[Dunandan] Mes critiques en 2012

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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Chuck Chan » Sam 21 Jan 2012, 14:16

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Braveheart - 9,5/10

Messagepar Dunandan » Dim 22 Jan 2012, 09:13

Braveheart

Réalisé par Mel Gibson

Avec Mel Gibson, Sophie Marceau, Catherine McCormack, Patrick McGoohan, James Cosmo, Brian Cox, Sean McGinley

Historique/drame/guerre, USA, 2h45 - 1995

9.5/10


Résumé :
Evocation de la vie tumultueuse de William Wallace, héros et symbole de l'indépendance écossaise, qui à la fin du XIIIe siècle affronta les troupes du roi d'Angleterre Edward I qui venaient d'envahir son pays.


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Dans le genre épique, on peut dire qu'il y a un avant et un après Braveheart. Même après une dizaine de fois, les mêmes sensations demeurent en place : tour à tour émouvant durant la romance, passionnant grâce à ce personnage menant un combat furieux défendant la liberté contre la tyrannie, et réjouissant avec des combats dont la violence ultra-réaliste redéfinit le film historique. L'interprétation de Mel Gibson, habité par son personnage, compte pour beaucoup dans le succès de la réalisation.

Epique et romantique

L'une des grandes réussites de Braveheart tient d'abord à la qualité de la romance se déroulant entre Murron et Wallace, et qui constitue le premier morceau, dont l'issue malheureuse motivera ce dernier à se soulever contre les anglais. Cette histoire d'amour est à la fois incroyablement tendre, intense, et tragique. Je retiendrai essentiellement trois scènes, qui condensent toute l'intensité de la relation. D'abord, lorsqu'ils sont enfants, et que Murron tend une fleur à Wallace en plein deuil de son paternel, que ce dernier redonnera étant adulte, preuve qu'il a pensé à elle pendant toutes ces années, de la façon la plus romantique qu'il soit. Ensuite, la scène d'amour suivant leur mariage, incroyablement tendre et pudique malgré quelques nus visibles. Enfin, la fameuse scène d'égorgement de Murron par un anglais, qui est cadrée sur son regard et non sur sa gorge.

Ensuite, le cadre historique, au niveau visuel et sonore, est parfaitement planté. Il s'agit même l'un des meilleurs depuis La chair et le sang. On nous présente un Moyen-Age grisâtre, sale et boueux, soutenu par une musique jouée par des instruments celtiques (harpe, cornemuse, flûte ...) vraiment magnifique et pittoresque. Les décors naturels sans aucune once de CGI, le réalisme des costumes et des habitations, la présence d'acteurs écossais parlant avec un doux accent roulant les "r", et ces bonnes gueules de guerriers-nés (dont certains joueront dans d'autres films du même genre), complètent le charme.

Enfin, les combats renouvellent le genre historique : pour une fois ils sont réalistes, sanglants, barbares. Les coups sont portés et en plein champ, et les stratégies des batailles sont parfaitement visibles dans les deux batailles présentes. Dans la première, nous percevons d'un côté l'armée anglaise, parfaitement ordonnée mais prévisible déployant logiquement archers, cavaliers, et hommes à pied, opposée à une force paysanne moins nombreuse, mais intelligemment utilisée. La réussite de cette bataille, outre la démonstration et la visibilité de deux stratégies différentes, tient également à la montée de la tension réalisée grâce à un montage alterné entre vitesse normale et vitesse rapide des cavaliers lancés contre la ligne des écossais. La seconde bataille est réalisée un peu de la même manière, mais l'intérêt réside à montrer un nouveau déroulement : l'ingéniosité de Wallace désormais reconnue (à laquelle se rajoute le ralliement inattendu d'un peuple ami) doit faire face à présent à la trahison d'une partie de son armée et à l'efficacité des anglais (cette fois-ci dirigée par un chef expérimenté, le Roi lui-même) au détriment de l'esprit chevaleresque, acceptant ainsi des dégâts collatéraux. Par delà la violence et la visibilité des batailles, il y a le début de ces batailles que je trouve génial, spécialement au début de la première. En effet, à ce moment-là, les écossais ne tarissent pas de provocations à l'adresse de l'ennemi, et William Wallace brise la réputation de son image, pour se mettre à la hauteur de ses semblables grâce à un discours universel, engageant nobles et paysans, qu'il crie à leur face : "tous les hommes meurent, mais tous ne vivent pas réellement" (bon, cette affirmation est prononcée à un autre moment, mais le contenu s'en approche beaucoup). Du grand art.

