Faux-semblants de David Cronenberg
Dead Ringer représente l’aboutissement thématique de la filmographie de Croneneberg, un film somme qui traite toutes ses obsessions sur l’identité corporelle, sexuelle et psychologique de l’être humain. Faux Semblant est l’équilibre parfait d’un parcours jusqu’ici fantastique qui va laisser peu à peu place à une approche plus classique pour toujours aborder son addiction à la chaire sous un nouvel angle. A la suite de son seul succès au box-office, Cronenberg a les mains libres pour trouver dans ce duo jumelé de gynécologue le vase communicant parfait afin d’aborder un drame bourré de tension clinique et viscérale.
Tout démarre par une patiente mutante, une actrice névrosée qui n’arrive pas à concevoir, sa beauté intérieure organique va faire palpiter les neurones de Jeremy Irons dans un jeu de fausse identité délectable. L’acteur se dédouble à la perfection, Cronenberg lui offre le plus grand rôle de sa carrière, il passe par une palette d’émotion monumentale à la fois chétif, craintif, nerd en médecine et son jumeaux plein d’assurance, arrogant et manipulateur, un duo qui se révèle bien plus schizophrène que leur patiente, s’en suit une histoire d’amour intense et impossible tant le cordon ombilical n’est pas coupé.
Les frangins partagent absolument tout avant même leur naissance : hobbies, passions, bureau, travail, appartement, amours, leurs vies toutes leurs expériences ne font qu’un. L’un ne vit que par le biais de cette substitution alors que l’autre recherche une indépendance. Cronenberg concocte un triangle amoureux qui se fait mal pour mieux se rapprocher les uns des autres. En ressort des scènes magistralement bien pensées, écrites et interprétées des délires érotiques aux rêves cauchemardesques pour virer dans un jusqu’auboutisme médical renversant sublimé par la partition sombre d’Howard Shore et la précision chirurgicale des plans de Cronenberg.
9/10