[Jimmy Two Times] Mes critiques en 2012

Modérateur: Dunandan

Territoire des Loups (Le) - 8,5/10

Messagepar Jimmy Two Times » Mar 13 Mar 2012, 13:03



Incontestablement, Joe Carnahan, que nous n'avions pas vu en si grande forme depuis ses débuts, nous livre l'un des meilleurs films de genre depuis belle lurette. Le Territoire des Loups est un vrai morceau de pelloche viscéral, à même de satisfaire les amateurs de sensations fortes, mais pas que...Le film ne perd pas de temps et à peine cinq minutes suffisent au réalisateur de l'excellent Narc pour poser son ambiance et nous présenter John Ottway (formidable Liam Neeson), son boulot (protéger des ouvriers de l'extrême des attaques d'animaux sauvages) et son trauma ( la mort de sa femme)

Alors que le groupe de travailleurs se rend vers un nouveau lieu de forage quelque part en Alaska (magnifiques paysages au passage), leur avion s'écrase, et le film nous offre alors une scène parmi les plus marquantes vues sur un écran récemment. Ne quittant jamais le cockpit et les rêves du personnage principal, le crash cloue ses passagers et les spectateurs à leurs sièges, les abandonnant exsangues et le souffle coupé au beau milieu d'un enfer blanc (merci le formidable mixage sonore), non sans pertes et fracas.

Très vite, la survie en milieu hostile s'organise pour les sept rescapés (des hommes, des vrais, au caractère bien trempé), en proie à des éléments déchaînés et à une nature féroce, symbolisée par une meute de loups bien décidée à les traquer inlassablement.

Le caractère inéluctable de leur périple, synonyme de dernier combat avant le grand voyage vers l'au delà, est connu d'avance mais le film sait se parer de quelques réflexions bien senties sur la condition humaine sans en faire des tonnes. Les motifs d'espoirs sont peu nombreux (le souvenir d'un proche, l'existence d'une hypothétique divinité), annihilés par l'omniprésence des loups, dont les attaques sont aussi furtives que violentes. Le côté brouillon en dérangera sûrement plus d'un (foutue shaky cam se dit-on) mais peut aussi être perçue comme un prolongement de la terreur qui naît hors champ, prémices aux dites attaques. Carnahan suggère plus qu'il ne montre en fait.

Que ce soit la lueur de leurs regards perçants, le souffle de leur respiration visible en pleine nuit ou leurs hurlements incessants, tout cela contribue à distiller en permanence le doute au sein du groupe de rescapés. Chaque assaut repoussé ou obstacle franchi (un peu gros le coup du saut dans les arbres d'ailleurs), qui devrait leur amener un regain de force et de motivation, n'est qu'un pas de plus vers leur funeste destinée.

En leader alpha de la "meute humaine", Liam Neeson impressionne par son charisme et trouve son meilleur rôle depuis un bail. Il apporte d'ailleurs bien malgré lui un supplément d'âme à son personnage car il a vécu le même drame que lui dans un passé récent (la perte de sa femme). Le dernier plan du film, véritable machine à fantasmes pour cinéphiles en manque d'adrénaline achève de faire du Territoire des Loups un film puissant, ode à la survie et au combat, qui sait aussi toucher en plein coeur les hommes à la force tranquille. (et restez jusqu'à la fin du générique).

8.5/10
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Barton Fink - 8,5/10

Messagepar Jimmy Two Times » Mer 14 Mar 2012, 13:34



Quatrième film des frères Coen et pour la première fois, les joyeux drilles abandonnent le film de genre pour s’essayer à quelque chose de bien plus personnel. Barton Fink ne se débarrasse pas pour autant de la noirceur qui fait a le sel de leurs précédents longs métrages (Blood Simple et Miller’s Crossing) mais cette histoire sur les affres de la création et le syndrome de la page blanche marque un premier tournant dans leur carrière.

