Cheval de guerre |
Réalisé par Steven Spielberg
Avec Jeremy Irvine, Emily Watson, Peter Mullan Drame, Historique, Guerre USA - 2h27 - 2012 |
8/10 |
SynopsisDe la magnifique campagne anglaise aux contrées d’une Europe plongée en pleine Première Guerre Mondiale, "Cheval de guerre" raconte l’amitié exceptionnelle qui unit un jeune homme, Albert, et le cheval qu’il a dressé, Joey. Séparés aux premières heures du conflit, l’histoire suit l’extraordinaire périple du cheval alors que de son côté Albert va tout faire pour le retrouver. Joey, animal hors du commun, va changer la vie de tous ceux dont il croisera la route : soldats de la cavalerie britannique, combattants allemands, et même un fermier français et sa petite-fille…
CritiqueFilm magistral de Spielberg certes, de part sa réalisation qui bat tous les cinéastes à la mode avec une beauté de la photographie, des couleurs....énorme. basé sur un script assez un pari aussi casse-gueule.
Ensuite, je suis moins emballée par l'histoire du cheval en elle-même, même si j'adore les animaux, le cheval est l'un des rares animaux que je ne trouve pas très expressif, et pas très intelligent mais Spielberg sait le mettre en valeur de façon exceptionnelle et me fait oublier les canassons plus bas du front que j'ai pu croiser.
Le cheval n'est qu'un fil conducteur pour Spielberg pour nous faire évoluer entre plusieurs histoires humanistes qui se succèdent sur fond de 1ere guerre mondiale, et faire un parallèle entre les souffrances humaines et animales. L'atmosphère est relativement tragique pour de rares moments de bonheur et de pure détente, ces derniers étant procurés par la présence du cheval dans un conflit mondial sans visage.
Dès le début, Le père Spielberg nous embarque dans la campagne anglaise et tout n'est pas rose, loin de là. Et le cheval Joey pose déjà problème et on veut s'en débarrasser seul le jeune Albert fera tout pour le sauver. On peut comprendre le niveau d'affection que peut avoir le jeune homme pour un cheval. La campagne est ici magnifiée, un léger abus de couchers de soleil à la titanic, sinon un jeu de clair obscur et de rayons de soleil traversant les pièces donnent un très bel effet visuel.
Albert Narracott (Jeremy Irvine ) est juste un peu trop propre sur lui sans défaut, courageux, tenace, bienveillant et son alter ego le brave Joey qui incarne l'innocence perpétuelle dans ce décor pittoresque.
Puis, la guerre est déclarée et on réquisitionne à tout va, c'est la dure séparation Joey / Albert mais heureusement le cheval est mis entre les rennes d'un autre gentil monsieur, donc tout va bien !
Nous revoilà plongé dans le "soldat Ryan" avec des combats impressionnants comme la charge de la cavalerie britannique avec le croisement des mitrailleuses et des silhouettes de cavaliers en suspension qui viennent d’émerger d'un champ de blé (scène qui déchire tout !).
Enfin, on descend encore d'un cran dans la noirceur cauchemardesque du récit, avec presque du noir et blanc et les batailles dans les tranchées, avec boues, barbelés,moignons d’arbres, cadavres jonchés sur le sol filmés avec maestria : travelling qui suit le mouvement des soldates avec une grande fluidité. Le réalisateur joue là aussi sur les silhouettes et les profondeurs de champs et recrée l'impression de no man's land une fois la bataille achevée. Ces scènes ont un sacré impact visuel et émotionnel. Les hommes se meurent sous nos yeux, le cheval morfle aussi pas mal avec des séquences très touchantes aussi (qui font penser à un scène de "légendes d'automne"), mais on a l'impression que Spielberg met l'animal au même niveau que l'humain.
A travers le voyage du cheval et ses rencontres, Spielberg aborde de nombreux thèmes : l'amitié, la trahison, la cupidité, la violence, la torture...bref, pas grand chose de nouveau sous cette fable universelle.
Hélas, il faut mettre ses œillères pour regarder un tel film et ne pas trop se poser de questions quand à la sa crédibilité, parce que avec du recul certaines scènes prêtes à sourire surtout si on les remet dans le contexte historique...
Dans "Cheval de guerre", les gens parlent aux animaux comme s'ils discutaient avec un homme.
Mes amies cavalières ne parlent pas aux chevaux comme çà, c'est ridicule. Y a que les mamies gâteau qui parlent à leurs toutous comme à un gosse, alors des soldats je doute fort qu'ils soient dotés d'une sensibilité à fleur de peau et s'extasient devant un cheval et le complimente pendant 3 heures.
Le coté relation homme-cheval est donc peu réaliste et un peu fantasmée par Spielberg, et cette relation aurait pu être plus pensable entre un homme et un chien mais ici, c'est pas possible surtout pendant la 1ere guerre mondiale, je ne pense pas que les soldats s’apitoient sur le sort des chevaux.
D'autant que de nos jours, on se fiche toujours de leur sort et on continue à les envoyer à la boucherie, donc je n'imagine pas à l'époque où ils crevaient de faim, mais Spielberg a voulu garder le coté conte pour enfants et n'est pas allé trop loin dans la barbarie envers les bêtes de somme et nous voile un peu la face.
Il faut donc pas très bien connaitre les animaux et la relation avec les hommes pour croire qu'on se fait comprendre en faisant des discours avec l'animal mais c'est plus subtil que celà, c'est ce qui a échappé au cinéaste. Difficile de mêler le destin des hommes et celui des bêtes avec nuance et sans naïveté.
Il faut donc croire au miracle et en la bonté humaine pour entrer dans cet univers, et penser que des soldats préfèrent sauver un cheval plutôt de se sauver leur peau ou celle d'un autre homme.
Les scènes les plus réussies du long métrage seront donc les séquences muettes d'une grande intensité où les images parlent d'elles mêmes.
Néanmoins, son film exploite bien l'animal en question, plein de puissance, de beauté de mouvements, et il le met en valeur de façon formidable par le détour des silhouettes sur l'horizon orangé, ou le faisant surgir de la brume ou des champs de blés, avec des scènes symboliques fortes et réussies visuellement contrastant avec les horreurs de la guerre et ses charniers. On suit Joey dans sa chevauchée fantastique à travers un récit passionnant, et vibrant dans un monde qui est loin d’être bienveillant.
L'intrigue est clair et se déroule chronologiquement avec un grand sens épique, une émotion très présente à cause de l'efficacité des scènes.
La fin est une belle leçon de cinéma, avec un ciel rougi par le soleil couchant, le sang versé, très baroque et surnaturel qui amplifie le coté émotionnel.
Film plein de bons sentiments où le cheval n'est qu'un prétexte pour le suivre dans ses aventures exaltantes et sait toucher le spectateur en plein cœur sans lui faire trop travailler le cerveau.
Le cheval et son maitre sont similaires, deux êtres perdus dans le chaos qui ne demandent qu'à rentrer chez eux.
Une belle histoire simple faites de destins brisés et d'une amitié qui arrive à surpasser les obstacles malgré tout redonnant une lueur d'espoir dans cet univers sombre.A voir pour ces images bluffantes et ces touches de poésies visuelles où le paysage est un personnage à part entière sans superflu d'effets spéciaux.
Petite note perso qui est un peu hors sujet
Hélas, le spectateur va peut être sensible pendant 2h30 sur le sort symbolique d'un pauvre cheval mais va tourner la page, et ne se montrera pas plus sensible ou concerné par le sort des animaux, tout comme "Intouchables" qui ne changera pas le regard des gens sur le handicap.