L'histoire vue par Mel Gibson

La vision de l'histoire de Mel Gibson est sujette à caution. Je comprends le postulat de départ, selon lequel "ceux qui on écrit l'histoire sont ceux qui ont pendu les héros". Ainsi, Braveheart est comme un porte-étendard de la liberté et des hommes qui se sont battus pour elle, et qui ont été oublié par l'histoire officielle. Mais du coup, l'histoire racontée est basée uniquement sur le point de vue écossais, conduisant ainsi à simplifier et à durcir les rapports. Il est ainsi difficile d'adhérer objectivement à cette représentation manichéenne des peuples, avec les écossais, gentils barbares païens (excepté Wallace, qui a reçu une éducation en Europe), exploités par les méchants anglais barbares civilisés, et manipulés par les méchants nobles vendant leur âme et payant un impôt à l'envahisseur pour recevoir en échange hommes, terres, et pouvoir. Puis dans les détails, il ne me semble pas que Wallace se soit attaqué aux nobles après une trahison de leur part. Mais le plus gros détournement historique revient à la romance entre Wallace et la princesse de France, qui aurait donné naissance à un fils. En effet, cette histoire relève du pur fantasme (elle n'aurait eu que 13 ans au moment des faits), mais j'en comprends la fonction. Il s'agit de faire apparaître l'espoir des deux côtés de la frontière, en Ecosse (le futur Roi d'Ecosse reniera l'héritage de son père, basé sur la trahison et le pouvoir, en étant animé par le même idéal de liberté que Wallace), et en Angleterre (La Reine élèvera son fils selon des valeurs de justice et d'équité, opposées au réalisme cynique d'Edward Le Sec).

Malgré ces simplifications exagérées, les grandes lignes historiques sont quand même respectées, et les autres personnages sont généralement fidèles à l'histoire. William Wallace était vraiment cultivé, nous changeant ainsi du lieu-commun du barbare païen inculte. On pourrait reprocher à Mel Gibson le fait qu'il soit plus âgé que son personnage, mais le travail physique effectué sur son corps, son regard de braise et son charisme qui bouffe l'écran, remportent largement l'adhésion. Ensuite, le roi anglais était bien un génie militaire et tactique, et un tyran qui régnait par la terreur. Il est vrai également que son fils était homosexuel, bien que son ami a été engagé par le roi lui-même, et n'a pas été assassiné de manière aussi brutale (d'autant plus que l'homosexualité n'était pas encore punie par l'Eglise comme telle, mais seulement l'acte sodomite).

Pour terminer, beaucoup de symboles chrétiens contiennent comme une lecture cryptée de l'histoire, conforme aux croyances de Mel Gibson qui trouveront toute leur mesure dans La passion du Christ. Le réalisateur fait ainsi à Wallace un traitement christique, devant libérer son peuple, par les armes (contrairement au Christ), et finissant comme Lui, en martyr :
- La mort du père de Wallace ressemble à celle du Christ (touché à la poitrine et couché en croix), et préfigure sa fin tragique.
- Un des traîtres figurant parmi les nobles reçoit du sang sur le pain qu'il vient de rompre, rappelant le dernier repas de Jésus, et donc la trahison de Judas.
- Un conteur d'histoires raconte que Wallace a coupé ses ennemis en deux comme Moïse coupa la mer en deux, sanctifiant ses actes de violence.
- La purification de Wallace fait penser à la crucifixion, à la fois dans sa forme et dans sa portée symbolique : comme le Christ, il subit la torture pour le faire plier, et offre un message paradoxal au peuple, la liberté active au lieu de la compassion passive.

