RENCONTRE AVEC JOE BLACK-------------------------------------------
Martin Brest (1998) |
8/10 Le genre de la comédie romantique n'est pas franchement ma tasse de thé. Quelques exceptions heureusement arrivent à s'extraire des sentiers battus en proposant une réelle valeur ajoutée. Rencontre avec Joe Black en fait partie. Car ce film nous emmène là où l'on ne va que rarement, c'est à dire aux côtés d'un homme, personnage interprété par Anthony Hopkins, qui apprend qu'il ne lui reste que quelques jours à vivre. Il le sait car la Mort a décidé de lui rendre visite, en personne, sous le nom d'un certain Joe Black et les traits de Brad Pitt, pour lui octroyer un répit en échange d'une place confortable de spectatrice de la vie. Le contrat est imposé par la force et Joe Black peut tel un enfant, tout apprendre, tout découvrir en observant le monde avec des yeux nouveaux et curieux. Le temps qu'il jugera nécessaire.
C'est donc tout le charme particulier de cette histoire, certes tirée par les cheveux, mais qui en introduisant cette part de fantastique, réussit à retranscrire une certaine émotion. Et ce malgré un décorum un poil sirupeux et une histoire qui peut parfois sentir la guimauve. Car ce Joe Black, pas con, n'a pas choisi n'importe qui pour lui faire passer du bon temps. Il a choisi un bon gros milliardaire new yorkais dont l'une des filles a le joli minois de Claire Forlani. Vraiment pas con, j'aurai tout fait pareil à sa place. Et le sel assez piquant finalement de l'histoire va donc être cette relation naissante, qui sous des faux airs de conte de fées sexy, sera, de par l'ultimatum mis en place, forcément vouée à l'échec. La fin annoncée sera donc à l'image du film. Du charme et des effets de style, mais baignée d'une tristesse certaine, en tout cas d'une gracieuse mélancolie. (Si on excepte la toute toute fin, too much..) Et c'est ce qui marche dans ce film en plus d'une très belle interprétation. L'échange Pitt/Hopkins a vraiment de la gueule, c'est lui le couple central de la romance finalement, entre complicité et affrontement. Hopkins livrait ici l'une de ses dernières belles prestations, en incarnant de façon sobre et touchante ce vieil homme pressé par un devoir d'acceptation. Et pourtant les états d'âme des riches qui pètent dans la soie et qui se prennent la tête c'est pas trop ma tasse de thé d'habitude, mais ici la dimension universelle du sujet, la vie, la mort et l'amour (sous les traits de Claire Forlani je le rappelle) fait que ça passe plutôt bien. Quant à Brad Pitt, il a une classe folle, il rayonne totalement, et donne à son personnage un caractère malicieux, et paradoxalement plein d'humanité, à la fois mystérieux et adolescent.
Le petit jeu ambigu mis en place se laisse donc suivre avec un réel plaisir (3h pourtant), car tout passe plutôt très bien, sans trop de pathos, souligné par des très beaux dialogues et une belle musique. Le déroulement n'est certes pas très original, mais l'interprétation, des jolies saillies d'humour et un classicisme bienvenu en font néanmoins un film esthétique et pas mal touchant sur le fond. (Et puis y a Claire Forlani quoi...)
Petit plaisir coupable donc.