[Dunandan] Mes critiques en 2012

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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Pathfinder » Ven 13 Jan 2012, 18:16

Je préfère le Dunandan de Jaws... :mrgreen:
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Ne nous fâchons pas - 6,5/10

Messagepar Dunandan » Ven 13 Jan 2012, 20:24

Ne nous fâchons pas

Réalisé par Georges Lautner

Avec Lino Ventura, Jean Lefebvre, Michel Constantin

Comédie/policier, FR, 1h40 - 1966

6.5/10


Résumé :
Antoine Beretto est un malfrat qui a élu domicile sur la Côte d'Azur après s'être retiré des affaires. Deux amis viennent lui rendre visite et les ennuis commencent.


Image


Je m'attendais à rien de spécial pour ce film, mais je l'ai trouvé plutôt sympathique au final. C'est une sorte de "Michel Audiard meets les Yéyés", avec des dialogues au cordeau plus ou moins drôles qui ont le mérite d'être très travaillés, une identité visuelle et sonore (la musique des années 60 et plein de petites idées au niveau de l'image), et un trio assez drôle (Lino Ventura, Jean Lefebvre, Michel Constantin) qui annonce déjà des duos français comme celui de Pierre Richard et Gérard Depardieu. J'ai beaucoup apprécié le thème du gangster rangé qui essaie de répondre aux situations de la manière la plus calme possible, mais qui se termine souvent en baffes. Le visuel des gangsters au début m'a bien fait rire, en faisant les kékés maladroits, puis ceux des gangsters anglais, avec leur costume de collège et casquette assortie, leur musique pop anglaise, et leurs mobylettes rouges. Il y a aussi une cascade en voiture très réussie qui rappelle les films HK de Jackie Chan (les français étaient parmi les meilleurs cascadeurs de l'époque).

Les trois premiers quarts du film sont généralement bons, alternant dialogues au couteau et jeu du chat et de la souris, avec une escalade des situations d'action. Malheureusement, le rythme de croisière (qui était déjà légèrement inégal) est suspendu avec une scène pseudo-romantique avec Mireille Darc, qui plombe l'affrontement final qui vient après, bien que j'ai trouvé drôle la réponse proportionnelle de l'attaque des français à celle des anglais. On fatigue aussi de l'ambiance Yéyé, qui instille au début une bonne dose de délire et de décalage qui conviennent bien à l'esprit du film, mais qui prend peu à peu la tête.


Une bonne petite comédie des années 60 ("Michel Audiard meets les Yéyés" aurait pu être un titre possible) qui aurait été meilleure sans la présence de Mireille Darc.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Ven 13 Jan 2012, 20:27

Pathfinder a écrit:Je préfère le Dunandan de Jaws... :mrgreen:


C'est le même, mais le tout numérique sans âme c'est pas mon truc :mrgreen: !

EDIT : je viens de lire la critique d'Alinoé sur Ne nous fâchons pas (qu'elle a fait il y a deux semaines), et on a presque dit la même chose :shock: (avec un style différent of course), à part la référence aux autres films d'Audiard, que j'ai pas encore regardé :oops: !
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar alinoe » Ven 13 Jan 2012, 21:46

Je me disais justement que nous étions en tout point d'accord sur ce film, tant au niveau de la critique que de la note.
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Suicide Club - 6/10

Messagepar Dunandan » Sam 14 Jan 2012, 04:39

Suicide Club

Réalisé par Sion Sono

Avec Ryo Ishibashi, Masatoshi Nagase, Akaji Maro

Société/horreur, Japon, 1h39 - 2003

6/10


Résumé :
54 lycéennes se jettent simultanément sous une rame du métro, considéré comme un "fait divers", il s'agit en réalité d'une vague de suicides qui se répandre à vive allure dans tout le pays. Kuroda, un détective est chargé de l'enquête.


Image


(critique à refaire)

Un nouveau genre cinématographique

Suicide club est clairement un OFNI. D'abord par son sujet inédit : la vague de suicides perpétrée au Japon (une des premières causes de décès, autant que celles produites par les armes à feu aux Etats-Unis). Ensuite par son traitement assez fou, alternant documentaire, thriller, horreur, et philosophie, et sa narration éclatée, effleurant à peine le destin de deux personnages (un flic et une écolière) sans quoi il n'y aurait aucun noyau central pour nous orienter dans le récit. Pour le situer, je le placerais vaguement à la suite de Tueurs nés et de Fight Club en ce qui concerne la manipulation des médias et de la critique d'une société donnée, sauf que Suicide Club est beaucoup plus subtil et laisse le spectateur à lui-même avec quelques pistes à décoder. Je le trouve également assez proche de Battle royale.

