[Dunandan] Mes critiques en 2012

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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar comICS-soon » Lun 27 Fév 2012, 03:22

Il est remonté de 0.5 du coup :mrgreen:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Lun 27 Fév 2012, 03:23

Je viens de monter de 0.5 pts (je ne t'avais pas lu avant, juré :mrgreen:), car j'ai fait une petite comparaison dans ma tête. Ah oui je suis exigeant pour ce genre de film. Sérieux, LA chose qui m'a un peu dégoûté c'est le côté facile de l'amorce de l'intrigue : "tiens une belle voiture, si on allait la piquer ?" ...
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Alegas » Lun 27 Fév 2012, 04:06

Ouais mais là pareil on s'en fout un peu de la façon dont s'est amené, le plus important dans ce genre de films c'est plutôt les péripéties qui suivent et qui, pour le coup, sont loin d'être ratés. Un excellent film cet Otage, dommage qu'il souffre d'une réputation indigne de ses qualités.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Lun 27 Fév 2012, 04:15

C'est bien enrobé tout ça, mais on ne peut nier les faiblesses et les raccourcis du script. Je m'en fiche que ce soit classique ou sur-cité, mais que ce soit au moins bien mené, ce qui n'est pas le cas ici. J'ai bien noté certains films avec des scripts pauvres, mais où tout s'enchaîne bien (Blade 2 par exemple), mais là non j'ai accroché seulement à moitié. En gros j'ai beaucoup aimé le début et la fin, mais le milieu, moyen. Il faut bien qu'un processus se mette en place entre les deux, alors qu'ici finalement seul le passé et l'ambiance (soutenue par une assez belle réalisation) ont un rôle à jouer. Le déroulement est en mode automatique (on peut quasiment prévoir, si on connaît les règles du genre, le développement de chaque personnage).
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Zatoïchi : sur la route - 6,5/10

Messagepar Dunandan » Lun 27 Fév 2012, 23:54

Rétrospective Chambaras/films historiques japonais :




Lien avec les autres films

Zatoïchi : sur la route

Réalisé par Kimiyoshi Yasuda

Avec Shintarô Katsu, Shiho Fujimura, Ryuzo Shimada, Reiko Fujiwara, Matasaburo Niwa

Chambara, Japon, 1h28 - 1963

6.5/10

Résumé :
Zatoichi se retrouve pris entre deux clans qui veulent se détruire. L’un des clans fait appel au masseur en espérant qu’il puisse venir en aide. Mais sur son chemin, Ichi va rencontrer des hommes de main du clan ennemi, faire d’une veuve une de ses ennemis mais surtout accomplir la requête d’un mourant. Il doit en effet amener une fille d’une riche famille de marchands à Edo, tâche qu’il prend très au sérieux.

Ce cinquième Zatoïchi ne brille pas par son originalité. C'est bien simple, il reprend tous les aspects de la personnalité du masseur aveugle sans en développer de nouveaux, comme en témoigne la première scène iconique, présentant un Zatoïchi en train de jouer, manipulé par ses adversaires, coupant ensuite une bougie pour montrer qui il est vraiment sous son apparence débonnaire. Par contre, l'histoire n'est pas inintéressante et cela permet de faire le point sur le personnage. D'autre part, la réalisation reprend tous les tics des anciens épisodes, sans transcender la forme, mais c'est agréable, et le rythme est convenable. Bref, c'est classique, mais on ne s'ennuie jamais.

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Zatoïchi est de nouveau entraîné dans une aventure à son insu : un membre d'un clan de yakuzas le guide et le nourrit pendant son voyage. Mais ce qu'il ne sait pas, c'est que le Parrain veut l'employer contre un autre clan. Sur la route, il croise une jeune fille qui est poursuivie par plusieurs groupes d'hommes à cause de la valeur d'échange qu'elle représente, qu'il devra protéger après avoir donner sa parole aux derniers voeux de son vieil protecteur assassiné par ces hommes cupides. Ces deux histoires, l'instrumentalisation de Zatoïchi dans un conflit de clans, et la protection de la jeune fille, s'entrecroisent de manière assez fluide. Cette dernière changera fréquemment de mains, jusqu'à servir de chantage lors du combat final.

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Beaucoup de traits du personnage développés dans les épisodes précédents se retrouvent ici de manière cohérente : la passion du jeu, le principe de ne s'engager dans aucun combat pour valoriser un clan par rapport à un autre, sa haine du code d'honneur qui pousse à faire des choses inhumaines, sa répulsion de la manipulation des voyants à son encontre (dans le cadre du jeu ou dans des histoires plus sérieuses) et son aspect rusé prenant à contre-pied les voyants (superbe la scène où il arrive à reprendre la jeune fille à ses ravisseurs). Il y a même une hiérarchisation de ses principes qui est proposée, et que je trouve tout à fait cohérente, dans le cadre d'un combat engagé (celui entre les deux clans) : non-violence (combat inutile et absurde, en vue du seul pouvoir du groupe et de sa tête au détriment des individus) < argent (montrant ainsi son pragmatisme, et par extension, son amour du jeu) < défense de la veuve et de l'orphelin (valeurs humanistes, supérieures au code d'honneur qui le rattache soit-disant à un engagement préliminaire). Ce dernier combat, dans sa forme et dans l'implication de Zatoïchi qui apporte le déséquilibre d'un groupe par rapport à l'autre, ressemble beaucoup au Garde du corps.