En conclusion

Heureusement, la puissance du script, se déroulant sans temps morts (les 2h45 du film passent très vite), transcende ces quelques erreurs ou réductions historiques. Et cette double idée défendue (dont provient le titre du film) est très forte, malgré sa simplicité : d'une part, la noblesse du coeur (courage, défense d'un principe, ...) et la liberté, comme principe et pratique, s'opposent à la noblesse officielle (basée sur le nombre d'hommes, de titres, et le pouvoir). Et d'autre part, un individu ne peut rien faire sans l'institution (représentée ici par la noblesse) ou sans le peuple pour le soutenir.

Et paradoxalement, le parallèle existant entre le Christ et William Wallace est peut-être ce qui explique un tel magnétisme et une telle sincérité dans le combat du héros, faisant ainsi appel à l'inconscient collectif des spectateurs. Mais je trouve qu'il est important d'en être conscient simultanément pour ne pas justifier aussi facilement une telle démarche d'identification, conduisant à tous les absolutismes.


Braveheart est un grand film à la fois épique et romantique, dont les quelques simplifications et erreurs historiques sont excusées par son script et sa sincérité.
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Drive (2011) - 7,5/10

Messagepar Dunandan » Lun 23 Jan 2012, 00:12

Drive

Réalisé par Nicolas Winding Refn

Avec Ryan Gosling, Carey Mulligan, Bryan Cranston, Albert Brooks, Oscar Isaac, Ron Perlman

Action/thriller, USA, 1h40 - 2011

7.5/10


Résumé :
Un cascadeur tranquille et anonyme se métamorphose dès que la nuit tombe : il devient pilote de voitures pour le compte de la mafia. La combine est bien rodée jusqu'au jour où l'un des casses tourne mal et l'entraîne dans une course-poursuite infernale. Il veut se venger de ceux qui l'ont trahi.


Image


L'introduction est vraiment excellente, et nous plonge dans l'ambiance des années 80 : la musique électronique (qui restera excellente, à part une chanson trop criarde à mon goût), la photographie nocturne (qui fait penser aux films de Mann, de Heat à Miami Vice), le rythme doucement crescendo, les bruits de moteurs de la voiture, et la présentation du personnage à la fois énigmatique, précis, et efficace (il connaît les rues de la ville par coeur). Un seul point noir dans cette entrée en matière : la sensation de vitesse à l'intérieur de la voiture, qui fait du sur-place alors qu'elle est censée faire des accélérations. Ainsi, au niveau de la mise en scène, ça envoie du lourd.

Par contre, le script n'est pas le gros point fort du film, et se résume à peu de choses. En gros je l'ai compris comme ça : un amateur de sensations fortes ne s'engage pas dans les casses auxquels il est convié comme conducteur, jusqu'à ce qu'une famille qu'il prend en affection a des problèmes, et dont il tombe amoureux de la femme en passant, ce qui le pousse à salir ses mains pour les sauver.

Après ce début qui demeura parmi les meilleurs du genre à ma connaissance, le gros intérêt du film est le personnage principal. En effet, impossible de savoir ce qu'il a dans la tête car il ne parle presque jamais, et seuls ses actes (et aussi quelques suggestions liées à l'ambiance et aux références autour du conte et d'un dessin-animé) nous renseignent par truchement sur sa personnalité : il a tous les tics du comportement autistique, comme en témoigne d'ailleurs son obsession par la course automobile. D'abord, première piste : il est cascadeur à mi-temps, ce qui indique qu'il veut rendre son existence plus intense, compenser cette froideur qui le caractérise. Mais une seconde piste vient un peu brouiller les cartes, qui est vraiment bien illustrée par la scène d'ascenseur : il embrasse tendrement la femme qu'il aime, et enchaîne soudainement par une violence paroxystique contre l'homme qui veut du mal à tous les deux. De nombreuses scènes viendront nourrir cette tension, allant plus vers la tendresse (on a pratiquement droit à du Mallick "too much") dans la première partie, et plus dans la violence, parfois vraiment crue, dans la seconde.

