8/10
Appaloosa de Ed Harris - 2007
Toujours aussi agréable ce petit film sans aucune prétention, dans les western 00's (pas une grosse décennie comme celle qui a précédé et celle qui a suivi de toute façon), il se situe derrière
True Grit (quoique avec le temps je crois que je préfère Appaloosa désormais) et
Blackthorn mais devant Yuma. Par contre clairement c'est un film pour les fans du genre et seulement eux, les autres y verront juste un western de plus (le manque de gout quoi). Le rythme est plutôt lent ( mais pas chiant comme un Jesse James, celui là je taperais dessus à vie ). Harris prend le temps de raconter son histoire et s'attarde vraiment sur ses personnages, avec 3 fois rien il nous les rend attachant rapidement, bon je supporte pas Zellweger mais faut avouer que son personnage de femme moderne ( et donc vénale, surement fan de 50 Nuances donc ) est excellent et que la tournure qu'il prend c'est vraiment un truc qu'on a rarement vu dans un western ( et là pour le coup on dirait plus du Peckinpah, dont le leimotiv était "toutes des putes" ). La relation Viggo/Harris fonctionne a merveille ( Viggo est véritablement l'ombre de Harris ici ), on croit à leur solide amitié viril, plus forte que tout, avec des petites joutes verbales toujours plaisantes (bon après si on veut y trouver un sous texte gay why not si on a que ça à foutre). L'humour fait mouche et c'est rare de voir un western aussi bien dialogué et aussi drôle sans que ce soit une parodie, et Viggo bouffe littéralement l'écran a chaque plan ( comme toujours donc ).
On sent vraiment l'amour de Harris pour le genre et notamment Ford ou Mann car ici on est bien devant une approche classique du genre comme chez Costner, pas du crépusculaire comme Clint et pas du sur-western aka branlette comme Jesse James (ou la daube Netflix de Campion), pas une mise en abime du genre ou une dissertation pour savoir qui a la plus grosse, non Harris nous fait un pur western des 50's et putain ça fait plaisir, pour citer des films précis ici on pense un peu à
L'Homme aux Colts d'Or et Rio Bravo, et le seul plan citation du film est Viggo qui se balance sur sa chaise plan tiré bien entendu d'un John Ford et oui pas besoin d'étaler des références pour faire un film rendant hommage à un genre.
Bon l'histoire en elle même est très classique ( et les reproches seront surement sur ce point là ) avec ce riche propriétaire terrien qui se croit tout permis et on a tous les passages obligés qui fonctionnent toujours : le saloon, l'attaque de train ( original pour le coup car totalement statique ), les indiens ( bien sournois ), le duel, la pute mais surtout un refus de céder au tout spectaculaire pour entrer dans la norme et ça fonctionne vraiment ( bon moins que Open Range ceci dit, on y retrouve le même rythme nonchalant, le même type de réal mais y manque le petit truc en plus que je ne saurais expliquer) et puis si y a bien un truc que j'adore dans ce genre de western c'est quand le rythme pépère est cassé par de brusque accès de violence ( ça c'est la touche Mann ) mais là où le film se différencie de la concurrence c'est par l'évolution du trio de personnage et la psychologie des 3 personnages car ici de la même manière qu'un Train sifflera 3 fois on est bien devant un western psychologique qui privilégie les personnages à l'action, franchement le western pour moi ça reste vraiment le genre cinématographique le plus riche, à travers ce genre on peut TOUT traiter.
Avant que le film commence on pourrait penser que Ed Harris allait vraiment être le premier rôle et Viggo allait juste servir de faire valoir et heureusement c'est pas ça du tout, le perso de Viggo prenant de plus en plus d'épaisseur pour finalement devenir le perso principal, le film est raconté de son point de vue.
