[Dunandan] Mes critiques en 2012

[dagokhiouma]

Je n'ai pas vu le film, mais le fait que tu dises en conclusion que le traitement tient plus du jeu vidéo qu'autre chose, ne m'étonne guère, vu que Shinobi est un jeu d'arcade des 80's, fort connu et dont ce film est probablement une adaptation.

[Dunandan]

J'adorais le jeu-vidéo, mais là ça n'a rien à avoir, les shinobis (synonymes de ninjas) ont vraiment existé, et ça s'inspire de leur histoire ! Je viens de lire que c'est d'ailleurs basé sur un roman.

[Dunandan]

Blade 2

Réalisé par Guillermo Del Toro Avec Wesley Snipes, Kris Kristofferson, Ron Perlman, Léonor Varela, Donnie Yen Fantastique/action, USA, 1h55 - 2002

8.5/10

Résumé :

Blade, un être mi-homme mi-vampire, s'est juré d'exterminer jusqu'au dernier ces créatures assoiffées de sang qui ont tué sa mère et l'ont contaminé. Epaulé par Whistler, son mentor, il est bientôt rejoint par Scud, un informaticien fidèle à sa cause depuis que Blade l'a sauvé des crocs des vampires. Face à eux, un groupe de vampires d'élite connu sous le nom de Bloodpack. Dirigée par la jeune Nyssa, une experte en arts martiaux, cette équipe s'entraîne dans un seul but : tuer Blade. Mais les priorités changent. Une nouvelle menace vient de faire son apparition sous les traits de Jared Nomak. Ce dernier est l'hôte d'un virus hautement contagieux et mortel pour l'homme et les vampires. Les deux races vont devoir unir leurs forces pour éliminer Jarek et les Reapers, une nouvelle espèce de créatures qu'il a engendrée.

Blade 2 transcende carrément Blade 1, sur tous les niveaux. Une brève introduction nous remet dans le bain, et met à égalité ceux qui n'ont pas vu le premier. C'est bien mieux réalisé, et certains effets spéciaux semblent avoir été repris de Spider-Man (par exemple, les angles dynamiques des caméras pendant les sauts de Blade) ou de Matrix. Le script est mince : les vampires s'allient avec Blade pour chasser ensemble un super-prédateur qui fauche autant les humains que les vampires, avec un petit twist final sympathique. Mais nous n'allons pas bouder notre plaisir, car les qualités de ce nouveau opus sont nombreuses. Il y a d'abord l'ambiance bad-ass qui règne entre Blade et le Blood-Pack, groupe armé de vampires faisant fortement penser à Aliens (le super-prédateur aussi d'ailleurs). Ils se vannent, se font des coups vicieux. Puis ils ont vraiment la classe : leur look, leur dégaine, leur manière de se battre. Le casting des vampires est d'ailleurs d'enfer, comptant parmi eux les excellents Donnie Yen et Ron Pearlman, puis aussi la très mignonne et convaincante Léonor Varela. Ils se la pètent tous, mais je trouve que ça fait partie de l'identité des Blade (par exemple : le plan iconique où Blade chope au vol ses lunettes de soleil, comme dans le premier, et qui ne quitteront plus son nez). Ensuite, il y a l'esthétique globale mélangeant sans fausse note, dans une photographie impeccable, fantasy urbaine, gothique et cyber-punk : garage, église, boite de nuits (où on aperçoit, dans la continuité du premier, les frasques des vampires "impurs" : lignes de sang cristallisé et lames de métal sur la langue avant de s'embrasser), rues mal éclairées, égouts, banques du sang. Enfin, les combats sont vraiment stylés et chorégraphiés, montés de manière dynamique et lisible, et se lâchent bien sur la violence graphique. Les sfx s'intègrent cette fois-ci parfaitement à l'action. J'allais oublier la BO, vraiment excellente, alternant hip-hop et rock bien énervé. Bref, on prend vraiment son pied, et on se croirait dans un véritable comics ou un manga (exemple : Ninja Scrolls), adapté de manière totalement personnelle.