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Au niveau des personnages, j'ai tout de suite apprécié la relation entre Zatoïchi et la jeune fille, rappelant les meilleurs épisodes précédents. Elle est vraiment touchante, et représente la meilleure partie du masseur aveugle, qui est le seul à percevoir chez elle la beauté, même pas cachée d'ailleurs : les autres hommes sont tellement aveuglés par leur convoitise qu'ils ne s'en aperçoivent même pas. Puis nous avons droit à quelques scènes bucoliques, alternant avec des scènes plus violentes, à l'image du combat près d'une petite mare où une libellule se pose, s'envole le temps de quelques coups de sabre, puis revient se poser quand c'est terminé. Rarement la perception des femmes chez Zatoïchi n'a été aussi claire que dans cet épisode : à la fois objet de confiance et de trahison, manipulatrices (de la part d'une autre femme, à la poursuite de celle-ci) et d'objet d'échange (servant ainsi le but des hommes), désir sexuel et potentielle femme libérée.

Un Zatoïchi peu original par rapport aux épisodes précédents, mais qui a le mérite de proposer une lecture cohérente des traits de la personnalité du masseur aveugle acquis jusqu'ici. De plus, le récit est très agréable à suivre, sans perdre le spectateur dans une infinité de personnages ou de sous-intrigues, avec seulement deux fils directeurs.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Mar 28 Fév 2012, 00:11

Une petite note sur mon système de notations des Zatoichi.

4/+ peu d'intérêt

5/+ pour les chevronnés

6/+ passables, voire assez bons mais pas originaux

7/+ figurent dans les très bons et assez originaux

Si je mets 8 :
- Première raison : ils sont non seulement bons, mais peuvent se voir avec grand plaisir indépendamment de sa place dans la série qui le précède ou qui le succède, car beaucoup s'apprécient davantage lorsqu'on connaît un peu la série, dans les ajouts/modifications. En effet, la réalisation et la mise en scène, c'est presque du pareil au même d'un épisode à l'autre (à part les deux premiers N & B), hormis quelques petites idées visuelles (exemple : 7).
- Deuxième raison : Il y a aussi les coups de coeur spontanés qui apportent un petit plus, malgré le peu de nouveautés (exemple : 8 ).
- Troisième raison : les épisodes ayant une résonance particulière dans la saga à travers les thématiques qu'ils traitent (exemples : 12-13).

8.5+ le haut du pavé, quintessence du personnage et/ou de la réalisation
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Mar 28 Fév 2012, 18:12

MAJ sur Mort ou vif.

Je ne l'ai pas revu, mais rétrospectivement, après avoir vu les 4 autres, j'ai lu d'autres commentaires, et pensé à des éléments, qui font que pour moi, il s'agit d'un épisode charnière assez important dans la série. Ma note n'a pas beaucoup augmenté car mon ressenti n'a pas beaucoup bougé, mais j'ai apporté des changements au fond de ma critique substantiellement importants.
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Zatoïchi : La lame - 8/10

Messagepar Dunandan » Mar 28 Fév 2012, 22:10

Rétrospective Chambaras/films historiques japonais :




Lien avec les autres films


Zatoïchi : flashing sword

Réalisé par Kazuo Ikehiro

Avec Shintarô Katsu, Tatsuo Endô, Takashi Etajima, Ryûtarô Gomi, Bokuzen Hidari, Jun Katsumura, Yasugoro yakuza, Naoko Kubo

Chambara, Japon, 1h22 - 1964

8/10


Résumé :
Zatoichi se fait blesser dans le dos par une balle tirée par un lâche yakuza. Il est secouru par des gens de passage qui vont payer les soins et les frais de son recouvrement. Il décide une fois rétabli, d’aller remercier lui-même ces personnes généreuses. Cette recherche l’amène dans un coin tranquille, où il s’avère que ses bienfaiteurs étaient un préparateur de feux d’artifice et la jeune fille d’un chef de clan. Il se retrouve au milieu d’une lutte entre deux clans l’un souhaitant s’approprier un point central appartenant à l’autre.

Deuxième participation successive de Kazuo Ikehiro à la série des Zatoïchi après Mort ou vif, je la trouve bien plus convaincante que dans ce dernier. Ce film paraît raconter une histoire classique à travers ses histoires de clans, mais en fait recycle de manière innovante les codes de la série, contrairement à Sur la route, qui se contentait de reprendre les thèmes et la réalisation des opus précédents, sans rien proposer de nouveau.

