[Alegas] Mes Critiques en 2012

[Alegas]

Je préfère L'Homme de la Plaine c'est pour ça.

[Logan]

C'est quoi cette note de tocard?

[Alegas]

Brazil de Terry Gilliam

(1985)

Seconde vision et je le revois clairement à la hausse. Dans me souvenirs c'était un film bien mais vraiment sans plus et là je n'hésiterais pas à classer Brazil comme l'un des meilleurs films d’anticipation jamais réalisés avec THX 1138 et Gattaca. C'est d'ailleurs typiquement le genre d’œuvre qui s'apprécie bien plus une fois que l'on sait ce que l'on va voir, le style Gilliam pouvant clairement en rebuter beaucoup avec une folie visuelle omniprésente (il faut voir la tronche de certains décors) ainsi qu'un scénario qui, malgré une structure bien précise (très proche de celle du 1984 d'Orwell dont il est une adaptation officieuse), est véritablement en totale roue libre avec des personnages totalement déjantés au point de faire presque peur (la mère, le patron du service d'extraction des informations) et quelques situations bien dans l'esprit du cinéaste (le coup des combinaisons). Passé cette surprise, le film se révèle être bien plus noir qu'il n'y paraît, le script faisant état d'une descente aux enfers très particulière qui prendra tout son sens dans un plan final magistral et qui doit énormément à son auteur (quand on sait que le studio souhaitait faire une happy-end à l'origine on ne peut que saluer Gilliam d'avoir persévéré dans sa vision des choses). Brazil possède quelques défauts comme une baisse de rythme à partir du moment où le personnage principal arrive à parler à la femme de ses rêves ou encore un climax final tirant un peu trop en longueur, mais c'est peu de choses par rapport aux énormes qualités de ce métrage atypique mélangeant des références pointues (Le Procès d'Orson Welles et la littérature d'anticipation) à la folie visuelle propre à Gilliam. En terme de mise en scène, le film peut paraître au premier abord assez brouillon, voire pris sur le vif, mais se révèle d'une richesse très étonnante que Gilliam ne retrouvera que très peu par la suite, il suffit de voir la séquence de la salle de torture pour se rendre compte que l'on est en face d'un très grand film. Enfin, le casting superbe complète le tableau en réunissant de nombreux seconds rôles mémorables via les personnages de Robert De Niro, Bob Hoskins, Ian Holm ou encore Jim Broadbent. De loin le meilleur film de Gilliam avec 12 Monkeys et un pilier de la SF d'anticipation au cinéma.

NOTE : 8,5/10

[zack_]

Tout à fait d'accord et belle conclusion

[Killbush]

M'en rappelle plus trop de celui là, c'est la director's cut du BR que t'as vu ?

[Alegas]

La DC indiquée sur le BR il me semble que c'est la version normale en fait, en tout cas c'est la seule version que j'ai vu.

[Killbush]

Non, je crois pas, la version normale déjà sortie en dvd fait 132 min contre 142 pour le DC

[Alegas]

Bah alors je vois pas du tout ce que ça rajoute.

EDIT : merci wikipédia :

"Le conflit avec Universal engendre trois versions différentes du film :

« Love conquers all »
La version des producteurs avec une fin heureuse (happy ending), d'une durée de 94 minutes.
La version américaine
Gilliam décide de retravailler Brazil avant sa sortie américaine en décembre 1985 et lui donne une durée de 132 minutes. À noter que le réalisateur retient alors les suggestions de Sheinberg pour modifier le début et la fin du film. La version internationale s'ouvre sans musique. La première image n'est pas le travelling dans le ciel, mais le zoom out sur le moniteur de télévision. Il se termine avec Sam sur la chaise de torture et les murs gris de la chambre comme toile de fond. Sheinberg avait dit que la fin serait plus acceptable avec des nuages à la place de ces murs. Gilliam a donc acheté des plans de ciel du producteur de L'Histoire sans fin (Neverending Story) au cas où les siens ne fonctionneraient pas. Le mouvement était spectaculaire et Gilliam était d'accord avec ces deux changements.
La version européenne
La version jugée finale par le réalisateur, d'une durée de 142 minutes. "