En outre, un thème important est traité de manière explicite, et qui occupe le dernier tiers du film : les liens du sang, et par extension, la paternité. Ainsi, le chef des vampires préfère le pouvoir aux liens du sang, utilisant le clonage à ses propres fins. Puis, la paternité était déjà légèrement traitée dans le précédent Blade, ce qui est du pain béni pour le réalisateur, car il s'agit pour lui d'une préoccupation continue (exemples : les figures paternelles de Hellboy et du Labyrinthe de pan). La question est relativement simple : où se trouve le père, dans les gènes, ou bien est-ce le mentor, la figure de confiance ? Ensuite, il y a aussi une fascination pour les monstres et leur mode de fonctionnement, comme en témoigne la dissection du super-prédateur qui dévoile ses points forts et ses points faibles, ce qui sera un atout pour ses poursuivants. Enfin, il y a une légère histoire d'amour qui s'inspire d'un mythe dont Roméo et Juliette a donné ses lettres de noblesse, à savoir l'attirance de deux êtres qui n'appartiennent pas au même camp, mais traité ici à la sauce vampire : ainsi, le baiser est remplacé par le sang, et le poison salvateur, par le virus transmis par le super-prédateur et les brûlures du soleil.

Blade 2 est certainement le meilleur de la trilogie, non seulement au niveau de la réalisation et de l'ambiance, librement inspirées des comics, mais aussi au niveau des thèmes et de leur traitement (paternité, histoire d'amour inter-raciale, monstres, liens du sang), compensant largement avec la minceur du script.

[Heatmann]

tu dors jamais ?

le blood pack c'est vraiment une idee genial , ca fout la patate un film comme ca pis si on aime wesley comme moi , la c est vraiment un ode a sa classe et sont charisme , il est hyper iconiser et lache de la punchline badass a souhait

[Dunandan]

J'ai un rythme inversé, comme les vampires ! C'est marrant, avant j'appréciais pas trop ce film à cause de la minceur de son script, mais à présent, je l'aime beaucoup pour ce qu'il est : un film d'action-vampires violent et super classe.

Par contre le DVD que j'avais acheté d'occasion était super rayé (première fois que ça m'arrive un truc comme ça) et ça a sauté plusieurs fois, ce qui m'a finalement donné l'occasion de le reprendre avec le DVD bonus qui a l'air excellent. Heureusement que c'était un lot !


EDIT : je suis en train de me prendre un peu la tête en présentant une rétrospective chambaras/films historiques, idée que j'ai empruntée à Francesco ! Car dans peu de temps, je vais enchaîner les Gosha, et sûrement quelques Kurosawa aussi. La liste s'allonge !

[Dunandan]

Minority Report

Réalisé par Steven Spielberg Avec Tom Cruise, Kathryn Morris, Colin Farrell SF, USA, 2h25 - 2002

8.75/10

Résumé :

A Washington, en 2054, la société du futur a éradiqué le meurtre en se dotant du système de prévention / détection / répression le plus sophistiqué du monde. Dissimulés au coeur du Ministère de la Justice, trois extra-lucides captent les signes précurseurs des violences homicides et en adressent les images à leur contrôleur, John Anderton, le chef de la "Précrime" devenu justicier après la disparition tragique de son fils. Celui-ci n'a alors plus qu'à lancer son escouade aux trousses du "coupable". Mais un jour se produit l'impensable : l'ordinateur lui renvoie sa propre image. D'ici 36 heures, Anderton aura assassiné un parfait étranger. Devenu la cible de ses propres troupes, Anderton prend la fuite.

Après le décrié A.I., Tonton Spielberg remet les couverts avec la SF dans Minority report basé sur une nouvelle de Philippe K. Dick à l'instar de Blade Runner. Tous les ingrédients du réalisateur sont là : des scènes à grand spectacle tournées souvent avec un zest d'humour, et une réflexion assez poussée sur notre présent par le medium de la SF et spécialement sur la cellule familiale.