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Une introduction humoristique

Dès le début le ton est lancé : Zatoïchi est embêté par des mouches se posant sur lui, et utilise donc son sabre à la manière d'un tape-mouches. Derrière l'apparence humoristique du masseur aveugle, le terrible sabreur est là, efficace comme jamais. On ne peut s'empêcher de penser à ses futures victimes qui tomberont comme telles. L'action est donc en semence, et explosera dans un climax inattendu de violence baroque.


Un désir de reconnaissance

Comme à son habitude, Zatoïchi est poursuivi, cette fois-ci par un seul homme, possédant non pas un sabre mais un fusil. Première rupture avec la série : il fait mouche du premier coup, mettant fin à son invincibilité légendaire. On découvrira peu après qu'il s'agit d'un yakuza en quête de gloire. Le masseur aveugle est alors secouru par plusieurs personnes. Son unique motivation sera de retrouver ses bienfaiteurs pour les remercier de l'avoir sauvé, mettant fin à la satisfaction d'un besoin de reconnaissance personnelle ou d'une série maudite dans laquelle il était entraîné contre son gré, se retrouvant toujours au milieu d'une histoire malhonnête à l'issue de laquelle il devait survivre par le sabre et en découvrir les tenants et aboutissants à l'aveuglette. Autrement dit, il est à présent uniquement mû par un désir de reconnaissance envers ses sauveurs. Ainsi, il reprend sa route, guilleret, rempli de gratitude envers la vie, offrant même des friandises à des enfants qui d'habitude l'insultent et cherchent ainsi à l'aider, mais le masseur ne les croit pas et tombe maladroitement dans un trou : malgré son sursaut de joie, il ne sait pas encore à qui faire confiance, et il demeure aussi le masseur aveugle, l'individu vulnérable aux événements extérieurs.


Des personnages secondaires importants

Il retrouve ensuite ses deux bienfaiteurs, successivement un fabriquant de feux d'artifices et l'une des filles du clan local de yakuzas. Il s'agit de deux personnages très importants pour la narration.

L'artificier est intéressant d'abord parce qu'il est sourd, produisant un contraste avec le propre handicap de Zatoïchi. Leurs discussions sont ainsi assez drôles et décalées. Mais aussi parce qu'en faisant sa rencontre, outre le besoin de reconnaissance, le masseur aveugle souhaite assister aux feux d'artifices. Cet élément anodin crée l'unité de temps du film.

La femme est importante pour trois raisons. Ironiquement, elle est la soeur du yakuza qui a pris en chasse Zatoïchi : ses qualités altruistes contrastent avec la quête égoïste de son frère en quête d'honneurs. Ensuite, son clan est au milieu d'un conflit d'intérêts avec un autre clan, ce qui deviendra l'histoire principale. Enfin, elle est de nouveau l'objet d'une relation affective avec Zatoïchi, sauf que cette fois-ci, elle est désamorcée de façon comique à chaque fois : dans une discussion qui s'annonçait bien, il termine ses mots dans le vide, puis au lieu de demander poliment qu'on le serve, il mange comme un porc, mettant un gros coup à son pouvoir de séduction.


Une classique histoire de clans, mais dont les clichés habituels sont étirés à l'extrême

Pour revenir à cette histoire de clans, elle est très classique dans la série des Zatoïchi et dans le film de samouraïs en général. Mais pour une fois, chacun de ces groupes est admirablement décrit, bien que peut-être un peu trop opposés l'un à l'autre dans le principe. On dirait que le réalisateur veut pousser les clichés jusqu'au bout. Par contre, ce qui change, c'est que Zatoïchi se retrouve dans le "bon" clan, et donc il n'est pas utilisé comme instrument de pouvoir. Il est simplement l'hôte de la maison. Autrement dit, il est à l'écart de l'action (sauf ceux qui le cherchent délibérément, à chaque fois le clan adverse, dans une scène de kendo puis une autre dans l'eau, comme s'il ne voulait pas que les effets de la violence rejaillissent à la surface), cherchant seulement à remercier cette femme qui l'a sauvé en entretenant la maison ou bien en récupérant son frère qui se retrouve bêtement entre les mains de l'autre clan.