[Alegas]

The Man Who Shot Liberty Valance (L'Homme qui tua Liberty Valance) de John Ford

(1962)

Si la vision de The Searchers m'avait quelque peu déstabilisé quand au statut impressionnant de John Ford sur l'histoire du cinéma américain, la découverte de The Man Who Shot Liberty Valance a clairement le mérite de remonter mes attentes sur les œuvres du cinéaste. Là où The Searchers possédait des carences flagrantes de scénario malgré un travail visuel indéniable, The Man Who Shot Liberty Valance se révèle être un film de qualité à tout les niveaux, jouissant à la fois d'une mise en scène classique mais diablement efficace ainsi que d'un scénario toujours prenant et faisant la part belle à une vision assez étonnante du crépuscule du genre. Le film a véritablement un accent de modernité, avec notamment l'utilisation du flash-back comme vecteur principal du récit. Et si celui-ci n'atteint pas une absolue maîtrise scénaristique comme ont pu le faire Orson Welles ou Marcel Carné auparavant mais le procédé apporte vraiment un plus non négligeable via une introduction mélancolique pleine de mystères ainsi qu'une certaine sacralisation du mythe westernien qui sera, au final, totalement mis en pièce dans la deuxième moitié du métrage. Car en opposant deux protagonistes que tout oppose, un vieux baroudeur croyant à la loi de la jungle (John Wayne, pas exceptionnel mais bien plus convaincant que dans la suite de sa carrière) et un homme de loi plein d'espoir pour l'avenir de sa société (James Stewart, très bon comme toujours) contre un bandit ressemblant plus à un pantin qu'aux grands gangsters d'auparavant (Lee Marvin, convaincant alors que j'ai un peu de mal avec lui d'habitude), John Ford met en scène avec ce film la destruction du western classique qu'il a pourtant lui-même érigé et pose un constat ravageur, où comment rappeler au spectateur que le western est avant tout un genre de fiction et donc un mensonge que l'on accepte de croire puisqu'il paraît bien plus séduisant que la triste réalité (ce n'est d'ailleurs pas un hasard si cette vérité sort pour la première fois de la bouche de John Wayne, icône principale du western classique). Ainsi, malgré quelques défauts regrettable mais qui n'entachent pas le prestige de l'œuvre (émotion pas assez présente, trio amoureux pas assez exploité et révélation finale qui se voit venir beaucoup trop à l'avance) The Man Who Shot Liberty Valance se révèle être un film bien plus intelligent qu'il ne le laisse penser au premier abord et pourrait être facilement considéré comme un western atypique dans sa fonction hybride, à l'instar de Ride The High Country de Sam Peckinpah, film sorti la même année que le métrage de John Ford. Un excellent film donc qui remet les pendules à l'heure sur ma relation envers Ford, en espérant que je trouverais d'autres films de cette qualité dans sa large filmographie.

"This is the West, sir. When the legend becomes fact, print the legend."

NOTE : 8/10

[Alegas]

Battle Royale de Kinji Fukasaku

(2000)