Cette tension entre tendresse et violence, non engagement de sa part et froideur mécanique, et plein engagement le menant à une fin tragique, me fait directement penser aux films de Takeshi Kitano (exemple : Hana-Bi), qui font jaillir la tendresse ou la violence d'un coup, sans prévenir. Malheureusement, le réalisateur a traité d'autres personnages de cette manière sans que cela soit nécessaire, probablement pour mettre en valeur le comportement passif du "héros".

Ainsi, la femme dont il tombe amoureux est pratiquement comme lui : elle ne parle pas, elle attend que des choses lui arrivent, mais ne prend aucune initiative. En gros, elle ne sert à rien (elle aurait pu être jouée par n'importe quelle autre actrice), juste de faire-valoir par sa passivité encore plus poussée que le "driver". Et les autres personnages sont très secondaires, pas vraiment étoffés, insignifiants. Par exemple, c'est vraiment trop facile la manière dont le "héros" rencontre la famille, surtout le mari qui a trop rapidement confiance en lui. Il y a beaucoup de facilités du script dans ce sens, comme la manière dont il retrouve aussi facilement tous les types du gang.

Enfin, la fin n'est vraiment pas originale, ni très intense. Un seul point intéressant : on dirait que son symbole, le scorpion, prend tout son sens. A savoir, en cas de danger, cet animal peut devenir extrêmement dangereux, jusqu'à se donner lui-même un coup de dard et se donner ainsi la mort.


Drive fait très fort pour l'introduction, l'ambiance, et son personnage principal autiste, mais malheureusement il y a beaucoup de facilités dans le script, et les personnages secondaires ne sont pas très étoffés.
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Elégie de la Bagarre - 6/10

Messagepar Dunandan » Lun 23 Jan 2012, 02:46

Elégie de la bagarre

Réalisé par Seijun Suzuki

Avec Mitsuo Kataoka, Takeshi Kato, Isao Tamagawa, Yusuke Kawazu, Junko Asano, Hideki Takahashi

Satire historique, Japon, 1h22 - 1966

6/10


Résumé :
En 1935, un jeune étudiant est partagé entre son désir ardent pour une charmante étudiante catholique et les rixes violentes avec ses camarades collégiens, tous aussi pressés que lui de s'enrôler dans les forces armées impériales. Et tous aussi inconscients des manipulations du pouvoir militaire.


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J'avoue que je n'ai pas bien suivi tous les détails du film avec soin (j'avais un coup de pompes).

D'une manière générale, à travers la tension vécue par un collégien entre son désir d'une femme chrétienne et celui de suivre ses copains dans des bagarres reproduisant des scènes de guerre, il s'agit de dénoncer de manière satyrique une société abolissant l'individualité : en effet, l'apologie de l'âge féodal et celle du christianisme ne sont pas le reflet d'une émancipation individuelle. A un autre niveau, l'action exprimée dans les bagarres permet de transformer l'énergie des jeunes de manière positive face à la frustration sexuelle (très rigolote la scène où le jeune craque un peu, et joue quelques notes sur le piano de son amie avec ... sa bite, hors champ bien sûr), ou bien de parodier l'art traditionnel du samouraï en singeant le code d'honneur ou l'allure générale de ce dernier.

Ce désordre vécu par le collégien est également visible au niveau du montage, n'hésitant pas à un moment de couper les plans en deux lorsque le professeur ne parvient pas à se faire respecter par les élèves, ou bien en alternant plans larges et gros plans au milieu d'une phrase d'un supérieur hiérarchique, brisant la cohérence d'ensemble du discours.