Ecrivain qui vient de signer son premier succès sur les planches de New York, Barton Fink est aussitôt pris dans les mailles du filet hollywoodien et se retrouve sous contrat avec les studios Capitol pour lesquels il doit écrire un scénario pour un film de catch. Loin de ses aspirations premières et de sa volonté de rendre son œuvre accessible à la classe prolétarienne, son travail est au point mort. Enfermé dans une chambre d’hôtel miteuse, la folie le guette…

Hommage aux années 40 paré d’une critique acerbe sur la manière dont Hollywood traitait les auteurs comme de la volaille (leurs bungalows installés au sein même des studios ressemblent à des poulaillers) en bridant leur fibre créatrice, le film est constamment sur courant alternatif, parfois très drôle (les scènes avec le producteur, énorme Michael Lerner) parfois très sombre (à peu près toutes les scènes où Barton se retrouve seul dans sa chambre et jusqu’au final apocalyptique). Son seul ami (imaginaire ?), un représentant en assurances (génial John Goodman), est-il celui qu’il prétend être ?

L’interprétation, c’est une coutume chez les frangins, formidables directeurs d’acteurs, est au diapason de l’histoire. John Turturro livre une performance de premier ordre, complètement habité par son rôle. Les seconds rôles sont tout sauf anecdotiques et les prestations de choix sont légion (Tony Shalhoub, Steve Buscemi, Jon Polito...)

La réalisation des frangins arrive à transcender par son inventivité un sujet qui pourrait facilement s’embourber dans l’immobilisme et les pièces de puzzle éparpillées dans tout l’hôtel sont autant de détails permettant à chacun de reconstituer à sa manière le tourment psychologique qui habite le personnage principal. Carter Burwell saisit une fois de plus l’essence du style Coen et livre, encore, un thème principal magnifique.

Barton Fink n’est clairement pas le film le plus accessible dans la filmographie des frérots mais force est de constater que c’est un des plus stimulants pour le spectateur. Du beau boulot.

8.5/10
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2012

Messagepar elpingos » Mer 14 Mar 2012, 14:16

Radin. :mrgreen: (belle critique ceci dit et puis il devrait rentrer dans le top je pense :super: )
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2012

Messagepar Jimmy Two Times » Mer 14 Mar 2012, 14:33

Je note un peu en fonction du reste de leur filmo. Il se glisse tout de même dans mon top 5 des frangins.
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2012

Messagepar elpingos » Mer 14 Mar 2012, 14:41

Nan mais je plaisante... 8,5 c'est une super note pour un film aussi barré... :super: Juste que je suis un peu extrémiste sur ce film..
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Martha Marcy May Marlene - 4,5/10

Messagepar Jimmy Two Times » Mer 14 Mar 2012, 14:47



Premier film du jeune réalisateur Sean Durkin, Martha Marcy May Marlene, primé à Sundance, manque le coche. L’intention, dénoncer l’endoctrinement au sein des communautés sectaires, est louable mais le message est véhiculé de manière franchement simpliste (les sectes c’est pas bien, super…) . Ca parait peut être salutaire et nécessaire aux Etats-Unis, pays où les communautés de ce type pullulent, mais vu d’Europe où le sujet est pris à bras le corps dès qu’un fait divers de ce type fait la une des journaux, ça fait doucement rigoler.

La narration déstructurée du film (pas trop quand même, après les ricains vont rien comprendre) apporte un peu d’intérêt à ce film qui manque clairement de rythme pour préserver l’attention de son audience. C’est vraiment trop sobre et psychologisant au possible.

