par Scalp » Dim 04 Mar 2012, 21:40
9/10
The Grey de Joe Carnahan - 2011
"Once more into the fray. Into the last good fight I'll ever know. Live and die on this day. Live and die on this day."
Ca se revoit vraiment avec un immense plaisir, je l'avais pas revu depuis près de 10 ans et ça fonctionne toujours autant. The Grey est un film linéaire et finalement sans surprise mais qui respecte le genre auquel il appartient et qui était amené tout simplement à devenir un des classiques du genre et je pense qu'il l'est devenu près de 15 ans après sa sortie ( car y a quoi de meilleur que The Grey en survival ? à part Predator je vois pas grand chose, c'est surement pas le surcoté Delivrance qui va lui faire de l'ombre, ou ptet Gravity, le film soi-disant révolutionnaire que tout le monde a oublié ).
Bon commençons par les 2 petits points négatif du film : les attaques shaky cam, c'était ma crainte et Carnahan y a cédé, alors c'est bien viscéral comme attaque mais le souci c'est qu'on comprend rien (ou pas grand chose), et les CGI des loups car malgré que l'on trouve Gregory Nicotero derrière j'ai pas trouvé les loups spécialement réussis, heureusement on a les voit finalement pas trop et c'est mieux ainsi, pour le reste on retrouve le Carnahan de Narc, et c'est triste de voir la gueule de sa carrière depuis.
Carnahan fait donc un pur survival, il sait que le genre est codifié et il ne jouera pas avec et ne fera pas le plus malin, on a donc tout ce qu'il faut pour faire un bon survival : une menace réelle, une nature sauvage et sans pitié, pas de présence féminine ( élément qui ne sert souvent à rien dans ce genre de film ) mais surtout et c'est ça là que le film est très bon : des personnages dont on a envie de connaitre le sort, des personnages auquel on s'attache ( il réussit à personnifier chaque personnage avec trois fois rien ), des personnages avec qui on a vraiment l'impression de vivre l'aventure ce qui rend les scènes de mort encore plus touchantes ( à chaque perte on ressent une réelle tristesse sans sombrer dans le pathos débile), la plus belle a mes yeux étant celle de Frank Grillo qui par la simplicité de sa mise en scène m'a rappelé la meilleure scène du chef d'oeuvre de Peckinpah : Pat Garrett, c'est dire le niveau, parce des scènes comme ça j'en vois pas une par an.
A l'époque de sa sortie je disais que la fin était d'or et déjà la fin la plus couillu de l'année, on aura pas mieux ( en plus il évite la fin qui me soule typiquement dans ce genre de film ) et clairement on a pas eu mieux cette année là (2012).
Le film m'a pris dès la première minute et dès le plan séquence qui introduit le personnage j'ai su que j'allais adorer ce film à la thématique très simple : vivre ou mourir il faut choisir et tous les personnages dans le film devront faire ce choix à un moment ou à un autre et ils ne prendront pas tous la même décision, chaque personnage se demande pourquoi il doit survivre, pourquoi il veut survivre, il se demande ce qui pourrait les aider, et Dieu n'est certainement pas la solution, et du coup la grosse question c'est comment chacun accepte sa mort car ici on est bien devant un film profondément nihiliste, dès le début du film la mort rôde et elle se promène avec les personnages tout au long du film ( et Neeson est son passeur, c'est lui guide chaque personnage vers sa mort, ça peut même donner une dimension fantastique au film ), l'issue est inéluctable, il y a pas d'échappatoire possible, pas de retournement de situation magique (comme on peut trop souvent en avoir), non ici dès le crash de l'avion tout le monde est un mort en sursis.
Carnahan on le sait est un bon réalisateur, avec ce film il devient un grand réalisateur, il apporte une dimension poétique au survival et pourtant moi cet élément c'est toujours un truc qui peut vite me gonfler (j'ai pensé à Malick ici par moment ) ici ça fonctionne, ptet parce que Carnahan c'est avant tout un bonhomme qui sait que la poésie ça s'utilise avec parcimonie si on veut pas souler ses spectateurs et là il réussit ce savant mélange de violence et de poésie, car violent le film l'est sans aucun doute, Carnahan ne s'attarde pas dessus mais quand un gars se fait bouffer c'est pas fun, ça fait mal et le résultat est pas beau à voir.
Les loups sont efficacement montrés, Carnahan sait que depuis la jurisprudence Jaws, la suggestion est l'arme la plus efficace et rien que voir leur yeux brillant dans la nuit suffit à rendre la scène efficace, de plus que l'ambiance sonore est une énorme réussite et la menace en devient encore plus terrifiante et vraiment présente ( il y a pas un moment où on oublie ces putains de loups ), et on est presque dans le fantastique (encore) avec ces créatures qui ne lâcheront jamais leur proies.
Et puis on a le crash de l'avion, gros morceaux ça, rarement un crash n'aura été aussi immersif (bien plus prenant que celui du Bayona tout surcoté sorti cette année).
C'est simple la réal à part la shaky ( dont l'utilisation se comprend ) bein c'est parfait y a rien à redire, tant le choix des cadres est toujours parfait et le montage magistral ( j'adore le gimmick avec la femme de Neeson ).
La photo de Masanobu Takayanagi est vraiment belle, en fait j'ai l'impression que la consigne de Carnahan a été tu me fais Narc à la neige.
Liam Neeson est un acteur qui a eu plusieurs très beau rôle dans sa longue carrière, il a rarement été mauvais (je compte pas ses films alimentaires qu'il fait depuis 10 ans) et il apporte toujours un plus à ses personnages, ici c'est simple je trouve que c'est juste son meilleur rôle, alors forcément le personnage fait échos à sa vie personnel et de ce fait l'interprétation n'en est vraiment que plus touchante, Neeson a jamais été aussi bon, jamais aussi juste, chaque geste, chaque parole sonne tellement vrai et puis son trauma est vraiment efficace ( même si Carnahan nous montre à la fin du film quelque chose qu'on savait déjà : que sa femme est morte, on peut se questionner sur l'utilité de ce plan d'ailleurs) et la fin où il accepte son sort est tellement magique, Frank Grillo on était ici au début de ses apparitions récurrentes au cinéma, alors il a pas eu la carrière que j'espérais mais ça reste un putain d'acteur et là il hérite du rôle le plus cliché et le moins facile ( la grande gueule badass qui fait chier son monde ) et il s'en sort vraiment à merveille ( et il a la meilleure scène du film comme je l'ai déjà dis ), le reste du cast c'est des tronches pas connu à part l'habituellement mauvais Dermot Mulroney qui est ici bon donc, et les gars pas connu s'en sortent eux aussi tous très bien.
La BO de Marc Streitenfeld est d'une beauté absolue, le petit thème tout calme qui revient tout au long du film est un délice.
The Grey c'est un putain de grand film !! et c'est dans le top 3 des meilleurs survival.
"Fuck it, I'll do it myself"
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