Personnellement, je n'ai donc pas totalement digéré le film, que j'aurai à revoir dans des conditions plus idéales pour mieux l'apprécier.


Un film satirique sur la société qui enferme les individus, par le biais de l'armée ou de la religion.
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Détective Bureau 2-3 - 6/10

Messagepar Dunandan » Lun 23 Jan 2012, 17:56

Crevez vermine Detective Bureau 2-3

Réalisé par Seijun Suzuki

Avec Shishido Jo, Nobuo Kaneko, Tamio Kawaji, Yûko Kusunoki, Reiko Sasamori

Polar/comédie, Japon, 1h29 - 1963

6/10


Résumé :
A tokyo, dans les années 60, un détective sauve la vie d’un criminel. Pour le remercier, ce dernier l’introduit dans son gang de trafiquants d’armes. Aidé par la police, le détective réussira à démanteler l’organisation à grands renforts de machinations et de swing.


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C'est mon deuxième film de Suzuki, et en fait j'ai un peu du mal avec son style, et je crois que ça venait plus du film que de moi en fait la dernière fois. Alors je comprends qu'il faut le remettre dans son contexte : il s'agissait d'un réalisateur important à l'époque, essentiellement dans son rôle contre la censure, en mettant en dérision les codes du genre. Dans Detective Bureau 2-3, nous avons alors affaire à une comédie policière, à l'ambiance légère et jazzie, mettant en oeuvre un policier infiltré qui réussira à lui tout seul, ou presque, à démanteler deux gangs.

Ce qui est intéressant, c'est donc la manière dont le metteur en scène s'amuse à détourner les codes de manière légèrement comique, alors que ce sera sérieux et nihiliste avec les films de Kenji Fukasaku (par exemple Le cimetière de la morale) :
- Le policier infiltré se la joue vraiment, c'est un gros vantard, et a des poses assez ridicules lorsqu'il se met à utiliser son arme, et sait très bien danser le twist.
- Les détectives préfèrent faire du chantage et gagner de l'argent, à l'inverse du "héros", qui a une cause un peu plus noble.
- Le chef du clan des yakusas est impuissant avec sa femme, ne réussissant à exprimer sa puissance sexuelle que par la violence physique.
- Les médias suivent avec intérêt les règlements de compte en les mettant en scène comme des shows.
- Et d'ailleurs les règlements de compte sont toujours à la fois spectaculaires et grotesques, avec deux clans, l'un armé de sabres, et l'autre de mitrailleuses, nous plongeant dans des batailles assez ludiques, sans enjeux particuliers, sinon la destruction du clan adverse.
- Enfin, l'une des planques de la police est une église, tournant ainsi la religion en dérision.

Mais à part cette manière dont Suzuki, par la comédie légère, parvient à critiquer la société dans laquelle il vit, je n'ai pas été impressionné. J'ai même trouvé le style et le thème plus subversifs dans Elégie de la bagarre.


Un film probablement important pour l'histoire du cinéma japonais et de la représentation des yakusas. Sinon il faut être un gros fan du genre de la comédie policière légère pour apprécier.
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Vagabond de Tokyo (Le) - 7/10

Messagepar Dunandan » Mar 24 Jan 2012, 05:39

Le vagabond de Tokyo

Réalisé par Seijun Suzuki

Avec Tetsuya Watari, Chieko Matsubara, Hideaki Nitani, Ryuji Kita

Policier, Japon, 1h23 - 1966

7/10


Résumé :
Tetsu, yakuza et favori de Kurata, le chef de son clan, décide de se ranger. Kurata lui offre un travail régulier. Mais cette faveur leur vaudra les critiques d'Otsuka, un autre chef de clan. Ainsi Tesu est condamné à quitter Tōkyō, et devenir une sorte de yakuza errant, un vagabond, pour préserver l'honneur de Kurata. Mais ce dernier le trahira, et Tetsu devra déjouer de nombreux pièges mortels. Finalement, il n'aura d'autre choix que d'affronter son ancien patron.