On a franchement l’impression que le personnage principal est très faible d’esprit pour entrer dans cette communauté mi hippie/mi mormone (excuse gratuite pour placer quelques scènes de cochon inutiles qui n’apportent rien au récit). Elle se fait d’abord violer mais on lui dit que même si ça peut lui paraître mal, en fait c’est bien. Elle acquiesce sans qu’aucun traumatisme ne l’habite et dit amen à toutes les inepties que peut débiter le chef de la communauté. Aucun cheminement vers l’endoctrinement, juste des petites phrases toutes bêtes (la mort est pur amour) qui s’imprime dans son cerveau comme un couteau rentrerait dans du beurre…Le mec doit être un Jedi (bah ouais, pour contrôler aussi simplement les esprits, je vois pas d’autres solutions) car il n’est pas franchement convaincant et persuasif.

Reste quelques scènes plus réussies avec la frangine chez laquelle Martha/Marcy May se réfugie parce que son gentil gourou lui a menti mais là encore on se demande quelle peut bien être l’issue de l’histoire tant elle semble peu convaincue par son choix de fuir et irrésistiblement attirée par un retour au sein de sa nouvelle famille. D’ailleurs, en parlant de fin, le réalisateur, sûrement dans l’embarras, choisit une conclusion ouverte inappropriée, énième frustration d’un film raté, à peine sauvé par l’interprétation de quelques acteurs (Elizabeth Olsen/le couple Hugh Dancy/Sarah Paulson). Je préférais l’époque où Sundance mettait en avant des feel good movies…

4.5/10
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2012

Messagepar Jimmy Two Times » Mer 14 Mar 2012, 15:18

elpingos a écrit:Nan mais je plaisante... 8,5 c'est une super note pour un film aussi barré... :super: Juste que je suis un peu extrémiste sur ce film..


Ca reste le film le plus personnel et irrationnel des frangins mais c'est ça qui est bon!
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2012

Messagepar Pathfinder » Mer 14 Mar 2012, 15:20

Tain, vous filez envie avec The grey! Comment j'ai pu passer à coté d'un truc pareil???
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Chambre 1408 - 4/10

Messagepar Jimmy Two Times » Jeu 15 Mar 2012, 00:18



Adapté d'une nouvelle de Stephen King, Chambre 1408 démarre plutôt bien en introduisant un personnage d'écrivain à succès amateur de pseudos sensations fortes (John Cusack, toujours dans un style lunaire...). Pour son dernier bouquin, il fait le tour des chambre d'hôtels les plus effrayantes des Etats-Unis et c'est ainsi qu'il découvre l'existence de la 1408 du Dolphin Hotel de New York... Il décide d'y passer une nuit, malgré les recommandations contraires du directeur des lieux (Samuel L. Jackson qui paye sa petite scène cool et qui s'en va)...

Le film se mue alors en huis-clos et si les premiers instants passés dans la piaule jouent sur le hors champ et la suggestion, le rythme s’accélère très vite et se transforme en train fantôme de foire inoffensif et grand guignolesque au possible. Trop c'est trop et l'utilisation abusive de tous les poncifs du genre finit franchement par lasser au bout d'une heure. Dommage que le scénario ne prenne pas le soin de broder un peu autour du mystère de cette chambre maudite...

La dernière partie du film tente vainement d'introduire un peu de drama et de nous faire croire à un twist. Là encore, on y croit pas une seule seconde tant le tout est téléphoné. Reste quelques scènes réussis (principalement dans la première demie heure) et un tempo qui empêche tout ennui mais on est très loin des sommets du genre...

4/10
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Re: Martha Marcy May Marlene - 4,5/10

Messagepar francesco34 » Jeu 15 Mar 2012, 10:03

Jimmy Two Times a écrit:
On a franchement l’impression que le personnage principal est très faible d’esprit pour entrer dans cette communauté mi hippie/mi mormone (excuse gratuite pour placer quelques scènes de cochon inutiles qui n’apportent rien au récit). Elle se fait d’abord violer mais on lui dit que même si ça peut lui paraître mal, en fait c’est bien. Elle acquiesce sans qu’aucun traumatisme ne l’habite et dit amen à toutes les inepties que peut débiter le chef de la communauté. Aucun cheminement vers l’endoctrinement, juste des petites phrases toutes bêtes (la mort est pur amour) qui s’imprime dans son cerveau comme un couteau rentrerait dans du beurre…Le mec doit être un Jedi (bah ouais, pour contrôler aussi simplement les esprits, je vois pas d’autres solutions) car il n’est pas franchement convaincant et persuasif.


