[Dunandan] Mes critiques en 2012

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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Heatmann » Mar 17 Jan 2012, 20:26

les coup de mettre ces lunette , le trou dans les chaussure , l arriver dans le bar, le marriage , ouaip du pur peckinpah .

tin tu va decouvrir wild bunch et pat garret , j en suis jaloux ! tu va en prendre plein les yeux :super:
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Mission Impossible 4: Protocole fantôme - 8/10

Messagepar Dunandan » Mer 18 Jan 2012, 01:29

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Brad Bird (2011)


MI4 est typiquement le genre de blockbuster que j'apprécie, à la fois généreux en action et jouant constamment avec les codes de la franchise, ne prenant ainsi jamais son spectateur pour un con. Clins d'oeil et ironie au rendez-vous, avec notamment un pied de nez à la technologie qui exige un retour aux scènes physiques, remplies essentiellement par un Tom Cruise qui réalise des cascades ratées histoire de nous rappeler qu'il est, comme son personnage, peut-être "un peu trop vieux pour ces conneries".

Pour une fois, Tom est donc bien entouré, et Brad Bird ravie donc la flamme de l'esprit d'équipe si cher à la série en le nourrissant de personnages-types jouissifs, dont l'alchimie rappele constamment la famille de son film d'animation, Les indestructibles : la femme de charme de choc, l'informaticien de génie, l'infiltré, et l'alter-ego d'Ethan.Tous au service de l'action mais en même temps terriblement attachants, car orphelins chacun à leur manière. C'est ce qui fait à mon sens tout le charme du film, conforté par un casting de "jeunes premiers" qui ramène du sang neuf bienvenu (Jeremy Renner, Paula Patton, Simon Peggs).

Chaque mission qui nous amène aux 4 coins du monde à la manière de James Bond, est savamment équilibrée et ludique, alternant tension, humour, et action, avec une préférence pour celles du Kremlin (1,2,3 soleil) et de la tour de Dubaï (incroyable tour de passe-passe), où les protagonistes ont à faire face à des systèmes hyper sophistiqués et aux aléas des gadgets peu fiables. Même les petits bémols ne ternissent pas un cahier des charges déjà bien rempli : des CGI assez voyants (l'explosion du Kremlin, la tempête de sable) - contrebalancés par une utilisation massive de maquillages artisanaux et de cascades à l'ancienne -, un rappel peut-être un peu lourdaud de la femme d'Ethan qui a le mérite de faire le lien avec la saga et de rappeler que ce dernier a encore une âme derrière ses exploits, un badguy en mousse (un climax de grabataires), et une fin un poil trop gentillette.

Enfin un Mission Impossible digne de la franchise au cinéma, à la fois respectueux de l'esprit d'équipe, et jouant avec les codes du genre avec humour et finesse. Un très bon film d'action/espionnage en dépit d'une fin légèrement décevante.
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Tomboy - 7,5/10

Messagepar Dunandan » Mer 18 Jan 2012, 21:14

Tomboy

Réalisé par Céline Sciamma

Avec Zoé Héran, Malonn Lévana, Jeanne Disson, Sophie Cattani, Mathieu Demy

Drame, FR, 1h22 - 2011

7.5/10


Résumé :
Laure a 10 ans. Laure est un garçon manqué. Arrivée dans un nouveau quartier, elle fait croire à Lisa et sa bande qu’elle est un garçon. Action ou vérité ? Action. L’été devient un grand terrain de jeu et Laure devient Michael, un garçon comme les autres… suffisamment différent pour attirer l’attention de Lisa qui en tombe amoureuse. Laure profite de sa nouvelle identité comme si la fin de l’été n’allait jamais révéler son troublant secret.