Intrigue

Le film commence par une impressionnante scène de suicide collectif sautant sur une rame de métro, qui commençait comme un simple jeu de collégiens, et qui se termine dans un bain de sang et de tripes. Ensuite, on alterne entre enquêtes policières parsemées de fausses-pistes, de nouvelles vagues de suicide spontanées (parfois au milieu d'une séquence banale) ou préparées, un groupe de pop musique qui semble refléter l'état d'esprit de la société. L'ensemble apparaît comme un mélange dépressif, symptomatique de la société japonaise. En effet, la communication semble rompue entre les individus : les lectures chevronnées de mangas évoquent les geeks et les "no life" ; la télévision et internet ont remplacé les relations humaines ; les conversations sont absurdes ou banales. Enfin, la mort est quasi banalisée, dans cette société asphyxiante où l'individu se sent perdu, sans signification, et sans espoir.

Signification ?

Le fond philosophique apparaît beaucoup plus tard, comme un puzzle, et reflète totalement la mentalité japonaise. L'arrière-plan du film (et de cette pensée philosophique) est donc d'abord sociologique, ce qui le rend difficilement généralisable. En effet, si on connaît un peu cette société, on peut comprendre que le suicide n'a pas le même sens pour eux que pour nous : pour les occidentaux, plongés dans la culture judéo-chrétienne, le suicide est un péché contre la vie et contre Dieu, alors que pour le Japon traversé par le bouddhisme, le suicide est une manière d'affronter dignement le monde (il faut penser par exemple au harakiri des samouraïs qui permettait à ces derniers de préserver toutes leurs forces avant un déclin irrémédiable). Ainsi, en remettant le film dans ce contexte-là, le suicide est une réponse (positive ?) à l'absurdité de la vie, d'autant plus que la société japonaise se pense d'abord comme un groupe indivisible dont les individus occupent une place déterminée, et non comme une somme d'individus libres de penser et d'agir en leur conscience. Cependant, la fin est ouverte, remettant en question la fatale série de suicides comme l'unique réponse à l'absurdité de la vie, en redonnant confiance au fond de l'individu, et à ses potentialités de construire une relation réciproque.

Réalisation

Au niveau du casting, il n'y a pas de tête connue, et malgré l'absence de stars on n'éprouve aucune difficulté pour identifier les personnages. La qualité de l'image est proche de celle d'une cassette vidéo : pour moi ce n'est pas un véritable défaut, car cet aspect documentaire apporte non seulement un charme mais surtout un cadre réaliste nécessaire au film, qui apparaît ainsi d'autant plus dérangeant. Ensuite, les scènes de suicide sont très crédibles (avec un soupçon de gore). Enfin, l'ambiance sonore alterne entre plages silencieuses, effets sonores discrets, et musique pop chantée par des adolescentes, conférant au tout un ton mélancolique.


Un OFNI sociétal intéressant pour connaître une situation d'urgence au Japon, les clubs de suicide. Généralement, cela porte sur l'absurdité de la vie et sur sa réponse, apparemment tout aussi absurde vue par un occidental, mais qui l'est beaucoup moins pour un japonais. Dommage qu'il soit aussi confus, et sa (fausse) séquelle est bien meilleure.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar osorojo » Sam 14 Jan 2012, 10:56

Faut que je le chope celui là, ça fait des années que j'en entends parler et je ne l'ai toujours pas vu. Vu ta critique, il m'a pas l'air mal du tout :)
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Sam 14 Jan 2012, 16:51

Oui, il est très bon, mais je te préviens : 1) Ne t'attends pas à tout comprendre ; 2) la qualité de l'image fait très VHS. Si tu aimes les sujets sociétaux traités à la sauce japonaise (fantastique/horreur/thriller), tu vas aimer, mais te voilà prévenu !
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Aliens, le retour - 8,75/10