Minority Report porte sur une société utopique où le crime n'existe plus, grâce à trois individus qui ont des dons de prédiction. Le système judiciaire semble ainsi infaillible, et tout le monde a l'air de mieux s'en porter. Le corps policier chargé d'empêcher le crime est comparé à un clergé puisqu'en fait, aucun crime n'est commis, et ce n'est pas le surveillant-organiste des détenus qui pourrait nous le contredire. Or, l'apparence est sans cesse sur le devant de la scène, là où l'image est reine, et l'oeil, la marque identitaire dominante. En effet, le capitaine de la police, le héros, s'abreuve des images de son fils disparu, et elles ne quittent jamais les individus dans une ville dominée par la publicité attachée individuellement à chacun d'entre-eux. Le déterminisme et la liberté sont donc doublement ligotés, par cette nouvelle justice soit-disante infaillible qui pense que les individus ne sont pas capables d'avoir un futur alternatif, et par cette omniprésence des images dans la société qui oriente en quelque sorte le choix individuel. L'objectif du film est justement de démontrer la faillibilité de la justice, par la manière dont les événements peuvent être perçus, et de nous montrer la réalité derrière les apparences (par exemple, les potentiels criminels passent par la technologie des images pour réaliser leur fantasme et ainsi détourner leur violence).

Comme d'habitude, la réalisation est au top, et la mise en scène est au cordeau et cohérente par rapport au thème principal, les images et leur perception. Au niveau du casting, Tom Cruise s'efface derrière son rôle pour une fois. La seule scène qui m'avait vraiment dérangée, c'était l'épilogue heureux qui montrait soit-disant le "rêve américain" ou une naïveté à la Spielberg. Mais en regardant dans les détails, dès l'instant où le capitaine est enfermé, on peut avoir des doutes sur les événements d'après, qui peuvent très clairement être rêvés, développant ainsi le futur idéal pour lui : la découverte de son innocence et le fondement d'une nouvelle famille, la faillibilité du système, la reconquête de la liberté et de la complexité du déterminisme. Et les thèmes développés, outre celui du père très certainement projeté par Spielberg dans le film (quel père serais-je si mon fils a été kidnappé ?), renvoient bien sûr à celui de la justice américaine, n'arrêtant pas de ficher les individus (d'autant plus que les événements du 09/11 ne sont pas très loin) et donc de pouvoir soit-disant prédire leurs actes selon leur origine ou leur situation sociale. Par delà le divertissement qu'il procure, il s'agit donc bien d'un film qui pose des questions sur notre société. En somme, du parfait divertissement intelligent. Pour chipoter, je pourrais dire qu'il y a des raccourcis dans le script, mais rien de bien méchant (par exemple : comment le héros parvient-il à trouver l'adresse de la créatrice de la fondatrice de la "Précrime", et pourquoi ses anciens yeux ne déclenchent-ils pas l'alarme ?).

Spielberg réalise tout simplement l'un des meilleurs films utopiques de ces vingt dernières années, et accessoirement, l'une de ses réalisations les plus abouties, à la fois personnel (l'image du père), et impliqué (la question de la justice et de la prédiction du déterminisme).

[Hannibal]

Une fois de plus une très belle critique!

[Dunandan]

Thks ! J'ai décidé de faire un petit peu plus court ce soir ...

[Dunandan]

Blade 3

Réalisé par David S. Goyer Avec Wesley Snipes, Kris Kristofferson, Ryan Reynolds, Jessica Biel, Dominic Purcell, Parker Posey Fantastique, USA, 1h46 - 2004

3/10

Résumé :

A l'aide d'une manipulation d'image aussi géniale que machiavélique, les vampires ont réussi à piéger Blade : sur un document vidéo, on le découvre en train de massacrer... un humain. Pour le FBI, Blade devient l'ennemi à capturer. Pourchassé par les hommes et condamné par les vampires, Blade va devoir se battre sur tous les fronts. Les vampires, qui multiplient les alliances secrètes avec des humains renégats, sont sur le point d'utiliser son propre ADN pour ressusciter celui qui, il y a bien longtemps, fut le premier et le plus puissant d'entre eux.