Tu n'as pas idée de l'influence de certaines personnes sur d'autre avec peu de choses. Y'a pas besoin d'être un prédicateur fou qui en fait des tonnes pour avoir des adeptes... Surtout sur une jeune fille perdue et vulnérable, et c'est au contraire cette apparente douceur qui font du chef de la communauté quelqu'un de retors et charismatique auprès des autres.
Et je trouve pas qu'aucun traumatisme ne l'habite suite aux abus qu'elle a subi (sa fuite et sa paranoïa c'est quoi?), au contraire cette fille déjà fragile est totalement traumatisée par ce qu'elle a vécu. C'est pas parce qu'elle ne fond pas en larmes et en cris et qu'elle répète ce qu'on lui a imposé qu'elle n'est pas marquée...

Sinon c'est vrai que le ciné indé part un peu trop sur le drame et moins sur le film plus léger à la Little Miss Sunshine ces derniers temps. Mais autant j'ai pas du tout aimé Another Happy Day beaucoup trop excessif, autant ce MMMM j'ai trouvé très bien. Et puis Elisabeth Olsen quoi :love: Bien mieux que ses jumelles de soeurs :wink:
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Re: [Jimmy Two Times] Mes critiques en 2012

Messagepar Jimmy Two Times » Jeu 15 Mar 2012, 10:31

Elle explique surtout sa fuite par le mensonge de Patrick
en rapport avec l'homme innocent tué à son domicile
En revanche, le viol, j'insiste mais ça ne semble pas l'avoir traumatisé plus que ça (voir comment elle prépare psychologiquement la dernière arrivante). Elle aura déjà du fuir à ce moment là mais à la limite on peut se dire qu'elle accepte (enfin, c'est un grand mot) plus facilement la violence qu'elle subie que celle faite aux autres.
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Jurassic Park II : Le Monde Perdu - 6,5/10

Messagepar Jimmy Two Times » Ven 16 Mar 2012, 13:31



Pendant une heure, cette suite se révèle supérieure à l'original sur presque tous les points. Les bases étant déjà posées, Spielberg peut rentrer immédiatement dans le vif du sujet et en moins d'un quart d'heure, les enjeux sont connus et tout le monde débarque sur cette seconde île où la nature a repris ses droits. Exit la visite pépère d'un parc d'attractions et bonjour la chasse aux gros gibiers.

Spielberg, qui s'adonne à une suite pour la première fois depuis la trilogie Indiana Jones, remet le couvert et prend bien soin de monter en régime sur les scènes d'attaques de dinos ( les T-Rex qui veulent récupérer leur petit,l'attaque du campement...) et quelques scènes un peu plus sournoises mettant généralement en scène la mort d'un personnage (la gamine blessée au début et le mec qui se fait becqueter par les petites merdes qui ressemblent à des gros lézards...).

Malheureusement, les séquences moins inspirées voire ridicules vont s’enchaîner pendant la seconde partie du film qui traîne un peu en longueur (la gamine qui se prend pour Nadia Comaneci, les raptors qui sont un peu utilisés comme ressort comique - remember les Gremlins - ou le gros pompage raté sur King Kong pendant la dernière demie heure). On notera aussi quelques scènes tirées par les cheveux (les chutes innombrables de la triplette Goldblum/Moore/Vaughn, comment le T-Rex a pu bouffer tout l'équipage dans le bateau?...)

