et l'intermède "romantique" au sein de l'intrigue qui parvient à être touchant sans jamais être niais. J'adore la manière dont est dépeint cet univers elfique, contraint de se cacher sous terre pour préserver la paix entre les deux mondes, au péril de leur survie. Or leur mort signifierait aussi celle de la magie et du merveilleux, principe qui est présent aussi dans La légende du roi Arthur. Ainsi, les créatures tuées au cours de l'aventure, principalement l'une d'entre-elles, une sorte d'homme-plante géant sont un véritable brise-coeur. Cette émotion est redoublée par le fait que la mort de ce dernier crée paradoxalement la vie autour de lui, comme celle du dieu des forêts dans Princesse Mononoké. Leur monde est lui-même habité par cet aspect crépusculaire, ne se trouvant plus parmi les arbres comme il le fut dans en un temps éloigné, mais dans un état intermédiaire, sous terre, entre féerie et machines. Les hommes de leur côté, en s'abandonnant à un désir insatiable, ont conduit leur Terre à sa perte, l'arrachant à sa base merveilleuse et divine. On ne peut pas s'empêcher de penser au Labyrinthe de Pan quant à la charte esthétique de cette partie du film, qui a eu certainement une influence sur ce dernier, comme en témoigne l'une des dernières créatures rencontrées par Hellboy, sorte d'ange déchu ou incarnation de la mort à l'allure quasi identique d'un monstre du film précité.

L'autre aspect intéressant est ce moment où l'homme-poisson et Hellboy ont tous les deux ont un chagrin d'amour. Ce moment qui aurait pu être totalement ridicule, insuffle une grande sensibilité au film essentielle pour les humaniser. Etrangement, par contraste, leurs collègues humains servent souvent de garde-manger à leurs ennemis ou sont plus insensibles qu'eux (leur boss en tête). Et puis c'est la classe d'avoir fait appel successivement à Beautiful Freak (Eels) et i can't smile without you (Barry Manilow), deux morceaux aussi différents par l'époque et par le style, sans que ça sonne faux. Cependant, la première partie dans la Zone 51 m'avait fait craindre le pire, en utilisant un bestiaire digne de Men in Black, et en exposant une relation explosive entre Hellboy et Liz un peu trop colorée à mon goût par rapport à l'ambiance sombre qui caractérise l'autre monde, alors que le premier film invoquait une ambiance plus équilibrée, entre mystère, décontraction, et humour.

Au niveau du bestiaire il y a du monde au portillon. Nous avons d'abord le prince-elfe, qui possède un charisme très proche de celui de Karl Ruprect Kroenen avec son talent pour les armes blanches. Mais cette fois-ci son talent est généreusement distribué à l'écran, dont sa manière de bouger mixe de manière incongrue et pourtant réussie les styles HK et SDA (j'aurais bien voulu que Legolas bouge ainsi, bien moins ridicule que le fait de surfer sur un bouclier). Et l'idée des jumeaux est vraiment excellente, liés par le même sang et le même esprit, rajoutant à l'aspect tragique de leur existence. Puis dans le désordre, nous avons les fées des dents, des trolls, un géant des pierres, ou encore des robots (quasi) indestructibles. Les "héros" ont aussi un nouvel allié ayant plus d'un tour dans son sac, un humain devenu robot utilisant une sorte de fluide lui permettant de manipuler pas mal de choses. Sa présence apporte une touche d'humour décalé plus ou moins bien dosée selon les situations.

Enfin, mises à part les disputes conjugales caractérisant la relation d'Hellboy et celle de Liz, le prince elfique apporte également un développement psychologique très intéressant au "héros". Il met l'accent à la fois sur la grandeur dont ils méritent, tous les deux rois en principe d'un Royaume, et sur le rejet des humains de leur différence, malgré la soif de célébrité et surtout de reconnaissance de son alter-ego.

Ainsi, malgré un script finalement épuré comme souvent chez ce metteur en scène, l'intérêt du film réside avant tout dans la mise en place d'une esthétique particulière et le background des protagonistes, tout particulièrement les monstres ou personnages fantastiques.

Un magnifique film de super-héros sur les temps crépusculaires de la magie, avec une touche de romantisme bienvenue, malgré un humour coloré qui tranche parfois avec l'ambiance instaurée.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Alegas » Lun 02 Avr 2012, 08:21

dunandan a écrit:(j'aurais bien voulu que Legolas bouge ainsi, bien moins ridicule que le fait de surfer sur un bouclier)


Sérieux faut arrêter avec ça, genre vous retenez que ça de Legolas dans la trilogie. :roll:
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Mark Chopper » Lun 02 Avr 2012, 08:29

Oui c'est court, mais je m'en souviens bien : facepalm au cinéma (attention : qualité de merde).

