Wall-E de Andrew Stanton
(2008)
Pas revu depuis la sortie vidéo et donc forcément il y avait l'appréhension de la revoir à la baisse, et bien non,
Wall-E reste clairement l'un des mes Pixars favoris, tant par ses thèmes, sa beauté envoutante et sa forme majestueuse. Sans être le film du studio plus abouti sur le plan de la mise en scène (pour ça il faudrait plutôt se tourner vers
Monsters Inc,
Incredibles ou
Toy Story 2),
Wall-E est de loin celui qui instaure avec le plus de succès une ambiance toute particulière. Première incursion du studio dans le petit monde de la SF (si l'on excepte bien sur la fabuleuse introduction de
Toy Story 2) et c'est véritablement un franc succès avec une première demi-heure qui est tout simplement la perfection même, un début de film ravageur qui laisse percevoir les émotions plutôt que de les entendre et où chaque situation est décrite par l'image avec une maestria étonnante (en l'espace de deux minutes, le spectateur comprend comme le monde est devenu ce qu'il est) au point que les quelques paroles de la séquence sont vraiment inutiles, on pourrait la regarder sans le son que l'on comprendrait tout ce que Andrew Stanton souhaite faire passer comme message (pas comme
John Carter donc). La musique de Thomas Newman, sans être exceptionnelle, participe efficacement à l'ambiance de fin du monde du film, et le contraste total apporté par les chansons 60's apporte clairement un charme non négligeable (et puis citer ouvertement un film de Gene Kelly c'est assurément une preuve de très bon goût). Le design des robots est juste monstrueux, on a réellement du mal à croire qu'autant d'émotion puisse se dégager de simples bouts de machines animés, dommage en revanche que les humains n'aient pas bénéficié du même traitement (d'ailleurs j'ai tendance à penser que Pixar réussit de moins en moins bien les êtres humains et le futur Brave aurait tendance à le prouver). C'est d'ailleurs là le seul défaut du film : à partir du moment où les humains entrent en scène, on perd clairement les deux grandes forces du film, à savoir l'ambiance solitaire et presque nihiliste qui se dégageait ainsi que la volonté d'offrir un film où la parole serait totalement secondaire. Néanmoins, cette seconde partie reste tout de même de grande qualité, alors oui on passe à côté du chef d’œuvre du studio, mais on se trouve néanmoins devant un film très drôle (le clin d’œil à
2001 est génial), souvent touchant (la magnifique séquence de danse spatiale) et franchement osé sur certains points (la fin me fait craquer à chaque fois, par contre j'aurais vraiment préféré qu'il n'y ait pas le dernier rebondissement final, ça enlève un peu trop le culot de la séquence et Pixar fera la même erreur pour la meilleure scène de
Toy Story 3). Pas le meilleur Pixar donc mais c'est assurément une très grande réussite en plus d'être un de mes films d'animation favoris.
NOTE : 9/10