Fighter |
Réalisé par David O. Russell |
8.5/10 |
Synopsis
Son demi-frère Dicky Eklund, lui, a connu la gloire sur le ring, il y a bien longtemps. C’était avant qu’il ne sombre dans la drogue, avant son séjour en prison.
Entre le sportif en quête d’un second souffle et l’ex-toxico, il y a longtemps que le courant ne passe plus. Trop de non-dits, d’échecs et de souffrances. Pourtant, parfois, les hommes changent, et Micky et Dicky vont peut-être avoir ensemble, la chance de réussir ce qu’ils ont raté chacun de leur côté…
Critique
Basé sur une histoire vraie, avec pour principal thème la boxe et les conflits familiaux, difficile de ne pas comparer le long métrage à "warrior", pourtant les deux films sont très différents.
Dans "warrior" c'est l'histoire d'amour compliquée entre deux frères qui n'arrivent pas à être sur la même longueur d'ondes, mais au final les deux frangins sont aussi puissants physiquement l'un et l'autre et c'est le mental qui va jouer. Dans "the fighter", c'est plutôt une histoire entre deux frères dont l'un est un sacré déchet de l'humanité et s'accroche comme un morpion à son frère qui n'a rien d'exceptionnel comme boxeur, mais à eux deux ils forment une équipe de choc.
La force de "the fighter" réside dans son casting de stars qui nous éblouie par leur métamorphose physique et leur crédibilité incroyable pour un film très réaliste et subtil, alors que "warrior" joue beaucoup plus sur les sentiments de façon plus appuyée.
De plus, "the fighter" nous délivre des combats spectaculaires qui ont du demander un travail de fou avec une belle synchronisation des mouvements, une réalisation agréable pas du tout brouillon, une belle performance qui nous ferait presque mettre rocky aux oubliettes ou nous donnerait plus envie de le revoir pour comparer.
Christian Bale nous fait encore une démonstration de son talent et a encore du jouer de sa personne avec une tête de cadavre et de junkie, des mimiques et un regard d'halluciné pour un frère parasite qu'on aime détester ou adorer selon les moments. Role dramatique d'exception qui est un vrai déchet humain, ex-boxeur minable qui se drogue à longueur de journée et il aime de pavaner dans les rue et se vanter du seul combat glorieux qu'il a pu gagner il y a des lustres mais qui n'a rien fait depuis. Pathétique, il ne fait que graviter autour de son frère pour lui pourrir la vie et ne pas se faire oublier. Personnage qui est au fond du trou mais qui va se relever et regagner la confiance des siens, et pourtant ce n'était pas gagné d'avance. Derrière tous ses défauts, Dicky est tout de même fin tacticien et de bon conseil. Bale est méconnaissable dans son allure, sa gestuelle, sa voix, un rôle en or.
Mark Wahlberg (Mickey) assure la partie physique du film, et là encore quelle performance.
On le suit en dehors du ring lors des entrainements avec une grande facilité d'enchainement des coups, une fluidité des gestes, et aussi lors des combats hyper réalistes et qui nous fatiguent rien qu'à les regarder.
Franchement, chapeau Mr Wahlberg c'est un de ses plus beaux rôles sans triche, et interprété magistralement tout au long du film. Mickey traine sa famille comme un boulet et c'est grâce à la vision extérieure de sa copine qu'il va trouver la force de trouver une lueur au bout du tunnel et de couper les ponts pour mieux se relever. Mickey encaisse à la fois les coups et les réflexions désobligeantes tout en restant paisible et discret mais rongé par le doute.
Enfin, comment ne pas parler du reste de la famille qui est un sacré portrait de famille avec la mère envahissante et digne d'un dictateur, le père soumis et la tripotée de sœurs qui sont aussi des parasites qui ne font rien de leur journée, sans vie, sans dignité, amorphes qui forment un cocon familial destructeur.
On notera ici que les mâles sont dominées par les décisions féminines, dans un premier temps Mickey est dominé par sa mère puis par sa copine.
Le film est bien équilibré avec des combats de boxe présents mais qui ne sont livrés que par extraits et temps forts, ce qui évite que le film soit trop répétitif. Ils sont réalisés de façon lisible non parkinsonienne (sans ralenti, sans esbroufe) au plus près des sportifs avec des plans assez longs, mais ils se limitent à des étapes franchies par Mickey et ne sont pas comparables émotionnellement aux combats de Rocky, même si techniquement ils sont plus crédibles.
Les dialogues n'ont rien d'exceptionnel mais pas inutiles et servent l'histoire correctement permettant de cerner la personnalité de chacun.
Le film est touchant, tout en retenue avec des protagonistes qui ont du mal à se parler sans faux semblants , le réalisateur joue la carte de la sobriété et du réalisme et sur la psychologie des personnages aux relations difficiles entre amour et rejet. Une vision crue sans artifice qui ressemble presque à un documentaire reposant uniquement sur l’interprétation poignante de ses acteurs et ne peut pas nous laisser insensible.