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C'est rare les films français traitant de l'identité sexuelle d'un pré-adolescent. Le déroulement est linéaire, évitant un éclatement de la bulle narrative comme dans La mauvaise éducation, et minimaliste dans une réalisation dominée par la luminosité solaire (ça se déroule pendant l'été). Et il n'y a aucun jugement moral du début à la fin : la faute n'existe pas, venant des parents ou de l'enfant, ou encore de l'environnement social. Ainsi, nous avons droit à un film à la fois ouvert, comptant beaucoup sur la lecture personnelle du spectateur, et linéaire, permettant de garder l'attention de ce dernier captive du début à la fin (même la séquence où la mère passe à l'acte après la découverte du jeu de sa fille aborde dans ce sens : elle est d'abord au premier plan, laissant Laure derrière, comme si elle voulait avant tout restaurer la vérité, et normaliser à nouveau les rapports sociaux entre sa fille et ses fréquentations, mais très rapidement, elles sont au même niveau, signe qu'elle n'agit pas seulement par responsabilité parentale, mais pour aider sa fille). C'est exactement le genre de film que les français savent traiter, sans parler de religion ou sans attribuer de responsables. De plus, tous les acteurs jouent au naturel, particulièrement les enfants qui ne sont pas pris pour les idiots (la petite soeur qui doit avoir 5 ans est exceptionnelle dans ce sens), qui parlent comme des enfants avec leurs problèmes de langage (exemple : "un ceintre" au lieu "d'enceinte").

Dès les premières images, nous sommes dans le flou : l'enfant est filmé de derrière, comme s'il échappait à une identité a priori. Puis, son environnement est marqué, sans qu'il soit nécessairement volontairement voulu : son père lui apprend la conduite, sa chambre est peinte en bleu, et ses deux parents n'ont pas de discussion qui le situe dans une identité orientée. Ainsi, tous les facteurs sont présents pour que l'enfant soit lui-même en position instable par rapport à son identité sexuelle. D'ailleurs, un petit malaise s'installe par rapport au passé, marqué par les déménagements. Mais est-ce tout ? Non : l'enfant lui-même se pose des questions par rapport à son corps. Il s'habille comme un garçon, sa poitrine ne se développe pas comme les autres filles, ses cheveux sont coupés courts. On se rappelle qu'elle est une fille seulement lorsqu'on la voit entièrement nue (l'unique scène de ce genre du film, qui sinon est très pudique). Mais ce n'est pas tout. Elle fréquente que des garçons, et le nerf du film consiste justement à devoir répondre aux défis des jeux quotidiens où le corps est exposé, dans sa nudité partielle ou dans son allure : foot, natation, ...

Le paradoxe d'un traitement réaliste est justement que l'on souhaiterait en avoir davantage. Le moment des vacances permet au récit de se développer en temps limité : ainsi, la fin clôt le film telle une boucle. La vérité advient par le verbe (l'enfant avait trompé tout le monde en changeant de prénom) et la reconnaissance du corps sexué, marqueurs identitaires par excellence. Mais est-ce suffisant pour évacuer toutes les questions concernant l'identité sexuelle ? Mais au moins, ce cadre temporel, délimité de manière relativement artificielle, a eu le mérite de nous interroger sur les tenants et aboutissants de telles questions, malgré une fin un peu brusque. Cependant, je préfère cela à une conclusion moraliste, ou à un film qui nous laisse dans le vague total.



Un bon film indépendant sur la question de l'identité sexuelle, traité de façon juste et non moraliste, malgré une fin légèrement artificielle.
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Alien 3 - 6/10

Messagepar Dunandan » Jeu 19 Jan 2012, 02:25

Alien 3

Réalisé par David Fincher

Avec Sigourney Weaver, Lance Henriksen, Charles Dance

SF, USA, 1h55 - 1992

6/10


Résumé :
Seule survivante d'un carnage sur une planète lointaine, Ripley s'échoue sur Fiorina 161, planète oubliée de l'univers, balayée par des vents puissants. Une communauté d'une vingtaine d'hommes y vit. Violeurs, assassins, infanticides, ce sont les plus dangereux détenus de droits communs de l'univers. L'arrivée de Ripley va les confronter à un danger qui sera plus fort qu'eux.


Image


Après revu tous les épisodes de la série, cet Alien 3 est clairement celui qui me parle le moins, pour les raisons suivantes. D'abord, ça ne fait jamais peur, et la tension est remplacée par des scènes glauques, à l'image des tueries de l'alien. Ensuite, le rythme est lourd (bien plombé par une musique bien trop présente) et soporifique, et se fait passer pour une ambiance oppressante. Enfin, je trouve que l'alien est bien souvent raté à l'écran (les premiers CGI).

