Miami Vice de Michael Mann
(2006)
Seconde vision du film que j'avais découvert il y a 4 ans, à l'époque j'étais assez mitigé sur la qualité générale, la faute au fait d'être déstabilisé, moi qui m'attendait à un film dans la lignée de Heat et de Collateral (vendu comme tel à l'époque, pas étonnant vu les 135 millions de budget). Inutile de dire donc que je revois clairement Miami Vice à la hausse, ayant pu le savourer comme il se doit sans aucune attentes bien précises (et en Director's Cut, avec quelques changements importants, on a le droit à une introduction bien plus dans l'esprit du film visuellement avec un plan magnifique où la caméra sort de l'océan). Je suis même très étonné de voir à quel point le film est d'une certaine façon la suite logique de l’œuvre entière de Michael Mann. On y retrouve toutes les signatures de l'auteur, que ce soit sur la forme (caméra expérimentale, recherche documentaire, souci maladif du réalisme) ou sur le fond (personnages torturés, situations cathartiques, code de l'honneur, de l'amitié mais aussi de l'amour). Il y a pourtant de quoi avoir peur, les adaptations de séries télé n'étant jamais de véritables réussites (loin de là en général), mais Mann prend le spectateur à contre-pied en livrant un film souvent à l'opposé total de son modèle, car si on y retrouve globalement la même forme scénaristique (deux flics ensemble contre les cartels de drogue), le reste n'a presque souvent rien à voir. Le script de Miami Vice, malgré ses nombreuses qualités, reste néanmoins le talon d’Achille du film. Autant l'intrigue est brillamment menée et arrive a être toujours prenante (j'avais souvenir que le film durait très longtemps et au final j'étais totalement plongé dans l'histoire, je n'aurais même pas dit non à quelques péripéties en plus) autant je garde une certaines réserves concernant l'émotion qui reste, à mon humble avis, le point faible de Mann dans ses scénarios (il faut que je revois The Last of the Mohicans mais j'ai souvenir d'une histoire d'amour bien niaise, idem pour Public Enemies, la seule exception qui confirme la règle c'est la séquence dans Heat où De Niro regarde celle qu'il aime pendant que Pacino arrive, en quelques plans tout est dit).
Les deux romances du film sont vraiment loin d'êtres inoubliables, celle du personnage de Jamie Foxx est pas assez profonde pour émouvoir (une seule scène de sexe, et pas forcément bien amenée en plus, elle fait très gratuite sur le coup), en revanche celle entre le personnage de Colin Farrell et celui de Gong Li est vraiment très intéressante (elle est véritablement l'aboutissement d'un des thèmes forts de Mann, à savoir la volonté de sortir d'un système dans lequel on est ancré pour un endroit rêvé mais qui se révèle être plus illusoire qu'autre chose) mais manque sincèrement d'émotion, il manque vraiment une scène ou un plan qui dirait tout en quelques secondes, ainsi la scène d'adieu à pas l'impact émotionnel qu'elle devrait avoir alors que l'on s'est attaché aux personnages. Mais si l'on excepte ce défaut, le film est difficilement attaquable. Je suis même très étonné de me rendre compte à quel point Miami Vice possède un parti-pris extrême et assumé en ce qui concerne le réalisme. On connaît le souci du détail de Mann qui n'hésite pas à faire venir des braqueurs professionnels sur les tournages en tant que consultants, Miami Vice est en quelque sorte l'aboutissement de cette recherche du réel, avec un souci du détail assez incroyable autant sur les péripéties que sur quelques détails (le détail qui tue c'est la façon dont le collier explosif est retiré, un détail tout bête mais qui, une fois captée par l'objectif de la caméra, fait toute la différence). Une recherche de réalisme qui passe même par la mise en scène, Mann optant à nouveau pour le numérique cher à ses yeux. L'aspect visuel en rebutera beaucoup mais force est de constater qu'en terme de recherche visuelle le film est une vraie réussite avec une photo à tomber par terre pour un tel format (et puis les éclairs au loin c'est iconique au possible et ça contribue vraiment à l'atmosphère électrique du film, une ambiance presque fantastique qui contribue énormément au visuel fantastique du film). Et que dire de cette recherche documentaire perpétuelle qui chamboule totalement une séquence comme celle de la fusillade, une scène extrême dans sa conception (caméra toujours en mouvement, sang sur l'objectif, absence de spectaculaire) ou encore de cette rencontre pleine de tension avec le leader du cartel (excellent Luis Tosar, il faudrait vraiment que je me penche sur sa filmographie). Le casting est plutôt impressionant, avec de nombreux second rôles connus (Ciaran Hinds, John Hawkes, Naomie Harris et surtout Gong Li). Quand à la bande-son signée John Murphy, sans être parfaite elle s'accorde vraiment à l'ambiance du film, sans compter les chansons additionnelles toujours de bon goûts. Bref, une excellente redécouverte, j'étais parti pour mettre 7,5 mais après avoir lu les écrits de Jean-Baptiste Thoret sur Miami Vice je me rends compte qu'on est vraiment en face d'un film important dans le filmographie de Mann, un métrage plus intelligent et surtout plus métaphorique qu'il n'en a l'air. Direct dans mon Top 5 Mann en prévoyant Ali.
NOTE : 8/10