Voilà comment en un épisode, qui plus est final, on détruit une série qui passait du bon au très bon. J'aurais du m'en douter dès l'image d'introduction du DVD, présentant trois ridicules toutous (on découvrira qu'ils sont en fait vampires). Il s'agit pourtant du scénariste de la trilogie, mais en même temps celle-ci ne brillait pas par l'ingéniosité de ses histoires, mais plutôt par la personnalité du réalisateur qui rejaillissait sur les films (surtout Blade 2), et celle de Blade, qui était l'un des rares héros de Marvel aussi violents sur le grand-écran. Le public, aussi, n'est plus le même, il est évident qu'il s'agit ici des adolescents : pratiquement pas de sang qui est remplacé par des corps en flammes, des acteurs de la nouvelle génération ou des séries-télé (l'acteur jouant Dracula sera surtout connu pour avoir incarné le fameux frère du héros de Prison Break), un humour en dessous de la ceinture incarné essentiellement par l'un des personnages, et un autre écoute de la musique de jeunes en tuant des vampires. Mais au moins, on n'est pas arnaqué par la marchandise : chaque plan nous rappelle à qui s'adresse ce film, dans le fond comme dans la forme (la photographie est du coup super gentille, lisse, dans le même ton que X-Men). A mon époque, lorsque j'avais 12 ans, on avait T2 ou Universal Soldier, aujourd'hui on a Blade 3 ou autres Underworld ...

C'est dommage, car deux idées de départ étaient sympathiques : les humains qui découvrent enfin l'existence de Blade, révélant son activité malsaine et annonçant ainsi son déclin, et puis dans la continuité du précédent, des humains aidant Blade. Malheureusement, la première idée est rapidement abandonnée pour finalement revenir à une chasse soit-disante finale aux vampires et au premier d'entre-eux, Dracula (les scénaristes auraient pu faire attention en nommant son origine, l'Irak, même si on apprend par ailleurs qu'il s'agit également de l'antique Sumer : ça pourrait en effet prêter à confusion ...). Et le nouveau groupe de chasseurs de vampires, même s'il charrie de nombreuses nouvelles armes assez jouissives, n'est pas très convaincant. Il s'agit même d'un problème général : ils jouent tous mal (excepté Kris Kristofferson, qu'on voit à peine un quart d'heure), y compris Blade, qu'on laisse beaucoup parler alors que ce n'est pas le fort de l'acteur qui l'incarne. Et en plus ce dernier n'utilise quasiment pas son épée lui préférant les armes à feu (quand même bizarre pour quelqu'un qui s'appelle Blade), jusqu'au duel final qui ressemble plus à un combat à la Highlander qu'à une baston à la Blade : du début à la fin ça manque singulièrement de sauvagerie. Une autre idée aurait pu être développée, mais elle est malheureusement trop vite abandonnée : il s'agit de l'usine de production du sang, stockant des SDF abandonnés par la population, et qui sont comparés à la Solution Finale, comme si les vampires aidaient finalement la société en les supprimant.

Le seul atout du film, paradoxalement, est de ne jamais pas oublier à qui il s'adresse, les adolescents, et du coup l'ensemble peut fonctionner comme une auto-parodie, même si ce n'est probablement pas l'objectif du film. Il paraît qu'un quatrième est en route, car seuls les vampires du bâtiment final semblent avoir été éliminés, mais j'espère qu'on aura un meilleur réalisateur et un fond et surtout une forme plus nerveux et sauvages. Dans la règle des troisièmes épisodes tout pourris, je le préfère quand même à X-Men 3, d'où ma note généreuse.

Blade dans un film d'adolescents, paradoxalement son défaut et son atout (car au moins on sait à quoi on a affaire). Mais c'est quand même médiocre, surtout quand on a vu les deux autres.

[Kakemono]

Tu dors jamais ou quoi?

[Dunandan]

Et toi que fais-tu là ?

[Kakemono]

Je reviens de concert + after, je traine mes guêtres sur BoM avant d'aller faire un tout petit dodo.
Bon, j'ai pas vu Blade Trinity, mais Minority Report j'ai un peu de mal avec ce film. J'aime bien mais sans plus, j'ai l'impression qu'il manque un truc et j'avoue qu'a cette heure là je serais bien incapable de dire ce que c'est.
Sinon, critiques agréables a lire, as usual.

[Dunandan]

Thks de 6h00 du mat' !

Minority Report, je l'apprécie surtout car il est pas con, agréable à suivre, bien foutu. Du divertissement intelligent comme Spielberg sait si bien le faire!

Blade 3 c'est juste de la daube bien comme il faut !

Bonne nuit alors ... moi aussi je vais me coucher tôt aujourd'hui !

[Hannibal]

Blade 3, j'arrête pas de repousser la vision et c'est pas ta critique qui me donne envie de m'y mettre

[Dunandan]

Oui j'avoue que je me suis prêté au difficile exercice d'être respectueux du film tout en le descendant bien profond !