Comme pour chacun des épisodes, Fincher s'est attelé à réaliser un film s'insérant logiquement dans la série, tout en apportant sa personnalité. Exit les personnages qui accompagnaient Ripley dans la nacelle de survie : il ne reste qu'elle. Le projet efface ainsi l'héritage du deuxième, pour revenir plutôt au film de Scott (par exemple, il n'y a ici qu'un seul alien). La scène d'introduction est assez intéressante, et pose les bases d'un univers tout à fait conforme à ce qu'on découvrira dans la filmographie future du réalisateur : photographie sale et jaunie, découverte des morts et des survivants de la nacelle (la musique est vraiment bien à ce moment-là, composée de choeurs quasi religieux), puis enterrement accompagné d'un sermon sur l'espérance qui succède à la souffrance, montés en alternance avec la mutation de l'alien, préfigurant le pire à venir. La grande originalité de cet opus est d'avoir insisté sur la communauté des hommes (encore plus présente dans la VL), composée de prisonniers concentrant les péchés humains les plus horribles recensés par la Bible. Un paradoxe traverse leur existence : ils veulent croire au fait qu'ils puissent changer, à la rédemption, en dépit des crimes qu'ils ont fait. Ils vivent d'ailleurs dans un environnement ressemblant à un monastère du Moyen-Age (malheureusement sous-exploité considérant la vision qu'en avait Fincher). Mais Ripley, telle Eve dans la Bible, apporte la tentation avec elle, et donc la mise à l'épreuve pour ces hommes déchus. Un grand sujet était ainsi en germe, malheureusement peu développé : par exemple, j'ai trouvé les prisonniers bien calmes, bien qu'on sente la tension entre-eux, pour des hommes ayant commis de tels actes. Puis, le rapport entre cette communauté-là et l'alien n'est pas très clair, les premiers étant réduits à de la simple viande fraîche pour ce dernier. J'ai en effet lu des commentaires expliquant les nombreux désaccords entre Fincher et la production, responsables de certains défauts, comme par exemple du scénario assez mal maîtrisé, qui n'existait même pas à l'état achevé au commencement de la réalisation.

En parallèle de ces petites frictions existant entre Ripley et l'équipage de la prison, on a failli oublier l'alien, carrément relégué au second plan, et assimilé cette fois-ci à un phénomène de contagion, comme pour une maladie. Ainsi, Alien 3 est certainement l'un des épisodes les plus proches avec le premier de The Thing qui déployait exactement le même thème au sujet de l'extra-terrestre. Nous avons droit à une succession de meurtres plus horribles les uns que les autres. J'ai trouvé intéressante l'idée de mutation (malheureusement pas suffisamment exploitée) qui sera d'ailleurs reprise dans l'épisode postérieur. Cependant, bien souvent la violence de ces scènes-là apparaît non justifiée, se contentant de satisfaire un plaisir voyeuriste. Ensuite, en gros plans, c'est esthétiquement réussi, avec tripes et sang à gogo, mais ça l'est beaucoup moins pour les apparitions de l'alien en plan large, dont l'insertion a posteriori dans le plan est trop voyante (c'était le début de l'image de synthèse, bien plus réussie dans T2).

Enfin, un autre point intéressant est bien sûr d'avoir fait naître un alien dans le ventre de Ripley (par contre, je ne comprends pas comment c'est logiquement arrivé), la faisant apparaître simultanément en sursis et épargnée par le monstre : elle est ainsi l'auteur symbolique de cette contagion qui a éliminé tout le personnel. En outre, le thème de la maternité apparu dans le précédent est finalement repris, mais renouvelé de manière totalement tragique.

La dernière scène du film est émouvante, lorsque Ripley est obligée de sauter dans le puits avec l'alien en train de perforer sa cage thoracique, alors que la Compagnie était à sa poursuite pour d'obscurs projets, et figure même selon moi comme l'un des plans emblématiques de la saga, achevant en beauté l'aventure.