Quelques mots sur ces deux clans et ce fils aîné. Le clan ennemi respire la tromperie et le calcul. Cette propension au crime est parfaitement exprimée par leur chef, ayant une passion pour le jeu d'échecs. Paradoxalement il aime les jeux de calcul mais pas les jeux plus ludiques : il déteste les jeux gratuits (dans les deux sens, à savoir au niveau de l'argent et celui du "temps perdu"), mais n'aime que ceux qui lui donnent du pouvoir ou une récompense. Son bégaiement est un caractère physique exprimant son dégoût des négociations et son double-jeu ignoble. A l'issu de ce jeu, Zatoïchi ne sera pas un atout, mais au contraire un handicap, car il représente la faille à l'intérieur de la perfection du respect des règles. A l'inverse, l'adversaire du "mauvais" clan, qui est le maître de la maison dans laquelle réside Zatoïchi, est respectueux des règles des Yakuza (et il ne connaissait pas l'identité du masseur aveugle, sinon je pense qu'il l'aurait fichu dehors) : respectueux des lois, et serviable à l'égard de son peuple sans le prendre de haut ou lui soutirer des choses plus que de raison. Il est tellement bon, qu'il ne soupçonne même pas le jeu de son adversaire, qui le manipule comme l'une de ses pièces d'échec. Son fils a malheureusement pris le pli du chef du clan adverse en recherche de fausses valeurs (gloire, pouvoir, reconnaissance), paradoxalement à l'origine du déclin de son clan dans son désir de redorer le blason de son clan : s'il n'était pas présent, Zatoïchi ne serait pas venu, et il ne se serait pas jeté entre les mailles du filet de l'adversaire, donnant ainsi à chaque fois l'avantage à ce dernier.


Un climax de folie

J'arrive enfin au climax, qui est l'un des plus beaux que j'ai pu voir dans un Zatoïchi, à la fois originalement posé et superbement filmé. Une fois que les dés ont été faits, il a été mis à l'écart par le clan qui l'a hébergé, car sa présence pouvait le plonger dans le déshonneur. L'histoire aurait pu se terminer là, à l'image d'un plan présentant Zatoïchi, marchant en direction du soleil couchant, comme dans certains des épisodes précédents. Mais la soudaine interruption du bruit des feux d'artifices lui fait prendre conscience qu'un drame est arrivé. Se déclenche alors en lui une violence qu'on ne connaissait pas chez lui, et qui jaillit pour la toute première fois de l'histoire à l'écran. Les plans s'enchaînent dans une beauté bestiale, massacrant ses adversaires à tout va, tuant à contre-champ, soufflant les bougies à l'aide de son sabre (cette scène sera reprise dans Les tambours de la colère), en en gardant seulement une sur le sabre pour éclairer sa future victime, donnant un aspect absolument lugubre à la chose. Enfin, le toit ouvert permet aux feux d'artifices qui ont repris depuis le retour de Zatoïchi, d'éclairer le visage de ce dernier de rouge à la manière d'un véritable démon assoiffé de vengeance. Le spectacle de joie qui était prévu à la base contraste avec ce combat qui est tout sauf amusant. Pour une fois, pas de départ en fanfare ou en berne, mais un plan fixe sur ce visage regagné par la folie meurtrière.


Un très bon Zatoïchi, qui recycle de façon talentueuse les codes de la série en les tournant en dérision. On y découvre un masseur aveugle reconnaissant, qui sera d'autant plus impitoyable pour les ennemis de ses amis.
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Batman : The Dark Knight, Le Chevalier Noir - 9/10

Messagepar Dunandan » Mer 29 Fév 2012, 06:37

Batman : The Dark Knight

Réalisé par Christopher Nolan

Avec Christian Bale, Heath Ledger, Aaron Eckhart, Gary Oldman, Morgan Freeman, Michael Caine

Fantastique, USA, 2h27 - 2008

9/10


Résumé :
Dans ce nouveau volet, Batman augmente les mises dans sa guerre contre le crime. Avec l'appui du lieutenant de police Jim Gordon et du procureur de Gotham, Harvey Dent, Batman vise à éradiquer le crime organisé qui pullule dans la ville. Leur association est très efficace mais elle sera bientôt bouleversée par le chaos déclenché par un criminel extraordinaire que les citoyens de Gotham connaissent sous le nom de Joker.









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Le seul vrai justicier?


Puisque que je regarde à chaque fois ce film et son prédécesseur comme une mise à jour moderne des mythes, ma critique-analyse sera alors développée comme telle, en insistant tout particulièrement sur la place du justicier.

Le Joker, un monstre à la mesure de Batman


Batman Begins était le temps de la construction du personnage du héros, Dark knight est celui de la production des monstres qu'il mérite. Subtilement, le dernier méchant du premier disparaît assez vite de scène pour montrer qu'un nouveau super-méchant est rentré en scène. Le Joker est vraiment le parfait méchant pour Batman, car il est son complément, la ligne à ne pas franchir avant de passer de l'autre côté du miroir : à de nombreuses reprises, il évite de le tuer pour ne pas accomplir une vendetta personnelle, et le livrer à la justice. Tous les deux sont des monstres produits par la criminalité, sauf que ce dernier, malgré ses méthodes souvent illégales et en marge du système (l'extradition d'un chinois, l'utilisation d'une technologie niant les droits sur la vie privée, ...), est au service de la justice et du peuple, alors que l'autre planifie le chaos, le laisse s'exprimer de façon logique en parlant de manière antinomique. Ainsi, ce Joker est génial en ce sens : tout son plan est parfaitement huilé sous l'apparence de la folie, mais n'a qu'un but, l'anarchie. Par exemple, le premier plan, le cambriolage d'une banque, est une merveille de non-sens, avec tous ces complices éliminés un par un de manière millimétrée, et pourtant s'ordonne à un plan plus large, visant à détruire l'ordre que la justice avec l'aide de Batman cherche à établir. Il s'agit de tout un symbole : sans nom ni identité, il incarne l'inconnu parfait, l'irrationnel, celui qu'on ne peut pas prévoir et qui dérange tout calcul.


