7.5/10
Decision at Sundwown de Budd Boetticher - 1957
Boeticher continue son cycle sur la vengeance et ici une nouvelle fois il nous livre un film épuré qui va à l'essentiel ( action sur une journée et dans un seul lieux ), le mieux quand on mate le film c'est de ne pas connaître la raison de la vengeance (qui nous est malheureusement spoilé dans le résumé du film alors que c'est un twist qui remet tout ce qu'on vient de voir en perspective) car c'est une question que l'on se pose pendant un moment, pourquoi Scott est il autant déterminé à tuer ce type ( le gros notable couard de cette petite ville ), et les scènes de dialogues avec son ami son excellentes (quand il explique pourquoi il l'a pas tué de suite et que son pote lui fait une analogie avec les dinosaures).
Quand les raisons de la vengeance apparaissent, le film prend une autre tournure et on se demande si le gars mérite vraiment de mourir (le bad guy est même attachant et plus le film avance plus il devient attachant et humain, tellement loin des "méchants" de ce genre de film, la dernière scène avec son amante quand il met son gun est particulièrement réussit), l'aspect psychologique est vraiment une belle réussite avec un Randolph Scott limite paranoïaque qui est prêt à tout pour assouvir ( et c'est bien le terme ) sa vengeance, alors qu'on se rend compte qu'il est complétement à la masse, là où dans les autres film il avait des "raisons valables" ici on se rend compte que c'est juste un pauvre mari cocu (on est loin d'être devant un héros ou même un anti héros car si le "méchant" devient de plus en plus attachant plus le film avance plusScott devient lui de plus en plus pathétique).
Et puis j'aime bien la population de cette petite ville qui petit à petit va avoir son rôle à jouer ( et c'est très bien amené ).
La fin est plutôt osée, Boeticher surprend, la fin nous montre un homme brisé qui n'a plus aucune raison de vivre (seul sa vengeance comptait pour lui) et tout comme la Chevauchée de la vengeance le dernier plan est lourd de sens, au final on se retrouve devant une histoire qui se joue habilement des codes des récits vengeurs et qui contourne à merveille les clichés du genre.
Il délaisse ici les grands espaces pour un western urbain ( presque en huis clos ) du coup on a pas de panoramique et paysage mais on sent quand même que Boeticher maitrise via des cadrages toujours soignés ( j'adore la scène où le bad guy descend les escaliers enfin armé avec la caméra qui s'attarde sur le colt, j'aime bien aussi l'insert lors du duel sur la main ensanglanté de Scott, tout comme dans 7 Hommes à Abattre on sent vraiment un style précurseur ici qui a surement influencer Leone).
Le dernier quart d'heure du film en mise en scène pur c'est un vrai régal, Boetticher amène son climax avec talent et il nous surprend avec brio.
Nouvelle interprétation minéral de Randolph Scott et c'est ici qu'il trouve son meilleur rôle chez Boeticher, d'habitude il se faisait toujours un peu voler la vedette ( parce qu'il le voulait bien ) là non y a que lui qui sort du lot, et je trouve qu'il n'a jamais été plus Eastwoodien qu'ici, il débarque en ville, parle peu mais l'air menaçant, il reste stoïque en toute circonstance et en impose par sa présence, de loin son rôle le plus charismatique, les seconds rôles sont pour la plupart inconnus (pas de Coburn ou Boone pour donner le change) à mes yeux mais tout le monde s'en sort très bien.
Meilleur Boetticher derrière
7 Hommes à Abattre mais devant la
Chevauchée de la Vengeance et franchement si on est fan de Leone et Clint, (re)découvrir l'oeuvre de Boetticher est une obligation, c'est pour les gens biens, ceux qui aiment Horizon.