Alien 3 propose quelques idées intéressantes (une communauté humaine concentrant le mal et en quête de rédemption ; un univers médiéval et religieux ; l'alien en train de muter comme une maladie), mais plombé par un rythme un peu lourd, un scénario qui manque de substance, et une réalisation qui ne remplit pas toutes ses promesses.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Chuck Chan » Jeu 19 Jan 2012, 12:29

D'accord sur tous les points. Le film s'essoufle un peu dans ces couloirs, et les prisonniers sont sous-exploités. Je trouve ta note sévère au vu des scènes mythiques que tu mentionnes, mais je suis assez fanboy de la saga, donc voilà. :wink:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar alinoe » Jeu 19 Jan 2012, 12:59

Je n'aime pas Alien 3 pour plusieurs raisons que tu as parfaitement pointé du doigt : l'ambiance plus glauque qu'effrayante, l'Alien un temps relégué au second plan et surtout les autres occupants de la capsule de survie totalement éliminés. Fincher fait abstraction du deuxième épisode et abandonne au passage tout ce qui faisait la richesse de la personnalité de Ripley, ce combat titanesque des mères et c'est pour moi impardonnable. Un peu comme si cette femme forte, cette mère l'encombrait alors qu'il a envie de raconter une histoire d'hommes, celle de cette lie de l'humanité. Ce qu'il échoue d'ailleurs a bien raconté tant il ne fait que survoler ce côté monastère/prison.
Seule bonne idée : le sacrifice de Ripley.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Chuck Chan » Jeu 19 Jan 2012, 18:37

C'est justement le point fort du 3. Ripley a galéré pour extirper de LV426 une fille de substitution et un petit copain, joli happy end. Si on veut voir Ripley heureuse et accomplie, il faut s'arrêter là. Où peut aller la saga depuis là ? Une vie de famille ou des aléas amoureux, rien qui convienne à l'univers Alien. Ici, on remet les compteurs à zéro d'emblée ; ceux qu'elle a réussi à sauver sont exterminés d'emblée sans qu'elle ne puisse rien y faire, c'est montré BANG dans ta face dès l'intro :love: et ça lui laisse un joli trauma à gérer.
D'ailleurs pour ce qui est de la maternité, histoire de faire mon chieur, Ripley devient "mère" dans cet épisode, idée reprise dans le 4. :mrgreen:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Jeu 19 Jan 2012, 20:10

C'est pour ça que je suis volontairement resté neutre par rapport à ce changement majeur, à la fois rupture et continuité. Mais voilà, le film en lui-même je l'ai pas trouvé passionnant. Cependant, j'ai rajouté cette petite remarque car en effet, il y a une continuité dans le changement assez subtile, mais bon ça ne fera pas monter ma note.
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Printemps tardif - 5/10

Messagepar Dunandan » Jeu 19 Jan 2012, 20:57

Printemps tardif

Réalisé par Yasujiro Ozu

Avec Chishu Ryu, Setsuko Hara, Yumeji Tsukioka

Drame, Japon, 1h48 - 1949

5/10


Résumé :
Noriko est la seule enfant de la famille à ne pas être mariée. Elle vit cependant heureuse avec son père mais ce dernier pense qu'il est grand temps pour elle de penser au mariage. Noriko est réticente à l'idée de laisser son père seul.


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Je me suis préparé à un marathon de la lenteur, connaissant la réputation de Ozu, mais je m'attendais pas ça : c'est encore pire que ce que je pensais. Réalisé après 1949, Printemps tardif est évidemment à comprendre dans le contexte de l'après-guerre.

Deux plans m'ont marqué au début, qui pourraient résumer la totalité du film : l'arrêt du train, symbolisant le mouvement et le départ, opposé au toit triangulaire de la maison, représentation de l'unité familiale. Ainsi, il s'agit bien d'un film sur le bonheur, mais dans quelle direction : à l'intérieur de la famille, ou en dehors ?

Toute la première partie du film est dominée par une joie de vivre avec chants d'oiseau, musique gentillette, sourires figés sur les visages même lorsqu'on se jette des insultes. Le bonheur d'être ensemble, en famille ou avec des amis, marque les journées traversées par la banalité. Cette joie est trop forte pour qu'elle ne cache pas d'élément dramatique. Symboliquement, il s'agit bien sûr du traumatisme de la guerre récemment terminée, mais dans ce film, cet arrière-plan tragique est incarné par la mort de la mère de famille, qui laisse son mari et sa fille tous seuls. L'enjeu du film n'apparaît véritablement qu'au milieu, lorsque les membres de la famille essaient de convaincre cette jeune femme de se marier.

Une scène semble marquer le passage de cette joie de vivre inextinguible à la mélancolie vécue essentiellement par cette femme qui ne veut pas quitter son père : un spectacle de Nô durant plus de cinq minutes (que l'on regarde avec douleur), pendant lequel la femme laisse sortir calmement sa tristesse. Le plan suivant me semble significatif : un arbre géant, enraciné et brandissant ses branches haut dans le ciel, qui peut représenter beaucoup de choses, comme l'enracinement familial, la continuité, la résolution, le lent déroulement du temps, ...

