Inception |
Réalisé par Christopher Nolan |
9/10 |
Synopsis
Critique
Pas revu depuis sa sortie ciné, je me souviens être ressortie avec une grosse migraine ce jour-là.
Film assez singulier du brillant Christopher Nolan avec un des scénarios et des univers les plus complexes qui aient été crées au cinéma mélangeant action, science fiction, rêve...Nolan ne se fatigue pas trop niveau casting en général et il aime bien s'entourer des mêmes acteurs, mais ici à part M. Caine et Cillian Murphy , il embauche des acteurs de talents mais avec qui il n'avait pas travaillé avant. Mais il arrivera à les recaser dans son nouveau batman (Gordon Levitt, Tom Hardy ).
Di Caprio est assez génial dans ce film, restant zen la plupart du temps, ne souhaitant pas montrer ses faiblesses mais avec l'ombre de sa femme dans ses pensées. Un jeu tout en maitrise et sobriété pour un personnage tourmenté et perdu qui n'arrive plus à différencier rêve et réalité.
Le scénario de Nolan lui même est d'une extrême complexité tout comme son univers labyrinthique et il y a de quoi être perturbé devant cette explosion d'images tirées de son imaginaire mais qui doit rester visuellement crédible pour nous embarquer aussi dans les arcanes du cerveau. On pourrait comparer son script à celui de Minority report qui aussi explore les capacités du cerveau humain qui nous réserve des surprises.
Le film de Nolan est donc très alambiqué avec plusieurs niveaux de lecture et parsemé de symboles.
En revanche, à part le personnage de Di Caprio et de Marion Cotillard, les autres protagonistes semblent un peu fade et trop propres sur eux pour être attachants comme celui de Arthur (J. Gordon Levitt) qui a beau être nickel manque de charisme et d'imperfections.
Le début du film nous présente comme çà marche le voyage dans nos rêves ... comment se plonger dans un rêve, en sortir, le construire, le modifier , les pièges à éviter...bref, c'est le guide du spectateur pour comprendre la suite du film. Cette partie est la plus passionnante avec Di Caprio en guide spirituel et Ellen page en jeune ingénue qui débarque dans ce monde grandiose et Nolan nous livre des plans très impressionnants à renforts d'effets spéciaux et de paysages familiers pour les transformer en un monde où la gravité n'existe plus et où l'imaginaire permet d'aller assez loin. Les scènes de Paris sont mes préférées mais elles sont un peu brèves.
Puis, Nolan va encore plus loin et après nous avoir montré le niveau I des rêves souhaite nous embarquer dans 3 niveaux différents et nous explique à nouveau les rouages, les règles et les dangers...Dommage que la seule raison de cette folle aventure très risquée ne soit qu'une manipulation de l'esprit d'un jeune héritier pour démanteler l'empire industriel de son père : un enjeu plutôt mineur pour l'avenir de l'humanité et peu passionnant.
Pour le coup, Nolan nous a expliqué le principes de différents niveaux et donc si on a bien suivi, on sait à peu près ce qui va se passer, du coup l'effet de surprise est atténué et il y a peu de rebondissements dans la seconde partie du film consacrée à la mission de l'équipe d'extracteurs. Le film ressemble plus alors à un film d'action linéaire avec poursuites en voitures, jeu au chat et à la souris dans la neige, et gunfight dans un milieu urbain. Certes, les images livrées par Nolan claquent bien mais je trouve que l'équipe s'en sort assez facilement de leur mission, un traite parmi eux aurait été beaucoup plus sympa et aurait pu attiser l’attention du spectateur. Les images défilent donc sous nos yeux, on passe les niveaux comme dans un jeu vidéo.
Seule l'intervention de M.Cotillard permet de mettre un bâton dans les roues de Di Caprio et le déstabiliser, mais sa présence cyclique, lancinante et toujours identique est un peu agaçante.
Il n'y a pas de réelle tension ni de suspense dans le film, car comme on sait que tout est factice, les tirs réussis sur les ennemis n'ont pas autant d'impact qu'un méchant tué dans un James Bond. Tout est faux, donc tout est permis ou presque, et du coup la tension dramatique est plutôt inexistante car la vie des protagonistes n'est pas en jeu réellement.
Le point fort du film repose sur le rôle de Di Caprio qui est perturbé par ses voyages antérieurs et a de sérieux troubles psychologiques ayant du mal à distinguer rêve et réalité, c'est pour çà qu'on a toujours la suspicion qu'il peut faire louper la mission. En plus, comme l'univers onirique est fait de subconscient on ne peut rien contrôler et tout peut arriver.
Nolan avec son "memento" était déjà très attaché à l'univers tordu de l'esprit humain et ici il déstabilise par sa réalisation et effets visuels époustouflants : flashbacks, distorsion des décors gigantesques,suppression de l'apesanteur, rêves imbriqués,faux-semblant, illusions visuelles , dilatation temporelle et manipulation mentale ...Le rythme est assez fluide et on ne voit pas trop passer le temps et on peut avoir le vertige.
Je trouve que le film préserve une ambiance assez froide et urbaine et manque de poésie : à part la scène avec la maison d'enfance de Cotillard ou les scènes avec les gamins.
Le film de Nolan est très urbain et il aime jouer du métal et des vitres brisées, mais le rêve permet tellement de choses pourquoi se contenter d'un univers si triste. Le film "Au-delà de nos rêves" va beaucoup plus loin que Nolan visuellement parlant et est plus touchant émotionnellement.
Film ambitieux et novateur qui est une claque visuelle grâce aux effets spéciaux maitrisés à merveille, mais le manque d'enjeux.
La fin est assez décevante pour ma part, alors que celle du "prestige" vous scotchait sur votre siège avec l'impression d'avoir été manipulé pendant tout le film, ici on a juste voyagé dans l'imaginaire de Nolan, mais on n'a pas vibré pour l'avenir des personnages.