Le Cygne noir |
Réalisé par Henry King
Avec Tyrone Power, Maureen O'Hara, Laird Cregar, Anthony Quinn, George Sanders, George Zucco, Thomas Mitchell
Aventure, USA, 1h27- 1942 |
8,5/10 |
Résumé : Le roi d'Angleterre décrète l'amnistie de tous les pirates du royaume s'ils s'engagent à renoncer aux pillages et nomme Henry Morgan gouverneur de Jamaïque pour pacifier la mer des Caraïbes…
Du grand cinéma populaire d’aventure comme Hollywood en avait autrefois le secret avec abordages, duels, exotisme et romance. Pour moi, l’un des meilleurs films de pirate de l’histoire du cinéma que je classe au même niveau que Capitaine Blood, la Flibustière des Antilles ou le Corsaire rouge.
Très librement inspiré d’un roman de Rafael Sabatini, le maître du roman d’aventures historiques, à l’origine de la plupart des films de piraterie de l’âge d’or, le scénario nous entraîne sur un rythme échevelé et trépidant, à la suite de James Waring et Henry Morgan, au cœur d’une page d’histoire des flibustiers et boucaniers, de la Jamaïque à Tortuga en passant par Maracaïbo, dans des décors somptueux et raffinés magnifiés par le technicolor. Pour ce premier film de pirate en couleur, la photographie de Leon Shamroy est un véritable ravissement pour les yeux. Certaines scènes sont d’une telle délicatesse dans les camaïeux ou le chatoiement des couleurs et parfois d’une si splendide composition qu’elles s’apparentent littéralement à des tableaux.
Henry King nous propose une mise en scène dynamique rythmée par une belle succession d’affrontements navals, d’escarmouches et de duels soulignés par la sublime bande originale d’Alfred Newman. Il alterne avec beaucoup d’efficacité plans larges et plans rapprochés, canonnades et corps à corps. On pourrait juste reprocher au film, la technique d’accélération de l’image pour les scènes de duels, très à la mode à l’époque et dont l’artifice trop visible n’est pas franchement très heureux.
Il nous présente surtout une galerie de pirates soudards, truculents, gouailleurs qui vont de pillages en scènes de beuverie, au grès des traquenards de leurs capitaines et des intrigues de cour de Port Royal.
Laird Cregar campe un Henry Morgan, tonitruant,colérique et extravagant dont les fanfreluches dissimulent difficilement le côté prédateur qui sommeille en lui.
George Sanders est excellent dans le rôle d’un capitaine de piraterie rebelle et roublard. C’est lui le
Cygne noir, celui qui refuse la fin de la flibuste. On retrouve également
Thomas Mitchell, dans le rôle du joyeux luron de service et
Anthony Quinn, dans le rôle d’un pirate violent et pervers. En cet âge d’or du
swashbuckler,
Tyrone Power et
Maureen O’Hara nous offrent une relation pleine de piquant avec un côté «
screwball » absolument délicieux, très éloigné de l’amour courtois et romantique du couple vedette du genre
Errol Flynn/Olivia de Havilland.
Un
Tyrone Power, charismatique, aussi bondissant et fougueux que
Flynn mais beaucoup plus sombre et brutal. Pas le pirate galant, romanesque aux manières civilisées, mais plutôt un anti-héro, un rustre, une crapule capable d’assommer la femme qu’il convoite et de la transporter comme un sac à patates.
Maureen O’Hara est comme toujours parfaite et pétulante avec cette fois un petit côté «
Mégère apprivoisée » totalement divin. L’alchimie fonctionne à merveille entre les deux stars.
Une grande aventure épique et romanesque au cœur de la mer des Caraïbes, semée d’embuscades et de moments de bravoure.