7/10
Silver Lode de Allan Dwan - 1954
Le western des 50's c'est une mine d'or inépuisable, ici c'est donc du Allan Dwan réal que je connais finalement très peu, j'ai jamais fini son coffret DVD et j'ai vu que
2 Rouquines dans la Bagarre.
Dwan fidèle à sa réputation (qui le rapproche d'un Boetticher) livre un excellent spectacle très carré mais en plus ici il y a tout un sous texte ( que Dwan n'a jamais reconnu mais jamais nié non plus ) car le bad guy du film s'appelle Mc Carthy et qu'il fait faire ce qu'il veut à la population, plutôt couillu en pleine chasse au sorcière.
La construction narrative est très habile car rapidement ( ou immédiatement quand on sait que Dan Dureya est au casting ) on sait qui est le bad guy et qu'on est devant une entourloupe mais très vite le film laisse ce détail de coté pour se concentrer sur autre chose, ainsi les habitants de la ville tous acquis à la cause du héros, vont petit à petit se retourner contre lui et la dernière demi heure on est devant une chasse à l'homme ou ses amis d'hier sont devenus une meute sans pitié prêt à le tuer, la représentation de cette hystérie collective est réussie, la tension monte donc habilement pour devenir oppressante ( via une réal vraiment efficace ).
L'unité de temps et de lieu fait qu'on pense à 2 classique du genre :
Décision à Sundown et Le Train sifflera 3 fois ( dont le début du film est l'inverse complète, là où personne ne veut aider Gary Cooper, ici tout le monde veut donner un coup de main à Ballard ) et franchement le film n'a pas trop à rougir de la comparaison.
Et puis comme c'est de coutume ça dure 1h20 et donc jamais l'ennui ne pointe son nez.
La réal comme j'ai dit c'est carré et même ultra carré, les séquences d'actions du film sont énergiques comme rarement pour un film des 50's avec notamment un plan séquence en travelling tout simplement fabuleux avec la caméra qui suit la fuite de Payne à travers les rues de la ville, c'est vraiment une séquence qui a de la gueule ( franchement le film est a voir juste pour ce passage de 30 secondes qui fout la trique à toute la filmo de Nolan ), d'ailleurs dans les bonus Bogdanovich dit que Dwan serait le gars qui a carrément inventé le travelling (et ouais rien que ça), dans le reste du film on a aussi une partie de cache cache sous des tables très réussit et un duel final original ( j'avais jamais vu duel se terminer de cette manière ). Dwan était un gars qui filmait vite ( souvent en une seule prise ) et bien ( style sec et épuré, y a une vraie économie de plan, il multiplie très rarement les prises de vues ), du coup il rentabilisait au mieux ses petits budget et l'analyse de Bodganovich dans les bonus est très intéressante, Dwan venant du muet on nous explique qu'il regardait toujours ses films sans le son pour voir si ça fonctionnait et si ça fonctionnait il était content du résultat, et ici on peut dire que le film sans le son fonctionne tant la caméra nous fait comprendre énormément de chose.
La dimension huis clos urbain du film est très réussit.
A la photo on retrouve un des maitres du N/B : John Alton, mais malheureusement son travail sur la couleur est moins beau, le film aurait vraiment gagné à être en N/B
John Payne est pas trop mal, bon je suis pas fan de l'acteur mais il campe bien le personnage là et il sait lui donner l'ambiguïté voulue mais on est clairement pas devant un grand comédien, en face de lui on a ce qui se faisait de mieux en matière de bad guy avec Dan Dureya (une sorte de Richard Widmark low cost mais avec vraiment du talent) qui une fois de plus livre une prestation délectable, un méchant sans moral et vicieux, dans les seconds rôles on retrouve des têtes connus comme Harry Carey Jr et ce mauvais de Stuart Whitman, les 2 persos féminin Lizabeth Scott et Dolores Moran sont très bien et bien campés, mention à Dolores Moran ( épouse du producteur du film : Benedict Bogeaus avec qui Dwan fera 10 films ) très bien en ancienne maitresse prêt à tout pour sauver l'homme qu'elle aime encore, d'ailleurs dans le film le salut vient essentiellement des 2 persos féminin, tout le reste de la population sombrant dans la folie collective.
Un modèle de série B, inventive sur la forme et à la narration efficace et épurée.