Two Lovers |
Réalisé par James Gray
Avec Joaquin Phoenix, Gwyneth Paltrow, Vinessa Shaw Drame - 1h50 - 2008 |
7/10 |
SynopsisNew York. Leonard hésite entre suivre son destin et épouser Sandra,la femme que ses parents lui ont choisi ou se rebeller et écouter ses sentiments pour sa nouvelle voisine, Michelle, belle et volage, dont il est tombé éperdument amoureux. Entre la raison et l'instinct, il va devoir faire le plus difficile des choix...
CritiqueAprès une série de polars, James Grey nous offre une histoire d'amour avec un Joaquin Phoenix tiraillé entre deux amours qui pourtant sont bien différents.
Je me souviens avoir beaucoup aimé ce film lors de sa sortie, mais une seconde vision permet un certain recul et le chef d'oeuvre de la première vision est remplacé par un film très beau esthétiquement parlant mais banal du point de vue scénaristique.
Gray apporte toujours une grande importance à son travail de l'image, des cadre ou de la composition. Un contraste saisissant entre la grandeur de l'image et la petitesse de l'intrigue.
L'ambiance est très sombre mettant en scène des personnages mélancoliques de cette romance dépressive qui n'a rien d'une histoire à l'eau de rose.
Joaquin Phoenix, un des acteurs chouchou du réalisateur incarne son héros mélancolique tourmenté par excellence, qui est un peu paumé, ne sait pas trop où va professionnellement parlant et aussi enchaine les déceptions amoureuses. Toujours chez ses parents et otage de leur bienveillance et de leur emprise, surtout avec la figure de la mère Juive oppressante- Isabella Rossellini, qui entretien des relations compliquées avec son fils mais qui le comprend sans lui parler.
Leonard est bipolaire, et ne sait pas trop où il va, pas sur de lui, mal dans sa peau, maladroit et regard perdu. Encore une interprétation exceptionnelle de Phoenix en totale osmose avec le cinéaste, qui offre des scènes fortes en émotions. Pheenix est très juste et sincère dans son interprétation, "as usual" attachant et vulnérable.
Leonard est face à un cruel dilemme entre deux femmes, et c'est loin d’être facile.
Sandra (Vinessa Shaw) qui est un peu la fiancée que la famille a choisi pour lui, qui lui garantie une vie stable et posée, un avenir tout tracé.
Michelle (Gwyneth Paltrow) , tout simplement "the girl next door", jolie blonde plutôt spontanée éblouissante,mais qui change d'avis comme de chemise, et qui est surtout en couple avec un autre homme (marié).
La première symbolise la compagne designée l'équilibre, la sagesse, la seconde c'est plutôt l'inverse : la passion, l'inconnu, l'évasion, l'ivresse. Et leonard est tiraillé entre ces deux choix de la raison (et le choix de la famille) ou le désir d'indépendance, la liberté mais l'insécurité aussi. Deux options : s'échapper avec l'Amour de sa vie ou mourir à petit feu dans une vie rangée.
Gray nous présente des personnages qui sont mal dans leur peau, et désire quelqu'un qui ne l'aime pas en retour et repose sur l’illusion d’être aimer et se projeter dans une vie meilleure.
La blonde G. Paltrow incarne une voie de sortie vers le bonheur, associée au grand espace, l'altitude, le vertige, alors que la brune est la protectrice stable.
Phoenix doit sortir du carcan familial et sortir de son avenir tracé pour s'enfuir avec la femme vertigineuse qu'il aime. Gray instaure un univers naphtaliné, claustrophobe de l'appartement familial et on a du mal à situer l'époque à laquelle se situe l'action, au vue des décors on se croirait dans les années 80.
Au contact de Michelle, le complexé Leonard se transforme et devient irrationnel, montant des projets fous, frénétique sur la piste de danse et s'échappe temporairement à sa vie au sein du cocon familial. Hélas, le héros est toujours victime de la gravitation familiale et revient constamment chez ses parents...
Gray propose des plans majestueux avec une tristesse permanente et une émotion brute dans un cadre New Yorkais mis en valeur comme une ville crépusculaire grouillante et étouffante.
Il en tire un grand film somptueux, si discret, si intime, si juste, qui éveille en nous des sentiments intimes ou endormis qui n’attendaient que ça. Le ton est juste, l'image travaillée, le soin apporté aux détails il arrive à capter la beauté dans des choses insignifiantes, les émotions furtives, les regards profonds.
Le thème de l'emprise familiale, des doutes, du choix crucial sur son destin, de l'envie de l'insaisissable.
Le choix cornélien entre l'ordre ou les pulsions et du chemin tortueux de la vie.
Malgré sa réalisation excellente, et quelques séquences d'amour poétiques bouleversantes et poignante, le film est définitivement noir et lent mais manque d'intensité dans son rythme et de scènes qui se démarquent de l'ensemble du long métrage qui reste assez pesant, mais la fin est éblouissante.