The Keep (La Forteresse Noire) de Michael Mann
(1983)
Un film qui a clairement de quoi surprendre, second essai au long-métrage de Michael Mann, The Keep est véritablement un objet filmique assez fascinant. Avec une réputation ravageuse comme la sienne, je ne m'attendais pas de toute façon à voir un bon film mais finalement c'est loin d'être aussi catastrophique que ça aurait pu l'être (rappelons tout de même que le film a connu des déboires nombreux durant sa production pour finalement être rejeté totalement par son auteur perfectionniste, d'ailleurs je n'ai absolument rien trouvé comme déclarations de Mann sur le film, ce qui est quand même assez dommage). Pendant les vingt premières minutes, j'ai réellement cru me retrouver devant un bon film, un début ravageur qui joue entièrement sur l'ambiance, quitte à aller dans des extrêmes étonnants (il faut voir la longueur du générique de début).
A certains moments, on se croirait même dans un film de Carpenter à la mise en scène un peu plus inspiré, on y retrouve la même signature 80's (avec notamment une musique au synthé qui, pour le coup, colle quand même assez mal au film alors que la musique du début pose en quelques secondes un climat sonore bien particulier) et la même volonté de créer avant tout une ambiance avant de passer à la suite. A ce niveau là, le début du film est vraiment réussit et se permet même des idées de mise en scène sympathiques (le plan où la caméra s'éloigne du soldat au-dessus du vide pour aller une centaine de mètres plus loin est assez étonnant), c'est donc d'autant plus regrettable de voir à quel point la suite se révèle indigne de cette introduction tonitruante. C'est bien simple, à partir du moment où l'on identifie un tant soit peu la menace, et donc que l'on tente d'insérer un script, le film ne fonctionne plus du tout et part en live dans des explications abracadabrantesques. Et si l'histoire en elle-même possède des thématiques intéressantes, notamment celle de chercher à troubler l'habitude de montrer les nazis comme des personnes forcément mauvaises via une présence maléfique à l'intérieur même de la forteresse, elles ne sont jamais exploitées comme elles pourraient l'être.
Le script est en plus véritablement maladroit (le personnage de Ian McKellen a énormément d'intérêt par son délire faustien mais n'est jamais convaincant), souvent chaotique (le personnage avec le sang vert j'ai toujours pas compris ce qu'il faisait là) et amène très mal des séquences censées être importantes (la scène de sexe qui sort de nulle part). Seule le final relève un peu le niveau via une recherche visuelle intéressante sur les décors (avec un effet de brume du plus bel effet et une ambiance hell on earth très sympa) mais c'est hélas bien trop peu, l'ennui ayant déjà fait son œuvre. Il y a donc de quoi être sceptique devant The Keep, d'autant que j'ignore totalement ce qu'aurait voulu faire Mann à l'origine, un film pas totalement honteux mais qui reste tout de même largement dispensable là où d'autres films ayant connus le même sort (je pense notamment à Alien 3 pour Fincher) sont clairement plus convaincants.
NOTE : 4/10