Messagepar Dunandan » Dim 15 Jan 2012, 03:48

Aliens le retour

Réalisé par James Cameron

Avec Sigourney Weaver, Michael Biehn, Jenette Goldstein, Carrie Henn, Lance Henriksen, Colette Hiller

SF/action, USA, 2h30 - 1986

8.75/10

Résumé :
Après 57 ans de dérive dans l'espace, Ellen Ripley est secourue par la corporation Weyland-Yutani. Malgré son rapport concernant l’incident survenu sur le Nostromo, elle n’est pas prise au sérieux par les militaires quant à la présence de xénomorphes sur la planète LV-426 où se posa son équipage… planète où plusieurs familles de colons ont été envoyées en mission de "terraformage". Après la disparition de ces derniers, Ripley décide d'accompagner une escouade de marines dans leur mission de sauvetage... et d’affronter à nouveau la Bête.

James Cameron reprend les rênes de la série, et parvient à en maintenir la cohérence générale, tout en apportant sa patte personnelle. L'introduction rapide et les premières notes musicales nous imposent un rythme plus militaire. Ensuite, le background comporte beaucoup de robots, d'armes en tous genres, et de technologies diverses. Enfin la photographie assume le bleu comme couleur dominante. Pas de doute, nous sommes en présence du papa de Terminator.


Intrigue

Grosso modo, le récit est structuré en quatre parties (le face à face de Ripley avec la Compagnie, l'arrivée du groupe armé vers la planète, la résistance contre les aliens, et l'affrontement final) :

D'abord Ripley se retrouve en contact de la Compagnie, la société avec laquelle elle avait déjà eu des problèmes auparavant (un de leurs robots était infiltré dans le groupe, était devenu incontrôlable et voulait protéger l'alien en dépit de la survie des humains). Leur vision est dominée par l'administration, l'économie, la colonisation, et la science : elle concentre ainsi toutes les tares d'une société technocrate, à la fois insensible et matérialiste. Ainsi, contrairement à Ridley Scott, le contexte est nettement développé, et on découvre également la richesse de cette technologie futuriste (capable par exemple d'imiter parfaitement la nature, réduite ici à l'état de rêve). Puis, à travers le représentant de la Compagnie, une focalisation progressive se met en place sur un nouveau "monstre" : l'humain. L'intérêt de ces premières scènes est aussi de montrer le double traumatisme de Ripley : celui de son aventure précédente et celui de la perte de sa fille, qui auront un rapport symbolique dans le film.

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Ensuite Ripley, en qualité de conseillère, rejoint un groupe "d'action man hero", équipé d'un arsenal qui ferai pâlir James Bond, voyageant dans un vaisseau ayant la forme d'un fusil d'assaut, en route vers une colonie qui s'est installée à un endroit qui n'était pas entièrement sécurisé (cette incompétence se répétera d'ailleurs avec l'armée). J'ai trouvé que les personnages secondaires étaient très étoffés : on retrouve la femme "virile", l'officier inexpérimenté, le sergent de section qui a la classe (il se réveille avec le cigare au bec) et qui unit le groupe, le robot qui est l'anti-modèle du premier (prêt à tout pour protéger les humains), et enfin le représentant de la Compagnie qui va remplacer le robot du premier film dans le rôle de l'ennemi intérieur. Nous avons donc droit à une petite armée bien "burnée" qui annonce déjà celle de Predator. Enfin, Ripley prend assez vite ses marques : contrairement au précédent film, elle devient rapidement indispensable en sa qualité de femme forte, et assume peu à peu son rôle d'héroïne.

ImageImageImageImage


A présent, place à la chasse à l'alien. Je ne trouve pas que cette partie soit parfaite. Elle souffre de quelques longueurs, et je trouve que l'ambiance est moins oppressante que dans le premier (seul le moment où Ripley et la petite fille sont enfermées avec deux embryons m'a donné quelques frissons), et la créature semble beaucoup moins difficile à combattre (dans le précédent, une seule goutte de sang pouvait ronger plusieurs plaques de métal d'affilée). Puis la construction de l'action est meilleure que l'action en elle-même : il y a assez peu de confrontation directe avec l'ennemi même s'il y en a plus que dans Alien, mais en contre-partie on suit avec beaucoup de plaisir le maniement des différentes armes, véhicules, et engins en tous genres. En outre, la fierté du groupe armé sera rapidement tournée en dérision tant la déroute sera écrasante (ce point deviendra un lieu-commun de tous les films de J. Cameron, imprimant sa marque anti-militariste). Mais au delà de cette chasse aux monstres, un enjeu nouveau apparaît avec la découverte d'une jeune fille, unique survivante de la colonie.