Techniquement, le film enfonce la révolution amorcée par le premier épisode et fait encore belle impression 15 ans après sa sortie. Certes, l'effet de surprise a disparu et on ressent un peu que tonton Spielby n'avait pas forcément une motivation intacte pour s'atteler à cette suite mais le boulot est fait, et même bien fait. Ce qui ne sera pas le cas du 3ème volet, bien inférieur, malgré son parti pris au demeurant sympathique de faire fi de toute fioriture et de proposer un dernier tour de manège effréné.

6.5/10
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Flingueur (2011) (Le) - 5,5/10

Messagepar Jimmy Two Times » Dim 18 Mar 2012, 09:35



Remake d'un Charles Bronson des 70's, le Flingueur version 2011 est un petit film d'action sympa idéal après une journée de boulot harassante. Pas de prise de tête, une histoire simple sans chichis (un hitman, aidé par le fils de son ancien mentor, se retourne contre son employeur), des scènes d'actions correctement torchés (certaines sont même plutôt bonnes comme la baston oppsosant Ben Foster et le gros molosse gay ou le contrat placé sur la tête du prédicateur) nous rappelant que Simon West a fait des trucs sympatoches par le passé (Les Ailes de l'Enfer en tête).

Son savoir faire très ancré dans les 90's permet à l'ensemble de rester très lisible contrairement à de nombreuses productions parkinsoniennes contemporaines. Jason Tatane la joue plutôt sobre et efficace (tendance Braquage à l'Anglaise) et s'en sort correctement, bien aidé par la performance de son partenaire Ben Foster, voleur de scènes professionnel qui semble s'amuser comme un petit fou. On retrouve également avec plaisir le vieux briscard Donald Sutherland qui fait une courte apparition néanmoins suffisante pour lui permettre de lâcher une belle volée de fuck et autres grossièretés en tout genre.

Après, le scénario manque clairement de piquant, les deux associés ne sont jamais réellement mis en danger et s'extirpent de toutes les situations de manière aisée jusqu'à leur affrontement final, qui malheureusement fait pschitt, trop vite expédié en deux explosions. Pas mémorable mais divertissant pour les amateurs de castagne.

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World Invasion: Battle Los Angeles - 4/10

Messagepar Jimmy Two Times » Mer 21 Mar 2012, 08:51



Blockbuster hybride entre le film de guerre post 11 septembre et le film de science fiction tendance invasion extra-terrestre, World Invasion : Battle Los Angeles ne convainc dans aucun des deux registres. Ce gros morceau de bravoure de deux heures ne prend pas une seule minute pour respirer et enchaîne jusqu'à l'épuisement les séquences de shoot'em up entre humains et aliens.

Problème, l'ombre de l'immense Starship Troopers, plane tout du long comme une sentence fatidique qui finit inéluctablement par tomber. Le film n'ayant rien d'autre à proposer que des séquences de guerilla urbaine de plus en plus redondantes (et sur ce terrain, c'est le Black Hawk Down de Sir Ridley qui le met à l"amende), la lassitude pointe rapidement le bout de son nez.

En se concentrant sur un petit groupe de soldats déterminés à résister, le film sauve quelque peu les meubles grâce à un point de vue qui refuse tout gigantisme. C'est dommage car certains personnages sont plutôt bien écrits de prime abord (le lieutenant déchu qui accepte sereinement d'être rétrogradé au rang de sergent, le jeune lieutenant à peine diplômé lâché dans la fosse aux lions et débordé par les évènements...) mais jamais ils ne seront développés.

Côté SF et aliens, c'est très impersonnel et nous sommes à mille lieux de l'inventivité déployée dans le récent District 9. Enième frustration du film, les E.T sont franchement peu inspirés et semblent avoir volé tout leur équipement sur le plateau du dernier Terminator...