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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Lun 02 Avr 2012, 10:50

Alegas a écrit:
dunandan a écrit:(j'aurais bien voulu que Legolas bouge ainsi, bien moins ridicule que le fait de surfer sur un bouclier)


Sérieux faut arrêter avec ça, genre vous retenez que ça de Legolas dans la trilogie. :roll:


ça m'a marqué même si ça n'a duré que 5-10 secondes et pourtant je suis le gars qui a mis 9.5/10 au film
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar comICS-soon » Lun 02 Avr 2012, 20:07

Moi j'adore le passage du skate :love:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar John Lawrence » Lun 02 Avr 2012, 23:09

Faut quand même reconnaître que Legolas c' est de loin pas le meilleur perso de la saga. Au delà du truc du skate (en effet très discutable), moi c' est certaines répliques qui me font à chaque fois sortir un bref instant du film...

"Je n’ai pas le coeur à vous la traduire, ma peine est encore trop récente"

"Un soleil rouge se lève, beaucoup de sang à du couler cette nuit"

etc...etc...
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Ultime Razzia (L') - 9/10

Messagepar Dunandan » Lun 02 Avr 2012, 23:11

L'ultime razzia

Réalisé par Stanley Kubrick

Avec Sterling Hayden, Coleen Gray, Vince Edwards

Policier, USA, 1h23 - 1956

9/10


Résumé :
Une bande de gangsters organisent le hold-up de la caisse des paris lors d'une course de chevaux.


Avant son passage en couleurs et avant le tournant esthétique amorcé avec 2001 Odyssée de l'espace, Stanley Kubrick était déjà un grand, comme en témoigne cet Ultime Razzia. Non seulement certains de ses thèmes sont déjà en germe, mais il reprend les codes du film noir de manière très personnelle, qui seront repris par des auteurs contemporains tels que les frères Cohen et Quentin Tarantino. Bref, une oeuvre fondatrice à bien des niveaux. Et il s'agit surtout d'un divertissement maîtrisé de bout en bout, doté d'une narration efficace, intéressante, palpitante, avec des personnages hauts en couleur, qui jouent parfaitement leur "rôle".

Pour commencer, la voix off, comme dans Assurance sur la mort, est en décalage avec ce qui se passe à l'écran, la normalité de la situation "objective" masquant la vérité des agissements "intérieurs" de certains personnages. Mais la différence entre les deux films réside dans le fait qu'ici elle ne reflète les pensées d'aucun personnage, mais revêt un point de vue à la troisième personne qui se veut omniscient (mais ne l'est jamais totalement, et devient parfois absurde). C'est ainsi que nous découvrons que ces personnages ne sont qu'une pièce du puzzle qui s'y joue. Plus tard, l'un d'entre-eux jouera à un jeu d'échecs. La mise en abîme est évidente : l'intrigue peut se résumer à des pièces-personnages qui bougent sans connaître le plan d'ensemble, mais qui connaissent bien leur fonction, et doivent la jouer à fond pour que ça fonctionne. Une mécanique huilée apparemment sans défauts. Un mode de narration que Quentin Tarantino n'hésitera pas à reprendre. D'autant plus qu'il arrive, pour appuyer la référence, que les personnages du casse se croisent sans réaliser le rôle à jouer de chacun, ce qui sera flagrant au dénouement final, avec un sublime montage décrivant les actions simultanées, complétant ainsi le puzzle.