Enfin, la découverte de la Reine. C'est certainement le meilleur moment du film. D'abord, la transformation des parois des souterrains de la base en cocons abritant souvent des corps prêts à être inséminés, et ensuite, la pondeuse, parfaitement réalisée, que l'on nous dévoile peu à peu. Par contre, il y a un petit problème de logique vers la fin, lorsque la Reine est capable de prendre l'ascenseur (?). Et pour terminer, l'affrontement final, avec le mécha, est vraiment à la hauteur, un vrai moment d'héroïsme.

ImageImageImageImage


Analyse

La partie horreur a presque disparu de Aliens, remplacée par l'action. Ce changement ne me gêne pas plus que ça, car une série se doit d'évoluer, d'autant plus avec un réalisateur différent. Or, la partie symbolique est renouvelée avec succès. D'abord, l'ennemi intérieur, qui était précédemment un robot, laisse place à celui qui en tirait les ficelles invisibles : l'humain. Ensuite, la petite fille, qui devient en quelque sorte l'enfant adoptif de Ripley, oblige cette dernière à survivre pour deux. Ainsi, par ce détail anodin, un enjeu se rajoute : deux sociétés colonisatrices s'affrontent, celle des aliens contre celle des humains. Laquelle est la meilleure ? Nul ne saurait le dire, tant leurs méthodes sont comparables, se propageant comme un virus, et transformant leur nouvel environnement pour pouvoir y vivre (l'O2 pour les humains, l'humidité pour les aliens). Cette vision pessimiste est contre-balancée par un combat plus "humain" : celui se déroulant entre les deux mères, protégeant chacune leur(s) enfant(s). Un autre gros point fort d'Aliens : la richesse de son background, qui développe considérablement celui de la série : on apprend plus de choses sur la Compagnie, les aliens, beaucoup plus organisés qu'on ne le pensait (à l'instar des fourmis qui suivent les "ordres" de leur Reine), et enfin les technologies employées.

Résolument tourné vers l'action, je trouve que cet Aliens est inférieur au premier au niveau de l'ambiance, mais par contre au niveau du background et des personnages, Cameron a su apporté sa patte avec succès.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar angel.heart » Dim 15 Jan 2012, 03:57

Perso c'est de loin mon préféré, un peu lent à démarer ( même si le film ne m'ennuie jamais ) mais une fois que c'est lancé putain ça envoi grave du lourd. Et puis les passages avec la reine... :love:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Dim 15 Jan 2012, 04:04

J'adore le background, les personnages, et la Reine, mais j'ai moins accroché à l'ambiance et à la symbolique que dans le premier. On verra si je mets plus à Aliens lorsque je reverrai Alien 3, que j'ai presque oublié.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Milkshake » Dim 15 Jan 2012, 15:29

Aliens c'est toute la synthèse du cinéma de James Cameron. :super:
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Locataires - 7,5/10

Messagepar Dunandan » Dim 15 Jan 2012, 21:21

Locataires

Réalisé par Kim Ki-Duk

Avec Lee Seung-yeon, Jae Hee, Kwon Hyuk-ho

Drame, Corée du Sud, 1h30 - 2004

7.5/10


Résumé :
Tae-suk arpente les rues à moto. Il laisse des prospectus sur les poignées de porte des maisons. Quand il revient quelques jours après, il sait ainsi qu'elles sont désertées. Il y pénètre alors et occupe ces lieux inhabités, sans jamais rien y voler. Un jour, il s'installe dans une maison aisée où loge Sun-houa, une femme maltraitée par son mari.


Image


Locataires est le deuxième film de Kim Ki-Duk que je regarde, après Printemps, été, automne, hiver. Encore une fois, nous nous retrouvons face à un objet étrange, bien loin du simple triangle amoureux que l'affiche de cinéma semble indiquer.

Le récit peut se résumer à quelques lignes : un jeune homme, apparemment muet, pénètre dans l'appartement des gens, prend des photos de lui avec les leurs, répare les objets endommagés, mange et dort chez eux, fait le ménage. Mais un jour, une femme est présente, bien amochée par son mari, et ils font un bout de chemin ensemble.

