8,5/10
Revenge de Tony Scott - 1990
"Perhaps we both deserve to die"
Le film qui définit si on est un vrai fan ou pas de Tony Scott, si on chipote on est pas un vrai fan.
Le script de cette nouvelle de Jim Harrison a beaucoup tourné passant notamment dans les mains de John Huston et Johnatan Demme ( on a évité le pire parce que Demme voilà quoi et Huston fin de carrière c'était plus vraiment ça ), Tony Scott a l'époque était pas forcément un choix évident, sa collaboration avec Bruckenheimer le destinait pas à tourner un film aussi radical en plus le début du film ( les 5 premières minutes ) on se croirait dans Top Gun 2 (Top Gun étant clairement son plus mauvais film).
Pour cette version DC Tony Scott vire donc plus de 20 minutes de bobine, incorpore des nouvelles scènes et change même de BO, pour les changements en gros Scott a viré tout les trucs sur-explicatif qui ralentissait le film, et rajouté de la violence et du cul ( sans que ce soit un choix racoleur ), après j'ai pas revu la version originale depuis sa sortie je pourrai donc pas comparer les 2.
L'histoire est donc classique dans sa première moitié et le rythme est très calme sans que ce ne soit jamais chiant et Scott se révèle beaucoup plus subtile qu'on aurait pu imaginer et les 40 premières minutes jamais on se dit qu'on est devant un film de Tony Scott tant ça prend son temps pour développer ces personnages, ainsi on croit à l'histoire d'amitié entre Costner et Quinn et on croit à l'histoire d'amour, ce qui renforce vraiment l'impact final.
Alors oui c'est sans surprise ( sauf pour les 5 dernières minutes ), on sait où on va et la scène centrale qui marque la rupture du récit est vraiment surprenante ( on sait que ça va arriver mais on s'attend pas à ce que ce soit aussi radical, tin le chien quand même ) et violente, ensuite la partie revenge prend une tournure inédite avec un léger coté road movie et un anti climax final carrément surprenant ( c'est pas le genre de scène qu'on attend dans un film de revenge mais on la comprend vraiment avec le mot honneur qui prend tout son sens, car ici finalement il n'y a pas de méchants ou gentil juste 2 amis qui ont le tort d'aimer la même femme et l'amour sera plus fort que la vengeance, c'est vraiment rare ) et puis la fin pleine de sobriété est d'une puissance émotionnelle rare.
Le film a un coté sulfureux avec ses scènes érotiques et elles font vraiment leur petit effet, y a pas beaucoup de film qui dégage autant une sensualité que celui là, c'est à ranger avec Bound (la scène dans la Jeep c'est bien bien chaud), les histoires d'amour c'est pas le truc que Scott fait habituellement et là tout en simplicité ( et bestialité ) il nous livre une histoire d'amour à laquelle on croit avec un film suspendu dans le temps lorsque les 2 amoureux partent pour leur escapade, moment qui se terminera forcément dans le sang.
Et quand la violence arrive elle est cash et sans concession mais en même temps on y retrouve toujours un vrai sens du cadre, on sent que Scott se fait plaisir à filmer ça et il nous livre donc des très beaux plans souvent classieux (le choix de la cabane éclairé à la bougie pour le passage à tabac fonctionne à fond).
Scott fait ici son film le plus calme, le plus posé au niveau du cadres où on sent qu'il a vraiment choisit les cadres pour profiter au maximum de son cinémascope, on est très loin de l'orientation que prendra son style à la fin des 90's, ici il filme même à l'ancienne j'ai envie de dire, il fait un vrai western à la Anthony Mann où chaque décors naturel est sublimé ( y a un petit coté No Country For Old Men je trouve, et même dans l'approche crépusculaire, Revenge c'est le premier néo western des 90's en fait ) et ça fait tout drôle de voir un Tony Scott sans filtre de couleur et sans jump cut mais clairement ce style lui va bien aussi.
Outre la réal chiadée de Scott, l'autre atout du film est sans aucun doute son casting irréprochable, Costner alors sur le chemin qui allait le mener au sommet de sa gloire est très convaincant ( il était aussi producteur ), bon Costner c'est pas l'acteur qui a le registre le plus étendu ( quoique il a prouver avec qu'il pouvait camper un bad guy convaincant dans
Destination Graceland ) mais ce genre de personnage il est vraiment super bon et charismatique et c'est ce genre de rôle qui fait que j'adore cet acteur.
Anthony Quinn ( dans un rôle où Nicholson avait été fortement envisagé et Quinn est un bien meilleur choix tant Nicholson peut avoir tendance à en faire des caisses ) en impose vraiment dans ce rôle de patriarche qui faut pas faire chier et son personnage se révèle bien plus subtile qu'un bad guy de base et puis Quinn il a un truc avec sa voix, il pourrait juste réciter le bottin que ce serait génial, et puis on a Madelein Stowe, elle a jamais été aussi sexe qu'ici, et Scott a comprit que son postérieur était un atout non négligeable à mettre en valeur du coup il le film sous toute les coutures, elle donne un vraie intensité à son personnage, on croit à sa passion et sa déchéance n'en sera que plus douloureuse, de loin son meilleur rôle, dans les seconds rôle on peut reconnaître John Leguizamo, Miguel Ferrer et surtout Thomas Milian en garde du corps ( malheureusement rôle muet et seulement 2 scènes ).
La BO est envoutante.
Si je trouve pas que c'est le meilleur Scott ( je lui préfère True Romance et
Man on Fire entre autre ) c'est sans aucun doute son film le plus touchant et le plus beau visuellement (ouais je sais il a aussi fait Hunger mais Hunger ça m'emmerde complet) et bizarrement même si les 2 films ont pas grand chose à voir ça me fait pas mal penser à Gueaway de Peckinpah.