Les personnages me font plutôt penser quant à eux aux personnes des frères Cohen, notamment Fargo. D'abord par la qualité d'écriture, et les dialogues ciselés, bourrés d'ironie et de double sens. Puis ensuite par le type de personnages employés. D'habitude ce sont des "durs" qui sont utilisés pour les casses, bien qu'on découvre souvent après-coup leur fragilité intérieure ou leurs failles. Mais ici, d'emblée, nous savons que des gangsters expérimentés sont mêlés à des gens normaux avec un boulot conventionnel, se fondant dans la masse, contribuant à la perfection du plan. L'un des personnages les plus intéressants, et qu'on devine assez vite qu'il s'agira de la plaque d'huile qui va faire déraper le plan, est un "faible" physiquement et mentalement, personnage récurrent des frères Cohen. Il adore sa femme, et c'est bien là le problème. Elle l'a épousé pour avoir une situation confortable bien qu'il ne soit pas très riche, tandis que lui, il l'aime sincèrement. Cependant, il ne la connaît pas très bien, et très vite il en dit trop. Kubrick réemploie de manière originale le personnage de la femme fatale, qui s'est entichée d'un anti play-boy, mais qui va essayer de prendre les rênes, en jouant de ses charmes avec lui. Mais il s'agit d'un terrain glissant, qui va connaître des retournements de situation inattendus. Les autres personnages intéressants sont les gangsters, rassemblant de manière efficace les stéréotypes du genres : le cerveau, la brute, le tireur, ... Les autres sont simplement des pions relativement anonymes sur l'échiquier.

Avec la mort, l'amour est selon moi l'un des grands thèmes de Kubrick. Ce sont deux clés pour comprendre ce film, et même peut-être l'oeuvre du maître. D'ailleurs, ce couple complémentaire est énoncé par l'un des personnages, comme une pétition de principe : deux choses mystérieuses qu'on ne peut pas déterminer a priori. Je ne sais plus si c'est le même personnage qui dit aussi qu'il est primordiale de se marier de manière avertie pour ne pas avoir de problèmes. Et effectivement ici, il ne s'agit de rien d'autre que l'amour aveugle d'un pauvre type qui a introduit une inconnue dévastatrice non seulement pour le plan mais pour ce couple pathétique dont j'ai parlé plus haut. Puis, je dirais que la scène finale, assez burlesque dans le genre (rappelant ainsi que l'humour est présent de manière féroce, noire, cynique chez Kubrick), énonce l'idée de destin, ou plutôt de hasard, autre inconnue non maîtrisable, qui retombe de manière tragique-comique sur les personnages. Autrement dit, dans le langage du film noir, la fatalité revêt le visage de l'inconnu, poussière apparemment insignifiante mais décisive dans le rouage parfait du crime. Enfin, il y a un lien intéressant entre crime et art : ce sont deux procédés au-delà de la morale, et qui impliquent ainsi le désir de ceux qui n'appartiennent pas au milieu de les mettre à terre. Sympathique également ce lien à peine voilé avec le propre travail du réalisateur.

Pour résumer la qualité de la réalisation, je pourrais seulement évoquer le nom de Kubrick. On peut détester son oeuvre, mais jamais on ne pourrait lui reprocher son sens du cadre, du travelling latéral, et de la photographie. Comme dans Barry Lyndon, dans les lieux extérieurs en particulier, la lumière semble jaillir seulement des lumières artificielles ou non d'un spot, créant ainsi un contraste étrange, comme si les visages se dégageait à peine du noir, accompagnant esthétiquement la dérive morale dont font preuve les personnages. Ensuite, la musique mène tambour battant le suspens et le rythme. Et surtout, la mise en scène est tout à fait exceptionnelle, comme je l'ai dit, déroulant des intrigues parallèles dont on devinera le sens final (même si la perspective du casse est énoncée assez vite) seulement à la conclusion. Enfin, l'interprétation des acteurs est tout à fait bonne, jouant leur rôle jusqu'au bout, dans le stéréotype qui est le leur.

Stanley Kubrick est un grand et le prouve à travers ce film qui aurait pu être mineur, seulement troisième travail de sa carrière. Il a traité pratiquement tous les genres (SF, guerre, comédie, historique, fantastique, drame ...), et à chaque fois, il pose sa marque personnelle avec sa propre manière de voir des thèmes communs au genre traité.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Lun 02 Avr 2012, 23:12

John Lawrence a écrit:Faut quand même reconnaître que Legolas c' est de loin pas le meilleur perso de la saga. Au delà du truc du skate (en effet très discutable), moi c' est certaines répliques qui me font à chaque fois sortir un bref instant du film...

"Je n’ai pas le coeur à vous la traduire, ma peine est encore trop récente"

"Un soleil rouge se lève, beaucoup de sang à du couler cette nuit"

etc...etc...


Dans le livre (je ne sais pas si tu l'as lu) ces phrases y sont telles quelles, mais c'est clair que dans le film ça ne le fait pas, ça fait vraiment tarlouze :eheh:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Mark Chopper » Lun 02 Avr 2012, 23:14

J'aimais bien Legolas dans le bouquin...

Mais bon : Orlando Bloom. Que dire de plus ?
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