Le silence et la répétition rythment le film, laissant seulement des images au spectateur. Bien sûr, le texte qui clôt le film, nous expliquant que la frontière entre réalité et rêve est difficile à distinguer, nous aide bien à comprendre le propos général du film a posteriori, mais c'est nous-mêmes qui devons donner du sens aux situations.

Dans chaque maison, il y a quasiment un lieu commun : d'un côté des photos montrant une famille idéale, unie, heureuse, et de l'autre, le contraste de cette vision idyllique avec la présence réelle du couple qui semble malheureux. Ici, on peut relever au minimum deux niveaux de lecture : d'abord, le jeune homme partage de façon fictive le quotidien de gens qu'il ne connaît pas, comme si sa propre maison n'était pas accueillante (d'ailleurs la femme, qui est apparemment modèle, découpe sa photo pour en faire une mosaïque, comme si elle était complètement perdue dans son environnement quotidien, et montre par cette scène qu'elle doit se reconstruire), et qu'il avait besoin de trouver un refuge, et ensuite, le silence partagé par les deux jeunes personnes fait écho à la violence et aux disputes conjugales. La jeune femme brise le silence juste une fois, pour dire à son mari, de façon mensongère vu la manière dont il la traite, qu'elle l'aime : preuve que les mots éventent bien souvent l'essentiel, alors que l'amour est d'abord fait de tendresse, et peut se passer du discours oral. Il est intéressant aussi de voir comment le jeune homme et la jeune femme interagissent : par exemple, j'ai beaucoup aimé la scène du garçon en train de jouer au golf pour se défouler, avec la femme qui se met dans son champ de tir pour qu'il prenne conscience de sa présence et qu'elle rentre dans son espace.

Par delà ces deux significations (la recherche d'une famille accueillante & le silence, langage idéal de l'amour et de la (re)construction), une autre est encore plus forte, et chapeaute les deux précédentes : le regard. En effet, ce que font les deux jeunes personnes dans les maisons se déroule d'abord de façon incognito, mais très rapidement, elles croisent le chemin des autres. Ces derniers réagissent de deux manières différentes : par la peur et la violence, reflétant en général un dysfonctionnement conjugal, ou bien la compréhension vague mais dans le calme, signe d'un couple équilibré et ouvert. Dans la dernière partie du film, le garçon se retrouve en prison, et passe son temps à s'entraîner à devenir invisible aux yeux des autres, pour enfin partager le quotidien de personnes en leur présence, sans que ces dernières s'en aperçoivent totalement.

Par conséquent, par delà cette approche du regard, et en réfléchissant sur le texte final, je pense que le jeune homme peut être compris, de manière symbolique, comme une intégration du rêve ou du fantasme - mince espoir - dans la réalité du triste quotidien : c'est peut-être le sens de l'affiche montrant un trio atypique (le couple formé de la femme battue et de son mari, et derrière eux, le jeune homme), à savoir que derrière l'hypocrisie de l'union du couple, est présent le désir incarné par le jeune homme, devenu finalement plus une ombre fantastique qu'une réalité tangible.

Au final, il s'agit d'un film sur la tendresse dans un monde de brutes. La réalisation est relativement simpliste, sans fioritures, et le rythme est assez contemplatif, comme dans Printemps, été, .... Il ne faut pas s'attendre à tout comprendre, car mis à part un texte final, rien n'est expliqué réellement, sinon les images plongées dans un étrange silence, et les quelques rares scènes suspendant ce dernier.


Un film vraiment étrange, sur la reconstruction de deux êtres en recherche d'un lieu accueillant, par les voies du silence et des regards.
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Chasseurs des Ténèbres - 8,5/10

Messagepar Dunandan » Lun 16 Jan 2012, 22:10


Image
Chasseurs des ténèbres, Hideo Gosha (1979)

Si on a apprécié Bandit contre samouraïs, aucune raison que ce ne soit pas le cas avec Chasseurs des ténèbres, Gosha nous livrant tout simplement un film au récit plus maîtrisé dans les multiples sous-intrigues dans lesquelles il nous plonge, une fois n'est pas coutume, au sein d'une lutte pour le pouvoir, dans un contexte où chaque chef de clan peut engager des tueurs pour régler leurs affaires personnelles. Mais là où il fait encore plus fort, c'est surtout dans son ton désespéré qu'on ne quitte pas d'une semelle, de la première à la dernière bobine (la ressemblance entre les films de Gosha et ceux de Peckinpah n'a jamais été aussi évidente que dans ce film, et ce n'est pas le climax sombre comme tout et plein de fureur qui me démentira).