Première vision et je ne peux pas m'empêcher d'être un peu déçu tant Battle Royale avait su faire naître en moi les espoirs les plus fous, de par un pitch plus que prometteur qui restera sa plus grande force mais aussi de par sa réputation flatteuse l’élevant au rang des survivals les plus prestigieux. De Battle Royale, au final, on ne retiendra finalement que la première demi-heure qui mérite à elle seule la totalité des éloges. D'une puissance redoutable (le générique commence par le Requiem de Verdi, classe ultime donc) et d'une efficacité étonnante (le film impose des personnages que l'on ne connaît pas, une des meilleures idées du métrage), le film de Kinji Fukasaku a véritablement de quoi capter l'attention du spectateur, le plongeant dans un univers surréaliste mais jamais fantastique et lui apprenant les règles d'un jeu mortel en même temps que les élèves qu'il devra apprendre à connaître au fur et à mesure du film, la séquence d'explication du jeu est, à ce titre, d'une qualité indiscutable. Hélas, il n'en est pas de même pour le reste du métrage, ainsi dès que le jeu commence le film perd de plus en plus en puissance car cherchant toujours à attaquer sur plusieurs fronts à la fois alors qu'il aurait du rester ce qu'il avait promis d'être : un survival ludique et sans concessions. Là où, lors de l'introduction, la non-connaissance des personnages faisaient sa force, le reste du film cherche clairement à devenir une introspection de la psychologie de ces mêmes personnages via des flashbacks pas toujours utiles (seul celui de la jeune fille solitaire possède une réelle utilité), des séquences oniriques qui ne débouchent sur pas grand chose (le rêve de Kitano) et des cartons répétitifs d'une grande lourdeur. Quand aux relations entre protagonistes, elles sont souvent totalement hors de propos, comme si en danger de mort on cherchait encore à draguer sa camarade de classe devenue depuis ennemie... Ainsi, en cherchant à devenir un film de personnages, Battle Royale se plante souvent dans sa partie survival, livrant des séquences souvent déjà vues ailleurs en beaucoup mieux, la seule se démarquant du lot étant celle du massacre du phare, le reste est franchement très vite oublié, et je ne parle même pas du final décevant. Le casting est vraiment très moyen dans l'ensemble et même la présence de Takeshi Kitano ne relève pas le niveau (d'ailleurs c'est un acteur que j'appréciais beaucoup avant et plus je découvre ses films et plus je me rend compte qu'il joue toujours la même chose). Niveau mise en scène, rien de transcendant même si on a le droit à des influences appréciables (Kubrick notamment), le genre de réalisation que beaucoup aurait pu mettre en scène de bien meilleure façon. Bref, déception donc, on est clairement pas en face d'un grand survival, c'est d'autant plus dommage que l'idée de départ est vraiment ultime, pour le coup je ne dirais pas non à un remake si ça reste dans la même volonté d'ultra violence sans concessions.

NOTE : 6,5/10

[Creeps]

Au contraire je trouve la mise en scène vraiment parfaite mais bon question de point de vue. Et je n'arrive pas à comprendre comment tu peux trouver du mysticisme dans Delivrance pour ensuite passer totalement à côté du message sous-jacent de Battle Royale qui avant d'être un survival totalement jouissif est une métaphore du malaise de la société et de sa jeunesse. Fin 6.5 à Battle Royale c'est pas possible quoi, tu me donnes envie de regarder Matrix

[Mark Chopper]

+ 1 avec Creeps

Le casting est vraiment très moyen dans l'ensemble et même la présence de Takeshi Kitano ne relève pas le niveau (d'ailleurs c'est un acteur que j'appréciais beaucoup avant et plus je découvre ses films et plus je me rend compte qu'il joue toujours la même chose).

Mise à part l'endive Tatsuya Fujiwara, je trouve le casting excellent : Fukasaku a évité de recruter des idols adeptes du surjeu grimaçant et a lancé de jeunes interprètes excellents (en particuler Kō Shibasaki et Chiaki Kuriyama).

Quant à Kitano, s'il joue souvent le même rôle dans ses propres films et semble en roue libre ici, ne tire pas de conclusion hâtive : regarde-le dans Furyo, dans Gonin ou Blood & Bones et tu verras de quoi il est réellement capable en tant qu'acteur.

Je trouve la caractérisation des personnages intelligente et la mise en scène parfaite : je connais peu de réalisateur de 70 balais, en fin de vie, capable de proposer un film aussi rageur et bien rythmé.

Ce film, qui a rappelé au monde, avec Ring, que le cinéma japonais pouvait s'exporter, n'est pas sans défaut : le scénario souffre de graves incohérences, mais comme tu ne les as pas relevées, je ne vais pas insister

[Scalp]

C'est quoi l'influence Kubrick dans la réal ? non parce que là pour le coup je vois pas et sinon tout pareil que le Fincher Biatch.

[Creeps]

Ca doit être la musique classique...

[Dunandan]

+1 avec mes camarades du dessus, ce n'est pas un simple survival ... mais un film social qui prend l'allure d'un film de massacre