Le réalisateur du
Nid de guêpes reste dans son trip western. Sauf que la greffe prend beaucoup moins bien, et dans le genre du film de négociations,
Le négociateur c'est quand même mieux, et dans le genre du western moderne, je pense bien sûr à
No Country for old men, autrement plus couillu. Pourtant le début annonce du lourd : après une brillante introduction BD instillant un brin de fantastique, la réalisation est tout de suite maîtrisée, même si elle abuse légèrement en effets. A l'aide d'un impressionnant zoom arrière, le point de vue passe de l'action se déroulant à l'intérieur de la maison à un plan large indiquant l'organisation policière, et nous présente dans le plan suivant un expert en négociation d'otages au bout du rouleau, qui rate ensuite son coup en laissant toute une famille se faire assassiner. On l'a compris, ce trauma va hanter le personnage, en quête de rédemption.
Un western moderne un peu trop tiré par les cheveux Mais ensuite, le réel et le fantastique s'entrecroisent trop à mon goût, et il y a de sérieuses auto-citations abusives, jusqu'à la présentation du prochain lieu d'action, ressemblant en tous points à celui de l'entrepôt dans
Le nid de guêpes, musique y compris. Ensuite, les personnages sont stéréotypés, comme le veut le genre : le psychopathe ayant un lourd passé, le gentil jeune qui se fait embrigader, et le frère aîné qui se trouve entre deux postures, qui suivent une jeune riche jusqu'à sa maison pour voler à la base la voiture. Mais ça dérape. Le script est un modèle de raccourcis narratifs : la simplicité du crime, la facilité de la manière dont ils entrent avec toutes ces caméras, le caractère isolé de la maison, la critique implicite des riches qui reçoivent ce qu'ils méritent. Ensuite, dans le déroulement, il y a un petit côté
Panic Room, que je trouvais plus sympathique au niveau du style et de l'utilisation de la chambre-forte. Mais ici, il ne s'agit pas que de survie de la famille riche, mais aussi de la rédemption du vieux flic, et donc l'histoire se trouve compliquée par une deuxième prise d'otage, celle de sa propre famille, car le père des riches possède un DVD qui appartient à une puissante organisation inconnue, qui reste dans l'ombre. Cet ennemi invisible ressemble en tous points à l'armée albanaise du
Nid de Guêpes, un peu trop puissante par contre (dès le début ils auraient pu agir à leur guise, vu qu'ils envoient carrément une escouade). Bref, ça s'auto-cite à longueur de temps, entrecoupé par des crises de violence du psychopathe (se terminant par un beau final d'auto-destruction massive, éjectant hors de lui toute la négativité dont il est capable), et une énervante fuite du gamin qui connaît par coeur la maison et donc parvient à aider sa soeur à s'échapper quasiment sans difficulté. Enfin, il y a des séquences tire-larmes avec le vieux flic : arrivera-t-il ou pas à sauver sa famille, et aussi cette famille dont il est responsable (car il a un trauma à guérir) ?
RéalisationL'une des réussites du film est quand même son ambiance, malgré son côté tire-larmes, ses multiples auto-références (ou références tout court, allant jusqu'à terminer le film en un règlement de comptes à l'ancienne dans un vieux saloon), et son côté sur-démonstratif : au moins ça a de la gueule, il y a plein d'idées au niveau de la photographie, du montage, et des prises de vue de la caméra. On ne s'ennuie pas de ce côté là. Malheureusement, je n'ai pas trop participé à l'émotion des personnages, à cause de ce métissage forcé entre fantastique et réel qui m'a empêché d'y croire. Et Bruce Willis est en mode dépressif pendant tout le film. Même s'il joue bien, et rentre dans la moyenne de ses meilleurs rôles, son côté mélodramatique ne m'a pas attiré plus que ça.