Ainsi on suit plusieurs personnages à la fois mais sans que ça gêne la fluidité du récit, tous plus iconisés les uns que les autres, que ce soient (pour parler des principaux) le tueur amnésique et loyal tuant sans réfléchir jusqu'à ce que le passé finisse par le rattraper et le consumer, le chef des tueurs auquel il est lié (Nakadaï, toujours au top), tiraillé entre son ambition personnelle et son honneur quand il s'agit des siens, ou encore le puissant exécutant auquel ils seront opposés (le chef policier de Bandit contre samouraïs, au rôle cette fois-ci bien plus trouble), qui, lui, soutient l'autorité en place tout en tirant les fils à son avantage, au nom d'un rêve qui finira par détruire toute destinée personnelle qui aura le malheur de croiser sa route. Les rôles féminins ne sont pas en reste, qu'elles soient tueuses professionnelles ou amoureuses de ces hommes travaillant dans l'ombre. Au final cela donne un récit riche en rebondissements, traversé par une dynamique tragique toute shakespearienne où les jeux de dupes et de trahison sont légion, évacuant ainsi presque tout sens de l'honneur et de loyauté.

Le tout est sublimé par la mise en scène graphique de Gosha, qui nous offre ainsi un univers baroque et furieux où personne n'est épargné, malgré la tentative pour le chef des tueurs de préserver une sorte de paradis mobilier pour sa chérie, continuant comme si de rien n'était à observer ce qui se déroule réellement sous son plancher (une séquence aux allures d'un Chu Yuan!). De plus et pas des moindres, chacun des personnages étant bien caractérisé, on finit par s'y attacher, ce qui rend d'autant plus percutantes et déchirantes leurs fins déjà réussies en soi, résonnant parfois comme un chant du cygne (je pense surtout à la manière dont s'achèvent les retrouvailles de ce couple qui décidément n'a pas eu beaucoup de chance dans la vie). Rarement jusqu'à présent Gosha m'avait fait autant aimer ses personnages, tour à tour jouets du destin et des sentiments, ce qui donne lieu à des confrontations brutales et impitoyables (j'aime particulièrement celles de l'amnésique, sous le pont via une ruse fallacieuse et dans l'auberge où il est bien moins subtil).

Bref, c'est tout simplement selon moi l'un des meilleurs Gosha avec 3 samouraïs hors-la-loi, Goyokin, et Hitokiri, que ce soit en termes de fond (aucun personnage à jeter, la narration feuilletonesque est fluide et efficace) que de forme (l'ambiance crépusculaire est magnifique, Gosha intègre parfaitement ses influences, tant celles de Suzuki pour l'utilisation des couleurs, que celles de Misumi pour les affrontements teintés de gore et d'érotisme à la fois secs, nerveux, et bien découpés). J'allais oublier l'excellente musique de Sato qui sait être rythmée ou mélancolique au bon moment. A part un dernier acte un peu longuet une fois le passé du personnage amnésique révélé, je n'ai pas grand chose à reprocher à ce solide chambara. Et après revu tous les films '60-'70 de ce réalisateur, pour faire un petit topo sur ma rétro, je peux dire que c'est vraiment kiff-kiff entre les deux périodes. Malheureusement, il en sera autrement pour la suivante, de qualité très inégale.

Note : 8.5/10
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar osorojo » Lun 16 Jan 2012, 23:27

Va vraiment falloir que je me chope du Gosha, je n'ai vu que Goyokin et Quartier violent de lui et j'ai bien envie de découvrir le reste. Cette critique confirme :super:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2012

Messagepar Dunandan » Lun 16 Jan 2012, 23:53

Oh oui c'est du très bon, et contrairement aux autres réalisateurs japonais que je connais (surtout Kurosawa, Kobayashi - Harakiri mis à part -, et Kudo) tu rentres directement dans l'histoire !
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