[Dunandan] Mes critiques en 2012

Modérateur: Dunandan

Seven - 7,5/10

Messagepar Dunandan » Mar 17 Jan 2012, 04:27

Seven

Réalisé par David Fincher

Avec Brad Pitt Morgan Freeman Gwyneth Paltrow

Policier, USA, 2h10 - 1995

7.5/10


Résumé :
A New York, un criminel anonyme a décidé de commettre 7 meurtres basés sur les 7 péchés capitaux : gourmandise, avarice, paresse, orgueil, luxure, envie et colère. Vieux flic blasé à 7 jours de la retraite, l'inspecteur Somerset mène l'enquête tout en formant son remplaçant, l'ambitieux inspecteur David Mills.

Image


Lorsque je revois Seven chaque fois, deux sentiments en moi se livrent une lutte acharnée : d'une part, la cohérence d'ensemble de la vision de Fincher, l'intelligence du script, et la qualité de l'ambiance visuelle, et d'autre part, le fait que l'ensemble des thrillers vieillit malheureusement assez mal, une fois vus une fois (Usual Suspects y compris).

Dès le générique, le metteur en scène nous plonge dans la tête du tueur qui aura affaire avec les deux détectives en charge, qui a l'air extrêmement méticuleux et préparé, et dont le montage épileptique feint la folie. Ensuite, l'aspect propret et calme du vieux inspecteur contraste avec l'atmosphère malsaine et souillée des lieux du crime.

Puis, nous passons d'un crime à l'autre, laissant une forte impression d'un plan d'ensemble entièrement calculé. Le gros point fort de ces scènes est le soin apporté à l'écoeurement provoqué par les lieux du crime, à la fois décrits par la parole et suggérés par une caméra qui n'en montre que des détails, qui influencera fortement entre autres Saw et Les rivières pourpres, et pour les intermèdes sous la pluie (rappelant intentionnellement le déluge de la Bible, dans la suite logique des 7 péchés capitaux), Identity. En parallèle de cette succession de meurtres plus horribles les uns que les autres, se joue une guerre générationnelle : d'un côté, le détective parvenant bientôt à la retraite, et qui utilise des techniques old school telle que la recherche en bibliothèque, et qui conserve en toutes circonstances un calme inébranlable, et de l'autre la nouvelle génération, impatiente, inculte et prête à franchir les limites, et en plein voyage initiatique dans le monde réel.

Malheureusement, une fois que l'on connaît la fin, le fil de l'histoire est bien moins palpitant, mais par contre, il est remarquable de voir l'absence d'un mécanisme malin : le déroulement est véritablement bien huilé, mais sans essayer de tromper le spectateur. La dernière partie du film révèle la cohérence d'ensemble de l'oeuvre de Fincher : la personnalité du tueur, qui pourrait être chacun de nous, renvoie à une société malade, hypocrite, qui affiche une image étrangère à leur essence véritable. Ainsi, il procède à punir le péché par une torture qui leur est proportionnelle. C'est pour moi le véritable coup de génie du réalisateur : réussir, sans morale plaquée au récit, à faire de ces meurtres une mise en abîme mettant en accusation une société malade, pervertie, qui mérite les tueurs en série qu'elle produit.


L'un des thrillers les plus intelligents que j'ai connu jusque lors, qui propose une morale à la fois cohérente avec la vision de Fincher et qui ne paraît pas décalée par rapport à la narration. Malheureusement, comme de nombreux films du genre, l'intérêt diminue lors d'une seconde vision (et davantage) lorsqu'on connaît la fin.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Mar 17 Jan 2012, 06:22

Petite MAJ sur ma page d'accueil (ajout de l'année et du pays pour chaque film).
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Moviewar » Mar 17 Jan 2012, 09:03

Ça me fait mal au cœur d'approuver une critique avec une note comme celle - ci :cry:

Se7en c'est juste ultime :love:

PS : pour ma part j'ai du mal à lire tes conclusions qui sont écrites en bleu ..
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar osorojo » Mar 17 Jan 2012, 09:34

Ouais, il fait mal aux noeils. Limite utilise le bleu du forum : #1f99c9 Ce sera plus lisible et donc plus agréable ;)
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Mar 17 Jan 2012, 12:42

Comme ça c'est mieux :oops: ? Si ça convient à tout le monde, je vais convertir cette couleur pour les autres critiques (pour moi c'était bien aussi avant, mais voilà j'ai un mac).
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Alegas » Mar 17 Jan 2012, 12:47

Non, t'as pas changé ta note.

























:mrgreen:
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Mar 17 Jan 2012, 12:49

Heu, je ne t'ai pas pris la tête plus que ça pour Le grand silence hein :mrgreen: (et comme toi ma note est justifiée).
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Alegas » Mar 17 Jan 2012, 12:50

Bah pour le coup c'est une question de ressenti parce que moi c'est vraiment le genre de films que je pourrais mater 10 fois d'affilée sans ennui.
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Mar 17 Jan 2012, 12:53

Il faut aussi avoir l'installation qui va avec :mrgreen: ... Sur mon mac, ça ne rend pas pareil ... Peut-être dans 2 ans je changerai ma note ...
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar comICS-soon » Mar 17 Jan 2012, 13:14

Je pourrais matter Seven sur mon vieux portable Nokia, je ne mettrais toujours pas moins de 8 :mrgreen:
See ya in another life brother !
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Coups de feu dans la Sierra - 8/10

Messagepar Dunandan » Mar 17 Jan 2012, 20:01

Coups de feu dans la Sierra

Réalisé par Sam Peckinpah

Avec Randolph Scott, Joel McCrea, Mariette Hartley

Western, USA, 1h34 - 1962

8/10


Résumé :
Steve Judd, un shérif à la retraite, doit aller chercher l'or d'une communauté de chercheurs et le ramener à la banque qui l'emploie. Il se fait accompagner par son vieil ami Gil Westrum et son jeune protégé Heck. Ceux-ci n'ont accepté le travail que pour s'emparer de l'or. En route, ils sont les hôtes d'un paysan quaker dont la fille Elsa, malgré le refus de son père, se joint à eux pour aller épouser son fiancé Billy au camp de mineurs.


