James Cameron reprend les rênes de la série, et parvient à en maintenir la cohérence générale, tout en apportant sa patte personnelle. L'introduction rapide et les premières notes musicales nous imposent un rythme plus militaire. Ensuite, le background comporte beaucoup de robots, d'armes en tous genres, et de technologies diverses. Enfin la photographie assume le bleu comme couleur dominante. Pas de doute, nous sommes en présence du papa de
Terminator.
IntrigueGrosso modo, le récit est structuré en quatre parties (le face à face de Ripley avec la Compagnie, l'arrivée du groupe armé vers la planète, la résistance contre les aliens, et l'affrontement final) :
D'abord Ripley se retrouve en contact de la Compagnie, la société avec laquelle elle avait déjà eu des problèmes auparavant (un de leurs robots était infiltré dans le groupe, était devenu incontrôlable et voulait protéger l'alien en dépit de la survie des humains). Leur vision est dominée par l'administration, l'économie, la colonisation, et la science : elle concentre ainsi toutes les tares d'une société technocrate, à la fois insensible et matérialiste. Ainsi, contrairement à Ridley Scott, le contexte est nettement développé, et on découvre également la richesse de cette technologie futuriste (capable par exemple d'imiter parfaitement la nature, réduite ici à l'état de rêve). Puis, à travers le représentant de la Compagnie, une focalisation progressive se met en place sur un nouveau "monstre" : l'humain. L'intérêt de ces premières scènes est aussi de montrer le double traumatisme de Ripley : celui de son aventure précédente et celui de la perte de sa fille, qui auront un rapport symbolique dans le film.
Ensuite Ripley, en qualité de conseillère, rejoint un groupe "d'action man hero", équipé d'un arsenal qui ferai pâlir James Bond, voyageant dans un vaisseau ayant la forme d'un fusil d'assaut, en route vers une colonie qui s'est installée à un endroit qui n'était pas entièrement sécurisé (cette incompétence se répétera d'ailleurs avec l'armée). J'ai trouvé que les personnages secondaires étaient très étoffés : on retrouve la femme "virile", l'officier inexpérimenté, le sergent de section qui a la classe (il se réveille avec le cigare au bec) et qui unit le groupe, le robot qui est l'anti-modèle du premier (prêt à tout pour protéger les humains), et enfin le représentant de la Compagnie qui va remplacer le robot du premier film dans le rôle de l'ennemi intérieur. Nous avons donc droit à une petite armée bien "burnée" qui annonce déjà celle de
Predator. Enfin, Ripley prend assez vite ses marques : contrairement au précédent film, elle devient rapidement indispensable en sa qualité de femme forte, et assume peu à peu son rôle d'héroïne.
A présent, place à la chasse à l'alien. Je ne trouve pas que cette partie soit parfaite. Elle souffre de quelques longueurs, et je trouve que l'ambiance est moins oppressante que dans le premier (seul le moment où Ripley et la petite fille sont enfermées avec deux embryons m'a donné quelques frissons), et la créature semble beaucoup moins difficile à combattre (dans le précédent, une seule goutte de sang pouvait ronger plusieurs plaques de métal d'affilée). Puis la construction de l'action est meilleure que l'action en elle-même : il y a assez peu de confrontation directe avec l'ennemi même s'il y en a plus que dans
Alien, mais en contre-partie on suit avec beaucoup de plaisir le maniement des différentes armes, véhicules, et engins en tous genres. En outre, la fierté du groupe armé sera rapidement tournée en dérision tant la déroute sera écrasante (ce point deviendra un lieu-commun de tous les films de J. Cameron, imprimant sa marque anti-militariste). Mais au delà de cette chasse aux monstres, un enjeu nouveau apparaît avec la découverte d'une jeune fille, unique survivante de la colonie.
Enfin, la découverte de la Reine. C'est certainement le meilleur moment du film. D'abord, la transformation des parois des souterrains de la base en cocons abritant souvent des corps prêts à être inséminés, et ensuite, la pondeuse, parfaitement réalisée, que l'on nous dévoile peu à peu. Par contre, il y a un petit problème de logique vers la fin, lorsque la Reine est capable de prendre l'ascenseur (?). Et pour terminer, l'affrontement final, avec le mécha, est vraiment à la hauteur, un vrai moment d'héroïsme.
AnalyseLa partie horreur a presque disparu de
Aliens, remplacée par l'action. Ce changement ne me gêne pas plus que ça, car une série se doit d'évoluer, d'autant plus avec un réalisateur différent. Or, la partie symbolique est renouvelée avec succès. D'abord, l'ennemi intérieur, qui était précédemment un robot, laisse place à celui qui en tirait les ficelles invisibles : l'humain. Ensuite, la petite fille, qui devient en quelque sorte l'enfant adoptif de Ripley, oblige cette dernière à survivre pour deux. Ainsi, par ce détail anodin, un enjeu se rajoute : deux sociétés colonisatrices s'affrontent, celle des aliens contre celle des humains. Laquelle est la meilleure ? Nul ne saurait le dire, tant leurs méthodes sont comparables, se propageant comme un virus, et transformant leur nouvel environnement pour pouvoir y vivre (l'O2 pour les humains, l'humidité pour les aliens). Cette vision pessimiste est contre-balancée par un combat plus "humain" : celui se déroulant entre les deux mères, protégeant chacune leur(s) enfant(s). Un autre gros point fort d'
Aliens : la richesse de son background, qui développe considérablement celui de la série : on apprend plus de choses sur la Compagnie, les aliens, beaucoup plus organisés qu'on ne le pensait (à l'instar des fourmis qui suivent les "ordres" de leur Reine), et enfin les technologies employées.