La réalisation de Harris est vraiment posée et sans esbroufe, il ne se prend pas pour un grand formaliste qu'il n'est surement pas mais il nous prouve un certain sens du cadre en jouant beaucoup avec ses décors ( la scène du train ou les nombreuses scènes où il filme les bâtiments de face avec ces persos qui prennent la pose, alors c'est bien éculé comme plan mais ça fonctionne toujours ), comme dirait ce pauvre tocard de Besson il filme vieux, mais il filme bien.
Les paysages filmés en panoramique sont magnifiques, les gunfight sont ultra sec, déjà qu'on a que 3 scènes d'actions et bein là elle dure chacune 5 secondes ( a peu près, la scène du gros gunfight monte ptet à 10 secondes ) pas de perte de temps a dégainer, nos cow boys ont déjà le flingue en mains donc ça tire ça tue et sans effets de montage qui fait durer la scène, c'est souvent filmé en un plan ( bon pour le 2 VS 4 doit y avoir 6 plans quand même mais c'est du montage rapide mais pas cut ) et c'est vraiment comme ça que j'aime les gunfights dans les westerns et Harris a compris que l'avant gunfight est tout aussi important que le gunfight lui même ( ça aussi c'est héritage Mann ), d'ailleurs j'aime bien la petite réflexion de Viggo lors du climax :
"That was quick"
"Yeah, everybody could shoot."
Les fusillades sont toutes effectuées de près aussi ( c'est bien de voir un western qui respecte la portée réduite des colts ). Et la fin prend a contre pied de ce genre de film avec un duo de perso.
La photo comme dans tout western qui se respect est très agréable pour l'oeil, encore plus quand on a un beau scope flamboyant.
Le gros atout du film est bien entendu ce casting qui en impose où quasiment tout le monde est parfait pour le rôle : Ed Harris campe un shérif peu cultivé que l'on croit badass et qui finalement est un peu fleur bleu ( bon il est quand même badass car quand il tient tête aux hommes de Irons ça le fait carrément ) et il est comme toujours parfait, car Ed Harris c'est un des seuls acteur ricains qui malgré le niveau du film ne sera jamais mauvais, même dans les pires daubes il est bon et il en a fait des daubes. Viggo en cow boy ça coulait de source que ça aurait de la gueule et là il est juste excellent en plus son perso est terrible, il se trimballe toujours avec son gros calibre 8 (ptet un sous texte gay selon les experts), Viggo c'est toujours l'acteur le plus charismatique en activité et parmi la longue liste de rôle charismatique qu'il a eu je crois bien que mon préféré c'est vraiment celui çi ( et oue moi un gars avec un gros canon à la main ça me rend tout chose, là aussi y a ptet un sous texte gay ) et pour ne rien gâcher Harris se plait à l'iconiser à chaque plan.
Irons en bad guy on a l'habitude et il sait bien le faire et pis Irons en bad guy qui en plus ne cabotine pas c'est clairement bon à prendre ( pis ça fait tellement longtemps qu'on l'avait pas vu dans un bon film ) par contre malheureusement son personnage est sous exploité ( enfin on sent que c'est pas ce qui intéresse Harris ). Bon comme j'ai dit Zellweger je l'aime pas, en plus elle ressemble a rien (de base elle est pas très jolie mais dans ce film elle est particulièrement moche), et si ici elle ressemble à un hamster mais bon par je ne sais quel miracle elle joue plutôt bien mais ça empêche pas qu'elle me soule à chaque plan, dans les seconds rôles on retrouve ce bon vieux Lance Herikssen en spécialiste de la gâchette ( d'ailleurs je l'ai pas reconnu tout de suite avec cette coupe de cheveux ridicule ) et aussi Ariadna Gil ( labyrinth de pan ) en prostituée.
La BO un brin jazzy est très agréable.
Un film qui s'adresse vraiment au fan pur et dur du genre, les autres trouveront ça chiant ou mineur, un film beau, modeste et simple, et c'est vraiment ce qui rend ce film si attachant.