Deux justiciers : l'ombre ou la lumière ?

Face à ce chaos ambulant, Batman ne suffit pas. Les scénaristes ont eu la bonne idée de le seconder par un procureur de la justice, appelé plus tard Double-Face. Ce dernier incarne d'une autre manière le double de Batman, mais cette fois-ci son côté lumineux, acceptable, public. C'est le Chevalier Blanc, le héros dont Gotham a besoin car il représente l'espoir. Or, c'est tout ce que le Joker vise. Il y a toute une réflexion sur le statut du héros : est-ce la vitrine publique, l'incorruptible, le système judiciaire, ou est-ce le résultat brut et agissant dans l'ombre quasiment comme un criminel ?

Lorsque le procureur devient Double-Face, il incarne une justice soit-disante impartiale, à savoir au-dessus des individus, abstraite, au service de la chance et non d'une enquête et d'un examen exécutés par une institution qui ne parvient plus à protéger les innocents. Il est ainsi devenu un produit du Joker, et la justice qu'il représente également : au service d'un principe complètement inhumain (ce n'est pas pour rien que le Joker et Double-Face se fichent complètement de leur vie, appliquant ce qu'ils sont mécaniquement, sans initiative personnelle).


Les vrais justiciers

Finalement, les vrais héros ne sont incarnés ni par Batman ni par Double-Face. Deux scènes représentent parfaitement cela : d'une part, la scène de l'impossible choix cornélien entre la protection d'innocents citoyens et celle de prisonniers, à savoir peut-on éliminer une vie aussi simplement que ça même si elle a accompli des crimes (ce que Batman a réussir à faire avec le Joker) ; d'autre part la manière dont Banner réussit à protéger sa famille (et même Batman une fois), à sa mesure d'individu normal (ce que cette fois-ci Batman n'a pas réussi à faire), mais aussi fait ce qu'il peut dans la Police, avec les moyens qu'il a.

J'ai oublié de parler des faux Batman, qui auraient été inspirés par la chauve-souris humaine, alors que non seulement ils mettent leur vie en danger, mais n'aident pas à modifier le système en profondeur, à l'inverse des deux modèles dont je viens de parler : l'impossibilité de supprimer une vie sans raison et la protection de ses proches.


La réalisation

Tout comme Batman Begins, le véritable talent revient aux scénaristes. La réalisation est efficace, encore plus maîtrisée que dans le premier film, et déployant une mythologie encore plus complexe, dont le véritable génie a été d'implanter cette dernière dans un univers réaliste, en respectant le comics tout en l'expliquant par une mythologie universelle. J'aurais aimé un peu plus de folie dans cet épisode vu le thème exploité, le chaos. Par contre, j'ai beaucoup apprécié certaines scènes au niveau du montage et de la mise en scène, multipliant les faux-semblants à l'image du hold-up à la banque et du montage alterné concernant le sauvetage de Double Face et de sa fiancée.

Au niveau des acteurs, c'est le brelan d'as, avec Christian Bale (Batman), le regretté Heath Ledger qui a donné littéralement sa vie pour son rôle (Joker), Aaron Eckhart (Double Face), avec la palme cette-fois ci au Joker, l'un des plus grands méchants incarnés dans un comics adapté au cinéma : il est à lui seul la folie, le chaos, transcendant ainsi la réalisation légèrement trop sage. L'ancienne amie de Batman, incarnée ici par Maggie Gyllenhaal, remplace Katie Holmes : elle fait illusion sans problèmes tant cette dernière était passe-partout, d'autant plus que les deux actrices se ressemblent physiquement. Les autres acteurs, Gary Oldman, Morgan Freeman, et Michael Caine, sont toujours très bons, bien que jouant de manière assez fonctionnelle.


L'interprétation mythologique de Batman par les frères Nolan est toujours aussi bonne, s'exprimant cette fois-ci sur l'ordre et le chaos, deux principes inhérents au personnage de Batman, et habilement polarisés par le Joker et Double-Face.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar comICS-soon » Mer 29 Fév 2012, 12:49

:super:

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Zatoïchi : Voyage Meurtrier - 8/10

Messagepar Dunandan » Mer 29 Fév 2012, 23:37

Rétrospective Chambaras/films historiques japonais :




Lien avec les autres films

Zatoïchi : Voyage meurtrier

Réalisé par Kenji Misumi

Avec Shintaro Katsu, Nobuo Kaneko

Chambara, Japon, 1h27 - 1964

8/10


Résumé :
Une troupe de bandits poursuit Zatoïchi à travers la campagne. Entre aveugles japonais il y a de la solidarité, c'est donc un groupe de non-voyants qui aident le masseur aveugle à échapper à ses agresseurs. Il reprend la route et rencontre une jeune femme avec un enfant. Il lui prête sa carriole mais par erreur les bandits de retour tuent l'innocente. Zatoichi n'a d'autre solution que de récupérer l'enfant et de le ramener à son père.


