Re-animator
8.75/10Considéré à juste titre comme l’un des fleurons de l’horreur des années 80, Ré-animator est une réappropriation sauvage du mythe du savant fou à la sauce Stuart Gordon. En effet, l’ensemble mixe à la perfection le gore qui tache, le macabre et un zest de cul déviant (la quintessence de ce cocktail détonant sera atteinte avec le cultissime From Beyond).
D’une facture très simple en apparence et sans double discours pompeux, le film de Gordon est un bon gros délire fabriqué avec savoir faire et sincérité. Il revisite même avec succès le film de zombie dans son final dantesque ou l’on croise des cadavres en morceaux, des intestins affamés, des têtes coupées et des démembrements en tout genre. A ce petit jeu, Stuart Gordon fait preuve d’ingéniosité dans la gestion de ses effets gores. Ainsi malgré le poids des années et la faiblesse du budget, les séquences de tripailles se révèlent tout à fait respectables. La scène de la morgue, la tête du docteur Hill et le final montrent qu’il n’y a pas que Tom Savini dans le milieu du craspec qui tache. Là où le film arrive également à se démarquer du simple effort gore, c’est dans la richesse du docteur West véritable trublion de l’horreur qui porte le film à bout de bras. Complètement survolté et habité par ce rôle, Jeffrey Combs déploie une énergie euphorisante dans chacune de ses scènes participant au bon gros délire ambiant. Sa tronche de déterré joue en sa faveur et sa composition lui vaut de rentrer sans problème au panthéon des frappadingues de l’horreur. Autre point fort peu mis en valeur généralement dans ce genre de production bis, c’est la partition de Richard Band. Son score marque les esprits dès le générique avec cette reprise détournée du classique de Bernard Hermann, Psychose. Pour le reste, l’ensemble se met au diapason de la folie ambiante distillant de vrais bons moments d’angoisses.
Et puis Ré-animator ne serait rien sans cette bonne petite touche de voyeurisme et d’érotisme. Gordon accentuera cette dimension sexuelle dans son From Beyond mais on atteint déjà ici de bons sommets de nawak avec notamment ce gros dégueu de Carl Hill à qui la décapitation n’empêche pas de venir déguster les seins de la sculpturale Barbara Crampton. D’ailleurs faire du docteur Hill la Némésis de West est encore une excellente idée puisque ce vrai méchant de service est tout à fait crédible et barjo comme il faut. On se doute, dès les premières minutes, que le mec sera un vrai enfoiré (très très bon David Gale) et la suite nous donnera raison dans un final lui donnant le beau rôle. Dès cet instant, la furia gore explose à tous les niveaux avec une horreur très graphique et de nombreux effets comico-grotesques (la tête de Hill façon citron pressé en est l’un des meilleurs exemples). Avec un peu de recul et au-delà de la grosse marrante gorasse, il se dégage un je ne sais quoi de Hammerien donnant un vrai cachet. Ce coté savant fou idéalement vendu par Jeffrey Combs permet au film de tutoyer une certaine poésie du macabre que n’aurait pas renié le célèbre studio anglais tout comme le sauvage Lucio Fulci. C’est ce petit quelque chose en plus qui confère au film cet aura si particulière lui permettant de passer les années sans aucun problème et surtout sans sombrer dans le ridicule de nombreuses bisseries. Car même s’il assume son coté clownesque par de nombreux aspects, Ré-animator se veut tout de même comme une œuvre à part entière et bien plus qu’un simple étalage de pièces bouchères.
Ré-animator premier du nom est une vraie réussite qui sera même égalée dans sa séquelle furibarde réalisée par le non moins azimuté Brian Yuzna avec sa relecture de la fiancée de Frankenstein. On peut même déclarer que la trilogie Réanimator est une bien belle réussite car le méconnu Beyond Ré-animator reste une solide suite dinguo dans la droite lignée de ses ainés!