Ghost Rider, Spirit of vengeance
7/10Le binôme Neveldine/Taylor est un tandem de réalisateurs azimutés que j’adore. Déjà auteur du dyptique comico-jouissif Hyper tension et du burné Ultimate Game, les gars se foutent encore plus des conventions hollywoodiennes shootant leur quatrième film comme bon leur semble dans un chaos artistique et visuel assumé. Leur filmographie est symptomatique proposant une photo hideuse mais compensée par une énergie vivifiante et un mauvais gout du plus bel effet. Leur cocktail cul, baston, testostérone et humeur noir fait souffler un vent irrévérencieux et nouveau des plus salvateur.
Il était donc légitime d’attendre de pied ferme leur premier vrai blockbuster, surtout dans le giron de l’ultra policé Marvel. Quoi de mieux que l’iconique Ghost rider campé par le taré de service d’Hollywood pour réinventer le film de super héros ? Alors on oublie totalement le massacre perpétré par le mauvais Mark Steven Johnson pour se focaliser sur la version très personnelle de Neveldine et Taylor. Et là on peut dire que l’on tranche volontiers avec les conventions du genre. Fuck Iron Man, aux chiottes Thor et Captain America, les vilains trublions décident de tourner façon DTV bulgare avec un Nic Cage en totale roue libre et un budget ultra serré. Pas de problème, les gus laissent libre court à leur imagination et transcende la faiblesse de l’enveloppe allouée par un enchainement furibard d’idées donnant le tournis et pouvant décontenancer fortement le gentil spectateur venu voir une bluette façon Spiderman. Ce dernier va vite ronger son frein devant cette adaptation foutraque et nawak d’un Ghost Rider ressuscité à fortes doses nanardesques. Le mauvais gout suinte à chaque plan et le coté cheap du bordel est encore une fois pleinement assumé, se voulant plus comme un doigt d’honneur à ceux qui aiment la propreté et le manque d’insolence des productions Marvel. La photo cradingue, le tournage en Europe de l’est font passer l’entreprise pour un truc au rabais, il est vrai, mais il est impossible de ne pas apprécier la sincérité de l’ensemble, les réalisateurs ayant tenté de coller le plus possible aux codes de la bande dessinée. Du coup, ce film de super héros ne ressemblent à aucun autre. Il faut quand même voir la scène de transformation de Nic Cage en Ghost Rider. Les réalisateurs se foutent littéralement de la crédibilité du truc ! Faut voir Cage hurler, à toute berzingue, dans un tourbillon de SFX foirés, assurément LE vrai plaisir d’afficionados du nanar. Le quidam arguera, également que l’esthétique est bâclée et qu’il s’agit plus d’un manque de talent. Foutaises, les deux gus ont fait avec les moyens du bord pour torcher un actionner très correct et il est également impossible de ne pas louer leur propension à sortir des sentiers battus avec trois franc six sous.
D’une durée très courte (excellent générique pour resituer le contexte), le film ne tarde pas en chemin avec cette histoire de fils du diable babysitté par l’azimuté Nicolas Cage. D’ailleurs j’aime beaucoup l’approche voulu d’un Johnny Blaze conscient qu’il est maudit et tentant de réfréner les venues du Ghost. Il en fait d’ailleurs des tonnes comme ce moment venu d’ailleurs ou il explique à un mec qu’il tente de bloquer l’arrivée du Rider. Du Cage pur jus post 2000 aux mimiques surjouées et au jeu exagérément énorme. Tous les acteurs sont dans le même ton mais aucun ne s’élève au niveau d’un Nicolas Cage en roue libre et à l’aise dans un nawak survitaminée. Ciaran Hinds tente bien la même chose mais c’est peine perdue, à croire qu’il faut avoir du talent pour faire du Cage. Je passerais sur le caméo de Christophe Lambert qui se prend plutôt au sérieux se contentant de jouer le bad guy supplémentaire de service. J’aime bien son look par contre. Après les grosses scènes d’action sont au nombre de trois mais sont suffisamment chaotiques et pétaradantes pour apprécier le spectacle. La poursuite de caisse finale part dans tous les sens, la scène du chantier est relativement dantesque et la première apparition du Ghost iconise à mort le personnage. Ce dernier est d’ailleurs relégué plus à un animal à l’état primaire (son kiff, c’est aspirer l’âme des badguys) proposant ainsi une image bien loin du super héros lambda. Il y a en tout cas une vraie envie de proposer une approche différente tout en s’amusant à écorner les codes. Ni bon ni mauvais il est juste l’extension d’un mec qui est plus victime que justicier assumé. Alors, c’est sur que l’on n’atteint pas les cimes d’un Dark Knight mais on se rapproche plus du fun décalé et violent d’un Punisher War zone. A ce titre, je vais commencer à devenir fan du label Marvel Knight si toutes les productions sont aussi décérébrées et sincères.
Raillé par pas mal de critiques pour son coté cheap et con, ce blockbuster aux allures de DTV est suffisamment atypique pour que l’on s’y arrête. Les réalisateurs ont en tout cas réussi leur pari en réhabilitant un personnage haut en couleur réduit à néant par un premier opus exécrable. Ici, tout suinte la folie (cadrage, acting, action, personnage) quitte à faire des fautes de gouts énorme et à sacrifier une histoire étonnement basique et conne. Mais l’envie d’innover emporte le morceau avec ce qui est, à mon sens, l’une des adaptations les plus bordéliques qui soit. Marvel Knight, en voilà un label qu’il est bon !