Flesh+Blood (La Chair et le Sang) de Paul Verhoeven
(1985)
Ce n'est toujours pas aujourd'hui que je vais me réconcilier avec le cinéma de Paul Verhoeven. Après avoir presque visionné la moitié de sa filmographie, je m'attaque au soi-disant chef-d’œuvre (terme décidément trop galvaudé pour les films du réalisateur)
Flesh+Blood, et si le film a clairement eu une certaine influence sur certains auteurs (notamment Christopher Smith pour son superbe
Black Death), difficile de ne pas rejeter en bloc une œuvre qui représente bien le cinéma de son auteur, à savoir deux heures entières de violence exagérée, d'une omniprésence du sexe inutile, le tout sur un script écrit par un amateur et supporté tant bien que mal par une mise en scène dont les plus idées les plus extravagantes se traduisent en quelques travellings. Pourtant, le début de
Flesh+Blood avait de quoi séduire, malgré un manque de budget évident (faut voir le nombre d'épées qui se plient), l'attaque du château est de loin le seul passage réellement convaincant du film.
Car le script, véritable point noir de l’œuvre, sombre définitivement dans l'idiotie la plus profonde à partir de l'apparition du personnage de Jennifer Jason Leigh. En l'espace de quelques minutes se succèdent une séquence d'une niaiserie abominable (c'est d'autant plus regrettable que le coup de la mandragore a le mérite de faire planer le doute sur l'apparition du fantastique au sein du récit) puis de loin la scène la plus ridicule du métrage : une séquence de viol organisé qui rentre directement au panthéon des scènes les plus nulles que j'ai pu voir de ma vie de cinéphile (le coup du « tenez là et faites la bouger » j'étais en mode facepalm tellement ça colle pas du tout à la séquence). Deux séquences qui présagent évidemment du lourd avec notamment une tentative de siège qui fait que l'on se demande si on est pas en train de regarder un film des Monty Python (faut voir la machine, c'est à se demander si c'est pas intentionnel), des facilités scénaristiques tellement grosses que ceux qui aiment le film n'ont définitivement plus rien à redire sur le sujet (genre le coup de la peste qui tue en deux minutes c'est bien marrant, mais c'est encore plus drôle de voir Martin rester dans le puits contenant le virus pendant plusieurs heures et ressortir sans rien de fâcheux) ou encore la scène d'évasion la plus ridicule de l'histoire du cinéma, ou comment croire que la foudre va toucher précisément un arbre parce qu'il est entouré de deux pauvres chaînes et que cette même foudre va forcément briser ces mêmes chaînes par cette action, à ce stade du film je me demandais vraiment si je matais une comédie, ça égale les séquences les plus nazes de
Robocop.
Enfin, niveau mise en scène, quand je vois certains traiter Nolan de tâcheron et qu'il adule Verhoeven il y a pas vraiment de quoi être fier. Verhoeven dépasse jamais l'imagerie téléfilm qui possède la plupart de ses films (le seul qui déroge à la règle c'est Black Book) et se contente du minimum syndical, préférant se concentrer sur des jeux d'ombres sexuels plutôt que de donner le moindre intérêt à ce qu'il fait avec sa caméra. Heureusement, il y a quand même quelques choses à sauver dans le film, comme la storyline de la peste (seule idée scénaristique digne d'intérêt et elle est traitée par-dessus la jambe), Rutger Hauer, la scène de sexe dans le bain et...et...c'est tout. Bref, il me reste plus qu'à voir
Total Recall, après j'arrête le cinéma de Verhoeven AKA le mec qui m'a montré à quel point les 80's ont pu aveugler certaines personnes qui crachent désormais sur des films cent fois mieux torchés que ce truc infâme. Bref, Verhoeven c'est surcoté.
NOTE : 3,5/10