L'over patriotisme, contrairement à ce que bon nombre de personnes pensent, n'est pas un défaut en soi. C'est la nature même de la grande nation américaine que de faire vibrer sa fibre à la moindre occasion et ça n'est pas comme si le cinéma US ne nous avait pas déjà habitué à un tel traitement. Ça fait simplement partie du jeu et c'est tout à fait justifié dans ce type de récit. Non, le vrai défaut du film, c'est juste son manque d'inspiration au combat. Rien ne dépasse, ça tire encore et encore, pas de scènes vraiment marquantes, on finit par compter les balles comme on compterait les moutons pour s'endormir. Et là, c'est le drame...Roooonnnnnn....Pschhhhhhh...Bonne nuit les petits...

4/10
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Bullhead - 9/10

Messagepar Jimmy Two Times » Mer 21 Mar 2012, 15:02



En voilà un excellent film issu des plates contrées de la Belgique! Premier film de Michael R. Roskam, Bullhead est une véritable bouffée d'oxygène et d'originalité au sein d'une production européenne qui peine à sortir du lot quand elle s'attaque au cinéma de genre, apanage des studios américains. A la croisée des chemins entre le polar, la chronique rurale et le drame, le film s'appuie sur un script en béton et dont la plus grande force est sa simplicité et sa fluidité.

Bien loin des films ambitieux qui ont souvent tendance à trop se regarder le nombril, Bullhead propose un sujet qui, sur le papier, peut paraître aussi surprenant que rebutant, le trafic d'hormones en milieu agricole. Le résultat est tout simplement passionnant. Le film délivre progressivement et de manière limpide les tenants et les aboutissants d'un scénario riche mais qui évite toute complexité superflue. Ça sent bon le cinéma de papa, loin des fausses pistes et autres chausses trappes qui polluent souvent les productions contemporaines. Les esprits cartésiens seront ravis.

En bonne tragédie qui se respecte, Bullhead est surtout porté par un personnage principal à la destinée profondément touchante et puissamment incarné par l'excellent Matthias Schoenaerts. Le terme a souvent été évoqué pour le caractériser mais ce "minotaure" aux épaules hypertrophiées, véritable boule de nerfs et de muscles, élevé aux anabolisants dès son plus jeune âge, dégage une vraie présence animale. Se confinant souvent dans un mutisme bien légitime, on le sent en permanence au bord de l'explosion, tant physiquement (combien de temps encore son corps va-t-il accepter ce régime malsain) que psychologiquement (il est stigmatisé et mal aimé).



Côté réalisation, le film est également une franche réussite. Déjà, il y a une utilisation du scope qui fait vraiment plaisir, Roskam est un excellent conteur doublé d'un technicien de talent. Certains plans sont saisissants de profondeur, tirant profit de l'horizon dégagé à perte de vue de la campagne belge tandis que dans certaines scènes, la caméra s'approche au plus près des acteurs, profitant de la belle galerie de gueules qui compose les seconds rôles. La photo, qui joue avec les nuances de lumière, est au diapason.



Enfin, le film est une véritable radiographie de la Belgique. Le réalisateur n'a pas peur d'aborder les choses qui fâchent: du conflit opposant les flamands et les wallons en passant par le sujet lui même, très audacieux au pays du dopage, tout y passe. La campagne belge, aussi verdoyante par ses champs que grisâtre par son climat, est un formidable terrain de jeu et les quelques incursions en milieu urbain sont généralement synonymes de scènes tendues et asphyxiantes (la visite de Jacky à l'hospice, la superbe scène en boîte de nuit et la fin suffocante).

Quelque part à mi chemin entre le cinéma de Coppola et de James Gray d'un côté (le film m'a souvent fait penser à The Yards, sujet atypique, personnage principal mal aimé au passé tragique, noirceur à tous les étages) et Groland (les deux garagistes, des décors qui pourraient très bien faire l'affaire dans un film de Delépine et Kervern), Bullhead est un cocktail détonant, un film brut et beau à la fois, sans véritable défaut. Il rentre facilement dans mon top 3 de ce début d'année aux côtés de Take Shelter et du Territoire des Loups. Talent(s) à suivre.

9/10
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