Misumi participe pour la seconde fois à la saga depuis le tout premier, Le masseur aveugle. L'histoire est épurée à l'extrême, sans rien renouveler à l'image de Sur la route, sauf qu'ici elle est transcendée par une réalisation de haut niveau qui touche souvent au sublime, et un thème central tout frais qui tranche avec la noirceur du masseur aveugle qui atteignait son point culminant dans Flashing sword : la parentalité. En somme, une revisitation du mythe classique de la veuve et de l'orphelin. Ainsi, il s'agit du film le plus sensible et touchant de la série jusqu'à présent.


Une histoire épurée à l'extrême

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Misumi applique les codes de la série à sa manière. Ainsi, le premier plan introduit le personnage par un plan comique : il évite une merde de cheval, mais évitera-t-il les emmerdes personnelles ? Comme tous les autres épisodes, des chasseurs de prime sont à sa poursuite. Une autre scène très comique fait son apparition : une procession d'aveugles se disent s'appeler tous Ichi pour aider ce dernier. Une petite revanche facile des aveugles contre les voyants. Mais cela n'empêche pas un drame de se produire : ces hommes cupides - un lieu commun de toute la série - tuent une femme qui avait pris sa place à l'intérieur d'une carriole, laissant un bébé à sa charge. Il se sentira alors obligé d'aller porter cet enfant à son père.

Ensuite, toute l'attention se porte sur le bébé et Zatoïchi, rompant avec la trajectoire classique de ce dernier, entraîné habituellement dans une mésaventure planifiée par les voyants à son insu : changements de couche, gagne-pain (par l'intermédiaire du jeu, seule occupation qui lui permet de gagner assez pour deux), quête de nourriture (il lui donne même la tétée pour le faire patienter !), ponctuent sa route. Seuls quelques combats font leur apparition, toujours provoqués par les chasseurs de prime, mais ne sont qu'une ombre éphémère à côté du petit rayon de soleil qui efface totalement cette vie d'errance, le temps d'un voyage. Cette vision décalée du réel touche au sublime lorsque les victimes de Zatoïchi sont en train d'agoniser et que ce dernier souffle de se taire pour qu'ils ne réveillent pas le bébé.

En deuxième partie, Zatoïchi rencontre une voleuse à qui il sauve la mise, et qu'il engage pour faire la nourrice, d'abord avec réticence : on sent le dilemme qui se joue en elle : va-t-elle succomber à sa nature ? Tous les deux forment apparemment un couple insolite : deux parias, un aveugle yakuza et une voleuse, qui s'occupent d'un bébé. Mais finalement ce trio forment une entité symbolique, avec ce bébé qui tire le meilleur d'eux : la voleuse cesse de l'être, et l'aveugle devient plus confiant et joyeux. Enfin, à ses parents d'adoption, il leur enseigne aussi à être responsables et à former un couple : ainsi il arrive à Zatoïchi de corriger plus ou moins doucement cette femme, pour son propre bien, mais aussi d'une manière plus large, pour le bébé.

Le climax est relativement inattendu : le père est loin d'être une figure parentale idéale, et donc le vrai combat de Zatoïchi ne se réalise pas par le sabre, mais dans le désir de faire reconnaître le bébé, tentative avortée, ce qui constitue le véritable drame. Il aimerait alors élever le bébé, mais un vieux sage, un moine, lui rappelle pourquoi ce n'est pas possible : il est aveugle, yakuza, paria, et donc voué à une vie d'errance et de survie.

Le combat final est à la hauteur réunissant finalement les deux figures-types à la poursuite de Zatoïchi, résumant à elles seules tout son malheur : les chasseurs de prime cupides et les chefs yakuzas en quête d'honneur pour eux-mêmes et leur clan, et annonçant Les tambours de la colère dans lequel la faille du masseur aveugle sera également exploitée.


