L’IMPASSE
Carlito’s Way – Brian de Palma – 1994
Carlito’s Way – Brian de Palma – 1994
Je dois confesser que lors de ma première vision du film, j’avais été un peu déçu vu tout ce que j’avais pu lire sur lui. Non pas que je le trouvais mauvais, loin de là, mais il m’apparaissait plutôt comme juste un « bon film ». Un peu plus d’un an plus tard, j’ai décidé de le revoir en Blu-Ray et ce fut comme une révélation.
Toute la dimension tragique au sens grecque du terme m’est apparue. La destinée de Carlito qui tente de rentrer dans le droit de chemin et de s’offrir une seconde vie loin de tout ce qu’il a pu faire dans sa jeunesse est une des histoires les plus émouvantes que De Palma ai pu raconter. Mais comme dans toute tragédie, Carlito n’en a pas fini avec son passé qui le rattrape sans cesse jusqu'à ce qu’il commette l’irréparable, avoir sous-estimé un jeune caïd, reflet de ses années de jeunesse. Plus le film avance, plus on sent le poids de l’inéluctable, Carlito semblant s’enfermer dans sa propre situation (les vieux réflexes comme il dit). En ce sens, L’Impasse peut aussi être vu comme une modernisation du film noir, au personnage principal embourbé dans une situation inextricable.
De Palma s’autorise même un romantisme très touchant entre Carlito et Gail. On sent la volonté de Brigante de se ranger, de construire quelque chose de durable. De Palma abandonne pour l’occasion ses réflexes putassier si géniaux dans ses autres films mais qui auraient été plus que malvenus ici.
Il se dégage du film une certaine mélancolie que ne renierait pas Michael Mann, le tout souligné par le thème principal de Patrick Doyle, qui renforce l’émotion que le film dégage. Ainsi, la scène d’ouverture, reprise à l’identique à la fin, et avec la voix-off de Pacino qui fait une sorte de bilan est sans doute une des scènes les plus émouvantes de l’Œuvre de De Palma.
Al Pacino qui est juste extraordinaire dans ce film qui lui tenait à cœur. Il signe sans doute une de ses meilleurs prestations, toute en retenue et en pudeur. Il fait merveilleusement ressortir le désespoir intérieur de son personnage. A ses côté, Sean Penn est excellent malgré une coiffure d’un autre temps (Oscar de la perruque la plus improbable, ex-æquo avec celle de Tommy Lee Jones dans JFK) en avocat véreux qui se prend pour un des caïds qu’il déteste par ailleurs. Sinon, il y a un bon casting de trogne comme dans tous films ayant des liens avec les gangsters. John Leguizamo est très juste en jeune tête brulée, qui se croit intouchable.
La mise en scène de De Palma se fait donc très discrète comme dit plus haut, mais cela ne l’empêche pas de montrer toute l’étendue de son talent. La séquence finale dans la gare est à ce titre une merveille de mise en scène avec des plans séquences très discrets mais renversants de maîtrise technique. L’utilisation de filtres, rouges ou bleus, est très bien faite (la séquence sur le bateau est vraiment magnifique) et l’utilisation du noirs et de contrastes lors des scènes de nuits est magnifique et souligne le côté « Film Noir » de L’Impasse (titre français assez judicieux pour une fois).
Sorry boys, all the stitches in the world can't sew me together again. Lay down... lay down. Gonna stretch me out in Fernandez funeral home on Hun and Ninth street. Always knew I'd make a stop there, but a lot later than a whole gang of people thought... Last of the Moh-Ricans... well maybe not the last. Gail's gonna be a good mom... New improved Carlito Brigante... Hope she uses the money to get out. No room in this city for big hearts like hers... Sorry baby, I tried the best I could, honest... Can't come with me on this trip, Loaf. Getting the shakes now, last call for drinks, bars closing down... Sun's out, where are we going for breakfast? Don't wanna go far. Rough night, tired baby... Tired...
10/10