7h58 ce samedi-là |
Réalisé par Sidney Lumet
Avec Phillip Seymour Hoffman, Ethan Hawke, Albert Finney, Marisa Tomei, Aleksa Palladino, Michael Shannon Drame-Thriller, USA, 1h57- 2007 |
6/10 |
Résumé : Ce samedi matin-là, dans la banlieue de New York, tout semble normal dans la vie des Hanson. Alors que Charles, le père, passe un test de conduite, son fils aîné, Andy, s'inquiète pour le contrôle fiscal qui débute lundi, et comme d'habitude, Hank, son fils cadet, se noie dans ses problèmes d'argent...
Challenge-Critiques BOM oblige, je me résous à écrire une critique rapide pour ce film pendant lequel j’ai trop souvent regardé ma montre et j’ai été prise d’une furieuse envie d’appuyer sur la touche avance rapide de mon lecteur. Malheureusement pour Lumet, le subjectif : l’ennui, l’emporte de beaucoup sur l’objectif : l’intrigue et l’interprétation.
A partir d’un fait divers sordide, Sidney Lumet tisse un drame particulièrement sombre et pessimiste, dans lequel, il analyse la lente désagrégation de la cellule familiale. Pour dynamiser son intrigue qui suit l’inexorable descente aux enfers de deux frères et l’impossible travail de deuil de leur père qui le conduira à l’innommable, le réalisateur choisit un montage déstructuré qui alterne les trois points de vue grâce a une succession d’allers-retours entre le présent et le passé.
J’apprécie déjà peu les films construits sur le procédé du flashback ou du compte à rebours, mais là j’ai honnêtement trouvé cet artifice de montage très lourd, à partir du troisième flashback, j’ai été prise d’une torpeur léthargique et j’ai commencé à attendre la fin avec impatience en me désintéressant quelque peu du sort des personnages ! Le scénario donne l’impression d’être une boucle temporelle dans laquelle, le scénario et donc les spectateurs tournent en rond. Je comprends bien que l’objectif du réalisateur était de donner une impression d’engrenage infernal qui se referme inéluctablement comme un piège sur les protagonistes. Une sorte de toile d’araignée qui est à la fois une allégorie de la culpabilité qui ronge les deux frères et de la quête de vérité qui anime le père. Il n’empêche que malgré la profondeur des personnages et la mise en abîme des valeurs familiales, le faux rythme imprimé par ce montage si particulier m’a complètement plombé l’histoire et je me suis ennuyée ! J’ajouterai que l’intrigue, les dialogues et la musique ont la saveur du film noir mais pas la photographie granuleuse et grise. C’est probablement volontaire, mais je n’adhère pas non plus à ce choix artistique.
Je finirai pas les points positifs : la scène du cambriolage très réaliste, la dernière scène à l’hôpital, amorale et d’une grande tristesse qui prouve que le chagrin et la haine peuvent mener à des éclairs de génie meurtrier et enfin l’interprétation. Sans un casting d’acteurs impliqués et littéralement habités par leurs personnages, je pense que j’aurai abandonné le visionnage vers la moitié du film.
Phillip Seymour Hoffman est comme à son habitude captivant (lente perte de contrôle, explosion de colère…) dans le rôle de ce personnage antipathique au départ, trahit de toute part par sa propre famille et vilain petit canard qui n’obtient pas la rédemption. Hank est le seul personnage pour lequel, on ressent finalement une certaine empathie.
Ethan Hawke est excellent dans le rôle du petit frère loser et charmeur, émotionnellement fragilisé par les évènements dramatiques, rongés par une double culpabilité, mais qui parvient toujours à se tirer de toutes les situations délicates. Il est le « bébé » de la famille, celui qui ne peut être responsable.
Albert Finney est également parfait dans le rôle du patriarche rongé par le chagrin. A sa manière de se comporter avec ses fils, on peut presque comprendre l’injustifiable
mais on ne peut excuser sa manière de rendre justice.
Marisa Tomei est touchante dans le rôle de cette épouse désabusée et désenchantée
Dans ce polar dépressif proche de la tragédie grecque,
Lumet atomise les valeurs familiales de la classe moyenne américaine et nous propose une vision pathétique de la nature humaine.
Subjectivement infiniment ennuyeux et objectivement : 3 points pour les interprétations, 1 point pour la musique, 1 point pour la thématique et 1 point pour l’introduction et la conclusion du film.