par Scalp » Jeu 15 Mar 2012, 14:40
8/10
Drums Along The Mohawk de John Ford - 1939
Du John Ford pur jus, on y retrouve déjà tous ses thèmes favoris : naissance d'une nation dans la terre et le sang ( le plan final est le drapeau Américain planté en haut du fort, plan bien entendu très patriotique mais pleinement compréhensible au vue de la date de création du film ) avec les valeurs cher au cinéaste : solidarité, travail de la terre mis en avant, la vie en communauté, acceptation des races ( ici on a une noire et un indien qui vivent avec la communauté et ils ne sont jamais montré du doigt ), courage.
A noter que Zanuck le producteur voulait que ce soit Henri King qui réalise, mais au vue du succès des précédents c'est Ford qui fut choisit.
Cette partie de l'histoire ricaine c'est pas une période qu'on a vu énormément au cinéma (c'est fou quand même car y a clairement matière), bien entendu on pense immédiatement au Dernier des Mohicans ou si on est plus déviant on peut penser à Patriot (qui reste un film tout à fait recommandable ceci dit et de loin le meilleur film de Emmerich). Ici on assiste donc aux dernières batailles de la guerre d'indépendance entre Anglais et Ricains à travers les yeux d'une famille, au début c'est très gentil, très naïf comme souvent chez Ford avec une galerie de personnages fort en gueule ( la vieille est excellente et le personnage est vraiment attachant ), des touches d'humours qui fonctionnent, ce qui est finalement assez rare chez Ford, car l'humour chez Ford à part dans les 2 cavaliers ça me soule toujours ( bon par contre la scène avec les indiens qui brulent la baraque c'est un poil abusé ) puis j'ai été surpris de la tournure et du destin de certains personnages avec des morts vraiment marquantes ( tin le gars sur le bûcher c'est quand même violent pour l'époque, et la scène est vraiment marquante et réussie ).
Le rythme autant prévenir tout de suite c'est du Ford, alors c'est pas débridé, ça prend son temps ( genre faut bien 40 minutes avant que ça commence véritablement ) mais Ford c'est un gars on sent vraiment qu'il aime les personnages qu'il filme et il nous les rend facilement attachant malgré une très grande naïveté du propos et puis la dernière heure touche à la perfection.
La réal de Ford bein c'est du Ford et pour son premier film en couleur on remarque déjà une grosse recherche plastique et la course poursuite entre Fonda et les 3 indiens préfigure tout les plans cultes à venir des westerns dans Monument Valley et on regrette que le scope n'existait pas encore tant on voit que Ford joue avec la profondeur de champs, cette courte séquence de 2 minutes est une merveille de mise en scène, on en prend plein les yeux ( et les oreilles, le thème musical de ce passage est génial ).
Le film a d'autre scène marquante : la première scène de John Carradine ( malheureusement sous exploité comme c'est pas permis ), les soldats qui rentrent de la bataille ( d'ailleurs la scène est couillu, Zanuck voulait voir la bataille et Ford la traite de la manière très subtile puisqu'on a Fonda en plan séquence via un monologue de 3 minutes qui nous raconte la bataille, scène qui aurait été improvisé tout comme la meilleure scène de 2 Cavaliers d'ailleurs ), et en lieu et place de la bataille d'indépendance on a une ellipse. On ne saura jamais pourquoi Ford n'a jamais tourné la bataille, c'est pas faute de budget car Zanuck aurait lâché la thune quoi qu'il arrive ), le long siège final qui se révèle assez impressionnant et brutal, bon on aimerait que les scènes d'actions durent un peu plus longtemps tant le sens de l'épique de Ford jaillit à chaque plan et même la scène de l'accouchement est sympa et pourtant c'est le genre de séquence qui peut vite souler (c'est pas le film Netflix tout pété avec Shia qui va me contredire).
J'ai été bluffé par le technicolor, pour un film de 1939, je suis surpris de l'aspect du film, ça ne vieillit pas d'un poil, c'est incroyable on pourrait presque croire que le film a été tourné cette année ( j'exagère à peine ), en tout cas c'est plus moderne que tellement de films actuels.
Henri Fonda n'est jamais mauvais, fact, et ici donc il est fait comme d'hab, bon c'est pas la prestation la plus marquante de sa carrière ( ça vient du personnage ) mais il joue avec conviction ce héros complétement positif ( très Fordien donc ) et en retrait tout au long du film ( il ne fait rien d'héroïque avant le climax final, il subit même toujours les évènements ), John Carradine en bad guy mystérieux et élégant c'est ultime malheureusement il est terriblement sous exploité, il a 4 scènes maximum et très peu de lignes de dialogues, c'est vraiment dommage surtout quand on voit les lignes de dialogues excellentes qu'il a ( la séquence où il rappelle les indiens notamment ) et Ford ose même traiter sa mort en hors champs et avec un plan équivoque du bandeau (en tout John Carradine c'était un putain d'acteur et une gueule inoubliable), Claudette Colbert au début elle est un peu soulante puis plus le film avance et plus son personnage s'affirme.
Film dont le seul tort est d'avoir été réalisé entre 2 des Ford les plus réputé : Stagecoach (tuerie évidemment) et Raisins de la Colère (dont je suis pas le plus grand fan), du coup il est considéré comme mineur, bein moi perso je le préfère largement à certains westerns soit disant culte (sa trilogie de la cavalerie), une nouvelle fois Ford dresse un bel hommage à ces personnages qui ont aidé à créé la nation américaine. Ford la source de tout.
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