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Après une critique satirique de l'univers de la guerre et du christianisme et une comédie policière, voilà une audace esthétique de l'utilisation des couleurs et des chansons. La scène d'introduction en N & B est complètement saturée, annonçant malgré cette limitation colorimétrique les couleurs pop et flashy à venir (la couleur des costumes semblent répondre à celle des décors), dignes d'un film des studios de bollywood. Il s'agit de la grande originalité du Vagabond de Tokyo : certains plans, surtout vers la fin, ressemblent à de véritables oeuvres d'art picturales. Il y a ici et là quelques plans qui seront piqués, notamment par Tarantino dans Reservoir Dogs, ce fameux plan rassemblant les malfaiteurs avançant de face au ralenti, ou des scènes qui proposent une alternative aux codes du genre, à l'image des harakiris à peine déguisés, dont le sabre est remplacé par des flingues ou des couteaux. Par contre, quel dommage que la recherche stylistique soit développée au détriment du script, quasi inexistant, se déroulant seulement au rythme des chansons interprétées par l'un des yakuzas entre deux fusillades, quittant son clan. L'histoire est en effet très mince, se résumant à des règlements de compte immobiliers et de membres entre différents clans ennemis, et dont les transitions ne sont pas suffisamment travaillées (volontairement ou pas ?) pour éviter l'incompréhension de la part du spectateur. Il s'agit donc avant tout d'une oeuvre esthétique, à laquelle je n'ai pas complètement adhéré, faute d'un squelette narratif suffisamment important. A revoir pour mieux apprécier le travail du cadre, du montage et de l'esthétique.


Un film ultra stylisé dont certains plans ressemblent à des tableaux, auquel il manque une histoire solide. De belles audaces esthétiques sont à signaler, et cette ballade d'un yakuza au rythme d'une chanson n'est pas sans charme.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Mar 24 Jan 2012, 07:35

Petite Maj de ma critique sur Braveheart que je trouvais pas assez bien structurée. Dans le fond, les ajouts se trouvent surtout à partir de La passion du Christ, pour les intéressés :wink: !
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Doulos (Le) - 8/10

Messagepar Dunandan » Mer 25 Jan 2012, 05:08

Le doulos

Réalisé par Jean-Pierre Melville

Avec Jean-Paul Belmondo, Serge Reggiani, Michel Piccoli, Jean Desailly

Polar, FR, 1h48 - 1963

8/10


Résumé :
Un homme, à sa sortie de prison, règle quelques comptes et prépare un nouveau cambriolage avec son ami Silien. Ce qu'il ne sait pas c'est que ce dernier travaille pour la police.


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Le doulos est ma seconde incursion dans la filmographie de Jean-Pierre Melville, après Le silence de la mer. Le point commun qui m'a frappé d'emblée entre les deux films, malgré leur différence générique, le premier étant un polar, et l'autre, un film portant sur la deuxième guerre mondiale, est la qualité de leur mise en scène. Il y a en effet une volonté affichée de la part de Melville à prendre son temps pour installer l'ambiance de son intrigue qui pourrait vraiment se dérouler dans n'importe quelle ville, nous baladant entre entrepôts désaffectés, bars de nuits, et locaux d'intérieur. L'un des traits de génie esthétique est de brouiller la séparation jour-nuit, reflétant ainsi également l'ambiguïté des personnages à venir. En outre, Melville détaille les crimes avec une précision chirurgicale. Ainsi, à la présentation du cadre criminologique vient s'ajouter un réalisme approfondi : chaque action est effectuée avec soin par les malfaiteurs, loin des standards actuels visant au contraire à les réduire au maximum par un montage cut, préférant l'impression spectaculaire à la crédibilité.

