C'est humain, il y a des films que l'on catalogue avant même de les avoir vus. Pour moi, Constantine, dont je ne connaissais rien, était un blockbuster aux promesses peu attrayantes, une énième vision d'une fin du monde probable et inévitable. Et bien, quelle surprise, j'ai vraiment été pris de court par ce film décomplexé, qui n'y va pas avec le dos de la cuillère pour taper derrière les oreilles de la religion et de ses fanatiques admirateurs.
Certes, Lawrence s'autorise quelques petites facilités scénaristiques dans l'écriture de ses personnages, avec la soeur jumelle bien choupinette qui a renié son don ou encore même avec son perso principal, marginalisé à outrance mais au caractère aussi trempé que la plus robuste des lames Hattori Hanzo. On notera également une galerie de personnages secondaires tous bien allumés, le diable en tête de fil m'a fait triper. La storyline n'est pas hyper complexe, mais elle passe bien. Un petit duel Dieu/Diable, c'est toujours sympa à voir en images quand c'est un minimum maîtrisé et ici, ça l'est, on est dans un univers fantastique crédible, mi-réel mi-nawak, servi par des effets spéciaux à la hauteur qui vieillissent plutôt bien (le film a 7 ans).
Ls A/R en enfer sont plus que convainquants et font largement leur petit effet lors du retour sur terre. Le travail sur l'image, la couleur et la composition des plans fait mouche, ce n'est jamais fait trop brutalement et du coup le film trouve une finesse d'exécution telle que toutes les ambiances qui se succèdent prennent logiquement leur place sur nos rétines. Ces dernières étant comblées, on suit avec beaucoup d'envie et de plaisir les tribulations de notre trublion exorciste un brin apathique mais pas tant que ça finalement, un rôle sur mesure pour Keanu. Le casting féminin apporte la petite dose de charme nécessaire pour faire passer des concepts mine de rien assez extrémistes, Rachel Welz est bien mise en valeur et se révèle être toujours aussi mignonne même quand elle se fait later la tronche par un démon peu délicat.
Constantine fait partie de ce genre de film où son tentées beaucoup de choses et qu'on les apprécie ou non, généralement le sentiment qui prédomine à la fin de la projection est une pointe d'admiration cumulée à ce plaisir d'avoir découvert une oeuvre un peu à part, qui n'est pas sans rappeler Dogma par exemple. Alors oui, le film souffre de quelques défauts, d'un rythme un peu inégal par exemple, ou encore de facilités dans l'histoire, mais ils se font vite oublier devant la réussite de la mise en image globale de l'histoire. Les plans sont recherchés en terme de composition et souvent réussis, esthétiquement parlant, Lawrence use de points de vue atypiques pour faire corps avec cette histoire tout sauf banale et pour ma part, j'y ai été plus que sensible.
Au final Constantine distille avec aisance beaucoup d'ingrédients sympas qui vous feront passer un moment de divertissement sans prise de tête mais surtout avec un fond indéniable, réceptacle parfait aux envies palpables d'un réalisateur à l'imagination fertile en quête d'expérimentation, ni plus, ni moins. Comme quoi, la première impression peut être trompeuse !