La seconde partie porte uniquement sur la nécessité de la jeune femme à se marier, et se termine par une belle explication du père du bonheur marital : celui-ci n'est pas automatique, mais se construit, petit à petit. Parallèlement, les amis ou parents affirment que le mariage n'est pas une fin en soi. Ainsi, quand il ne fonctionne pas, les mariés peuvent se séparer. Il y a une vision vraiment positive et optimiste du mariage que j'ai bien appréciée. Quelques plans ponctuent l'orientation des individus, comme celui où la jeune femme et son père ne marchent plus au même niveau.

La dernière scène est assez émouvante, montrant un père finalement tout seul, effectuant un geste quotidien, mais qui n'a plus la même saveur qu'avant, et en goûte l'amertume. Tout de suite après, la mer est montrée dans son geste de va et vient, comme la vie elle-même.

En conclusion, ce n'est vraiment pas mon type de cinéma, bien qu'il contienne des choses assez intéressantes, y compris une vision quasi documentaire sur l'état d'esprit du Japon en 1949, nous montrant à la fois une famille unifiée et ritualisée et sorties en public, tradition et modernité (fortement marquée par l'occident, à l'exemple d'une publicité de Coca-Cola). Le style du cinéaste peut faire penser à celui de la Nouvelle Vague : la banalité du quotidien est mis à nu, mais en même temps il y a une forte volonté de trouver au milieu du plan de la vie, les solutions pour être heureux (même le mensonge apparaît justifié, en certaines circonstances).


Pour résumer, Ozu filme la banalité du quotidien en imprimant un rythme extrêmement lent, à l'image de la Nouvelle Vague. Le thème ici est celui du bonheur, à trouver au-dehors de la cellule familiale, et dont il faut accepter le non-automatisme.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Kakemono » Jeu 19 Jan 2012, 23:03

De Ozu je n'ai vu que Il était un Père, superbe film sur les relations père-fils. Mais bizarrement le reste de sa filmo ne m'attire pas du tout, et ta critique ne me donne pas trop envie de me pencher dessus.
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Black Swan - 8,5/10

Messagepar Dunandan » Ven 20 Jan 2012, 01:02

Black Swan

Réalisé par Darren Aronofsky

Avec Natalie Portman, Mila Kunis, Vincent Cassel

Drame/fantastique, USA, 1h43 - 2011

8.5/10


Résumé :
Rivalités dans la troupe du New York City Ballet. Nina est prête à tout pour obtenir le rôle principal du Lac des cygnes que dirige l’ambigu Thomas. Mais elle se trouve bientôt confrontée à la belle et sensuelle nouvelle recrue, Lily.


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Ce n'était pas gagné, mais au final j'ai beaucoup apprécié Black Swan, et pourtant, la danse, ce n'est pas vraiment mon truc. La première chose qui m'a épaté, c'est ce langage cinématographique qui ne nous lâche pas du début à la fin, comme en témoignent les couleurs du générique : celui du début, tout en noir, annonce la transformation du personnage principal, et celui de la fin, tout en blanc, est le signe de sa libération. Une telle maîtrise visuelle me rappelle celle de Stanley Kubrick.

Il ne s'agit pas que d'un film sur la danse. L'intrigue est relativement simple, inspirée par Les chaussons rouges (Powell) : on suit le parcours torturé d'une jeune danseuse qui a été sélectionnée pour jouer dans le Lac des cygnes, pour interpréter le Cygne blanc ET le Cygne noir. Elle est naturellement douée pour jouer le premier rôle, car elle est pure, innocente, immaculée, parfaite, et son style de danse est tout imprégné de sa manière d'être. Mais pour être sélectionnée, elle doit aussi jouer le second rôle, qui est son parfait opposé : impure, maléfique, instinctive. Pour y arriver, elle doit tout sacrifier à l'autel de son interprétation. Ainsi, le thème principal est celui de la métamorphose (comme dans La mouche de Cronenberg), et ce, à plusieurs niveaux : initiation à la vie d'adulte, que la mère a brimé au niveau affectif (par exemple, la chambre de la danseuse semble être celle d'une enfant de 12 ans avec ses peluches et ses couleurs brillantes) ; accomplissement de l'être en tant qu'individu, traité par la notion de double et de mère omniprésente ; rapport de l'artiste au corps (maigreur des danseuses et mutilations, signes d'un travail compulsif qui absorbe la totalité de la personne), à la vieillesse (la rentrée de la nouvelle danseuse a entraîné la chute d'une ancienne danseuse-étoile qui n'est plus que l'ombre d'elle-même), à la compétition (la paranoïa de la danseuse l'amène progressivement à la folie), et à la perfection (à la fois formelle - mouvements précis et contrôlés - et instinctive - se laisser aller à la passion -). La richesse de ce film évoque pour moi la composition d'un concert de musique classique, avec ses différentes tonalités qui résonnent en nous de manière complexe et appréhendées à la fois par la raison et les sens.

