Freddy 3: Les griffes du cauchemar
6.25/103eme volet de la saga d'Elm Street, cet épisode fonce tout de go dans le délire visuel avec une approche mi cartoonesque, mi scary movie. Enfin affranchi de son somnolent créateur (qui officie juste en tant que producteur exécutif) et se démarquant considérablement d'un épisode 2 décalé, cette suite décide de passer la vitesse supérieure en proposant un télescopage, visuellement très marqué, entre la réalité et le monde des reves.
L'occasion est donc donné au débutant Chuck Russel d'apporter un peu plus d'originalité dans toutes les séquences de cauchemar. Meme si l'on atteint pas encore les délires de Renny Harlin ou ceux de Stephen Hopkins, la série prend une nouvelle direction ayant pour effet direct de populariser un peu plus Freddy Krueger. A la façon d'un train fantome, le film alterne réalité hospitalière et trips visuels propice à une belle débauche d'effets spéciaux. Ces derniers font preuve d'inventivité et de savoir faire, à tel point qu'ils ne paraissent pas si obsolètes que cela de nos jours. Ils permettent meme de varier les formes d'un Krueger insaisissable (le marionnettiste ou encore la scène de la télé) entretenant une vraie dimension comique de l'ensemble. L'excellent scénario de Franck Darabont délaisse complètement le coté inquiétant du boogeyman d'Elm Street au profit d'une approche plus clownesque (pouvant nuire au personnage à certains instants) tout en s'employant à maintenir un semblant de sérieux, abordant la génèse mouvementée de Krueger (développé par la suite dans l'enfant du cauchemar). Malgré ces quelques touches, la starification voulue de Freddy se fait plus pressante et prend le pas sur l'histoire, le transformant en maitre de cérémonie d'un spectacle comico-morbide ou se succèdent à un rythme de métronome les reves les plus délirants (certains sont de vrais courts métrages). En ce sens, le visuel du film adopte cette nouvelle posture opposant ses couleurs criardes à l'ambiance ténébreuse des deux opus précédents. Coté casting, c'est du correct avec une galerie de tetes connues bien sympathique allant du débutant (Fishburne, Arquette) aux habitués des productions 80's de seconde zones (Wasson (l'excellent héros de Body double) et Saxon).
Meme si le film tente de se raccrocher à la mythologie initiée par Wes Craven (le retour de Nancy alourdit un peu l'histoire), l'ensemble baigne dans une volonté marquée de glorifier son méchant de service en capitalisant sur un terrain de jeu passant allègrement dans la catégorie du cartoonesque tout en délaissant l'univers inquiétant de ses ainés. Le choix est sympathique mais on y perd clairement une vraie ambiance.