Image


Les papys font de la résistance


Je n'y connais rien en western de John Wayne & Cie, mais ce Ride the High Country - dont le titre original anglais sonne bien mieux que sa traduction française plutôt mensongère -, dans une réalisation apparemment classique, met à mal les codes traditionnels du genre.

Dès l'introduction, on nous montre d'un côté cette nature sauvage et indomptée, terrain de prédilection des anciens cows-boys, et de l'autre, une ville animée, marquée par les progrès de l'âge industriel, dans laquelle les vieux n'ont plus leur place. Les anciennes icônes sont résignées à jouer les phénomènes de foire ou bien à changer de métier. Mais une occasion en or (c'est le cas de le dire) pousse un homme expérimenté et rangé à repartir pour l'aventure avec un vieil ami et un jeune Kid, qui va les entraîner tous deux vers une voie qu'ils n'auraient pas empruntée s'ils étaient demeurés seuls (comme si le présent prenait le pas sur le passé). Ce voyage est l'occasion aux deux générations de se confronter dans leurs forces et leurs faiblesses, l'une renvoyant à la sagesse, la droiture, la loyauté, et l'honneur, et l'autre, à l'énergie, la fougue, et à la témérité. Mais finalement, ils apprendront à compter les uns sur les autres.

Au cours de leur voyage, ils font une rencontre, primordiale pour comprendre la portée du récit à suivre : dans une ferme isolée habitent un Quaker et sa fille. L'un fait des sermons au sujet de l'or et de sa malfaisance implicite, objet de perdition par excellence. Il représente la droiture morale dans ce monde en constante mutation. Et la jeune fille est une fermière qui ne connaît rien du monde extérieur. La rigidité morale du père fera fuir cette dernière vers l'homme qui lui a demandé de l'épouser, et ainsi va faire la découverte du monde réel bien malgré elle : cette apparente sous-intrigue sera ainsi aussi importante que le récit principal.

Lorsque le groupe arrive à la ville de la mine, se dévoile le noyau de l'intrigue. Cet endroit est un lieu de perdition et de cynisme, où les valeurs d'antan n'existent plus, complètement dévoyées. Lorsque le mariage commence sur les chevaux, ça se déroule assez bien, mais la mariée découvre l'enfer en entrant dans le lieu de la bénédiction, qui est en fait une maison de prostituées, comptant un juge de paix qui est un ivrogne ne se souvenant même pas du nom de la mariée. En plus, la famille du marié s'avère très confortable avec le ménage à plusieurs. Bref, l'or transforme négativement tous les hommes ou femmes (comme le père de la fille l'avait annoncé) et il représente également la conquête territoriale, la capitalisation, et le mauvais traitement des femmes.

Enfin, la fin est l'occasion à la jeunesse comme à l'âge mur de prouver leur valeur. J'ai été étonné que les échanges de coups de feu ne durent pas plus longtemps que ça, surtout pour un western, mais ce qui est intéressant ici, outre un climax légèrement éventé, c'est la manière dont chacun joue son rôle, tous en quête de vérité : le vieillard qui a choisi le camp de l'honnêteté et le garde jusqu'au bout, l'autre vieillard qui voulait trahir son ami mais qui finalement se rallie à sa cause (plus pour l'honneur que pour son sens moral), et enfin la relève acquise par le jeune homme alors qu'il pouvait prendre la même mauvaise pente que les mineurs. Et puis j'ai adoré le soucis de l'un des deux vieillards à épargner la scène de sa mort aux deux jeunes, comme si ce moment-là devait épargner une innocence déjà bien éméchée.

En conclusion, j'ai beaucoup aimé ce film, car à l'instar de Il était une fois dans l'Ouest, qu'il préfigure de plusieurs années, je trouve que Peckinpah a su trouvé un double point de vue intéressant pour remettre en question les codes du genre : l'un est classique, celui de la confrontation de la vieillesse à la jeunesse, et l'autre l'est beaucoup moins, celui de la jeune fille, habituellement reléguée au second plan.


Un western à la réalisation classique, mais avec un fond précurseur pour l'époque, révélant en fait la chute des valeurs d'antan à travers le parcours initiatique de trois individus : un vieillard en confrontation avec le monde moderne, une jeune fille découvrant le monde extérieur, un jeune homme recevant le passé en héritage mais devant vivre au présent.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar John Lawrence » Mar 17 Jan 2012, 20:04

Je viens tout juste de le finir aussi...même note :super:

Critique à venir.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Mar 17 Jan 2012, 20:09

Je ne l'attendais pas plus que ça, ne connaissant rien du réalisateur à part chien de paille. Mais j'avoue que j'aime beaucoup lorsqu'on joue avec les codes du genre, ce qui est très réussi ici. Bon, j'ai sous le pied la horde sauvage, et Pat Garrett !
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar John Lawrence » Mar 17 Jan 2012, 20:19

Bah alors j' ai envie de dire que le meilleur est encore à venir.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Scalp » Mar 17 Jan 2012, 20:22

Grand film ce Peckinpah, thématiquement toute est déjà là.
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