Ainsi, nous avons droit à une mise en abîme intelligente à travers le monde de la danse, en mêlant à la fois fantastique, drame et thriller. Ce qu'on pourrait reprocher au réalisateur, c'est d'en faire trop dans ce sens, et qu'il aurait pu se contenter de traiter la danse sans aspects fantastiques. Mais ce que je trouve intéressant, c'est au contraire cette contamination des genres, qui conduit le spectateur à le faire douter plusieurs fois sur la part de réalité et de fantasme des images, perçues à travers les yeux de la danseuse progressant dans la folie. La réalisation va d'ailleurs dans ce sens, ne quittant pas d'une semelle le personnage principal, collée à elle, et se plaçant souvent de dos, ou plaquée contre son visage et son corps. Enfin, le petit coup de génie du réalisateur consiste à ne pas nous amener à une fin de petit malin, car finalement, elle est nécessaire et logique, s'inscrivant dans un déroulement didactique (un autre point commun avec Kubrick) : ce qui nous intéresse alors, c'est la manière dont la danseuse est conduite d'un point A à un point B.

Au niveau de sa filmographie, le travail du metteur en scène s'inscrit dans la directe continuité de The Wrestler, mais de manière pratiquement opposée : tandis que dans ce dernier, les corps vieux et amochés trouvaient finalement une certaine beauté, dans Black Swan, il s'agit de corps jeunes et beaux qui, à force de travail et d'acharnement pour atteindre la perfection, connaissent la mutilation et la déformation (par la maigreur). Ensuite, les acteurs sont tous très bons, essentiellement Nathalie Portman, qui tient l'un de ses rôles les plus intenses, et Vincent Cassel, parfait en metteur en scène tyrannique et perfectionniste. C'est dommage que la danse soit filmée le plus souvent à hauteur de taille, mais en même temps il était impossible en quelques mois d'intégrer toute une vie de travail. Pour terminer, je voudrais insister sur la qualité de la réalisation, qui nous plonge dans une véritable spirale, un peu comme dans Requiem For a dream : ainsi, nous partageons les souffrances physiques et psychologiques de la danseuse.

Un film que je verrai probablement à la hausse avec le temps.


Un film sur la danse qui aborde le thème de la transformation à plusieurs niveaux. Une véritable composition de musique classique dans son approche.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Val » Ven 20 Jan 2012, 01:50

Un seul autre réalisateur, non des moindres, me rappelle une telle maturité : Stanley Kubrick.


Il aimerait bien. :mrgreen:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Ven 20 Jan 2012, 01:55

C'est mon ressenti. J'ai vu tous les films du maître depuis Spartacus, au mois deux fois chacun. Au niveau de l'identité visuelle, j'ai décelé une parenté. Bon après je peux me tromper lourdement :mrgreen: !
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Val » Ven 20 Jan 2012, 02:06

C'était une boutade sur le fait que beaucoup de cinéastes de la nouvelle génération aiment bien se mettre en scène comme de grands artistes. Par exemple, Nolan se comparait a Kubrick. Sauf que j'ai l'impression que les anciens cinéastes étaient moins soucieux de leur image.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Ven 20 Jan 2012, 02:08

ça c'est clair, surtout Kubrick et Mallick d'ailleurs. Et ils ont bien raison, car on voit le résultat quoi.

C'est vraiment nul de se construire une image, ça c'est nous, les spectateurs, qui devons nous donner du mal :mrgreen: !
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