Empire Of The Sun (Empire du Soleil) de Steven Spielberg
(1987)
Seconde vision du film qui me permet de le revoir énormément à la hausse. Dans mon cas, on pourrait presque parler de redécouverte totale (je l'avais découvert au collège sur le simple nom de Spielberg en espérant un film du guerre sur l'aviation, autant dire que c'était à l'époque une sacré douche froide, je me souviens même m'être endormi sur la dernière demi-heure) tant j'avais l'impression de découvrir un film totalement inconnu. S'il ne paye pas de mine à cause d'une réputation bien moins élogieuse qu'il ne devrait avoir (on le cite très rarement lorsque l'on parle de Spielberg en général),
Empire Of The Sun est pourtant l'une des œuvres les plus intéressantes de son auteur avec notamment une histoire qui combine plusieurs thèmes chers au cinéaste mais aussi une forme qui annonçait le Spielberg moderne que l'on connaît aujourd'hui. Réalisé à une époque où le réalisateur de
Jaws adaptait des histoires ouvertement romantiques entre deux épisodes de la saga Indiana Jones,
Empire Of The Sun se distingue néanmoins de films très moyens comme
The Color Purple ou
Always via une rigueur filmique assez étonnante. En contant l'histoire de Jim, jeune garçon britannique qui, lors de l'invasion japonaise de la Chine durant la Seconde Guerre Mondiale, se retrouvera séparé de ses parents, Spielberg réalise un film qui trouvera un écho très fort avec son futur
A.I., les deux métrages traitant tout deux de la perte d'une certaine innocence pour devenir autonome, quitte à perdre toute notion de l'enfance. Et si
Empire Of The Sun n'atteint pas la puissance narrative de
A.I., le film est tout de même assez impressionnant pour marquer encore un spectateur qui le découvrirait aujourd'hui. Ainsi, de l'errance dans les quartiers chics déserts jusqu'à l'exode du camp de prisonniers en passant par la rencontre avec deux vagabonds, le film est toujours prenant, et même si l'on pourra regretter quelques longueurs sur les vingt dernières minutes (hormis le passage de la bombe nucléaire et la mort de l'enfant japonais il n'y a pas grand chose de véritablement marquant), nous sommes bien ici en face d'un Spielberg en grande forme.
Le script possède en plus de très nombreuses qualités comme une passion obsédante du personnage principal pour les aviateurs ennemis (et des avions eux-mêmes, difficile par ailleurs de ne pas reconnaître Spielberg se mettre en scène à travers et surtout une scène finale bien plus ambiguë qu'elle ne le laisse paraître (est-ce vraiment ses parents alors qu'il ne peut plus les reconnaître ?). En plus de cela,
Empire Of The Sun est un véritable film épique (le film avait été proposé un temps à David Lean, dont l'influence se fait fortement ressentir ici) qui fonctionne de façon admirable via une mise en scène inspirée de la part de son auteur. Faisant preuve d'un sens du cadre que l'on pouvait déjà pressentir dans certains de ses précédents films (
Jaws et
E.T. notamment, pour ne citer qu'eux), Spielberg signe quelques uns de ses plus beaux plans dans ce film qui jouit d'une richesse visuelle étonnante. Certaines séquences en deviennent même vraiment très belles, notamment cette scène où Jim aperçoit l'onde de choc provoquée par la bombe atomique, la scène du chant face aux pilotes japonais ou encore l'attaque du camp d'aviation par les américains (avec un ralenti sublime sur un avion passant juste devant Jim). De ce côté là, le film est véritablement inattaquable, Spielberg rendant majestueux une histoire qui aurait pu être quelconque entre les mains d'un autre réalisateur. John Williams, Spielberg oblige, signe encore une fois la composition musicale et si le score est loin d'être le plus marquant de son auteur, il a le mérite d'offrir un chant anglais d'une puissance remarquable sur trois séquences du film. Enfin, Spielberg s'entoure de façon toujours aussi impressionnante, avec un Christian Bale qui montrait déjà toute l'étendue de son talent, John Malkovich est vraiment bon et on a même droit à Joe Pantoliano et Ben Stiller en seconds rôles.
Empire Of The Sun est donc clairement un excellent film de Steven Spielberg qui pourrait presque être à lui tout seul la quintessence de son cinéma, en plus d'offrir une histoire prenante sur des images sublimes.
NOTE : 7,5/10