Les griffes de la nuit
6.5/10Wes Craven est un cas à part dans l'industrie du film d 'horreur. Célébré comme l'un des maitres du genre, ce barbu de réalisateur n'est finalement qu'un bon vieux roublard opportuniste ayant bati une carrière médiocre sur du vent. Il faut quand meme reconnaitre à l'homme un certain flair pour dénicher des histoires novatrices au capital visuel et horrifique certain (Elm street, Scream, Schocker...). Mais en bon vieux papy pas technique pour un rond qu'il est, le bonhomme aura passé le plus clair de son temps à poser sa caméra en attendant que ça se passe. Quand il ne saborde pas ses histoires avec une réalisation de demeuré (Last house, Hills 1 et surtout 2), il se contente de mettre en scène pépère des scénarios originaux se suffisant à eux memes, selon lui.
Nightmare on Elm Street en est le meilleur exemple puisque le seul fait d'introduire un Boogeyman de classe mondiale suffit à Craven à ne pas se casser la tete plus que de raison. Le mélange réalité-reve est sur le papier un clivage intéressant, source de délires visuels totalement inédits pour l'époque. Néanmoins, il ne faudra pas s'attendre à des déluges d'originalité. Craven fait bien son boulot, droit dans ses bottes mais ne veut surtout pas prendre de risques. On peut revendiquer un manque de moyens flagrant mais les problèmes de rythme du film mettent surtout en exergue un réel manque de talent dans le déroulé de l'histoire. Une certaine léthargie se dégage de l'ensemble et il faudra compter sur les quelques apparitions d'un inquiétant Krueger pour redynamiser l'ensemble. La mort de Depp, la scène de la chambre du début, tous les moments avec Freddy sont les vrais morceaux de bravoure mais après c'est encéphalogramme plat.
Ce premier volet n'est pas le grand classique que l'on voudrait nous faire croire, il est simplement l'acte de naissance de l'un des boogeymen les plus intéressant de l'histoire. Et il faudra attendre les nombreuses séquelles pour voir un potentiel visuel et narratif exploité à fond. Beaucoup me tomberont dessus brandissant la médiocrité de la saga. Hormis le 6 et le 7, le reste a toujours fait preuve d'originalité quitte à caricaturer le personnage de Freddy. Alors on trouvera du bon et du moins bon mais il faut reconnaitre que de Jack Sholder à Stephen Hopkins en passant par Renny Harlin, ils ont tous tenté quelque chose qui sort des sentiers battus. Craven essaiera bien ramener le personnage dans le giron du sérieux mais sa mise en abyme qu'il duplique de film en film ne marchera pas une fois de plus avec l'un des films les plus long et les plus mous de la série. En résumé, la fibre nostalgique me pousse à ne pas trop dérouiller ce premier opus qui se regarde quand meme bien malgré des ravages du temps bien visibles. L'étiquette culte ne paraitrait meme pas galvaudée sur certaines séquences mais la réalisation piteuse de Papy roublard m'empeche d'élever le film vers les cimes du genre.