Une réalisation qui transcende son sujet

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Le script est donc épuré à l'extrême, sans rien inventer de nouveau : il s'agit simplement d'une mise à l'épreuve des acquis de la personnalité de Zatoïchi par l'intermédiaire de la parentalité de ce dernier. Mais cette histoire simple, sans pratiquement de mise en danger, est sublimée par une réalisation, un sens du cadre et de la composition des plans, à quoi on reconnaît le style de Misumi. On n'est pas loin de la beauté des Baby Cart "mineurs" tels Dans la terre de l'ombre (le troisième) ou Le territoire des démons (le cinquième) mais sans la noirceur qui les caractérisent : ces deux séries sont en fait opposées en leur principe, car si Ogami l'ancien exécuteur est en quête de vengeance, au contraire le masseur aveugle aspire à la quiétude, malheureusement dérangée par le plan sordide des voyants, attirés par l'argent ou la gloire. Ainsi, pas une seule scène n'est pas travaillée de manière précise et pointilleuse. Surtout dans la première partie, ça touche souvent au sublime, dont la luminosité solaire de l'image est justifiée par la présence du bébé, apportant une suspension du parcours de croix du masseur aveugle. Vers la fin, les couleurs deviennent plus ternes et crépusculaires, comme pour mieux capter la perception des voyants à qui Zatoïchi a à faire. Il s'agit d'une astucieuse idée de proposer un spectacle pyrotechnique pour le climax : en plus d'être une idéale diversion des sens de Zatoïchi, le feu représente en une certaine manière l'enfer. Puis la fumée qui y succède préfigure le monde dans lequel le masseur aveugle replonge, un monde où la frontière entre bien et mal est brouillée : sa vie d'errance continue.

D'autre part, le thème musical habituel est précédé par une musique qui a une tonalité rappelant les Westerns spaghetti, annonçant le côté "road-trip" du film. Ces deux musiques se répondent parfaitement, imprimant un rythme à la fois entraînant et bucolique. A côté de cela, il y a des comptines pour enfant qui rappellent certains épisodes de Baby Cart. La plus belle musique de ces huit premiers épisodes !

Concernant les personnages secondaires importants, ils sont peu : la voleuse, le bébé, et le père et chef des yakuzas. Or, le trio parias-bébé est vraiment touchant, ce qui est l'une des raisons principales de la réussite du film. Par contre, au niveau sociologique, nous sommes quand même loin des personnages féminins "forts" voire indépendants de certains films de Gosha : ici l'homme a toujours raison par rapport à la femme, et essentiellement ce qui tourne autour du bébé. La structure sociale est ainsi respectée (vieux sage > le masseur aveugle > voleuse), bien que les échanges soient totalement respectueux de la personne.

Ce Zatoïchi propose une histoire épurée à l'extrême avec rien de nouveau sur le personnage, mais tout ça est transcendé par une mise à l'épreuve touchante du masseur aveugle qui apprend à être père et mari, et par une réalisation touchant par endroits au sublime.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar angel.heart » Mer 29 Fév 2012, 23:57

La musique de celui-ci est magnifique! :love:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Jeu 01 Mar 2012, 00:34

C'est clair, les deux thèmes principaux, celui de la série, et celui propre à Misumi, se répondent parfaitement ! j'ai d'ailleurs rajouté une note sur la musique, qui est la plus belle que j'ai entendue sur les 12 épisodes regardés depuis le début.
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Collatéral - 8,5/10

Messagepar Dunandan » Jeu 01 Mar 2012, 04:53

Collateral

Réalisé par Michael Mann

Avec Tom Cruise, Jamie Foxx, Jada Pinkett

Policier, USA, 2h00 - 2004

8.5/10

Résumé :
Max travaille la nuit comme chauffeur de taxi à Los Angeles. Un soir, il fait monter dans sa voiture un client prénommé Vincent, qui lui donne 600 dollars pour une tournée à travers la ville où il doit se présenter à divers rendez-vous d'affaires. Or, dès le premier arrêt, Max découvre avec stupéfaction que son client vient de tuer un inconnu en le balançant du haut d'une tour. Il appert que Vincent est un tueur professionnel et qu'il a été engagé pour éliminer des témoins à un procès contre un trafiquant de drogues. Ayant quatre autres individus à abattre, l'assassin oblige Max à lui servir de chauffeur personnel pour le reste de la nuit.

En revoyant les films de Mann, il est évident que Heat, Collateral et Miami Vice forment une sorte de trilogie, non seulement sur les gangsters contemporains, mais plus précisément sur la perception à la fois esthétique et pulsionnelle de la ville nocturne, et sur le thème du problème de communication dans un espace urbain dans lequel les relations sont devenues abstraites et inhumaines, et les occupations, répétitives, banales et donc insignifiantes.


Un script anémique transcendé par son traitement

Le personnage qui va chambouler cet univers à la fois réglé et inhumain est absolument énigmatique. Il apparaît pour la première fois dans un aéroport, pouvant provenir de n'importe quel endroit. Il raconte des souvenirs sans moyen de les vérifier, et son nom est probablement un pseudo. Enfin, ses vêtements et son look semblent se fondre dans le décor. Ainsi, son existence paraît aussi abstraite que celle du Samouraï de Melville, un film et un auteur qui ont probablement largement laissé leur empreinte sur le film de Mann.