Au niveau de la réalisation, le travelling, Melville connaît : il faut voir l'introduction avec une caméra qui ne quitte pas des yeux le personnage mystérieux à l'imperméable et au chapeau jusqu'à sa destination finale. La plupart des scènes ont été tournées dans les studios dont le réalisateur est si fier, et qui sont la marque de son indépendance artistique. Le contraste des N & B donne vraiment aux plans un cachet unique, digne des films noirs américains des années 30-40. Ensuite, les acteurs incarnent très bien leur rôle, adoptant une diction et un ton propres au cinéma de Melville, et ça fait aussi du bien de découvrir Jean-Paul Belmondo dans un rôle plus sombre que d'habitude et sans son cabotinage de sa célébrité future. Enfin, la musique est également très réussie, à la fois très noire et rythmée, avec des trémolos à l'accent blues et jazzy.

Passons à l'intrigue. Le nerf narratif du film provient du titre et de son commentaire textuel, qui nous préparent psychologiquement à ce qui nous attend. En effet, il faut bien ouvrir ses yeux et ses oreilles (la première fois que je l'avais vu, j'avais zappé un élément, ce qui m'a pénalisé pour toute la suite du film), car le récit est extrêmement bien ficelé, et ne laisse rien au hasard. Mais heureusement, le début nous procure une sorte de grille interprétative : le "doulos" est celui qui porte le chapeau (très vite, certains faits montrent que c'est le personnage joué par Belmondo), autrement dit l'indicateur de la police, et le texte nous dit "mentir ou mourir" (garder les apparences est la clé pour rester en vie pour un malfaiteur). Le port du chapeau est donc en même temps le signe distinctif du malfaiteur, et ce qui peut justement nous tromper à son compte. Ainsi, tout le film est doublement pensé comme un roman policier, du côté des policiers qui essaient de trouver des indices pour remonter aux auteurs des crimes, comme pour celui du "doulos" tragiquement pris dans un entre-deux, entre le monde des policiers et celui des voleurs. La plus grande qualité du film est de faire du spectateur un détective lui-même, qui doit résoudre l'énigme du "doulos" : a t-il trahi son ami ? Jusqu'au bout, le doute est permis, surtout que les 15 dernières minutes viennent astucieusement livrer la version du "doulos" accusé. Ces thèmes de l'amitié et de la trahison, qui sont des motifs "melvilliens", sont aussi symptomatiques de ceux qui ont vécu la guerre et la collaboration, du côté de la résistance.


Un bon polar, qui brille surtout par la qualité de sa mise en scène et de sa photographie, et qui fait du spectateur lui-même un détective qui doit rester à l'affût de chaque piste, chaque indice, pour reconstruire l'histoire. Un film précurseur quant à sa narration brouillant les cartes entre vérité et apparences.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Mer 25 Jan 2012, 06:32

Je vais le revoir très bientôt, car là, je ne suis pas très satisfait de ma critique. Il faut vraiment accrocher très vite à l'intrigue, sinon on est perdu en route.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Alegas » Mer 25 Jan 2012, 10:54

Celui là autant j'adore la première demi-heure, autant le reste me laisse de marbre. Des films de Melville que j'ai pu voir c'est clairement celui qui m'a le moins convaincu.
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Scalp » Mer 25 Jan 2012, 14:22

No comment.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Mer 25 Jan 2012, 18:36

Je vais le revoir dans un instant :super: !
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Alegas » Mer 25 Jan 2012, 19:16

Tu sais t'es pas obligé de le revoir pour faire plaisir à Scalp. :eheh:
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Scalp » Mer 25 Jan 2012, 19:18

En plus moi si y a bien un truc que je suis incapable de faire c'est revoir un film à 2jours d'intervalle.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Alegas » Mer 25 Jan 2012, 19:21

Idem. :eheh:
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

The Wachowskis


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