par Scalp » Lun 23 Jan 2012, 14:54
7,5/10
Spoorloos de George Sluizer - 1988
Le film avait été une découverte, car malgré son petit statut c'est pas spécialement connu et précédé d'une réputation flatteuse (et d'un remake ricain avec Jeff Bridges et Kiefer Sutherland réalisé par ce même Sluizer que j'ai vu et dont j'ai juste le souvenir que c'était naze), avec ce genre de film on est souvent déçu mais j'ai été agréablement surpris par ce double portrait de 2 personnes frappé par une obsession, et ça passe très bien à la seconde vision, car une des forces du film est clairement son coté inattendu car c'est le genre de film qu'il faut voir vierge de toute info.
La construction du film en flashback donne un aspect puzzle très réussit, au début on comprend pas trop pourquoi on nous montre d'entrée qui est le coupable puis on comprend rapidement qu'on va avoir droit à une petite étude de personnalité.
On suit donc l'histoire de Rex ( un gars qui a un nom de chien ) qui va voir disparaître sa petite amie presque sous ses yeux, le coupable ( je spoile pas ) c'est Bernard-Pierre Donnadieu, un homme quelconque et un bon père de famille, le perso n'est jamais jugé, et il est même presque rendu sympathique ce qui nous met presque mal à l'aise car on le voit tout planifier dans les moindres détails pour ses crimes et il y a même un petit ton guilleret déroutant (et c'est très intéressant pour le coup). Ici l'enjeu n'est pas donc pas le Qui ? habituel mais le comment ? et le pourquoi ?, car bon l'issue de l'enlèvement laisse rapidement aucun doute ici pas de twist tordu à la con, et on est comme le héros on veut savoir ce qui s'est passé et notre intérêt ne faiblit jamais tout au long du film.
L'histoire se partage donc entre les 2 personnages qui vont être amené à se rencontrer ( après une bonne heure de film ) ce qui va donner lieu à un long final psychologique particulièrement réussit avec une analyse ( pas chiante ) de la nature du mal ( et de la frontière entre le bien et le mal, on pense par moment à Seven ) et une vraie plongée dans les ténèbres ( le climax final fait habilement échos à l'intro dans le tunnel ) et puis le final bien malsain j'ai kiffé.
La réal est pas le point fort du film, y a seulement une séquence que j'ai trouvé intelligemment filmée, celle où Rex a rendez vous à la terrasse du café avec la caméra qui recule tout doucement pour nous montrer où se trouve Donnadieu et dans la continuité de la séquence on a ensuite Donnadieu assit à la table a coté mais le plan se focalise sur Rex du coup tout l'arrière plan est flouté et là le réal se sent pas obligé de changer sa mise au point pour qu'on voit clairement que c'est Donnadieu, on est pas pris pour des gogols et c'est appréciable, le reste du film c'est correct mais peu imaginatif et même cheap ( y avait moyen de rentre la longue scène entre les 2 perso un peu plus tendu et angoissante, là l'absence de talent fait que la scène n'atteint jamais les sommets qu'elle devrait ), par contre le montage est excellent et la scène double point de vue à la Jackie Brown est très réussit. Alors le film ne gagne pas de point grâce à sa réal mais il en perd pas car il y a rien de honteux.
Le casting à part Donnadieu (qui tient vraiment le personnage) je connais personne, c'est pas trop mal dans l'ensemble mais c'est pas des interprétations mémorables.
La BO et la photo sont anecdotiques, d'ailleurs plus que la BO j'ai retenu la radio qui diffuse sans arrêt des infos du Tour de France.
Un bon film qui se repose avant tout sur un script à la noirceur totale et une construction narrative très solide.
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