Le script est d'une simplicité quasiment affligeante : un homme est payé pour tuer 5 témoins à charge dans une affaire de cartels. Un chauffeur de taxi est impliqué et sera obligé de le suivre jusqu'au bout s'il veut survivre. Et pourtant il s'agit de l'une des histoires de tueur les plus originalement traitées que j'ai pu regarder ces dernières années. Entre chaque meurtre effectué avec maîtrise, le cadre du taxi devient un rempart original à ces grands espaces : il délie les langues, permet les rapprochements et les confidences entre les individus. A commencer avec cette histoire précédant le duo forcé, apparemment anodine et sans conséquence, entre le chauffeur de taxi et une procureur de la justice : une idylle est peut être en train de naître ! D'habitude, je ne suis pas friand de ces histoires de coïncidences et d'affinités pouvant mener à une histoire d'amour (et j'adore lorsque le flic et le tueur ne croisent sans se reconnaître), et pourtant ici ça fonctionne. D'ailleurs, le thème de la "coïncidence cosmique" reviendra entre les lèvres de Vincent. Symboliquement, il s'agit ni plus ni moins du thème classique du destin et des choix qu'on peut prendre au moment opportun. Mais paradoxalement, seul Vincent prend conscience de ces choses-là dans le film.

Ainsi, à travers ce personnage, une vraie philosophie se dégage, produisant un véritable contraste avec son métier de tueurs à gage. Il a le regard aiguisé sur la société : quelle différence entre ces personnes qu'il tue et ces animaux en voie de disparition dont on a même pas conscience ? Tout ce que l'individu peut faire, c'est essayer de réaliser ses rêves, comme ce chauffeur de taxi qui a l'occasion de sortir avec cette femme, ou bien qui a le projet d'une société de limousines qui traîne depuis 12 ans. Vincent est donc comme le trouble-fête au milieu d'une routine bien établie, doué en improvisation et en adaptation. Mais son problème, c'est que lui-même il est comme un spectateur du monde, un simple voyageur, comme ce loup gris qui traverse la route à un moment donné et qui semble lui renvoyer sa propre identité.


Réalisation

Mann filme la nuit et la ville comme personne. L'une des prises de vue récurrentes est ce plan d'hélicoptère captant le réseau tentaculaire des routes, perdant ainsi l'individu en son sein. La ville est ainsi un personnage à part entière, comme je l'ai dit plus haut, rendant abstraites les relations humaines. Et la nuit, dans ses couleurs saturées et tirant vers le bleu onirique, attribue un aspect crépusculaire à l'ensemble, particulièrement à ce tueur qui connaît lui-même plusieurs retournements de situation jusqu'à la fatalité qu'il avait médité sans penser qu'elle allait se produire aussi rapidement. Elle donne aussi l'impression d'un rêve éveillé tout le long du film quasiment à la manière d'un conte halluciné.

Les scènes d'action sont vraiment bien gérées. Vincent gère avec maîtrise comme un pro. On sent que Mann a des connaissances en techniques d'exécution (il l'avait déjà fait pour Heat).

Le déroulement de l'histoire est tout sauf linéaire. Car le tueur est légèrement imprévisible, préférant parfois l'improvisation à un plan parfaitement huilé (exemple : la boite de jazz), surtout lorsque ses victimes sont plus que des criminels, et le chauffeur de taxi crée lui-même plusieurs complications dans la bonne exécution de la série des meurtres. Le flic de son côté est quasiment à la rue, uniquement guidé par des coïncidences (les victimes à la morgue, le taxi du chauffeur, ...) : ce n'est pas lui qui dirige la partie. Ainsi il ne s'agit pas d'une enquête policière classique avec ses indices, ses pistes, et son déroulement final. Ensuite, au niveau du rythme, c'est très bon, alternant entre plusieurs ambiances différentes, variant le lieu où le taxi s'arrête. La musique est très bonne aussi, reflétant l'identité de chaque endroit. Par contre, je trouve qu'il y a un petit coup de mou dans les trente dernières minutes, dès lors que le chauffeur de taxi cause volontairement un accident pour enrayer la machine meurtrière, et qu'il découvre que la dernière victime n'est autre que la personne qu'il a rencontré en premier. Mais rien de grave, et puis on fait le lien tout de suite avec cette fameuse "coïncidence cosmique" qui n'est finalement que le déroulement (quasi) logique de ce qui précède : tout n'est pas prévisible, mais parfois le hasard fait bien (ou pas, pour le flic et la femme) les choses.

Au niveau des interprétations, je trouve que Tom Cruise est très bon dans ce rôle de Samouraï, s'effaçant derrière son personnage. Son look, gris/blanc, est parfaitement choisi, lui procurant une quasi transparence : certains plans au début pourraient nous faire croire qu'il peut disparaître dans le décor, de même teinte que son apparence. Jamie Foxx aussi est à l'aise dans son rôle, surtout dans sa meilleure scène consistant à prendre temporairement l'identité de Vincent, contrastant complètement avec son apparence débonnaire d'avant.

Un très bon Mann, qui transcende par sa réalisation et son traitement un script qui pourrait s'avérer trop simple à première vue.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Jeu 01 Mar 2012, 05:05

Gros coups de coeur :


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Autres découvertes :


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PS : Zatoïchi : Flashing sword pour le dernier

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